Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 7 : Morale et discipline

1. La pénitence. Lorsqu’un chrétien commettait un péché grave, il était exclu de l’église visible pour une période plus ou moins longue. Il devait donner des signes de sa contrition, bonnes œuvres, larmes, prières, etc. Ce n’est qu’après avoir accompli cette pénitence qu’il était réintégré par l’imposition des mains de l’évêque. La pénitence était considérée comme une seconde planche de salut, la première étant le baptême. Certains tentèrent d’abréger leur pénitence en se recommandant des martyrs.

Déjà dans le Pasteur d’Hermas, nous voyons apparaître la pénitence, mais limitée à un jour spécial, ceci en liaison avec l’idée que seul le baptême efface les péchés. Hermas d’ailleurs distingue toutes sortes de degrés dans la culpabilité des chrétiens. Plus tard, l’usage de la pénitence se généralisa et prit même l’allure d’un sacrement.

2. Les péchés irrémissibles. Certaines fautes graves, l’apostasie, le meurtre, l’adultère, entraînaient au 2e siècle l’exclusion définitive de l’Eglise. Au 3e siècle, des atténuations se produisirent. Malgré les protestations d’Hippolyte et de Tertullien, l’évêque de Rome, Calliste (217-222) réadmit des impudiques. Plus tard, après la persécution sous Décius, à Rome comme à Carthage, on réadmit les apostats.

Cette mesure provoqua à Rome le schisme de Novatien (251), qui voulait une Eglise pure, exempte de chrétiens ayant apostasié. L’évêque de Rome, Corneille, fut soutenu par Cyprien et par Denys d’Alexandrie, et son point de vue l’emporta dans l’Eglise. Cependant, les schismatiques, qui avaient suivi Novatien, et qui s’appelaient Cathares (purs), se maintinrent pendant plusieurs siècles.

3. Les métiers interdits. Tout naturellement, un chrétien ne pouvait exercer le métier de prêtre païen. D’autres métiers provoquaient la réprobation, ceux d’acteur, de gladiateur. Les serments exigés des magistrats et des soldats créaient aussi des difficultés aux chrétiens, sans que cela soit considéré comme incompatible avec la foi.

Tertullien préconise l’objection de la conscience surtout à cause des cérémonies païennes liées à la vie militaire (de la couronne des soldats). Origène admet que l’empire doit être défendu, mais il recommande aux chrétiens de le faire par leurs prières, et non par les armes.

4. Tendances ascétiques. Dans les périodes de paix, la morale des fidèles se relâchait parfois. Par réaction, d’autres voulurent se distinguer par leur austérité. Les jeûnes se multiplient, et ils finissent par être imposés à tous le mercredi, le vendredi et pendant le carême. On commence à trouver le célibat supérieur au mariage, sans cependant l’exiger des ecclésiastiques. Une classe de vierges se constitue dans l’église, et l’on exige d’elles un célibat perpétuel.

Voyez comme ils s’aiment !

Je vais montrer maintenant ce que sont les chrétiens : il faut les faire connaître.

Unis ensemble par les nœuds d’une même foi, d’une même espérance, nous ne faisons qu’un corps. Nous nous assemblons pour prier Dieu ; nous prions pour les empereurs, pour leurs ministres, pour toutes les puissances, pour la paix. Nous nous assemblons encore pour lire les Ecritures où nous puisons les lumières et les avertissements dont nous avons besoin : cette sainte parole nourrit notre foi, relève notre espérance, affermit notre confiance.

Chacun fournit tous les mois, ou au moment de sa convenance, une somme modique, s’il le veut et s’il le peut ; on n’y oblige personne ; rien de plus libre que cette contribution ; c’est un dépôt de piété employé à nourrir et à enterrer les pauvres, à soulager les orphelins sans bien, les domestiques cassés de vieillesse, les malheureux qui ont fait naufrage. S’il y a des chrétiens condamnés aux mines ; détenus dans les prisons ou relégués dans les îles pour la cause de Dieu, ils sont entretenus par la religion qu’ils ont confessée.

Il se trouve néanmoins des gens qui insultent à cette charité. « Voyez, disent-ils, comme ils s’aiment ; voyez comme ils sont prêts à mourir les uns pour les autres. »

TERTULIEN
Apologétique. – Chap. 39.
Traduit par GONTHIER.

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