La Légende dorée

XXXI
LA QUINQUAGÉSIME

La quinquagésime a été instituée comme complément, comme signe, et comme représentation.

1° Nous devrions jeûner pendant quarante jours, à la ressemblance du Christ, et en réalité nous ne jeûnons que pendant trente-six jours, car les dimanches sont libres de jeûnes. Et les dimanches sont libres de jeûnes tant à cause de la joie de la résurrection qu’à cause de l’exemple du Christ, qui, le jour de sa résurrection, a mangé deux fois, à savoir avec les disciples d’Emmaüs, et avec ses disciples réunis à Jérusalem, quand il est entré chez eux toutes portes fermées. En compensation de ces quatre jours, perdus pour le jeûne, l’Église a institué les quatre derniers jours de la quinquagésime, puis le clergé, voulant donner au peuple l’exemple de la sainteté, a résolu de jeûner encore pendant les deux jours précédant ceux-là ; et ainsi s’est trouvée constituée une semaine entière de jeûne, que le pape Télesphore a sanctionnée, comme le dit saint Ambroise, sous le nom de quinquagésime.

2° La quinquagésime signifie le temps de la rémission des péchés ; car, tous les cinquante ans, avait lieu une année de jubilé, où les dettes étaient remises, où les esclaves étaient libérés, et où tous rentraient en possession de leurs biens.

3° Enfin la quinquagésime représente l’état de béatitude. Car, tous les cinquante ans, les esclaves étaient libérés ; cinquante jours après l’immolation de l’agneau, la loi fut donnée ; et c’est cinquante jours après Pâques qu’est descendu l’Esprit-Saint.

L’épître et l’évangile de la quinquagésime nous enseignent que trois choses sont nécessaires, pour que l’œuvre de la pénitence soit parfaite : 1° la charité, qui nous est recommandée par l’épître ; 2° le souvenir de la passion du Seigneur, et, 3° la foi, qui nous sont recommandés dans l’évangile, par le récit du miracle de l’aveugle guéri.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant