Commentaire sur les Actes des Apôtres

Chapitre XXIII

23.1

Paul fixant ses regards sur le sanhédrin, dit : Hommes frères, c’est en toute bonne conscience que je me suis conduit devant Dieu jusqu’à ce jour.

Saint Paul commence par le témoignage de sa conscience, à cette fin que toute l’assemblée entende qu’il est sans cause et à grand tort chargé d’un crime si énorme, comme s’il eût tâché de renverser le service de Dieu. Il est vrai qu’il pourra bien advenir qu’il y en aura aucuns qui tomberont lourdement par ignorance, lesquels ne seront point autrement contempteurs de Dieu ni de religion ; mais saint Paul par cette, excuse a voulu seulement amollir les cœurs des Juifs qui étaient aigris, pour se faire donner audience. Car on ne l’eût jamais reçu à défense quelconque, tant que cette opinion fut demeuré imprimée dans les cœurs des Sacrificateurs, qu’il était apostat et homme sans religion. Avant donc qu’il entre, en cause, il se purge de ce crime, non seulement pour s’acquérir faveur en montrant qu’il avait affection et zèle à la religion, mais aussi afin qu’il prévienne les calomnies, ou pour le moins afin qu’il repousse les faux et iniques jugements qu’on avait déjà conçus de lui, desquels il voyait bien toute l’assemblée être infectée et corrompue. On ne sait ce qu’il devait dire outre cela. Au reste, nous sommes enseignés par cette préface, que nul ne peut traiter comme il appartient la doctrine de piété, sinon que la crainte et révérence de Dieu règne en lui, et tienne le premier lieu. Or maintenant combien que saint Paul ne parle point si honorablement aux Sacrificateurs, qu’il a fait un peu auparavant sur les degrés de la forteresse, les appelant pères ; tant y a toutefois qu’il leur fait encore cet honneur de les appeler frères ; non pas qu’ils en soient dignes, mais afin qu’il proteste que la cause de leur séparation ne procède point de sa faute.

23.2

Mais le souverain sacrificateur Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche.

Le récit de S. Luc ne semble point s’accorder avec l’histoire reçue communément. Car voici ce que dit Josèphe des grands Sacrificateurs de ce temps-là ; que comme ainsi soit que Quadratus proconsul de Syrie eût chassé Cumanus du gouvernement et administration de Judée, il lui commanda de se présenter devant l’Empereur pour plaider sa cause ; et en même temps il envoya Ananias souverain Sacrificateur lié ; et ne fait point mention qui fut substitué en sa place ; sinon qu’il est vraisemblable que cet honneur fut déféré à Jonathas, lequel il dit avoir été depuis mis à mort par la menée et trahison de Félix gouverneur de Judée, qui fut successeur de Cumanus. Car d’autant que Jonathas l’avait souvent exhorté, lui ne pouvant porter la constance d’un tel homme, fit complot et marchand avec un certain Dora, de trouver des garnements pour envoyer tuer ledit Jonathas. Lors selon le témoignage du même Josèphe, le Roi Agrippa conféra la Sacrificature à Ismaël fils de Phabeus. Et celui-ci fut envoyé à Rome par le peuple pour faire quelque requête ; et fut retenu par Popée femme de Néron ; cependant Agrippa mit en sa place Josèphe surnommé Chabi, fils de Simon. Mais encore Agrippa se fâchant bientôt de celui-ci, mit pour grand Sacrificateur Ananus fils d’Ananus. Mais il explique que ce dernier fait est advenu du temps, qu’après la mort de Festus, Albinus fut substitué, pour succéder en la place dudit Festus. Or je ne vois point de raison pourquoi cet Ananus doive être appelé Ananias, comme aucuns lui imposent ce nom. Il est bien vrai que ceci a quelque couleur, qu’on dit qu’il était Sadducéen ; davantage, qu’il était audacieux et cruel, comme ayant exposé Jacques frère du Seigneur pour être lapidé, sans avoir autorité légitime. Mais si on ajoute foi à Josèphe, ce n’a pu être cet Ananias, duquel S. Luc fait ici mention, qui fut lors seulement ordonné Sacrificateur, après que plusieurs années furent passées depuis que Félix était parti de cette province. Il y a une autre conjecture de laquelle je me suis avisé. Car durant tout ce temps-là un certain Ananias Sacrificateur fut en grand bruit, lequel tenait comme le premier lieu en tout l’ordre, excepté le titre d’honneur. Et pour ce que Josèphe laisse quelque temps vide entre le premier Ananias et Ismaël, il se peut bien faire que celui-ci a obtenu la souveraine Sacrificature le temps d’entre-deux. Mais encore qu’ainsi ne soit advenu, si est-ce qu’on peut connaître par Josèphe, qu’Ananias qui mourut en la destruction de la ville, avait autant de crédit et autorité sous l’empire de Claudius César et de Néron, comme les souverains Sacrificateurs qui étaient pour lors. Et qui plus est, son autorité est célébrée tout ainsi comme s’il eût eu le souverain gouvernement ; combien que d’autres eussent le titre et honneur. Davantage, il est nommé indifféremment principal Sacrificateur, comme tous ceux qui étaient de la grande Sacrificature. Maintenant que les lecteurs avisent, si en ce passage même le mot Grec ne signifie point plutôt principal Sacrificateur que souverain, comme bien souvent ailleurs. Car tout communément les Evangélistes nomment ainsi les Sacrificateurs qui sont de la lignée d’Aaron, pour les discerner des Lévites, lesquels avaient un degré plus bas de Sacrificature. Joint que cet Ananias, qui était estimé homme magnanime et vertueux, a pu faire l’office du grand Sacrificateur en l’absence de celui-ci. Au surplus, ce que j’ai expliqué de Josèphe, est en partie écrit au XXe livre des Antiquités depuis le 3e chapitre jusqu’au 8e, en partie aussi au IIe livre de la guerre Judaïque.

De le frapper sur le visage. On voit bien qu’il y avait une grande insolence et désordre en ce Conseil. Car quant à ce que ce Sacrificateur a été transporté de telle impétuosité, qu’il a commandé que Paul fut frappé sans aucune cause, il est bien certain qu’il l’a fait par le consentement de tous ; et qui plus est, afin qu’il acquît la grâce de ces enragés. Or Dieu permet que les méchants et orgueilleux soient tellement transportés par Satan, que sans penser ils s’éloignent de toute apparence d’équité et modération, et en perdent la réputation. Car les hypocrites voudraient bien montrer quelque apparence de modération. Et ne faut point douter que ce Sacrificateur n’ait tâché de montrer une gravité digne de sa personne. Mais le Seigneur lui a arraché ce masque, en sorte qu’il n’a point gardé la modestie même d’un homme vulgaire ; mais comme une bête s’est exorbitante à une cruauté violente. Cependant nous voyons quelle vilaine et horrible dissipation il y a eu pour lors en l’Eglise. Comme ainsi soit que cet Ananias qui président au Conseil, dut par sa gravité tenir les autres en bride, oubliant toute modestie il les pousse à violence et cruauté brutale. Il n’y avait donc pour lors aucune discipline ; mais une barbarie confuse régnait. Et il ne s’en faut point étonner ; car ils s’étaient aliénés de Dieu ; ils avaient rejeté Jésus-Christ en grande moquerie et opprobre ; toute la religion était en vente entre eux. Il a donc fallu qu’ils soient tombés en une frénésie forcenée, laquelle les Païens mêmes eussent en détestation, afin qu’ils fussent punis de leur impiété par telle ignominie.

