La Légende dorée

LXXXVIII
SAINT LÉON, PAPE

(28 juin)

Le pape Léon, célébrant la messe dans l’église de Sainte-Marie-Majeure, faisait, suivant la coutume, communier les fidèles, lorsqu’une femme lui déposa un baiser sur la main, ce qui fit naître en lui une véhémente tentation charnelle. Mais l’homme de Dieu, se châtiant lui-même avec plus de sévérité que ne l’aurait fait aucun autre juge, s’amputa en secret la main qui avait été cause du scandale. Cependant le peuple murmurait de ne pas voir le Souverain Pontife célébrer l’office divin comme de coutume. Alors Léon s’adressa à la sainte Vierge, se remettant de tout à sa providence. Et la Vierge aussitôt lui apparut, et, de ses saintes mains, lui rendit sa main, lui ordonnant de procéder au divin sacrifice. Et Léon révéla au peuple ce qui lui était arrivé, montrant à tous la main qui venait de lui être miraculeusement restituée.

C’est le pape Léon qui présida le concile de Chalcédoine, où l’on décida que les vierges seules pourraient prendre le voile, et où fut également décrété que, désormais, la Vierge Marie serait appelée « Mère de Dieu ».

Et comme Attila ravageait l’Italie, saint Léon, après avoir prié pendant trois jours et trois nuits dans l’église des apôtres, dit aux siens : « Qui veut me suivre, me suive ! » Et Attila, dès qu’il l’aperçut, descendit de son cheval, se prosterna à ses pieds, et lui dit de demander tout ce qu’il voudrait. Le pape lui demanda, et obtint aussitôt, qu’il quitterait l’Italie et rendrait la liberté à tous ses captifs. Et comme les compagnons d’Attila lui reprochaient que lui, le vainqueur du monde, se fût laissé vaincre par un prêtre, le barbare répondit : « J’ai agi dans mon intérêt et dans le vôtre, car j’ai vu, à la droite de cet homme, un guerrier gigantesque qui m’a dit, l’épée en main : “Si tu n’obéis à ce prêtre, tu périras avec tous les tiens !”

Le pape Léon, ayant écrit une lettre à Fabien, évêque de Constantinople, contre Eutychès et Nestorius, la déposa sur le tombeau de saint Pierre, et, priant le saint, lui dit : « Tout ce que, en ma qualité d’homme, j’ai écrit d’erroné dans cette lettre, toi, gardien de l’Église, corrige-le et rectifie-le ! » Et, quarante jours après, saint Pierre lui apparut et lui dit : « J’ai lu et corrigé ! » Et, lorsque Léon reprit sa lettre, il la trouva corrigée et rectifiée par la main de l’apôtre.

Une autre fois, Léon passa quarante jours à jeûner et à prier sur le tombeau de saint Pierre, afin d’obtenir le pardon de ses péchés. Et saint Pierre, lui apparaissant, lui dit : « J’ai prié pour toi le Seigneur, et il t’a remis tous tes péchés. Mais tu devras seulement te renseigner au sujet de l’imposition des mains, » c’est-à-dire veiller à ce que cette imposition se fasse de la manière convenable. Saint Léon mourut vers l’an du Seigneur 460.

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