Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre premier : Les attaques contre la foi chrétienne

John Locke peint par Godfrey Kneller (1697)

1. Les déistes anglais. L’Angleterre, mondanisée par la Restauration, s’ouvre la première aux idées nouvelles. Le philosophe Locke (1632-1704) fondait la connaissance sur l’expérience plutôt que sur la raison, mais il risquait, comme les rationalistes, de détourner les gens de la Révélation. Un de ses ouvrages, Le Christianisme raisonnable, exerça une influence déterminante, non seulement en Angleterre, mais en France aussi.

Les déistes préconisaient la religion naturelle, commune selon eux à tous les peuples. Ils niaient la Trinité ; ils voulaient honorer une seule personne divine, et refusaient le titre de chrétiens. Ils niaient les miracles. Ils rejetaient la Bible, accusant les apôtres d’avoir déformé la vérité.

Les déistes les plus connus sont Shaftesbury (1671-1713) qui préconise une morale indépendante de la Révélation et rejette la notion de récompense, Bolingbroke (1678-1751) que Voltaire admirait beaucoup ; et Matthew Tindale (1656-1733) auteur d’un ouvrage significatif Le Christianisme aussi vieux que la création. Il entendait que tout ce qui sort du cadre de la religion naturelle doit être rejeté.

Gottfried Wilhelm Leibniz

2. Les rationalistes allemands. Ils sont en général moins acerbes que les déistes. Mais ils sont convaincus que leur époque est le siècle des lumières (Aufklaerung). Ils cherchent à concilier l’Evangile avec la raison humaine. Leibniz (1646-1716), un des esprits les plus universels de tous les temps, philosophe, homme d’Etat, mathématicien, se tient encore sur le terrain de l’orthodoxie. Il part de ce principe que la Révélation et la raison venant toutes les deux de Dieu, elles ne sauraient se contredire. Ceux qui suivirent ses traces furent moins prudents et n’hésitèrent pas à rejeter un bon nombre de doctrines chrétiennes, tout en cherchant à conserver la morale, entre autre le littérateur Lessing (1729-1781).

Mentionnons le philosophe Christian Wolff (1679-1754) dont les idées hardies rencontrèrent l’opposition des piétistes et l’historien Semler (1725-1791) fondateur de la critique biblique allemande.

3. Les philosophes français. Le mouvement rationaliste français débute avec le prêtre oratorien Richard Simon (1632-1712) qui ouvre la voie à la critique biblique, et le protestant Pierre Bayle (1647-1706) qui avait une foi assez vivante, mais dont le Dictionnaire historique et critique empreint de scepticisme est devenu l’arsenal des écrivains antireligieux du XVIIIe siècle. Ceux-ci ont tous collaboré à la Grande Encyclopédie (publiée entre 1751 et 1772) qui attaque vivement la foi chrétienne et glorifie le progrès humain.

Voltaire à 41 ans

Voltaire (1694-1778) a cherché à introduire en France les idées des déistes anglais, qu’il avait connus dans sa jeunesse. Dans ses nombreux ouvrages, il a attaqué la religion chrétienne avec une verve, une causticité, une méchanceté qui n’ont guère été égalées. De Ferney où il s’était retiré, il inondait la France de ses pamphlets. D’autres, comme Diderot (1713-1784), ont nié plus de vérités que lui, mais nul n’a contribué davantage à semer l’irréligion.

Jean-Jacques Rousseau
Pastel de Quentin de La Tour (1753)

Rousseau (1712-1773), originaire de Genève, préconise une religion conforme à sa théorie qui veut que l’homme soit bon par nature, une religion de sentiment, sans Bible, sans Rédemption, avec une morale facile et un jugement dernier peu redoutable.

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