Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 4 : La politique papale aux VIIe et VIIIe siècles

1. Grégoire le Grand (590-604). Moine, puis archidiacre à Rome, il devint pape à la fin du VIe siècle. Intelligent, plein d’autorité, il trouva une situation politique délicate en Italie. Les Lombards avaient envahi l’Italie. Ils étaient ariens. Les successeurs de Justinien défendaient mal leurs possessions italiennes. Cela donnait au pape une certaine indépendance vis-à-vis de l’Orient. Il chercha à protéger Rome en acquérant de vastes terrains qui furent l’embryon des futurs Etats pontificaux.

Grégoire fit des efforts pour amener les Lombards à l’orthodoxie. La reine de Lombardie Théodelinde l’appuyait, ainsi que Colomban qui fonda le couvent de Bobbio. Ce n’est pourtant que plus tard que le roi Aribert embrassa la foi catholique.

Grégoire fut l’initiateur de l’évangélisation des Anglo-Saxons, en envoyant Augustin chez eux. Celui-ci baptisa le roi du Kent et devint le premier évêque de Canterbury. L’avantage était double : 1. ces païens étaient christianisés. 2. une église directement soumise à la papauté était créée dans les îles britanniques, face à l’Eglise irlandaise toujours un peu indépendante.

Bède le Vénérable illustra l’Eglise anglo-saxone. Il composa des ouvrages d’histoire, d’exégèse et de science. C’est d’Angleterre que partirent aussi les apôtres de la Germanie, Winfrid, surnommé Boniface et Willibrord.

Au point de vue doctrinal, Grégoire fixa la doctrine du Purgatoire. Il voua son soin à la liturgie, au chant sacré (musique grégorienne ou plain chant), à la prédication, encouragea l’usage des images dans les églises. Il dirigeait d’une main ferme l’Eglise d’Occident. Son ouvrage le plus utile est la Règle Pastorale, à l’intention des prêtres.

Le patriarche de Constantinople voulut se faire appeler « patriarche œcuménique ». Grégoire le remit en place. Lui-même s’intitulait « serviteur des serviteurs de Jésus-Christ ». Son pontificat n’en marque pas moins une étape importante dans l’ascension de la papauté.

Grégoire le grand a encore composé des Moralités sur Job, ainsi que plusieurs sermons. Sa correspondance est très instructive.

2. Avance des Arabes en Occident. Ils ont conquis l’Afrique du Nord sans difficultés (2e moitié du VIIe siècle). L’Eglise fut presque complètement balayée. Ce phénomène unique est peut-être dû à l’ignorance de la Bible.

Ils traversèrent le détroit de Gibraltar et conquirent l’Espagne sauf le royaume des Asturies (Golfe de Gascogne). La population resta chrétienne. Ils envahirent l’Aquitaine et furent arrêtés par Charles Martel, Maire du Palais, à Poitiers en 732.

3. Lutte contre le particularisme. Les papes étaient opposés à l’indépendance des églises. Au VIIIe siècle, ils eurent un émissaire, Boniface (676-755). Chez les Francs, il essaya d’introduire plus de soumission à l’autorité papale. Boniface contrecarra l’influence des missions irlandaises en Allemagne. Il y fonda des églises directement sous l’autorité du pape et, pourvu du titre d’archevêque, créa divers évêchés. Le particularisme iro-breton fut ainsi éteint peu à peu.

Le culte devait se prêcher toujours selon le même rite et toujours en latin. La chose se comprenait dans les pays romanisés dont les langues nationales n’étaient au début que des patois. Mais les papes imposèrent le latin même en Allemagne.

4. Relations entre la papauté et Pépin le Bref (752-772). Pépin était Maire du Palais, mais désirait devenir roi des Francs. Le Pape cherchait un appui contre les Lombards. Pépin se fit nommer roi des Frances, avec l’assentiment du Pape. Il combattit les Lombards et fit don au pape Etienne II (752-757) des territoires autour de Rome et de Ravenne. Ce fut le patrimoine de Saint-Pierre. Le pape devint donc un souverain temporel, reconnu par le prince le plus puissant d’Europe.

Plus tard on a forgé un faux document par lequel Constantin aurait donné à Sylvestre Ier la domination temporelle sur Rome et ses environs.

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