Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 6 : Le culte

1. Le lieu de culte. Les assemblées devenaient trop nombreuses pour se réunir encore dans des maisons privées. On construit des édifices spéciaux, grandes salles allongées, divisées en deux parties, le narthex ouvert à tous, et la nef accessible aux seuls membres communiants.

2. Jours et fêtes. Le culte se célébrait tous les jours. Le culte du dimanche était plus solennel. On commence à observer la fête de Pâques et celle de Pentecôte.

3. Liturgie. Les éléments assez spontanés du culte primitif se figent pour aboutir à une liturgie rigide. La première partie du culte, à laquelle tous peuvent assister, a pour élément principal la prédication, qui est en général une homélie sur la péricope choisie par l’évêque, et qui est propre à instruire les catéchumènes.

La seconde partie, qui a pour centre la sainte cène, est réservée aux seuls baptisés. Les chants, les prières, les répons y alternent.

4. Sacrements. Le baptême est considéré de plus en plus comme coïncidant avec la régénération. On s’y prépare par deux ou trois ans d’instruction appelée catéchuménat. La cérémonie est précédée d’un jeûne, d’une confession de foi ressemblant au symbole des apôtres, et de l’exorcisme ; elle s’accomplit par triple immersion ; et elle est suivie de l’imposition des mains ou confirmation. Les malades pouvaient se faire baptiser par aspersion. Certains différaient leur baptême jusqu’à leur lit de mort, pour être sûrs de ne pas pécher après l’avoir reçu. Le baptême des enfants est attesté par Tertullien qui le combat, par Origène et Cyprien qui le recommandent.

La sainte-Cène est en général appelée eucharistie, à cause de l’importance des paroles d’action de grâce. On commence à y voir le renouvellement du sacrifice de Jésus-Christ.

5. Souvenir des défunts. Les chrétiens enterraient leurs morts dans des galeries appelées catacombes, qui ne servaient sans doute pas au culte. On y trouve des inscriptions et des dessins touchants, en particulier des scènes bibliques, mais, fait à noter, jamais le Christ en croix. On commence à célébrer l’anniversaire de la mort des martyrs, et aussi à prier pour les autres morts.

Baptême et Cène dans l’Eglise primitive

Pour ce qui est du baptême, donnez-le de la façon suivante : après avoir enseigné tout ce qui précède, « baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28.19) dans de l’eau vive. S’il n’y a pas d’eau vive, qu’on baptise dans une autre eau ; et à défaut d’eau froide, dans de l’eau chaude. Si tu n’as ni de l’une ni de l’autre, verse de l’eau sur la tête trois fois « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Qu’avant le baptême, jeûnent le baptisant, le baptisé et d’autres personnes qui le pourraient ; du moins ordonne au baptisé de jeûner un jour ou deux auparavant.

Pour ce qui est de l’eucharistie, rendez grâce ainsi : d’abord sur le calice : Nous te rendons grâces, notre Père, pour la sainte vigne de David ton serviteur, que tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteur. – A toi la gloire pour les siècles.

Puis, sur le pain rompu : Nous te rendons grâces, notre Père pour la vie et la connaissance que tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteur. – A toi la gloire pour les siècles. Comme ce pain rompu, d’abord dispersé sur les montagnes, a été recueilli pour devenir un, qu’ainsi ton Eglise soi rassemblée des extrémités de la terre dans ton royaume. Car à toi appartiennent la gloire et la puissance (par Jésus-Christ) pour les siècles.

Que personne ne mange ni ne boive de votre eucharistie, si ce n’est les baptisés au nom du Seigneur ; car c’est à ce sujet que le Seigneur a dit : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens » (Matthieu 7.6).

La Didaché. – Chap. 7 et 9.

Le culte chrétien au IIe siècle

Le jour qu’on appelle jour du soleil, tous les fidèles de la ville et de la campagne se rassemblent en un même lieu ; on lit les écrits des apôtres et des prophètes, aussi longtemps qu’on en a le loisir ; quand le lecteur a fini, celui qui préside adresse quelques mots d’instruction au peuple et l’exhorte à reproduire dans sa conduite les grandes leçons qu’il vient d’entendre. Puis nous nous levons tous ensemble et nous récitons des prières. Quand elles sont terminées, on offre, comme je l’ai dit ; du pain et du vin mêlé d’eau ; le chef de l’assemblée prie et prononce l’action de grâces avec toute la ferveur dont il est capable. Le peuple répond : Amen. On lui distribue l’aliment consacré par les paroles de l’action de grâces, et les diacres le portent aux absents.

JUSTIN MARTYR
1re Apologie. – Chap. 67.
Traduit par de GENOUDE.

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