23.3

Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ! Toi aussi, tu sièges pour me juger selon la loi, et, transgressant la loi, tu ordonnes qu’on me frappe ?

S. Paul ne se peut taire qu’il ne montre l’injure qui lui est faite, pour le moins qu’il ne se plaigne par dures paroles du Sacrificateur, et qu’il ne lui dénonce la vengeance de Dieu. Car ce n’est point une imprécation et malédiction, comme il apparaît assez par le texte Grec ; mais plutôt une répréhension conjointe avec dénonciation de peine. Si quelqu’un objecte, que saint Paul n’a point gardé la modestie que Jésus-Christ commande à ses disciples de garder, quand il veut qu’après qu’ils auront été frappés en la joue gauche, ils tendent aussi la droite, Matthieu 5.39 ; la solution est bien facile, que Jésus-Christ ne requiert pas par ces paroles, que ses fidèles se taisent, en sorte que par leur silence ils nourrissent la malice et insolence des méchants ; mais seulement il a voulu mettre une bride à leurs affections, afin qu’ils ne portent impatiemment l’outrage qui leur aura été fait. Jésus-Christ veut que ses fidèles après avoir reçu une injure, soient prêts d’endurer la seconde ; et par ce moyen réprime tout appétit de vengeance. Or la vraie et brève définition de souffrance ou patience, qui est séante à tous fidèles, est qu’ils ne lâchent la bride à leur colère, et ne rendent mal pour mal, mais s’efforcent de vaincre la malice par débonnaireté. Or ceci n’empêche point qu’ils ne se puissent plaindre des outrages qui leur auront été faits, qu’ils ne reprennent les méchants, et les renvoient au siège judicial de Dieu ; moyennant qu’ils le fassent étant paisibles en leurs cœurs ; puis après sans malveillance et haine ; comme saint Paul appelle ici au jugement de Dieu, à ce que le Sacrificateur ne se plaise en sa tyrannie. Il l’accuse donc de ce qu’il viole la Loi, par le moyen de laquelle il se disait avoir puissance ; dont il recueille qu’il n’en demeurera point impuni. Si quelqu’un vaincu d’impatience ne fait seulement que murmurer, encore ne sera-t-il point sans coulpe ; mais une accusation manifeste et sévère, qui partira d’un cœur paisible, n’outrepasse point les limites que Jésus-Christ a mis. Si on réplique, qu’en ce que saint Paul dit, il y a une injure mêlée ; je réponds qu’il faut toujours aviser de quel courage les paroles sont proférées. Jésus-Christ prononce que celui qui aura seulement dit Rakha à son frère, est digne d’être puni par le conseil, et coupable de la géhenne du feu ; et qui aura dit Fou, il le soumet encore à un plus grief jugement, Matthieu 5.22. Or si lieu est donné aux répréhensions, il faudra bien souvent parler rudement. Dont s’ensuit que l’intention du Fils de Dieu n’a point été autre, que de défendre toute colère, et puis tous outrages à ses fidèles. Ainsi donc, que toute affection d’injurier soit loin, et non seulement il nous sera licite de noter de folie nos frères, mais aussi exprimer leurs forfaits en propres termes quand besoin sera. suivant cela saint Paul n’a point parlé pour l’amour de soi, afin que par reproche de paroles il se vengeât de l’injure qui lui avait été faite par le Sacrificateur ; mais pour ce qu’il était ministre de la parole de Dieu, il n’a point voulu dissimuler ni taire un tel forfait, qui méritait bien une grave et âpre répréhension ; vu principalement qu’il était bon de tirer la lourde hypocrisie d’Ananias hors de ses cachettes, pour l’amener en lumière. Toutes les fois que nous avons affaire avec gens méchants, si nous voulons bien défendre et conduire notre bonne cause, il nous faut fâcher qu’il n’y ait aucun mouvement d’ire bouillant en nous, qu’il n’y ait aucune cupidité de vengeance qui nous incite à injurier autrui. Que si l’Esprit de mansuétude règne en nous, il nous sera licite comme de la bouche de Dieu, de traiter les méchants comme ils ont mérité ; en sorte toutefois qu’il apparaisse plutôt que nous sommes Prophètes, que non pas que nous débitions quelque chose à la volée par une ardeur excessive.

23.4

Et ceux qui étaient près lui dirent : Tu injuries le souverain sacrificateur de Dieu ?

Par ceci il apparaît qu’ils étaient tous entachés d’une même insolence et forcènerie. Car pourquoi ne blâment-ils plutôt Ananias, lequel ils voyaient ayant mis en oubli toute modestie, se jeter à battre d’une façon plus que barbare ? Car aussi cela tournait au déshonneur d’eux tous. Mais c’est la coutume des hypocrites, qu’étant tant plus rigoureux et austères à censurer les autres, ils ferment les yeux à leurs péchés, et s’y flattent tout doucement. Davantage, cet orgueil est conjoint avec une tyrannie, que ceux qui dominent ne veulent point que rien soit licite à leurs sujets ; et quant à eux ils se lâchent la bride à toutes choses Comme aujourd’hui en la Papauté, tant plus que ce vilain et puant clergé se donne de licence et s’abandonne à toutes dissolutions et ordures, et empuantit tout le monde de ses infections, tant plus rigoureusement réprime-t-il les langues et bouches du pauvre peuple, et les tient liées. Et pourtant s’il y a quelqu’un qui ose tant soit peu ouvrir la bouche, en prenant quelque liberté de parler, cela les fera crier comme enragés, comme si c’était un sacrilège exécrable.

23.5

Et Paul dit : Je ne savais pas, frères, qu’il fût souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne parleras point mal contre un chef de ton peuple.

Ceux qui pensent que cette excuse de saint Paul soit sans figure, ne regardent pas bien aux objections contraires, par lesquelles leur erreur est réfuté. Ils disent que saint Paul ne connaissait point le Sacrificateur, pour ce qu’il y avait longtemps qu’il n’avait été en Jérusalem. Evidemment, comme s’il ne savait pas bien que celui qui présidait au conseil était en l’état de Sacrificateur. Et certes Ananias n’était point si peu renommé, que Paul ne sache bien en quel degré il était élevé. Mais il ne faut que ses propres paroles pour couper broche à toute dispute, quand il le reprend de ce que sous couleur de la Loi tenant le siège de juge, il procède ainsi en désordre et avec insolence contre la Loi. Paul donc a bien connu en quel degré il était, quand il dit qu’il a abusé de son autorité. Les autres s’avisent d’un sens plus subtil, à savoir que Paul n’a point ici parlé d’Ananias en soi, mais de son office et de la personne publique de celui-ci. Mais en premier lieu, c’est une exposition contrainte. Car si saint Paul avait en révérence la Sacrificature, il devait aussi porter quelque honneur à l’homme qui était élevé à cette dignité et office. Or il n’est point croyable que comme ainsi soit que la majesté de la Sacrificature fut abolie par la venue de Jésus-Christ, et qu’après fut venue une si vilaine profanation, saint Paul ait porté l’honneur accoutumé à ceux qui sans droit quelconque dominaient pour lors sous titre de Sacrificateurs, comme s’il y eût eu encore puissance entière et légitime. M’accordant donc avec saint Augustin, je ne doute point que ce ne soit ici une excuse faite par ironie. Et à ceci n’est point contraire ce qu’un simple propos est bien séant aux ministres de vérité. Car comme ainsi soit qu’il y ait deux espèces d’ironie, l’une qui est couverte de ruse pour tromper ; l’autre, qui dénote tellement par figure la chose de laquelle il est question, qu’elle pique plus âprement ; il n’y a rien qui ne soit bien séant aux serviteurs de Dieu en cette seconde. Voici donc quel est le sens de ces paroles. Frères, je ne reconnais rien en cet homme-ci, qui soit digne d’un Sacrificateur. Il ajoute aussi le témoignage de Deutéronome 22.28 auquel passage combien que Moïse face mention proprement des Juges, toutefois cette sentence se peut bien étendre à tout ordre et puissance légitime.

