La Légende dorée

CXX
SAINT SYMPHORIEN, MARTYR

(22 août)

Symphorien était originaire d’Autun. Dès l’adolescence, il se fit remarquer par la gravité de ses mœurs. Et, comme, le jour de la fête de Vénus, les païens présentaient au préfet Héraclius une statue de cette déesse, Symphorien refusa d’adorer la statue : en punition de quoi il fut roué de coups et jeté en prison. Le préfet lui offrit ensuite de nombreux présents, s’il voulait sacrifier aux idoles. Mais Symphorien lui dit : « Notre Dieu, de même qu’il sait récompenser les mérites, sait aussi punir les péchés. Et vos présents sont des poisons enveloppés de miel. Et votre avidité même, quand elle croit tout avoir, ne possède rien ; et votre joie ressemble au verre, qui, dès qu’il commence à briller, se brise en morceaux ! » Ce qu’entendant, le juge, furieux, ordonna que Symphorien fût mis à mort.

Pendant qu’on le conduisait au supplice, sa mère, du haut d’un mur, lui criait : « Mon fils, mon fils, souviens-toi de la vie éternelle ! regarde en haut, contemple Celui qui règne dans les cieux ! Tu sentiras alors que ta vie ne t’est pas enlevée, mais, au contraire, changée en une vie meilleure ! » Bientôt après, Symphorien fut décapité. Son corps, pris par les chrétiens, fut enseveli religieusement. Et tant de miracles se produisirent sur son tombeau, que les païens eux-mêmes le tinrent en grand honneur. Grégoire de Tours raconte notamment qu’un chrétien, ayant arrosé trois cailloux du sang qui avait jailli du tronc coupé de saint Symphorien, mit ces cailloux dans une boîte d’argent, et prit l’habitude de les porter sur lui. Et comme, un jour, le camp où il était se trouva détruit de fond en comble par un incendie, la boîte seule resta intacte, avec l’étui de bois où elle était enfermée. Le martyre du saint eut lieu en l’an du Seigneur 270.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant