La Légende dorée

LXXIX
SAINTS PRIME ET FÉLICIEN, MARTYRS

(9 juin)

Prime et Félicien furent dénoncés à Dioclétien par les prêtres des temples, qui affirmaient ne rien pouvoir obtenir de leurs dieux aussi longtemps que ces deux hommes refuseraient de sacrifier. Tous deux furent alors jetés en prison, mais un ange vint les délivrer. Ramenés devant l’empereur, et comme ils persistaient dans leur foi, ils furent cruellement frappés de lanières. Après quoi le préfet dit à Félicien, qui était un vieillard, d’avoir égard pour son âge et de sacrifier aux dieux. Mais Félicien : « Sur les quatre-vingts ans que j’ai vécus, en voici trente déjà que j’ai reconnu la vérité, et choisi de vivre pour mon Dieu, qui peut me délivrer de tes mains ! » Alors le préfet le fit ligoter, lui fit enfoncer des clous dans les mains et les pieds, et lui dit : « Tu resteras ainsi jusqu’à ce que tu aies cédé ! » Et comme le saint gardait un visage joyeux, il le fit de nouveau torturer et lui refusa toute nourriture. Puis, appelant devant lui saint Prime, qu’il avait séparé de son compagnon, il lui dit : « Écoute, ton frère Félicien s’est soumis au décret de l’empereur, et il est maintenant en grand honneur au palais. Imite donc son exemple ! » Mais Prime : « Bien que tu sois fils du diable, tu as dit vrai en partie, lorsque tu as affirmé que mon frère s’était soumis à la volonté de l’empereur suprême, qui est Dieu ! » Le préfet, furieux, lui fit brûler les côtes, et lui fit verser dans la bouche du plomb bouillant, tout cela en présence de Félicien qu’il espérait effrayer : mais Prime avala le plomb avec délice, comme de l’eau fraîche. Alors le préfet fit lancer sur eux deux lions ; mais ceux-ci s’étendirent aussitôt à leurs pieds et restèrent là comme de doux agneaux. Des ours, qui furent ensuite lâchés, contre les saints, se comportèrent de la même façon. Et à ce spectacle assistaient plus de douze mille personnes, dont cinq cents se convertirent au Seigneur. Enfin le préfet fit trancher la tête aux deux saints, et ordonna que leurs corps fussent jetés en pâture aux chiens et aux oiseaux. Mais ceux-ci n’osèrent y toucher, et les deux corps, recueillis par les chrétiens, furent pieusement ensevelis.

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