Ainsi toute dignité qui est ordonnée pour maintenir la police, est bien digne qu’on l’ait en sainte révérence et honneur. Car quiconque s’élève outrageusement contre le Magistrat, et contre ceux qui sont, élevés en honneur ou domination, celui-là aspire à s’exempter de sujétion. Or un tel appétit désordonné tend à troubler toute police et ordre, et même pour faire oublier toute humanité. Pourtant saint Paul se purge d’un tel crime ; en sorte toutefois qu’il nie qu’on doive réputer Ananias pour Sacrificateur de Dieu, d’autant qu’il avait malheureusement corrompu tout ordre d’Eglise, et perverti toute discipline. Mais on pourrait ici faire une question, s’il ne faut pas obéir au prince, quelque cruauté ou tyrannie qu’il exerce. Car si celui qui s’acquitte mal du devoir de son office, ne doit pas être pourtant privé de son honneur, S. Paul a failli en dépouillant le souverain Sacrificateur de son honneur. Pour faire réponse à cette question, je dis qu’il y a quelque différence entre les Magistrats civils et les prélats de l’Eglise. Car combien que l’administration d’une domination terrestre ou civile soit confuse et perverse, néanmoins le Seigneur veut que la sujétion demeure en son entier. Mais quand le gouvernement spirituel est abâtardi, les consciences des fidèles sont déliées, à ce qu’elles ne rendent obéissance à quelque domination inique ; et principalement s’il y a des gens méchants qui se couvrent faussement du titre de Sacrificature pour renverser la doctrine de salut, et s’ils usurpent une domination pour assujettir Dieu même, et abaisser son autorité. Ainsi aujourd’hui non seulement il est licite aux fidèles de rejeter le joug du Pape, mais aussi il est nécessaire, vu qu’ils ne peuvent autrement obéir à ses lois, que en même temps ils ne se révoltent de Dieu.

23.6

Or Paul sachant qu’une partie du conseil étaient des sadducéens, et l’autre des pharisiens, s’écria au milieu du sanhédrin : Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisiens ; c’est au sujet de l’espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement.

La ruse de Paul ici expliquée par saint Luc, ne semble être bien séante à un serviteur de Christ. Car l’astuce et finesse de laquelle il a usé, a été enveloppée de quelque dissimulation, laquelle était prochaine de mensonge. Il dit que le nœud de sa cause consistait en la résurrection des morts. Toutefois on peut bien savoir qu’il y avait débat d’autres choses, à savoir qu’il abolissait les cérémonies, et qu’il admettait les Gentils à l’alliance de salut. Je réponds que combien que ces choses soient vraies, néanmoins saint Paul n’a point menti. Car il ne nie point qu’il n’ait été accusé d’autres choses ; et ne constitue pas tout le différend en ce seul point ; mais il parle en vérité, protestant que les Sadducéens lui voulaient mal, pour cette raison qu’il affirmait la résurrection des morts. Il savait bien que ceux qui avaient conspiré contre lui avaient des divisions et sectes en eux-mêmes. De lui, il sentait bien sa bonne conscience, et s’il eût eu des juges équitables, il lui eût été facile de montrer que sa cause était bonne et juste. Toutefois voyant qu’on va contre lui par mutinerie et à l’étourdi, et qu’on ne donne ouverture ni audience à la défense de sa cause, il met en combat ses adversaires l’un contre l’autre. Il faut donc noter que saint Paul a tellement commencé, qu’il désirait bien déclarer franchement et rondement toute sa cause ; et n’a point reculé par finesse de faire une confession pure et entière, telle que fidèles serviteurs de Christ doivent faire ; mais pour ce que l’entrée lui était fermée, et qu’on ne lui donnait audience, il a usé d’un dernier remède, pour donner à connaître que ses ennemis étaient transportés d’une haine aveugle, et où il n’y avait nulle raison. Car l’issue montre bien qu’ils n’ont point été menés de raison ou jugement, vu que les disputes qu’ils avaient entre eux les transporte ailleurs à la traverse. Maintenant si quelqu’un obscurcissant la lumière de la pure doctrine, voulait excuser son astuce par l’exemple de saint Paul, on le pourra facilement repousser. Car c’est bien autre chose regarder et procurer son profit particulier en faisant tort à la vérité, et détourner les ennemis manifestes de Christ de l’assaillir, en faisant qu’ils combattent entre eux.

Au demeurant, nous voyons que combien que les méchants aient des dissensions mortelles entre eux, toutefois ils oublient leurs débats facilement toutes les fois qu’il faut faire guerre à l’Evangile. Car Satan père des discordes ne procure autre consentement entre ses suppôts, sinon qu’ils aient un même cœur, une même volonté à éteindre la vraie religion. Ainsi aujourd’hui nous voyons que les factions bouillantes qui sont en la Papauté demeurent comme endormies, afin que d’un commun accord ils s’emploient à opprimer l’Evangile. Tant plus de courage doivent avoir les fidèles du Seigneur Jésus à entretenir entre eux une bonne unité, afin qu’ils résistent mieux, quand ils seront conjoints ensemble. Nous recueillons aussi de ceci, quelle paix nous est recommandée par l’Écriture. Jésus-Christ prononce que les enfants de Dieu sont pacifiques, Matthieu 5.9. Et ceci est vrai, en tant que par leur moyen il se peut faire que tous soient fraternellement unis sous le Seigneur. Mais cela n’empêche point que sous l’enseigne et conduite de ce même Seigneur nous ne réveillions les méchants comme par le son de la trompette, à ce qu’ils s’entretuent eux-mêmes comme les Madianites, Juges 7.22 ; pourvu qu’il y ait et simplicité de zèle, et prudence de l’Esprit qui nous y dressent.

