Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 2 : Déclin des manifestations de la puissance catholique

1. Lutte contre les infidèles. Le zèle missionnaire est presque mort. Même la lutte contre l’Islam est abandonnée. Le pape lance en vain des appels à la croisade. Lorsque les Turcs s’emparent de toute la péninsule balkanique et prennent Constantinople en 1453, aucune nation européenne ne bouge.

La seule conquête à signaler est la prise, par les Espagnols, du petit royaume musulman de Grenade.

2. Les ordres. Parmi les ordres de chevalerie, celui des Templiers est odieusement supprimé par le pape Clément V, parce que celui-ci et Philippe le Bel convoitait leurs richesses. L’Inquisition les tortura et leur extorqua d’horribles aveux ; puis le concile de Vienne (15e œcuménique 1311-1313) les déclara hérétiques.

L’ordre Teutonique se cantonna sur les bords de la Baltique. Seuls les chevaliers de saint Jean, établis dans l’île de Rhodes, continuent la lutte contre les Turcs. Les ordres de Cluny et de Cîteaux sont en pleine décadence. Les Franciscains et les Dominicains déchoient eux aussi souvent de l’idéal primitif. Aucun ordre de quelque importance n’est fondé pendant toute cette période.

On peut mentionner l’ordre du Saint-Sauveur, fondé par la princesse Brigitte de Suède en 1363, et celui des Minimes, fondé en 1435 par François de Paule ; ceux-ci prêtaient un quatrième vœu d’abstinence de viande, sauf en cas de maladie.

Guillaume d'Ockham
d'après le manuscrit de Summa Logicae, 1341.

3. La théologie. Le plus grand théologien de ce temps, le Franciscain anglais Guillaume d’Occam, disciple de Duns Scot (1re moitié du XIVe siècle), ébranle profondément le système scolastique. Il critique les raisonnements, à son sens insuffisamment rigoureux, de ses devanciers. Pour lui, la plupart des dogmes sont indémontrables et doivent être acceptés par la foi sans le secours de la raison. Bien que condamnées, ses idées ne cessent de gagner du terrain pendant toute cette époque, en attendant que Luther en tire les dernières conséquences.

On peut mentionner aussi Pierre d’Ailly (1350-1420) et Gerson (1363-1428) tous deux chanceliers de l’Université de Paris, grands théoriciens de la suprématie des conciles sur les papes, et qui jouèrent un rôle prépondérant à Constance. Ainsi les principaux théologiens de ce temps se trouvent plutôt en opposition avec la papauté, et non, comme ceux de l’époque précédente, dans son sillage.

4. Le culte. L’art gothique est en déclin (gothique dit flamboyant). L’art de la renaissance, qui commence à s’épanouir en Italie, est admirable en son genre, mais il est très loin d’avoir le souffle religieux qui avait présidé à l’édification des cathédrales gothiques du XIIIe siècle.

Le formalisme et la superstition augmentent. C’est à cette époque que remonte l’usage d’avoir de temps en temps une année sainte, où de nombreuses indulgences spéciales, source de revenu pour la papauté, sont distribuées.

4. L’Inquisition. Comme les protestations contre le catholicisme officiel se multiplient, cette institution déploie une grande activité. Elle se rend méprisable par sa complaisance pour le pouvoir civil, comme dans le procès de Jeanne d’Arc, immolée au nom de la foi catholique à la vengeance des Anglais. En Allemagne surtout on accuse de pauvres femmes d’avoir fait un pacte avec le diable, et on les brûle comme sorcières.

Les souverains espagnols, zélés pour le catholicisme et jaloux de leur indépendance, instituent à la fin du XVe siècle, des tribunaux de l’Inquisition dépendant d’eux et non du pape. Cette inquisition royale, dont le plus illustre représentant fut Torquemada, sévit particulièrement contre les Musulmans et les Juifs espagnols.

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