Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre premier : La réforme luthérienne

Martin Luther en 1528 par Lucas Cranach l'Ancien

1. Rupture de Luther avec Rome

1. Jeunesse de Luther. Martin Luther, né à Eisleben vers la fin du quinzième siècle, était issu d’une famille humble et fruste de la Saxe. Il étudia dans diverses villes, puis devint moine augustin à Erfurt. Il avait un vif sentiment de son péché et n’arrivait pas à calmer sa conscience, même au prix de terribles austérités. Il fut nommé professeur à l’Université de Wittenberg. C’est alors qu’en étudiant l’épître aux Romains, il comprit que l’homme ne pouvant se justifier par ses mérites, Dieu justifiait gratuitement ceux qui croyaient en Jésus-Christ. Un voyage à Rome ébranla sa confiance dans les institutions catholiques.

2. Crise de 1517. Un moine dominicain, Tetzel, vint à ce moment prêcher avec beaucoup de désinvolture la vente des indulgences dans la région de Wittenberg. Le produit de cette vente devait servir en partie à la construction de la cathédrale de Saint-Pierre de Rome. Scandalisé, Luther alla afficher le 31 octobre 1517 au soir 95 thèses à la porte de l’église du Château de Wittenberg, où de grandes foules allaient se réunir le lendemain. Dans ces thèses, Luther ne s’attaquait pas au principe des indulgences, mais il dénonçait vigoureusement les abus, et il insistait sur les conditions spirituelles du pardon et sur la grâce de Dieu.

3. La lutte. Les thèses de Luther se répandirent en Allemagne avec une rapidité incroyable. Bien entendu, ses idées furent attaquées de divers côtés, et il ne se fit pas faute de les défendre. Dans une discussion publique à Leipzig avec le théologien Eck, il en vint à affirmer que certaines idées de Hus étaient évangéliques, et que les conciles n’étaient pas infaillibles. La rupture avec Rome, que Luther n’avait pas du tout envisagée au début, devenait inévitable. La faiblesse des arguments qu’avançaient ses adversaires ouvrait les yeux de Luther sur les erreurs du catholicisme. Lui-même publiait des ouvrages toujours plus hardis : A la noblesse allemande, où il s’élève contre la cupidité du clergé romain ; De la Captivité de Babylone où il combat la notion catholique des sacrements ; De la Liberté chrétienne, où il exalte le salut par grâce.

La rupture fut totale, lorsque le pape Léon X (1513-1521) condamna les écrits du réformateur et le menaça lui-même de l’excommunication. Luther, accompagné de quelques amis, prit l’exemplaire de la bulle papale qui avait été affichée à Wittenberg et le brûla à l’entrée de la ville.

Entre temps, il avait trouvé un collaborateur très capable en la personne de Philippe Mélanchthon (1409-1560). Le tempérament doux et l’esprit constructif de ce dernier complétaient admirablement le courage révolutionnaire de Luther.

4. Diète de Worms. L’empereur d’Allemagne, Charles-Quint (1519-1556), qui était en même temps roi d’Espagne, se vit obligé d’amener les affaires ecclésiastiques en discussion devant la diète de l’empire, convoquée à Worms. Luther, pourvu d’un sauf-conduit y fut mandé. Sommé de se rétracter, il déclara qu’il ne pouvait le faire, à moins d’être convaincu par le témoignage des Ecritures ou par des raisons évidentes. Après son départ de Worms, il fut mis au ban de l’Empire.

Mais son ami, l’électeur de Saxe, le fit mettre en sûreté dans le château de Wartbourg où, déguisé en chevalier, il entrepris la traduction du Nouveau Testament.

Quelques thèses de Luther.

« Par amour pour la vérité et dans le but de la préciser les thèses suivantes seront soutenues à Wittenberg, sous la présidence du Révérend Père Martin Luther, ermite Augustin, maître es arts, docteur et lecteur de la Sainte Théologie. Celui-ci prie ceux qui, étant absents, ne pourraient discuter avec lui, de vouloir bien le faire par lettres. Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Amen. »

1. En disant : Faites pénitence, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie entière des fidèles fût une pénitence.