Qu’une partie était des Sadducéens. Nous voyons ici derechef comme en un miroir, quelle ruine difforme et confuse il y avait pour lors en l’Eglise. La foi est l’âme de l’Eglise ; il n’y a rien plus propre à la foi que le consentement, et rien plus contraire que les sectes. Mais il fallait nécessairement que cela advint, vu qu’un chacun laissant la parole de Dieu, attirait des disciples après ses inventions. Car il n’y a point d’autre lien sacré d’unité, que la simple et naïve vérité de Dieu. Aussitôt qu’on s’est détourné d’elle, il ne se faut pas s’étonner si les hommes sont écartés les uns deçà et les autres delà comme membres déchirés. Par quoi la corruption de la Loi a été la source des sectes entre les Juifs ; comme le Seigneur a puni de semblable peine la profanation de sa parole en la Papauté, après qu’elle a été corrompue par diverses inventions, des hommes. Ce qui nous doit d’autant plus faire craindre qu’une plus horrible dissipation que celle qui a été en la Papauté ne soit bien prochaine, de laquelle on aperçoit déjà quelques marques. Et il ne s’en faut s’étonner, vu que nous provoquons en tant de sortes l’ire de Dieu par notre ingratitude. Mais combien qu’il y ait beaucoup de taches et macules en la face de l’Eglise, quelque difformité aussi qui puisse advenir ci-après, souvenons-nous de cette consolation, que tout ainsi que notre bon Dieu a eu soin pour lors de conserver miraculeusement son Eglise qu’elle ne vînt à être complètement éteinte ; aussi il y aura toujours quelque semence de reste par sa grâce. Certainement il ne se peut faire, qu’au milieu de telles confusions si horribles, il ne vienne quelque fois en l’entendement aux fidèles de quitter tout ; mais apprenons de mettre ce bouclier au devant, que le Seigneur qui a gardé son Eglise entre les Juifs au milieu de telles ténèbres d’erreurs si obscures, au milieu d’un si grand amas de superstitions, au milieu d’une licence tant exorbitante de sectes, ne permettra jamais qu’elle soit du tout abolie en ce monde. Autant en est-il advenu en la Papauté. Car comme ainsi soit que le serviteur de Dieu y étant renversé, la doctrine de salut opprimée, le Royaume du Fils de Dieu abattu et du tout démoli, l’impiété horrible y a régné manifestement ; toutefois Dieu par sa grande bonté y a encore réservé quelque résidu secret et caché, et toujours il y a eu quelque grain de froment sous la paille. C’est une chose bonne et grandement profitable de conférer ces exemples l’un avec l’autre. Quand nous crions aujourd’hui contre la Papauté, ceux qui se sont ligués pour la défendre crient d’autre part qu’il n’y a rien plus absurde que de forger que l’Eglise de Dieu ait été complètement éteinte par plusieurs siècles. Bien sûr, comme si nous donnions à entendre, ou imaginions que Dieu n’a point eu de peuple de reste, quand ceux qui devaient maintenir le pur service de Dieu, se sont montrés apostats. Au contraire, nous nous plaignons de ce que l’Eglise a été corrompue par ces tyrans, que le temple de Dieu a été profané par eux, en sorte qu’il ne s’en faut guère qu’il ne soit semblable à une auge de pourceaux, qu’ils ont dissipé le troupeau du Seigneur Jésus ; bref, que l’Eglise a été tellement cachée, qu’elle n’apparaissait plus devant les yeux des hommes ; en sorte toutefois que le Seigneur a toujours bien reconnu les siens, soit déjà qu’ils fussent dispersés, et les a gardés et maintenus comme cachés sous ses ailes. Au reste, par ceci on peut facilement voir combien les Papistes se glorifient follement de titres d’honneurs, vu que l’Eglise Judaïque a été pleine de factions et divisée anciennement par des conflits mortels, non point par le menu peuple, ou quelques hommes privés, mais par les grands Sacrificateurs mêmes. Par quoi il ne faut point que nous fassions difficulté de résister hardiment au Pape et au grand orgueil de tous ses suppôts, contre lesquels nous avons le même combat qu’avaient les Prophètes et Apôtres contre les Sacrificateurs de leur temps. Et tout ainsi que la révérence de l’Eglise n’a point empêché ces saints personnages de crier vivement contre la méchante tyrannie des mauvais Sacrificateurs, aussi ne devons-nous point être étonnés de ces masques, desquels les Papistes se couvrent à fausses enseignes, comme ainsi soit qu’ils ont malheureusement rejeté la doctrine de piété. Il est bien certain que pour lors le peuple était divisé en trois sectes ; mais saint Luc laisse les Esséniens, et ne fait mention que des Pharisiens et Sadducéens, d’autant que son propos le requérait ainsi. Quant aux noms, combien que cette opinion était coutumièrement reçue, que les Pharisiens étaient ainsi appelés à cause de la séparation, pour ce qu’ils se séparaient du reste du peuple sous couleur de leur sainteté feinte ; et les Sadducéens à cause de leur justice, comme Zédukim ; toutefois comme j’ai déclaré ailleurs, je consens plutôt à l’opinion de ceux qui disent que les Pharisiens ont pris ce nom à cause qu’ils étaient expositeurs de la Loi ; car le mot hébreu Phrus, signifie exposition ; d’où vient le mot Phruschim, qui signifie expositeurs. Or nous savons que les Pharisiens ne se contentant point de la vraie et naturelle doctrine de la Loi et des Prophètes, ont mêlé beaucoup d’inventions, lesquelles ils se vantaient avoir reçues de main en main des Pères.

23.7

Et comme il disait cela, il s’éleva une altercation entre les pharisiens et les sadducéens ; et l’assemblée se divisa.

23.8

Car les sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, ni d’ange ni d’esprit ; tandis que les pharisiens admettent l’un et l’autre.

Combien que saint Luc mette trois points sur lesquels ces sectes discordaient, nonobstant il les restreint bientôt après à deux ; pour ce qu’il y a une même raison quant aux Anges et aux esprits. Il dit donc que les Pharisiens confessaient l’un et l’autre ; qu’il y aura résurrection des morts, et que les esprits tant des hommes que des Anges sont immortels. Or saint Luc montre bien ici en quelle signification l’apôtre a protesté qu’il était Pharisien ; non pas qu’il s’accordât à toutes leurs folles inventions, mais seulement en la résurrection des morts. Nous savons de quelle véhémence le Seigneur Jésus reprend leurs méchantes erreurs, Matthieu ch. 23. Par quoi il fallait ajouter cette exception, afin que nul ne pensât que saint Paul se voulût joindre à eux en tout et par tout. Au reste, quant à ce que les Sadducéens niaient la résurrection, il ne faut point que pour cela nous pensions qu’ils aient été du tout semblables aux Epicuriens. Car ils confessaient que le monde était gouverné par la providence de Dieu, et que salaire était donné à un chacun pour ses œuvres. En cet endroit ils avaient un peu meilleure opinion que les Epicuriens. Mais cependant c’était une rêverie trop lourde, d’enclore en cette vie présente les récompenses de la justice, et les punitions des péchés. Car encore que nous laissions là l’Écriture, si est-ce que l’expérience montre et enseigne ouvertement, que les bons et mauvais indifféremment ou sont affligés de beaucoup de fâcheries et angoisses, ou sont bénignement et doucement traités ; et même que bien souvent les méchants sont à leur aise et se baignent en délices, cependant que ceux qui servent à Dieu sont en peine et détresse, comme il est dit Psaumes 73.4 par quoi quiconque estime le jugement de Dieu par la condition présente des hommes, soit bonne ou mauvaise, il faudra nécessairement qu’il tombe de la foi, et qu’il vienne à un mépris tel qu’ont les Epicuriens de Dieu. C’est déjà ici une stupidité brutale, de s’arrêter à cette vie caduque et fragile, et n’avoir nul sentiment par-dessus la terre ; ce qui nous doit faire d’autant plus fuir cet erreur, comme un monstre exécrable et horrible. Car combien que la crainte de Dieu a aussi des promesses de la vie terrestre, toutefois pour ce que nous sommes tant et plus misérables si nous arrêtons notre espérance au monde, il faut que les enfants de Dieu commencent par cet apprentissage, qu’ils lèvent les yeux au ciel, et méditent continuellement la gloire de la dernière résurrection.

Ni Ange ni Esprit. Ce passage est exposé en trois façons. Plusieurs le rapportent au Saint Esprit ; mais cela n’est point vraisemblable. Car combien que les Sadducéens ne soient pas moins inexcusables dans les autres erreurs, toutefois pour ce que l’Ecriture répète tant de fois le nom de l’Esprit de Dieu. A grand peine me pourrait-on faire croire qu’ils aient nié ce que les Pharisiens croyaient seulement à la légère et bien pauvrement. Car la foi de ceux-ci n’était non plus distincte quant au Saint Esprit, en sorte qu’ils connussent une propre subsistance de l’Esprit en l’essence de Dieu. Il y en a d’autres qui disent que ces deux mots Ange et Esprit ont une même signification, comme si une même chose était deux fois dite. Mais quel besoin était-il de répéter une chose deux fois, vu que le premier mot n’est point obscur ? C’est que ce qui s’ensuit les a trompés, où il semble bien que saint Luc ne fait point de distinction. Mais la raison en a été amenée ci-dessus, que d’autant que les âmes des hommes et des Anges sont d’une même nature et substance, elles sont mises en un même rang. Et pourtant je ne doute point que ce ne soit le vrai sens de saint Luc, que les Sadducéens niaient les Anges, et de plus quelques esprits que ce fussent. Or vu que saint Paul crie et proteste qu’il est Pharisien en cette partie de doctrine, il condamne ouvertement tous fantastiques qui sont aujourd’hui entachés de cette même erreur. Comme de fait il y a certains profanes et ignorants, qui imaginent que les Anges et les diables ne sont autre chose que les bonnes et mauvaises inspirations. Et afin qu’ils ne soient sans quelque belle couleur, ils disent que tout ce que l’Écriture enseigne des bons et mauvais Anges, est venu des Païens ; au lieu que cette opinion reçue par tout le monde a plutôt tiré sa source et origine de la doctrine céleste ; mais les Païens ayant reçu cette doctrine des Pères, l’ont souillée de leurs mensonges et faussetés. Quant aux âmes des hommes, pour ce qu’il y a encore aujourd’hui un tas de gens oiseux et curieux, qui imaginent que les âmes s’évanouissent en la mort jusques au jour de la dernière résurrection, leur folie est aussi réfutée par le témoignage de saint Luc.

23.9

Et il se fit une grande clameur. Et quelques scribes du parti des pharisiens s’étant levés, disputaient violemment, en disant : Nous ne trouvons aucun mal en cet homme ; mais si un esprit ou un ange lui a parlé ?…

Ici est encore mieux exprimée la dissension et sédition de laquelle un peu auparavant saint Luc fait mention ; à savoir que non seulement ils se liguèrent en opinions diverses, mais aussi s’entrebattaient par bruits et hauts cris. Par quoi le mot Grec signifie quelque chose plus que dissension. Au reste, nous sommes enseignés par ce passage, quel mal les dissensions traînent après elles. Car pour ce que volontiers la source de celles-ci vient d’ambition, de là aisément les hommes entrent en contentions et rixes ; et puis incontinent après l’obstination survient. Et quand ils sont venus jusques-là, pour ce que raison ni jugement n’ont plus de lieu, on ne regarde plus aussi à prendre aucune connaissance de cause. Ceux qui avaient Paul en exécration, se prennent incontinent à être ses avocats et défendre sa cause. Et ce serait bien fait, s’ils le faisaient avec jugement. Mais pour ce qu’ils ont pique contre les Sadducéens, la haine laquelle ils ont conçue contre eux, fait qu’ils sont aveugles en la cause de Paul. Par ainsi apprenons à fuir tant plus diligemment la ferveur des combats, par laquelle toutes choses sont mêlées de troubles.

Mais si un Esprit ou un Ange, etc. Il est bien certain que ceci doit être exposé du Saint Esprit. Au reste, on ne pouvait dire chose ou plus saintement ou plus modestement. Car aussitôt qu’il apparaît que quelque doctrine est procédée du ciel, tous ceux qui ne la reçoivent, bataillent méchamment contre Dieu. Mais d’où vient cela que les Scribes ont si soudainement changé d’opinion, qu’ils aient eu Paul en réputation de Prophète de Dieu, lequel ils étaient prêts de tuer de leurs propres mains, et lequel ils avaient condamné en eux-mêmes par leur jugement, jusques à tant que leur différend contre les Sadducéens s’est embrasé ?

23.10

Et comme une grande agitation se produisait, le tribun, craignant que Paul ne fût mis en pièces par eux, ordonna que la troupe descendit pour l’enlever du milieu d’eux et le conduire dans la forteresse.

On peut bien voir derechef, quel mal horrible c’est que contention, laquelle étant une fois bouillante, a des impétuosités si violentes, que mêmes les plus prudents ne se peuvent retenir. Par quoi aussitôt que quelque commencement se montrera, donnons ordre d’aller de bonne heure au-devant, de peur que nous ne venions trop tard pour y appliquer remède pour arrêter le mal au milieu de son cours ; car il n’y a feu qui gagne pays sitôt pour tout embraser. Or le Capitaine (comme il était ordonné ministre de la providence de Dieu pour garder la vie de S. Paul) derechef le tire de la gueule, de la mort par ses soldats. Car combien que ce que le Capitaine donne un secours si diligent, il ne le fait à autre intention, sinon pour obvier à des tumultes et meurtres plus grands ; toutefois le Seigneur destinant du ciel secours à son serviteur, dresse à cela les mains aveugles de cet homme profane.

23.11

Mais la nuit suivante, le Seigneur lui apparut et dit : Prends courage ; car, comme tu as rendu témoignage à Jérusalem de ce qui me concerne, il faut aussi que tu rendes témoignage à Rome.

