La Légende dorée

XXIX
LA SEPTUAGÉSIME

La septuagésime désigne le temps de la déchéance, la sexagésime celui de l’abandon, la quinquagésime celui de la rémission, et la quadragésime celui de la pénitence spirituelle.

La septuagésime a été instituée pour trois motifs : 1° comme un rachat ; 2° comme un signe ; 3° comme une représentation.

1° Les saints Pères avaient décidé que, pour vénérer le jour de l’Ascension, une fête solennelle aurait lieu tous les cinq jours, où l’on serait dispensé du jeûne ; mais comme les fêtes des saints sont ensuite survenues, on a dû renoncer à célébrer cette fête tous les cinq jours. Et c’est pour racheter (ou pour compenser) ces fêtes, que les Pères nous ont imposé une semaine d’abstinence, qu’ils ont appelée la septuagésime.

2° La septuagésime est également un signe : elle signifie la déchéance, l’exil, et la tribulation du genre humain, depuis Adam jusqu’à la fin du monde. Ces sept jours signifient les sept milliers d’années que dure le monde : car, six mille ans se sont écoulés depuis Adam jusqu’à l’ascension du Christ ; et tout le temps qui s’écoule depuis l’ascension jusqu’à la fin du monde constitue un septième millénaire, dont Dieu seul connaît le terme.

3° Enfin la septuagésime représente les soixante-dix ans que dura pour Israël la captivité de Babylone, qui, à son tour, représentent le temps de notre pérégrination terrestre. Dans ce temps d’exil, l’Église, accablée de tribulations, et presque désespérée, chante : Circumde-derunt me gemitus morbis, etc. Mais, pour l’empêcher de désespérer tout à fait, l’épître et l’évangile de la septuagésime lui proposent un triple remède et une triple récompense. Le remède consiste à travailler dans la vigne de l’âme, puis à courir dans le stade de la vie présente, enfin à lutter dans l’arène contre les tentations du diable. Et les trois récompenses sont : le denier accordé au bon vigneron, les applaudissements au coureur, la couronne au combattant.

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