Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre premier : Le monde ancien à la naissance de l’Eglise

La situation générale à cette époque est un commentaire éloquent de la parole : « Quand les temps furent accomplis » (Galates 4.4).

1. Le monde païen. Politiquement, il était unifié sous le spectre de Rome. Les Indes et la Chine étaient les seuls foyers de civilisation qui restassent en dehors de l’Empire. La paix générale et le bon état des routes favorisaient les voyages. La même langue, le grec, était comprise partout.

Moralement, le monde était tombé très bas. Le mariage était profané, la vie humaine méprisée. Il est à noter cependant que cette corruption excluait la propre justice ; le monde avait conscience de son péché plus qu’à d’autres époques.

Au point de vue religieux, les formes étaient observées, mais on avait cessé de croire aux divinités officielles. Les âmes se tournaient vers les religions orientales ou vers la philosophie, pour y chercher la satisfaction de leurs besoins religieux, sans d’ailleurs la trouver. N’empêche que certaines aspirations se faisaient jour, ainsi qu’en fait foi la quatrième églogue de Virgile avec son curieux espoir d’un retour de l’âge d’or.

2. Le monde juif. Politiquement, il était asservi. La Palestine était province romaine, et beaucoup de Juifs étaient dispersés dans les principales villes de l’Empire, où ils avaient fondé des synagogues.

Au point de vue moral, les Juifs étaient très supérieurs aux autres peuples. Mais leur morale austère était sans élan et sans amour, et les commandements de Dieu étaient noyés dans les traditions humaines.

Au point de vue religieux, les synagogues où les scribes lisaient et expliquaient la loi, avaient pris une grande importance. Deux partis exerçaient une influence prépondérante sur le peuple : les Pharisiens, séparés, hostiles à tout ce qui était païen, attachés à la tradition et les Sadducéens, plus libéraux, qui avaient la haute main sur le temple. Il y avait aussi de petits cercles adonnés à la mystique et à l’ascétisme, comme les Esséniens.

Les Juifs de la dispersion avaient subi l’influence de la pensée grecque. Un juif d’Alexandrie, Philon, est célèbre par ses spéculations sur le Logos en qui il voyait un intermédiaire entre Dieu et le monde. Il combinait une interprétation subtile de l’Ancien Testament avec la philosophie de Platon.

La religion d’Israël n’était pas sans exercer une certaine attraction sur les païens. Certains, les prosélytes, allaient jusqu’à se faire incorporer dans la communauté juive. D’autres, les « craignant Dieu », étaient simplement sympathisants. L’existence de synagogues réparties dans tout l’empire romain et autour desquelles gravitait une foule attirée par la foi juive, constituait une excellente base de départ pour l’évangélisation chrétienne.

Dans les cercles mystiques parmi les Pharisiens, comme au sein du peuple affligé par la domination étrangère, l’attente du Messie était vive. Mais bien peu se doutaient de la manière dont allait se réaliser l’espérance d’Israël.

Le retour de l’Age d’or.

Déjà arrivent les temps de la fin. De nouveau une suite de siècles grandioses est prête à commencer. La justice reprend son pouvoir. L’âge d’or réapparaît, une nouvelle race descend du haut des cieux. Grâce au nouveau-né, la race de fer fera place sur toute la terre à une race d’or qui va surgir. C’est sous ton consulat, Pollion, que celui qui fera la gloire de cette génération verra le jour, et que les grands mois débuteront. C’est sous tes auspices que les vestiges de nos crimes, s’il en reste, seront supprimés. Ainsi la terre sera délivrée de ses craintes incessantes. Cet enfant recevra la vie divine, il contemplera les héros mêlés aux dieux et lui-même siégera au milieu d’eux. Il gouvernera la terre pacifiée avec toutes les qualités de son père…

Oh ! puisse ma vie se prolonger jusqu’à ce moment ! Puissé-je avoir assez de souffle pour célébrer tes hauts faits, alors même les chants d’Orphée ne surpasseront point mes cantiques.

VIRGILE
Eglogue 4 dédiée à Asinius Pollion en 40 av. Jésus-Christ à la naissance de son fils.

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