Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre premier : Les Pères apostoliques

On donne ce nom aux Pères de l’Eglise qui ont été les disciples immédiats des apôtres.

1. Quelques écrits. La Didaché ou Doctrine des apôtres, est un ouvrage anonyme qui date du premier siècle et nous donne des renseignements précieux sur l’organisation des églises primitives, la liturgie, l’attitude des fidèles en face des ministres de l’évangile.

Longtemps perdu, cet ouvrage a été retrouvé en 1875. L’auteur distingue les ministres itinérants, apôtres, prophètes et docteurs, et les ministres sédentaires, évêques ou anciens et diacres. Le baptême doit être administré par immersion, l’aspersion est prévue en cas de nécessité. La Cène n’est donnée qu’aux baptisés. Elle comporte une liturgie simple et précise.

Le pasteur d’Hermas est une vision, accordée à l’auteur, un certain Hermas, de Rome, qui vivait vers l’an 150. Son ange gardien se présente à lui sous la forme d’un vieillard et lui dit : « Je suis le pasteur auquel tu as été confié ». Cet ouvrage a joui d’une grande réputation dans l’Eglise primitive. On a failli le ranger dans le Nouveau Testament. A côté de belles images, il contient bien des longueurs et certaines erreurs doctrinales.

Dans sa vision, Hermas voit aussi l’Eglise sous les traits d’une femme âgée, car il pense que la fin du monde est proche. Il annonce un jour de repentance où les péchés commis après le baptême pourront être pardonnés. Il croit aux œuvres surérogatoires.

De la même période date une épître dite de Barnabas. C’est une mauvaise imitation de l’Epître aux Hébreux. L’Ancien Testament est interprété à coup d’allégories ahurissantes. Nous y trouvons un texte du Nouveau Testament introduit par la formule : « il est écrit ».

2. Quelques évêques. Clément de Rome a été évêque dans cette ville à la fin du premier siècle. Il a écrit une Epître aux Corinthiens. Il est partisan du renforcement de l’autorité ecclésiastique.

Cependant, il ne distingue pas les évêques et les anciens. Il combat les divisions qui s’étaient produites dans l’église de Corinthe, en recommandant l’humilité et l’obéissance à Jésus-Christ. Cette épître a parfois été considérée comme inspirée dans l’ancienne église.

Ignace d’Antioche était un disciple de Jean. Sommé d’abjurer sous l’empereur Trajan (98-117), il refusa et fut emmené à Rome, où il mourut martyr. Au cours de son voyage, il écrivit sept épîtres, remarquables par la ferveur avec laquelle il défend la vérité et par son désir de subir le martyre. Il donne à l’évêque une nette prééminence sur les anciens. Il est ainsi le premier témoin de l’organisation hiérarchique de l’Eglise. Il est aussi le premier à parler de l’église catholique.

De Smyrne, où il fut l’hôte de Polycarpe, il a écrit quatre lettres : aux Ephésiens, aux Magnésiens, aux Tralliens, aux Romains. De Troas, il a écrit : aux Philadelphiens, aux Smyrniotes, à Polycarpe. Il existe de ses lettres trois recensions : une longue avec des interpolations ; une courte avec des lacunes ; une moyenne qui est considérée comme authentique.

Polycarpe, lui aussi disciple de Jean, fut évêque de Smyrne. Il a écrit une épître aux Philippiens, où il déclare que lui et ses contemporains sont nettement inférieurs aux apôtres. Après avoir servi Jésus-Christ pendant 86 ans, il mourut martyr sous le règne d’Antonin le Pieux (138-161).

Papias, évêque d’Hiérapolis, a peut-être aussi connu l’apôtre Jean. Il s’est rendu célèbre par ses travaux d’érudition sur les écrits du Nouveau Testament. Il a versé dans de regrettables exagérations à propos du millénium.

Vers le Martyre.

C’est de bon cœur que je vais mourir pour Dieu, si du moins vous, vous ne m’en empêchez pas. Je vous supplie, n’ayez pas pour moi une bienveillance inopportune. Laissez-moi être la pâture des bêtes, par lesquelles il me sera possible de trouver Dieu. Je suis le froment de Dieu, et je suis moulu par la dent des bêtes, pour être trouvé un pur pain du Christ… Depuis la Syrie jusqu’à Rome, je combats contre les bêtes, sur terre et sur mer, nuit et jour, enchaîné à dix léopards, c’est-à-dire à un détachement de soldats… C’est maintenant que je commence à être un disciple. Que rien, des êtres visibles et invisibles, ne m’empêche par jalousie, de trouver le Christ. Feu et croix, troupeaux de bêtes, lacérations, écartèlements, dislocations des os, mutilation des membres, mouture de tout le corps, que les pires fléaux du diable tombent sur moi, pourvu seulement que je trouve Jésus-Christ.

IGNACE
Lettre aux Romains – Chap. 4 et 5.
Traduit par P.T. CAMELOT.

86 ans au service de Jésus-Christ.

Le tumulte fut grand quand le public apprit que Polycarpe était arrêté. Le proconsul se le fit amener et lui demanda si c’était lui Polycarpe. Il répondit que oui, et le proconsul cherchait à le faire renier en lui disant : « Respecte ton grand âge » et tout le reste qu’on a coutume de dire en pareil cas ; « Jure par la fortune de César, change d’avis, dis : A bas les athées ». Mais Polycarpe regarda d’œil sévère toute cette foule de païens impies dans le stade, et fit geste de la main contre elle, puis soupirant et levant les yeux, il dit : « A bas les athées ». Le proconsul insistait et disait : « Jure, et je te laisse aller, maudis le Christ » ; Polycarpe répondit : « Il y a quatre-vingt-six ans que je le sers, et il ne m’a fait aucun mal ; comment pourrais-je blasphémer mon Roi qui m’a sauvé ? ».

Le Martyre de Polycarpe – Chap. 9.
Traduit par P.T. CAMELOT.

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