Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 4 : La doctrine de l’Eglise apostolique

1. La base doctrinale. Le Nouveau Testament a été composé au cours de cette période ; mais au début, il n’existait pas encore. L’autorité suprême en matière de foi résidait donc :

a) Dans l’Ancien Testament qui a été la Bible des premiers chrétiens, comme il avait été celle de Jésus. Les apôtres invoquaient constamment l’Ancien Testament pour appuyer leurs messages.

b) Dans les paroles de Jésus. Avant d’être mises par écrit, elles étaient fréquemment citées dans la prédication et cela non seulement par les douze qui les avaient entendues directement, mais aussi par Paul (Actes 20.35).

c) Dans l’enseignement apostolique (Actes 2.42). Jésus avait conféré aux apôtres une autorité unique, celle de formuler la doctrine avec le secours du Saint-Esprit (Jean 16.12-14 ; 20.21-23). Paul revendique la même autorité (Galates 1.11-12).

On a échafaudé une théorie selon laquelle les apôtres n’auraient pas été d’accord dans leur message. On est même allé jusqu’à dire qu’à l’origine il y aurait eu plusieurs sortes de christianismes, un ou même deux christianismes palestiniens ayant pour chefs l’apôtre Pierre et Jacques le frère du Seigneur, et un christianisme hellénique dont Paul aurait été le protagoniste.

Ces théories ne tiennent pas en présence des textes. Sans doute chaque apôtre a apporté sa pierre particulière à l’édifice de la doctrine chrétienne, et cela suivant son tempérament et les besoins de ceux à qui il avait affaire. Il est vrai, également, que les Juifs convertis ont continué à se soumettre aux prescriptions de la loi, tandis que cette obligation n’était pas imposée aux anciens païens. Des divergences qui n’étaient que trop réelles ont surgi ici et là par l’action de ceux que l’Ecriture appelle les faux frères (Galates 2.4-5).

Mais en ce qui concerne les apôtres eux-mêmes, que ce soit Paul, Jean, Pierre ou Jacques, ils ont toujours manifesté un accord complet et n’ont jamais prêché qu’un seul Evangile, celui du salut en Jésus-Christ (Actes 15.11). Paul laisse clairement entendre que son message ne diffère en rien de celui des autres apôtres, si ce n’est par la personne des destinataires (1 Corinthiens 15.11 ; Galates 2.6-9). Aussi bien n’y a-t-il pas d’autre Evangile (Galates 1.7).

d) Il est à noter qu’au fur et à mesure que les écrits du Nouveau Testament étaient composés, leur inspiration et leur autorité étaient reconnues. Pierre mentionne les épîtres de Paul (2 Pierre 3.15-16). Paul cite peut-être Luc (1 Timothée 5.18). Les écrits apostoliques étaient lus au culte public (1 Thessaloniciens 5.27 ; Colossiens 4.16) sans doute d’abord tel livre dans telle région, tel autre dans telle autre ; puis peu à peu, le cercle des lecteurs s’est étendu.

2. Les principales doctrines. Certaines doctrines étaient parfaitement bien développées dans l’Ancien Testament (l’unité de Dieu, sa justice, la chute, etc.). Les apôtres n’ont donc eu qu’à les rappeler en passant. D’autres sujets devaient être traités avec plus de détails :

a) La personne du Sauveur. La prédication apostolique était essentiellement un témoignage rendu à Jésus-Christ (Actes 1.8 ; 9.20). Sa nature divine apparaît dans sa résurrection ; aussi les apôtres insistent-ils sur ce fait (Actes 4.2).

b) L’Evangile de la grâce : l’homme est incapable de se sauver. Il ne peut être justifié que par la grâce de Dieu, manifestée à la croix, et acceptée par la foi (1 Corinthiens 2.2).

c) La loi de la liberté. Affranchi de la loi de Moïse, quelle règle de conduite le chrétien doit-il observer ? Les apôtres ont insisté sur l’œuvre du Saint-Esprit dans le cœur du croyant, et sur les fruits qui en sont la conséquence (Jacques 1.25 ; Galates 5.13-25).

d) Le retour de Jésus-Christ. Cette doctrine a eu une grande influence pratique sur les cœurs à cette époque. Certains chrétiens semblent avoir été convaincus que le Christ reviendrait de leur temps (2 Thessaloniciens 2.2), mais les apôtres n’ont jamais trempé dans cette erreur. Ils ont attendu leur Maître sans fixer la date de sa venue.

3. Les premières hérésies. Le mot hérésie signifie choix ou parti. L’hérétique est celui qui se détourne de la doctrine officiellement établie, pour s’attacher à un parti non orthodoxe.

Le judéo-christianisme a été condamné officiellement au concile de Jérusalem (Actes 15). Certains docteurs judaïsants n’en ont pas moins continué à troubler les églises, en particulier en Galatie et à Corinthe. Plus tard, en Asie Mineure, ils ont combiné leur légalisme avec des spéculations sur les anges. Ils ont trouvé un adversaire énergique en Paul.

Les Nicolaïtes (Apocalypse 2) ont exercé leur activité en Asie mineure. Ils semblent avoir eu une indulgence coupable pour le culte des idoles et pour l’impureté.

Cérinthe contestait l’inspiration de l’Ancien Testament et professait des idées erronées sur la personne de Jésus. Pour lui, Jésus n’était qu’un homme né comme les autres, le Christ serait venu habiter en lui à son baptême et l’aurait quitté avant la crucifixion. Cette hérésie comme celle des Nicolaïtes a été violemment combattue par l’apôtre Jean.

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