27. Ils prêchent des inventions humaines, ceux qui prétendent qu’aussitôt que l’argent résonne dans leur caisse, l’âme s’envole du Purgatoire.

28. Ce qui est certain, c’est qu’aussitôt que l’argent résonne, l’avarice et la rapacité grandissent. Quant au suffrage de l’Eglise, il dépend uniquement de la bonne volonté de Dieu.

32. Ils seront éternellement damnés avec ceux qui les enseignent, ceux qui pensent que des lettres d’indulgences leur assurent le salut.

36. Tout chrétien vraiment contrit a droit à la rémission entière de la peine et du péché, même sans lettres d’indulgences.

45. Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui voyant son prochain dans l’indigence, le délaisse pour acheter des indulgences, ne s’achète pas l’indulgence du Pape, mais l’indignation de Dieu.

50. Il faut enseigner aux chrétiens que si le Pape connaissait les exactions des prédicateurs d’indulgences, il préférerait voir la basilique de Saint-Pierre réduite en cendres, plutôt qu’édifiée avec la chair, le sang, les os de ses brebis.

51. Il faut enseigner aux chrétiens que le Pape, fidèle à son devoir, distribuerait tout son bien et vendrait au besoin l’église de Saint-Pierre pour la plupart de ceux auxquels certains prédicateurs d’indulgences enlèvent leur argent.

55. Voici quelle doit être la pensée du Pape : si l’on accorde aux indulgences qui sont moindres, une cloche, un honneur, une cérémonie, il faut célébrer l’Evangile qui est le plus grand, avec cent cloches, cent honneurs, cent cérémonies.

81. Cette prédication imprudente des indulgences rend bien difficile, aux hommes même les plus doctes, de défendre l’honneur du Pape contre les calomnies ou même contre les questions insidieuses des laïques.

82. Pourquoi, disent-ils, pourquoi le Pape ne délivre-t-il pas d’un seul coup toutes les âmes du Purgatoire, pour le plus juste des motifs, par sainte charité, par compassion pour leurs souffrances, tandis qu’il en délivre à l’infini pour le motif le plus futile, pour un argent indigne, pour la construction de sa basilique ?

94. Il faut exhorter les chrétiens à s’appliquer à suivre Christ leur chef, à travers les peines, la mort et l’Enfer.

95. Et à entrer au ciel par beaucoup de tribulations, plutôt que de se reposer sur la sécurité d’une fausse paix.

Cité par Félix KUHN
LUTHER – Sa vie et son œuvre.
Voir aussi Luther, Œuvres, Tome 1.

Déclaration de Luther à la diète de Worms.

« Puisque Votre Majesté Impériale et Vos Seigneuries me demandent une réponse nette, je vais vous la donner sans cornes et sans dents. Non ; si l’on me convainc par les témoignages de l’Ecriture ou par des raisons décisives, car je ne crois ni au Pape ni aux conciles seuls, puisqu’il est clair comme le jour qu’ils ont souvent erré et qu’ils se sont contredits. Je suis dominé par les Saintes Ecritures que j’ai citées, et ma conscience est liée par la Parole de Dieu. Je ne peux ni ne veux me rétracter en rien, car il est dangereux d’agir contre sa propre conscience. »

« Me voici, je ne puis autrement. Que Dieu me soit en aide ! » [1]

Cité par Félix KUHN
LUTHER – Sa vie et son œuvre.
Tome 1.
Voir aussi Luther, Œuvres, Tome 2.

[1] Ces dernières paroles ne figurent pas dans les minutes de la diète. Mais elles sont attestées par les relations contemporaines des événements.

2. Organisation de la réforme luthérienne

Philippe Mélanchthon en 1543 par Lucas Cranach l'Ancien

Il ne suffisait pas d’arracher les âmes au joug papal. Il fallait donner aux églises détachées de Rome une organisation viable. C’est à cela que furent consacrées les quinze années qui suivirent la diète de Worms. Luther ne resta que quelques mois à la Wartbourg ; puis il rentra à Wittenberg. Ses partisans étaient assez nombreux pour que sa personne ne fût plus en danger.

