Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 8 : Le schisme d’Orient

1. Les causes. En Orient, la langue et la mentalité grecques, en Occident la langue et la mentalité latines dominaient. La séparation politique concourait aussi à une séparation ecclésiastique. L’empereur d’Orient ne désirait pas que l’Eglise de ses Etats dépendît d’un pouvoir étranger.

Au point de vue doctrinal, l’Orient admettait que le Saint-Esprit procédait du Père seul ; l’Occident avait compris qu’il procédait du Père et du Fils.

L’Orient proscrivait le célibat, la tonsure et le rasage des prêtres que l’Occident préconisait. En Orient on prenait l’eucharistie avec du pain levé, en Occident, avec du pain azyme. En Orient on baptisait par immersion, en Occident par aspersion. Les icônes orientales étaient toujours des peintures ou des mosaïques, alors qu’en Occident on n’hésitait pas à faire des statues. La cause essentielle du schisme fut cependant l’absolutisme papal qui voulait exercer la domination sur le patriarche de Constantinople, tandis que celui-ci refusait catégoriquement de se soumettre.

2. Les démêlés aux IXe siècle. Sous Nicolas Ier (858-867), le patriarche Ignace de Constantinople fut déposé par l’empereur dont il censurait la vie licencieuse. Photius qui était un savant linguiste et commentateur, fut mis à sa place par l’empereur. Nicolas Ier lança l’anathème sur Photius. Il en résultat un schisme de quelques années qui prit fin quand Photius fut déposé et Ignace rétabli.

Photius fut condamné par un concile à Constantinople rangé par l’Eglise romaine au nombre des conciles œcuméniques. D’ailleurs, après la mort d’Ignace, Photius fut rétabli.

3. Le schisme définitif (1054). Le schisme éclata entre le patriarche de Constantinople Michel Cérularius (1045-1058) et le pape Léon IX (1049-1054).

Le premier écrivit à un évêque grec d’Italie une lettre où il se prononçait vivement contre le pape, qui envoya des délégués à Constantinople. Après une dispute violente, le légat Humbert déposa le 16 juillet 1054 sur l’autel de Sainte-Sophie une formule d’excommunication contre le patriarche. Michel Cérularius convoqua alors un synode qui excommunia le pape.

4. Tentatives de rapprochement (XIe-XIe s.). Les Croisades, dès la fin du XIe siècle, amenèrent nécessairement des rapports, pas toujours cordiaux, entre l’Eglise d’Orient et celle d’Occident.

Une Croisade s’attaqua à l’Empire Grec et les Croisés prirent Constantinople, la pillèrent et installèrent un Empire Latin en Orient (1204-1261).

Une tentative de réconciliation eut lieu au Concile de Lyon. Les délégués orientaux acceptèrent toutes les propositions, mais le peuple se révolta et les délégués furent condamnés.

Devant l’avance des Turcs, au Concile de Florence, une nouvelle tentative fut amorcée, sans plus de résultats. Seuls les Italo-Grecs restèrent ralliés à l’Eglise romaine.

En 1453, Constantinople tombait sous le coup des Turcs. Sainte-Sophie fut transformée en mosquée. Les Turcs laissèrent subsister le patriarcat de Constantinople, mais en substituant au césaro-papisme de l’empereur Byzantin celui du Sultan.

5. Vie intérieure de l’Eglise grecque. Il n’y a pas grand-chose à signaler à cet égard. L’Eglise se fige peu à peu et ne changera plus guère jusqu’à nos jours. Le formalisme et la superstition étouffent toujours plus la vie spirituelle. L’on ne peut mentionner aucun théologien de quelque envergure.

Les dogmes antibibliques, comme ceux du purgatoire ou de la transsubstantiation, sont moins nettement formulés que dans l’Eglise latine, mais sans qu’il y ait de différence appréciable entre les conceptions des uns et des autres. L’usage de la langue du peuple (p. ex. le syriaque et le slavon) peut aussi être considéré comme à l’actif de l’Eglise d’Orient. Mais ces langues elles-mêmes, comme le grec ancien, ne tardent pas à devenir des langues mortes, si bien que le culte ne peut plus être compris de la masse des fidèles.

La mystique orientale se manifeste par l’existence d’une iconostase, paravent pourvu de portes et décoré d’icônes, derrière lequel se trouve l’autel.

L’Eglise grecque a sept mystères qui correspondent aux sacrements de l’Eglise romaine. Ce sont :

Le schisme d’Orient.

Humbert, par la grâce de Dieu cardinal évêque de la Sainte Eglise romaine, à tous les fils de l’Eglise catholique.

« Que Michel, abusivement patriarche, néophyte qui a reçu l’habit de moine seulement par une crainte humaine, et qui a été discrédité par des crimes affreux, et qu’avec lui Léon, le prétendu évêque d’Acrida, et que le trésorier de Michel, Constantin, qui a foulé de ses pieds profanes l’hostie des Latins, et que tous ceux qui les suivirent dans les dites erreurs et propositions téméraires, soient anathème, Maranatha, avec les Simoniaques, les Valériens, les Ariens, les Donatistes, les Nicolaïtes, les Sévériens, les Pneumatomaques, les Manichéens, et les Nazaréens, et avec tous les hérétiques, bien plus avec le diable et ses anges, à moins qu’ils ne reviennent à des sentiments plus sages. Amen. Amen. Amen. »

HUMBERT.
Migne Patriologie grecque
Tome 120, pp. 741-746.

Il a été décidé que le premier jour de la semaine prochaine, 24me jour du présent mois de juillet, où l’on doit lire en présence du public, selon la coutume, l’ecthèse du 5me synode, on prononcera l’anathème sur cet écrit impie et sur ceux qui l’ont exposé, écrit et qui ont donné leur approbation ou leur conseil pour sa réduction. L’original de cet écrit profane et exécrable jeté par les impies n’a pas été brûlé, mais il a été déposé dans le saint secret du bibliothécaire comme pièce à conviction perpétuelle contre ceux qui ont prononcé de tels blasphèmes contre Dieu, et pour leur condamnation certaine.

MICHEL CÉRULARIUS
Edit synodal
Migne Patrologie, Tome 120, p. 748.

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