Saint Luc explique que Paul a été confirmé par révélation divine ; afin qu’il eût un courage invincible contre des impétuosités si terribles au milieu de si grands troubles et confusions. Certainement il ne se pouvait faire que son cœur ne fut touché de plusieurs étonnements, et que en même temps il ne fut angoissé pour le temps à venir. Par quoi cette révélation n’a pas été superflue. Il est vrai que les révélations précédentes, par lesquelles il avait été exhorté que Dieu avait soin de lui, lui devaient suffire pour entretenir son espérance, et pour la soutenir tellement qu’il ne fut point abattu ; mais pour ce que quand les dangers sont grands, Satan propose coup sur coup de nouveaux épouvantements, par lesquels s’il ne peut du tout ensevelir les promesses de Dieu dans les cœurs des fidèles, pour le moins il les obscurcisse comme des brouillards ; à cette cause il est besoin que la mémoire de celles-ci nous soit rafraîchie, à cette fin que la foi aidée de nouveaux appuis, demeure plus ferme. Or la somme est, que Paul ait bon courage, d’autant qu’il doit rendre témoignage de Jésus-Christ à Rome aussi. Mais il semble que c’est une consolation froide et vaine ; comme s’il était dit : Ne crains point, car il te reste encore à avoir des affaires plus grandes et plus fâcheuses. Car il lui eût beaucoup mieux valu selon la chair, d’endurer une fois la mort et en être bientôt quitte, que de languir si longtemps en la prison. Le Seigneur ne lui promet point délivrance, non pas même bonne issue ; seulement il lui prolonge ses fâcheries, desquelles il était déjà assez pressé. Or de ceci on peut mieux recueillir de quelle importance est cette sûre confiance, qu’au milieu de nos misères et afflictions Dieu jette ses yeux sur nous, combien qu’il ne mette tout soudain la main pour faire sentir son secours. Apprenons donc à nous appuyer et reposer sur la seule parole de Dieu, voire en toute extrémité de fâcheries et afflictions ; et ne perdons jamais courage, cependant qu’il nous vivifie par le témoignage de son amour paternel. Et pour ce que maintenant nous n’avons point des révélations qui nous soient envoyées du ciel, et que le Seigneur ne nous apparaît plus par visions, il nous faut méditer à bon escient tant de promesses, par lesquelles il atteste qu’il sera perpétuellement proche de nous. S’il est expédient qu’un Ange descende à nous, Dieu ne nous refusera pas même cette façon de confirmation. Cependant il nous faut porter cet honneur à la Parole, que nous contentant de celle-ci seule, nous attendions en patience l’aide qu’elle nous promet. Joint qu’il y en a eu d’aucuns, à qui il n’a de rien profité que des Anges leur ont été envoyés des cieux. Et aussi Dieu ne scelle point pour néant par son Esprit dans les cœurs des fidèles les promesses lesquelles il leur a faites. Cependant tout ainsi qu’il ne les répète point sans cause, aussi que notre foi s’exerce diligemment en la répétition continuelle d’celles-ci. Car s’il a été nécessaire que la foi de saint Paul ait été redressée par nouvelle aide, il n’y a nul de nous qui n’ait besoin de beaucoup plus d’aides. En même temps il faut que nos esprits soient armés de patience, afin qu’ils puissent voir au-delà des longs et ennuyeux circuits de fâcheries.

23.12

Mais, quand le jour fut venu, les Juifs, ayant fait un complot, firent des imprécations contre eux-mêmes, disant qu’ils ne mangeraient ni ne boiraient qu’ils n’eussent tué Paul.

Saint Luc montre par cette circonstance, combien il a été nécessaire à saint Paul de reprendre nouvelle force de foi, à cette fin qu’il ne fut surpris de tremblement en ce très grand et soudain danger. Car étant averti de la fureur si désespérée de ses ennemis, il ne pouvait prendre autre résolution, sinon que c’était fait de sa vie. Ce vœu fait avec exécration, duquel parle S. Luc, c’est comme une espèce de malédiction. La cause de cette exécration était, afin qu’il ne leur fut licite de changer de conseil, ou de rétracter ce qu’ils avaient comploté ensemble. Il est bien vrai qu’en tous les serments que les hommes font, il y a toujours quelque exécration tacitement conjointe, si quelqu’un ou trompe, ou se parjure ; mais quelques fois les hommes y ajoutent quelques certaines formes de malédictions à cette fin qu’ils se rendent plus astreints, et désavouent leur salut, ou se donnent au diable, pour donner plus grande frayeur et horreur.

Au reste, cette histoire montre bien clairement qu’il y a un tel zèle cruel chez les hypocrites, qu’ils ne considèrent point ce qui leur est licite, mais se jettent sans aucun souci par tout où leur appétit enragé les mène. Prenons le cas que Paul ait été un homme méchant et digne de mort ; toutefois qui avait permis à ses gens, qui étaient hommes privés, de le punir ? Si quelqu’un leur eût demandé, pourquoi ils haïssaient Paul d’une façon si violente, ils eussent promptement répondu, pour ce qu’il était Apostat et schismatique ; mais ils n’en savaient rien assurément ; seulement leurs esprits étaient préoccupés à la volée d’une sotte opinion qui était conçue d’un bruit incertain. Les Papistes aujourd’hui sont poussés d’un même aveuglement, et de semblable stupidité, en sorte qu’ils ne pensent rien leur être illicite, quand il est question de nous ruiner. Ils sont tellement aveuglés d’hypocrisie, qu’ils sont transportés de leur zèle, tantôt à commettre quelque déloyauté, tantôt à user de finesses et diverses tromperies, maintenant à une cruauté horrible, bref, à entreprendre toutes méchancetés, comme s’ils étaient exemptés de la sujétion de toutes lois, et divines et humaines. Davantage, nous apercevons bien en cette histoire, combien est grande la témérité des méchants. Ils jurent avec exécration qu’ils ne mangeront ni ne boiront, que premièrement ils n’aient occis Paul. Voire, comme si sa vie eût été entre leurs mains. Ainsi donc ces frénétiques s’attribuaient ce que le Seigneur en son Écriture se réserve tant de fois à soi particulièrement ; à savoir qu’il veut être seul qui dispose de la vie et de la mort des hommes, lesquels il a créés, Deutéronome 32.39. Joint qu’il n’est point ici question seulement de deux ou de trois compagnons d’une telle forcènerie ; mais il s’en trouve plus de quarante. Dont aussi nous apprenons, comment les hommes sont enclins à mal faire, vu qu’ils s’assemblent ainsi par bandes. Au surplus, vu que Satan les fait marcher et pousse si furieusement à leur ruine, combien sera vilaine notre lâcheté, quand à grand peine remuons-nous le petit doigt pour maintenir la gloire de Dieu ? Il nous faut bien tenir cette modération, que nous n’attentions rien que par le commandement de Dieu ; mais quand il nous appelle nommément, si nous procrastinons, il n’y aura point d’excuse.

23.13

Or ils étaient plus de quarante qui avaient fait cette conjuration,

23.14

et, s’étant rendus vers les principaux sacrificateurs et les anciens, ils dirent : Nous avons juré, avec des imprécations contre nous-mêmes, de ne rien manger que nous n’ayons tué Paul.

Quant à ce que les Sacrificateurs s’accordent à une conspiration si méchante et détestable, ils montrent bien par ce]a, qu’ils ne sont touchés d’aucune crainte de Dieu, et qu’ils n’ont nulle humanité. Non seulement ils approuvent ce qu’on leur propose d’un homme qui devait être tué par embûches ; mais aussi sont-ils prêts d’exécuter une partie de ce brigandage, en livrant entre les mains des meurtriers le personnage qu’ils voudraient voir mort comme que ce soit. Car ravir un homme de la main du juge pour le mettre à mort, qu’était-ce autre chose sinon faire acte de brigands en plein jugement ? Que s’il y eût eu une seule goutte d’affection droite ou d’humanité en ces Sacrificateurs, il est certain que jamais ils n’eussent approuvé ce conseil tant inique, voire quand ils eussent eu tant peu soit de sens humain. Joint qu’il n’a pas tenu à eux qu’ils n’aient mis tout le peuple et eux en même temps en grand danger. Mais Dieu a ainsi découvert leur impiété désespérée, laquelle était cachée sous le beau titre de leur état de sacrificateurs.