1. Doctrine. Luther avait rejeté l’autorité du pape et celle des conciles, et il s’était appuyé sur la Bible pour défendre ses idées. Il importait donc de mettre la Bible entre toutes les mains, et pour cela de la traduire. La traduction que fit Luther avec quelques collaborateurs est parfois inexacte dans le détail, mais elle est insurpassable au point de vue de la valeur littéraire et de l’émotion religieuse. Achevée en 1534, elle se répandit rapidement et affermit les adeptes des idées nouvelles.

Luther résuma les points fondamentaux de la doctrine chrétienne dans deux catéchismes. Le petit catéchisme, en particulier, est remarquable par sa concision, sa simplicité et la richesse de sa sève spirituelle. Les enfants l’apprenaient par cœur, et de la sorte étaient instruits des principes essentiels de la foi.

La confession de foi proprement dite des Eglises Luthériennes fut rédigée par Mélanchthon, en 1530, à l’occasion de la diète d’Augsbourg.

Erasme, peinture de Hans Holbein le Jeune en 1523

Le même Mélanchthon avait d’ailleurs publié en 1521 le premier essai de théologie systématique de la Réforme. Les lieux communs de Théologie, basés sur le plan de l’épître aux Romains.

Luther de son côté avait soutenu la doctrine de la prédestination, au cours d’une controverse avec Erasme. Ce dernier avait écrit un traité Du Libre Arbitre, où il attaquait Luther. Luther répondit par le traité Du Serf Arbitre où il nie toute participation humaine à l’acquisition du salut.

2. Culte. En l’absence de Luther, certains de ses partisans avaient introduit assez précipitamment des changements nombreux dans l’ordre du Culte. Le Réformateur réagit là-contre. Il était attaché aux formes anciennes. Il ne modifia la liturgie que peu à peu, au fur et à mesure que cela lui paraissait nécessaire et supprima seulement ce qui était manifestement contraire à l’Evangile. Assez tard il remplaça l’usage du latin par la messe allemande. Il rejetait l’idée du sacrifice dans l’eucharistie, mais il crut jusqu’au bout de tout son cœur à la présence réelle et matérielle du Christ dans, avec et sous les espèces (consubstantiation). Les images furent maintenues dans les lieux de culte, mais on cessa de les vénérer. La prédication prit une grande importance, de même que le chant ; les mélodies vigoureuses et entraînantes des chorals luthériens ont beaucoup contribué au succès de la Réforme.

3. Organisation ecclésiastique. Luther était un partisan convaincu du sacerdoce universel de tous les croyants. Cependant, à cause de l’ignorance et de la grossièreté des foules, il fut obligé de donner à l’église une organisation hiérarchique. Il réduisit cependant la distance entre les pasteurs et les laïques en supprimant le célibat des ecclésiastiques. Lui-même se maria avec une ancienne nonne, Catherine de Bora, dont il eu six enfants.

Pour établir et maintenir le bon ordre dans les Eglises, il pria les princes de désigner des inspecteurs ecclésiastiques chargés de visiter les paroisses. Il prit part, lui-même à ce travail. Ce césaro-papisme n’était pas conforme à son idéal, mais il y voyait la seule solution possible des problèmes qui se posaient.

Quels sont les véritables et les plus nobles livres du Nouveau Testament ? [1]

[1] Ce développement est supprimé dans les éditions du Nouveau Testament à partir de celle de 1537. Les éditions de la Bible complète, dont la première parut en 1534, ne l’ont jamais reproduit.

