Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 3 : Affaiblissement de la foi

1. Affaiblissement intérieur du catholicisme

1. Suppression des jésuites. En face des attaques rationalistes, l’Eglise romaine ne pouvait guère changer de doctrine ; mais les partisans d’un catholicisme militant devinrent impopulaires.

Le pape Clément XIV (Giovanni Vincenzo Antonio)

L’Ordre des jésuites, haï pour son esprit réactionnaire et envié pour ses richesse, fut d’abord chassé non sans violence, de divers pays catholiques, puis supprimé par le pape Clément XIV, comme étant devenu inutile. Les jésuites purent se réfugier auprès de Frédéric II de Prusse et de Catherine II de Russie.

2. Réaction. Les rédemptoristes. Il y avait cependant des catholiques qui entendaient maintenir les traditions rigides, tel Liguori (1696-1787), qui fonda l’Ordre des Rédemptoristes, très semblable à celui des jésuites. Il a formulé la casuistique en usage aujourd’hui officiellement dans les confessionnaux. Son ouvrage Les Gloires de Marie a largement favorisé le culte marial. On l’a rangé parmi les docteurs de l’Eglise.

Prise de la Bastille le 14 juillet 1789
(Dessin aquarellé de Jean-Pierre Houël)

3. La Révolution française. Elle marque une réaction violente contre l’union du trône et de l’autel qui avait caractérisé la monarchie française et porta un coup sensible au catholicisme dont pendant plus d’un siècle la France avait été l’appui le plus solide.

Le pape Pie VI (Giovanni Angelico Braschi)

Le clergé renonça spontanément à ses privilèges. Puis l’Assemblée constituante vota la Constitution civile du clergé. Les ecclésiastiques devaient être élus comme les autres fonctionnaires par tous les citoyens, les évêques investis, non plus par le pape, mais par les autres évêques. De plus, tous devaient prêter serment de fidélité à la Constitution. Comme le pape Pie VI (1775-1799) le leur interdit, il y eut bientôt deux clergés en France, le clergé assermenté et le clergé non assermenté, ce dernier persécuté.

Maximilien de Robespierre

Sous la Terreur, le christianisme a été officiellement aboli, le calendrier chrétien remplacé par le calendrier révolutionnaire ; on adora la déesse Raison, personnifiée par une actrice de l’Opéra promenée en triomphe à Notre-Dame. Robespierre fit ensuite décréter par la Convention qu’elle reconnaissait l’existence de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme. Des centaines de prêtres furent tués ou emprisonnés, de même des pasteurs, entre autres Rabaut Saint-Etienne.

Après les journées de Thermidor, la Convention se montra tolérante envers les Eglises, même envers les prêtres non assermentés qui purent rentrer au pays.

2. Affaiblissement de la foi au sein du protestantisme

1. Les Eglises officielles. Les Eglises protestantes sauvegardèrent moins bien leur doctrine que l’Eglise romaine. Les anglicans tombèrent dans une mondanité et une incrédulité effrayantes. Les luthériens se laissèrent gagner par la critique biblique. Les réformés commencèrent par supprimer de leurs confessions de foi le dogme de la prédestination, puis d’autres doctrines essentielles.

Jean-Frédéric Ostervald

Ils furent poussés dans cette voie par le théologien genevois Jean Alph. Turretini et par le Neuchâtelois Osterwald.

Emanuel Swedenborg

2. Dénominations rationalistes. Lorsque, par le réveil, les Eglises anglo-saxonnes revinrent à la foi, le rationalisme qui prévalait dans bien des esprits aboutit à la formation de nouvelles dénominations. La nouvelle Eglise adhère aux révélations mi-rationalistes, mi-mystiques du savant suédois Swedenborg (1688-1772). Ce dernier s’estimait en relation avec les défunts, tout en interdisant à d’autres ce commerce. Les universalistes nient les peines éternelles. Les unitaires nient la Trinité : ces derniers se sont associés aux anciens sociniens de Transylvanie.

Le fondateur du groupe universaliste, John Murray, avait été membre de l’église de Whitefield. Il trouva un terrain favorable en Amérique.

Les principaux unitaires anglais sont Priestley et Lindsay.

3. Protestants remarquables. Il ne faut pas croire cependant que la foi vivante fût éteinte. Le réformé Abbadie (1654-1727) fut un champion très logique et très averti de l’orthodoxie. Ses livres n’ont guère vieilli aujourd’hui. Citons aussi le prédicateur Saurin (1677-1730), pasteur du refuge à La Haye.

Jean-Sébastien Bach en 1746

Jean-Sébastien Bach (1685-1750), chantre de la chapelle Saint-Thomas de Leipzig, a exprimé sa foi sereine dans sa vaste œuvre musicale. Malgré son génie, il était très modeste, bon père de famille, fidèle membre d’Eglise. Plusieurs de ses œuvres ont été publiées après sa mort, entre autres sa Passion selon saint Matthieu et sa Passion selon saint Jean, où le texte de l’Evangile, accompagné d’une musique qui en souligne toutes les nuances, est entrecoupé de chœurs et de soli destinés à exprimer les sentiments du fidèle en présence des souffrances de son Sauveur.

Georg Friedrich Haendel par Balthasar Denner (1727)

Son contemporain Haendel (1685-1759), originaire d’Allemagne, mais établi en Angleterre, est célèbre par ses oratorios bibliques, en particulier le Messie.

On peut encore mentionner les historiens Jacques Basnage (1653-1723) et Elie Benoit (1640-1727), les auteurs de cantiques Tersteegen (1677-1760) et Isaac Watts (1674-1748) ; le pasteur zurichois Jean Gaspard Lavater (1741-1801), au caractère bon et charitable, mais à la doctrine très floue.

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