23.15

Vous donc maintenant intervenez, avec le sanhédrin, auprès du tribun, afin qu’il le fasse amener devant vous, comme si vous vouliez vous informer plus exactement de son affaire ; et nous, avant qu’il approche, nous sommes prêts à le tuer.

23.16

Mais le fils de la sœur de Paul, ayant ouï parler du guet-apens, vint, et étant entré dans la forteresse, le rapporta à Paul.

Nous pouvons bien voir ici comme Dieu obvie aux conseils des méchants, et y vient au-devant comme à la traverse. Il est vrai qu’il leur permettra bien de machiner beaucoup de choses, et que leurs méchants efforts aient cours ; mais quand le temps opportun est venu, il montre bien à la fin qu’il se rit d’en-haut de tout ce que les hommes machinent ici-bas sur la terre. Salomon dit : Il n’y a ni prudence ni conseil pour résister au Seigneur, Proverbes 21.30. A quoi s’accorde ce que dit Esaïe 8.10 : Faites des entreprises, et elles seront dissipées ; proférez la parole, et elle ne sera point ferme. Ceci nous est proposé en cette histoire présente comme en un miroir. La chose était presque faite, que Paul sortît le lendemain pour être mis à mort, comme une pauvre brebis qu’on a ainsi marquée. Mais le Seigneur montre bien que la vie de celui-ci était munie d’une garde fidèle, en sorte que tout ce que les hommes machinent s’en va en fumée. Et de notre part ne doutons point que pour nous défendre il n’étende jusqu’à nous sa sainte providence, de laquelle il a lors bien montré un beau témoignage ; car la promesse demeure ferme et stable, à savoir : Un seul cheveu ne tombera de votre tête, Luc 21.18. De plus, il est bon que nous notions qu’il a coutume d’user bien souvent de moyens non attendus pour maintenir et garder ses fidèles, afin qu’il exerce mieux notre foi. Qui eût pensé que ces embûches dussent être découvertes par un jeune garçon, desquelles les auteurs et complices de la conspiration pensaient que personne ne sût rien qu’eux ? Apprenons donc, combien que n’apercevions aucun moyen ordinaire pour nous maintenir en sûreté, de mettre toutefois notre confiance au Seigneur, qui trouvera bien chemin et passage facile par des lieux où il n’y en a point.

23.17

Et Paul ayant appelé un des centeniers, lui dit : Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui rapporter.

C’est une chose bien certaine que S. Paul n’était pas si convoiteux de vivre, qu’il ne se fut volontiers exposé à la mort, s’il eût semblé bon au Seigneur ; mais pour ce qu’il sait bien qu’il sert au Fils de Dieu à cette condition qu’il soit à lui à vie aussi bien qu’à mort, il ne s’endort point au danger qui lui est découvert. Et il a bien cette certaine persuasion, que Dieu est garde de sa vie ; tant il y a toutefois qu’il n’attend point que Dieu déploie son bras du ciel pour faire quelque miracle, ainsi il use du remède qui lui est offert, ne doutant nullement qu’il lui était ordonné de Dieu. Ainsi doivent faire tous ministres du Fils de Dieu, qu’étant munis d’une constance invincible, autant que requiert leur vocation, ils ne craignent point les dangers ; et nonobstant qu’ils ne se jettent point à la mort d’une audace insensée. Qu’ils invoquent hardiment le Seigneur au milieu des dangers extrêmes ; en sorte toutefois qu’ils ne méprisent les remèdes et aides qui leur sont mises entre mains. Autrement ils feront tort à Dieu, non seulement en se bouchant les oreilles à ses promesses, mais aussi en méprisant le moyen de leur délivrance, qui leur avait été par lui ordonné.

23.18

Il le prit donc avec lui et le mena vers le tribun, et dit : Le prisonnier Paul m’a appelé et m’a prié de t’amener ce jeune homme qui a quelque chose à te dire.

23.19

Et le tribun le prenant par la main et s’étant retiré à l’écart, lui demandait : Qu’est-ce que tu as à me rapporter ?

Ce que le Capitaine s’est montré si facile et humain envers ce jeune garçon, ce qu’il l’a mené par la main en un lieu à part, et qu’il l’a entendu patiemment et bénignement, il ne faut imputer à la grâce de Dieu, lequel a promis à son peuple de lui faire trouver grâce envers les Egyptiens, Exode 3.21, qui a coutume d’adoucir les cœurs obstinés et endurcis, de dompter les esprits farouches, et de conduire à toute humanité ceux desquels il a délibéré se servir pour aider à ses fidèles. Celui-ci étant homme de guerre pouvait bien rudement repousser ce jeune homme qui lui était inconnu, aussi bien qu’il pouvait rejeter la requête de Paul. Le Seigneur donc qui a les cœurs des hommes en sa main, a fléchi cet homme profane à donner audience. Il lui a servi aussi d’avoir su auparavant comment les Juifs étaient transportés d’une cruauté furieuse contre saint Paul, afin qu’il fut plus volontaire à secourir Paul qui était affligé et destitué d’aide. Au reste, ceux qui sont constitués en domination, sont exhortés par cet exemple, quelle vertu c’est qu’humanité. Si le Capitaine eût été difficile à aborder, il eût mis saint Paul entre les mains des Juifs pour le faire mourir ne le sachant point. Ainsi les Magistrats tombent bien souvent par leur orgueil en plusieurs fautes et lourdes, d’autant qu’ils ne veulent entendre ceux qui les viennent avertir.

23.20

Et il dit : Les Juifs ont résolu de te prier de faire descendre demain Paul dans le sanhédrin, sous prétexte de s’informer plus exactement de son affaire.

23.21

Toi donc, ne te fie pas à eux ; car plus de quarante d’entre eux lui dressent un guet-apens et se sont engagés, avec des imprécations contre eux-mêmes, à ne manger ni boire qu’ils ne l’aient tué ; et maintenant ils sont prêts, attendant ta promesse.

23.22

Le tribun renvoya le jeune homme, après lui avoir donné cet ordre : Ne dis à personne que tu m’as fait connaître ces choses.

23.23

Et ayant appelé deux des centeniers, il dit : Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante et dix cavaliers, et deux cents archers, pour aller jusqu’à Césarée.

On peut bien encore plus clairement apercevoir la providence de Dieu. Combien que l’intention de ce Capitaine ne tendît à autre but, sinon à remédier de bonne heure à l’émotion publique, de laquelle il lui eût fallu rendre compte devant le grand Gouverneur ; tant y a toutefois qu’il exécute le conseil de Dieu à délivrer Paul. Car il lui fallait amasser nombre de soldats ; par ce moyen il fallait qu’il dénuât la ville de sa garnison ; et le voyage ne se pouvait faire sans frais. Il nous faut donc tellement considérer la prudence de ce Capitaine, que cependant la foi doit lever les yeux au ciel, et entendre que Dieu a dressé le cœur de cet homme profane par un instinct secret, et que lui-même est conducteur et guide du chemin tant à Paul qu’aux soldats, à ce que Paul vienne en sûreté jusqu’à Césarée. La troisième heure de la nuit était la fin de la première veille. C’est donc autant comme si le Capitaine ordonnait que les soldats fussent prêts à la seconde veille. Or quant aux archers desquels parle saint Luc, c’étaient gens qui portaient javelots ou demies-piques, qui étaient mis sur les ailes ; vu que les légionnaires étaient plus propres pour faire la guerre arrêtée.