Tout ce que je viens de dire te permet de porter un jugement exact sur les livres du Nouveau Testament et de distinguer lesquels sont les meilleurs. En effet, l’Evangile de Jean et les lettres de saint Paul, particulièrement l’épître aux Romains, ainsi que la première de saint Pierre, sont le véritable cœur et la moelle de tous les livres ; ils devraient à juste titre figurer en première place, et l’on devrait conseiller à chaque chrétien de les lire en premier lieu et très souvent, et de se familiariser avec eux par la lecture quotidienne comme avec le pain de chaque jour. Car en ces livres, tu ne trouves pas décrits beaucoup d’œuvres et de miracles du Christ ; mais tu y trouves souligné de main très magistrale comment la foi en Christ remporte la victoire sur le péché, la mort et l’enfer, et donne la vie, la justice et la fidélité, ce qui est le propre de l’évangile, comme tu l’as entendu.

En effet, si j’étais d’aventure obligé de renoncer soit aux œuvres soit aux prédications du Christ, je préférerais renoncer aux œuvres plutôt qu’à ses prédications. Les œuvres, en effet, ne me seraient d’aucune utilité, alors que ses paroles, elles, donnent la vie, comme il le dit lui-même. Etant donné que Jean expose peu d’œuvres du Christ mais beaucoup de ses prédications, alors que les trois autres évangélistes relatent, au contraire, beaucoup de ses œuvres et peu de ses paroles, l’Evangile de Jean est l’Evangile principal, unique en son genre, délicieux et parfait, qu’il convient de préférer de beaucoup aux trois autres et d’estimer plus haut qu’eux. De la même manière, les lettres de Paul et de Pierre surpassent de beaucoup les trois Evangiles de Matthieu, de Marc et de Luc.

En résumé, l’Evangile de Jean et sa première lettre, les lettres de Paul et tout particulièrement les épîtres aux Romains, aux Galates et aux Ephésiens, ainsi que la première lettre de Pierre, voilà les livres qui te montrent le Christ et qui t’enseignent tout ce dont tu as besoin et qu’il t’est utile de savoir, même si tu ne devais jamais voir ni entendre aucun autre livre ni enseignement. C’est pourquoi la lettre de Jacques est, par comparaison avec ces livres, une vraie épître de paille, car elle n’a aucun caractère évangélique. Mais nous reparlerons plus longuement de cela dans d’autres préfaces.

LUTHER
Œuvres, Tome 3.

3. Extension de la réforme luthérienne

1. Allemagne. Quelques mois après l’apparition de Luther, les neuf dixièmes de la population allemande étaient gagnés aux idées nouvelles. Les princes furent plus lents à se décider. Les premiers qui embrassèrent le luthéranisme furent l’électeur de Saxe et le comte Philippe de Hesse.

Le succès de la réforme faillit être compromis par une révolte sociale des paysans, faite au nom de l’Evangile. Luther, après avoir en vain conseillé la modération aux deux parties, condamna cette révolte avec une violence regrettable, mais il sauvegardait ainsi la spiritualité du mouvement. Il rassurait aussi les princes qui auraient pu redouter que la Réforme ne dégénérât en anarchie.

On donna aux adeptes des idées nouvelles le nom de protestants, peut-être à la suite d’une déclaration des princes luthériens à la diète de Spire ; ceux-ci protestaient qu’ils n’acceptaient pas un édit tendant à arrêter la propagation de l’Evangile.

A la diète d’Augsbourg, en 1530, les affaires religieuses furent de nouveau abordées en présence de l’empereur. Mélanchthon lut une confession de foi dans laquelle il examinait avec un soin particulier les questions en litige.

Bien entendu, l’accord avec le catholicisme ne put se faire et les princes protestants, se sentant menacés, formèrent la ligue de Smalcalde. Charles V, qui avait d’autres affaires sur les bras, conclut avec eux la trêve de Nuremberg, par laquelle catholiques et protestants devaient vivre en paix en attendant que les questions en suspens soient réglées par un concile.

La Réforme continua à faire des progrès ; elle fut introduite au Brandebourg et au Wurtemberg. Malheureusement, la piété des foules était souvent superficielle. Le comte Philippe de Hesse, à la suite d’un avis secret de Luther et de Mélanchthon, sombra dans la bigamie. Néanmoins, à la mort de Luther, il ne restait guère que l’Autriche, la Bavière et certains territoires ecclésiastiques aux mains des catholiques. Encore les évangéliques y étaient-ils nombreux.

Parmi les propagateurs du luthéranisme, citons Justus Jonas et Bugenhagen, surnommé Pomeranus, dans le Nord du pays, et Brenz dans le sud.

2. Europe centrale. En Hongrie et en Bohême, le luthéranisme se propagea surtout parmi les minorités de langue allemande. Luther noua des rapports cordiaux avec l’Unité des Frères Tchèques, tout en se méfiant de leurs idées sur la Cène et sur la justification par la foi.

Sur les rives de la Baltique, le grand-maître de l’Ordre Teutonique embrassa la Réforme et transforma la Prusse en duché pour sa famille. Le supérieur de l’Ordre des chevaliers Porte-glaive en fit autant pour la Livonie.

3. Scandinavie. La Suède était à ce moment en révolte contre le Danemark. Le clergé s’était rendu odieux en approuvant les violences des Danois. D’autre part, certains prédicateurs luthériens avaient eu beaucoup de succès. Aussi, le roi de Suède, Gustave Vasa, en partie pour se procurer de l’argent en faisant main basse sur les immenses propriétés ecclésiastiques, supprima-t-il le catholicisme dans son pays en y établissant la religion luthérienne, à la diète de Westeras.

Peu après, le roi du Danemark, Christian III en fit autant à la diète de Copenhague. Dans ce pays, il y avait une longue lutte entre deux rois rivaux et le clergé avait eu la maladresse de soutenir le moins populaire des deux. Le terrain était d’ailleurs bien préparé par le prédicateur Tausen qui avait fait ses études à Wittenberg. Le Danemark imposa la réforme à la Norvège, et plus tard à l’Islande (1550).

4. Dernières années de Luther. Elles furent assombries par des maladies continuelles. Luther résidait en général à Wittenberg. Il y accueillait, malgré ses ressources limitées, des étudiants, des voyageurs, des théologiens qui, dans leur admiration un peu naïve, notaient tout ce qu’il disait. Après sa mort, on imprima ces Propos de table, souvent excellents, mais parfois un peu grossiers.

Luther était gai. Il aimait passionnément la musique. Ses violences regrettables s’expliquent, sans se justifier, par son courage, sa sensibilité et sa droiture toujours franche.

Son activité était prodigieuse. Il prêchait, enseignait, voyageait. Son œuvre littéraire tient en 80 gros volumes, et presque tout ce qui est sorti de sa plume est intéressant. Par sa traduction de la Bible, il a fixé l’allemand moderne. Il puisait les forces dont il avait besoin dans la prière, dans laquelle il déployait une grande hardiesse.

Il mourut à 62 ans au cours d’un voyage à Eisleben et fut enterré dans l’église de Wittenberg où il avait affiché ses thèses.

Protestation de Spire.

Chers Seigneurs, Cousins, Oncles, et Amis !

« Nous étant rendu à cette Diète sur la convocation de Sa Majesté et pour le bien commun de l’Empire et de la chrétienté, nous avons entendu et compris que les décisions de la dernière Diète, concernant notre sainte foi chrétienne, devaient être supprimées, et qu’on se proposait de leur substituer des résolutions restrictives et gênantes…

C’est pourquoi, très chers seigneurs, oncles, cousins et amis, nous vous supplions cordialement de peser avec soin nos griefs et nos motifs. Que, si vous ne vous rendez pas à notre requête, NOUS PROTESTONS par les présentes, devant Dieu, notre unique créateur, conservateur, rédempteur et sauveur, et qui, un jour, sera notre juge, ainsi que devant tous les hommes et toutes les créatures, que nous ne consentons ni n’adhérons en aucune manière, pour nous et les nôtres, au décret proposé dans toutes les choses qui sont contraires à Dieu, à sa sainte Parole, à notre bonne conscience, au salut de nos âmes, et au dernier décret de Spire [1].

[1] Il s’agit d’un décret donné, également à Spire, trois ans auparavant.

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