Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 3 : Les conquêtes de l’Evangile

Les étapes avaient été fixées par Jésus Lui-même dans Actes 1.8.

1. Jérusalem. Le travail dans cette ville remplit les chapitres 1-7 des Actes. Il fut d’ailleurs très fructueux, puisque des milliers furent amenés à la foi.

2. La Judée et la Samarie. A la suite d’une persécution, les disciples se répandirent dans ces régions. Le travail du diacre Philippe n’est sans doute qu’un exemple entre beaucoup d’autres (Actes 8).

3. Les extrémités de la terre. Ce n’est que peu à peu que les disciples ont été amenés à sentir la nécessité de prêcher l’Evangile à tous les peuples. Pierre, à la suite de révélations précises, ouvre la porte aux païens en baptisant Corneille (Actes 10). Puis des missionnaires inconnus évangélisent les païens d’Antioche (Actes 11). A la suite d’une révélation, Paul entreprend son premier voyage missionnaire (Actes 13). Ce n’est pas sans difficulté qu’il obtient au synode de Jérusalem que les païens convertis ne soient pas astreints à observer la loi juive (Actes 15). Mais une fois ce point acquis, l’évangélisation fait des progrès rapides, et à la fin du premier siècle, dans tout l’empire, il y a des églises. La destruction de Jérusalem en 70 par Titus acheva de donner la prépondérance aux églises issues du paganisme. Les chrétiens de Jérusalem purent pourtant s’enfuir à temps (Matthieu 24.15-18).

4. Les persécutions. Les premières ont été suscitées par les chefs juifs, puis par le peuple dans son ensemble. Les autorités romaines ont d’abord observé une neutralité bienveillante. Quelquefois, elles ont été poussées par les Juifs dans la voie des violences. Sous Néron (52-68) éclata la première persécution officielle ; elle est atroce par les supplices infligés, mais elle est locale et accidentelle. Paul, et peut-être Pierre en furent victimes. Sous l’empereur Domitien (81-96) la persécution sévit de nouveau. Jean est envoyé dans les carrières de Patmos, mais il semble qu’il soit mort d’une mort naturelle.

Nous avons très peu de renseignements dignes de foi, en dehors du Nouveau Testament, sur l’activité des apôtres.

Nous savons que Pierre est mort martyr (Jean 21.19). La tradition rapporte qu’il aurait été crucifié la tête en bas à Rome. C’est possible. En tout cas le Nouveau Testament exclut qu’il ait longtemps exercé son activité dans cette ville.

Paul aussi est mort martyr (2 Timothée 4.6-8), probablement décapité puisqu’il était citoyen Romain.

Jacques, frères du Seigneur, évêque de Jérusalem, avait été surnommé « le Juste ». Il avait les genoux calleux à force d’avoir prié. Il fut lapidé par les Juifs peu avant la destruction de Jérusalem.

Quelques anecdotes sont racontées sur le compte de Jean, à la fin de sa vie à Ephèse. Il serait sorti précipitamment des bains publics, parce que Cérinthe s’y trouvait aussi, de peur que le bâtiment ne s’effondre sur cet affreux hérétique. Il aurait poursuivi jusque dans son repaire un jeune chrétien devenu chef de brigands et l’aurait ramené dans la bonne voie. Dans les assemblées où il se faisait transporter, il aurait inlassablement répété la phrase : « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres », parce que c’était le commandement du Seigneur et parce que son observation implique tout le reste de la vie chrétienne.

Marc aurait fondé l’Eglise d’Alexandrie dont l’existence est en tout cas bien attestée dès le premier siècle.

Persécutions sous Néron.

(On accusait Néron d’avoir provoqué l’incendie de Rome.)

C’est pourquoi Néron, pour détruire ce bruit, supposa des coupables, et punit des supplices les plus barbares des hommes détestés pour leurs infamies, appelés vulgairement les chrétiens. Ils tiraient ce nom de Christ, qui sous le règne de Tibère avait été puni du dernier supplice par le procurateur Ponce Pilate. Cette pernicieuse superstition ayant été alors étouffée, reparaissait de nouveau, non seulement dans la Judée où elle avait pris naissance, mais dans Rome même, où tout ce qu’il y a d’affreux et d’infâme sur les divers points de la terre vient se réfugier et s’accroître. On commença par se saisir de ceux qui s’avouaient chrétiens ; et ensuite, sur leurs dépositions, une multitude immense fut moins convaincue du crime de l’incendie que de la haine du genre humain. On ajouta envers eux la dérision aux tourments. Couverts de peaux de bêtes féroces, ils étaient déchirés en lambeaux par les chiens, ou bien on les attachait à des croix, où enduits de résine ils étaient brûlés pendant la nuit pour servir de flambeaux au public. Néron avait offert ses jardins pour un tel spectacle ; et il y donnait les jeux du cirque, dans lesquels il se mêlait en habit de cocher parmi la populace, ou conduisait un char. Aussi, quoique ces malheureux fussent coupables et dignes du dernier supplice, on se sentait ému de pitié en voyant qu’ils étaient immolés, non à l’utilité publique, mais à la cruauté d’un seul homme.

TACITE
Annales, XV 44
Traduction Gallon de la BASTIDE.

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