23.24

Et il leur commanda de préparer des montures, afin qu’ayant mis Paul dessus, ils le mènent sain et sauf au gouverneur Félix.

23.25

Il écrivit une lettre en ces termes :

23.26

Claude Lysias, au très excellent gouverneur Félix, salut !

En premier lieu, les lecteurs doivent être avertis en un mot, que ce Félix était frère de Pallas, lequel étant liberté de l’Empereur, c’est-à-dire ayant été affranchi par l’Empereur, était des plus riches et puissant de toute la ville. Il y a bien plus, que le Sénat Romain lui avait décerné les ornements de Préteur, avec termes d’une flatterie honteuse et vilaine. Comme ainsi soit donc que ceux que l’Empereur Claudius avait affranchis, abusant de sa sottise, gouvernassent tout l’empire Romain à leur appétit, et principalement Narcissus et Pallas, il ne se faut étonner si Pallas a ordonné son frère Félix Gouverneur de Judée. Or le but de l’épître tend à ce que Paul soit soulagé, par ce que déjà le Capitaine en juge en soi-même, et à ce que par lui le Gouverneur Félix soit averti auparavant que ses accusateurs soient venus ; afin que le Gouverneur ne soit préoccupé de leurs faux rapports, et que toute foi leur soit ôtée, à ce qu’ils ne lui puissent nuire.

23.27

Cet homme avait été saisi par les Juifs et allait être tué par eux, quand je suis survenu avec la troupe et le leur ai arraché, ayant appris qu’il était Romain.

Ceci est dit en faveur de Paul, et pour rendre les Juifs odieux ; à savoir qu’un homme Romain a été poussé par violence, et frappé durement, et presque occis par eux. D’avantage, il fait valoir son droit de bourgeoisie, à cette fin qu’il soit plus bénignement traité. Au surplus, cette recommandation n’a été faite ni par prières ni par flatteries, ni obtenue pour or ni argent. Comment donc dirons-nous que cela s’est fait, que le Capitaine s’est montre de soi-même tant bénin envers un homme de si basse condition, et haï de tous, sinon pour autant que le Seigneur l’avait ordonné pour procureur à son serviteur ? Ainsi nous voyons bien qu’il gouverne les langues et les mains des infidèles mêmes, au profit de ses serviteurs.

23.28

Et voulant connaître le motif pour lequel ils l’accusaient, je l’ai fait descendre dans leur sanhédrin.

23.29

J’ai trouvé qu’il était accusé au sujet de questions de leur loi, mais qu’il n’était l’objet d’aucune imputation qui méritât la mort ou les liens.

Il absout ici Paul de crime, à savoir selon la portée de son jugement. Mais il nous faut bien noter que c’est un homme profane qui parle. Car entre le peuple de Dieu, corrompre la doctrine de vraie religion par méchantes et fausses opinions, est un forfait digne de punition aussi grave que de violer entre les hommes le droit et équité par quelque outrage ou maléfice. Et de fait, les Romains n’eussent jamais souffert qu’on eût parlé contre leurs superstitions, ou contre les services de leurs dieux, qui étaient choses inventées par les hommes ; mais comme ils ne faisaient nul compte de la Loi de Dieu, et qui pis est, ils eussent bien voulu qu’elle eût été du tout éteinte ; ce n’était point une chose criminelle entre eux, de n’avoir point ajouté foi à Moïse et aux Prophètes, ou d’avoir troublé l’Eglise par fausses doctrines. Pourtant il y avait Loi que les Gouverneurs ne connussent point de cet affaire ; mais que ceux qui étaient par les provinces, demeurassent tellement en leur religion, que s’il y eût eu quelque chose commise à l’encontre, les Magistrats Romains ne se souciassent d’en faire la punition. C’est la raison pourquoi le Capitaine ne met point en compte de crime ou maléfice, d’avoir ému des questions touchant la Loi. Or d’aucuns gens ignorants abusant de ce passage, veulent que licence leur soit donnée et à tous autres d’émouvoir des troubles. Le Seigneur en prononce bien autrement, lequel punit plus gravement les hommes, quand ils ont violé son service, que quand ils ont fait quelque outrage que ce soit aux hommes. Et de fait, il n’y a rien plus absurde, que de laisser les sacrilèges impunis, vu qu’on punit les larcins. Au demeurant, comme le Capitaine ne tient conte de la religion Judaïque, aussi les calomnies des Juifs sont purgées, desquelles ils eussent volontiers grevé Paul.

23.30

Et ayant été averti qu’un guet-apens devait être dressé contre cet homme, je l’ai aussitôt envoyé auprès de toi, ayant aussi fait savoir à ses accusateurs qu’ils eussent à parler contre lui devant toi.

C’est la seconde partie des lettres de Lysias, où il fait retourner la haine sur les adversaires de Paul, à savoir en ce qu’ils ont tâché de tuer Paul par embûches. Dont aussi on peut bien conjecturer que c’était à grand tort qu’ils faisaient fâcherie à saint Paul, et se montraient si fort ses ennemis pourchassant sa mort. Car s’ils l’eussent persécuté à bon droit, ils s’en fussent rapportés à la justice, s’appuyant sur leur bonne cause. Maintenant on peut voir facilement qu’ils n’ont pas la raison et le droit de leur côté, vu qu’ils ont recours à faire meurtre.

23.31

Les soldats donc, selon l’ordre qu’ils avaient reçu, prirent Paul et le menèrent de nuit à Antipatris.

23.32

Et le lendemain, ayant laissé les cavaliers s’en aller avec lui, ils s’en retournèrent à la forteresse.

Combien que saint Luc n’ait point exprimé ci-dessus, qu’il eût été commandé aux soldats de s’en retourner du chemin ; néanmoins il est bien certain qu’ils n’ont point été donnés à Paul pour lui faire compagnie, sinon jusqu’au lieu où le Capitaine pensait bien que Paul serait en sûreté ; car il était sorti de nuit secrètement. Or le Capitaine savait que quand ils auraient fait une partie du chemin, il ne fallait plus craindre, d’autant que les ennemis n’avaient point d’espérance de les pouvoir atteindre ; et toutefois qu’il n’était pas sûr de renvoyer l’autre partie de la garnison.

23.33

Les cavaliers étant arrivés à Césarée, et ayant remis la lettre au gouverneur, lui présentèrent aussi Paul.

23.34

Et quand il l’eut lue, il lui demanda de quelle province il était ; et ayant appris qu’il était de Cilicie,

23.35

il lui dit : Je t’entendrai quand tes accusateurs seront aussi venus. Et il ordonna qu’il fût gardé dans le prétoire d’Hérode.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant