Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre premier : Le protestantisme de langue française

1. Le Réveil du début du XIXe siècle

1. Les Eglises avant le réveil. La fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle ont été marqués par le rationalisme et l’indifférence. Il y avait bien des pasteurs fidèles et quelques cercles moraves. Mais dans l’ensemble, les idées de Rousseau prévalaient, et ceux qui les combattaient s’exposaient à de violentes oppositions.

Ainsi à Genève, la Compagnie des pasteurs interdit en 1817 de prêcher sur la divinité de Christ, sur le péché originel, sur l’opération de la grâce et sur la prédestination. Parmi ceux qui étaient restés fidèles à la foi, mentionnons le professeur Daniel Encontre (1762-1818) de Montauban.

2. Haldane et ses disciples. C’est alors qu’un chrétien écossais, Robert Haldane (1764-1842), vint à Genève et réunit dans sa chambre d’hôtel quelques jeunes pasteurs et étudiants en théologie. Plusieurs se convertirent, d’autres qui étaient déjà nés de nouveau furent affermis dans leur foi. Les uns et les autres devinrent les instruments d’un réveil qui secoua presque toutes les Eglises de Suisse et de France.

César Malan (1787-1864), destitué de sa charge de pasteur à cause de ses idées évangéliques, fonda une Eglise libre à Genève, et effectua dans le Jura bernois des voyages dont l’influence se fait sentir encore aujourd’hui. Ses cantiques, les Chants de Sion, dont il composa les paroles et la musique, sont parmi les plus populaires de nos recueils.

Louis Gaussen (1790-1863) se distingua comme théologien. Son ouvrage sur la Théopneustie des Ecritures est devenu classique. Destitué parce qu’il voulait instruire les enfants d’après la Bible et non d’après le catéchisme libéral en usage, il fonda la faculté de théologie de l’Oratoire, à Genève. Son collègue Merle d’Aubigné (1794-1872) composa une Histoire de la Réformation qui, malgré une documentation insuffisante, marque une date dans l’étude de l’histoire, ouvrant la voie aux historiens postérieurs. Pys (1796-1835) a parcouru comme évangéliste diverses régions de la France, en prêchant le réveil.

Ami Bost

Citons encore parmi les hommes de cette génération, Empeytaz (1790-1853) qui déjà avant l’arrivée de Haldane s’était converti dans des réunions moraves. Ami Bost (1790-1874) compositeur et évangéliste.

Félix Neff

3. Félix Neff. Félix Neff (1798-1829), sans être disciple de Haldane, est venu à la foi grâce au réveil de Genève. Il a exercé son ministère dans les Hautes-Alpes, parmi les anciens Vaudois. Toujours en route, il prêchait, exhortait, conseillait. Il améliora les conditions matérielles de ces vallées reculées. Surtout, il fut l’instrument d’un merveilleux renouveau spirituel dans un milieu grossier et corrompu. Il mourut épuisé à 31 ans.

Alexandre Vinet

4. Alexandre Vinet. Au canton de Vaud, le rationalisme était moins avancé. Le Doyen Curtat réunissait les étudiants chez lui pour les stimuler à une piété vivante. Cependant, lorsque certains croyants voulurent se réunir en dehors des lieux de culte, le gouvernement prit des mesures contre eux.

Alexandre Vinet (1797-1847), né à Ouchy, puis professeur de français à Bâle, n’avait d’abord que peu de sympathie pour ces dissidents. Mais il se convertit dans les réunions organisées par la Mission de Bâle, et dans son Essai sur la manifestation des convictions religieuses, il intervint pour la liberté de prêcher l’Evangile, sans la tutelle de l’Etat. A la fin de sa vie, il fut nommé professeur de théologie et de littérature à Lausanne. Il donna sa démission, parce qu’on avait supprimé la Confession de foi et que l’Etat s’ingérait d’une manière abusive dans la vie de l’Eglise. Malgré sa santé précaire, il a beaucoup écrit. Citons son Homilétique et sa Théologie pastorale. Ses sermons, intitulés Discours et Etudes Evangéliques, sont particulièrement profonds.

Il a été l’un des champions de la liberté de conscience et de culte, souvent au milieu de beaucoup d’opposition. Il était en pleine sympathie avec l’esprit de réveil qui soufflait sur la Suisse. Il tenait cependant à mettre ses contemporains en garde contre les croyances faciles et superficielles. La foi, pour lui, doit se traduire par les œuvres et la doctrine reste inséparable de la morale.

Les libéraux se réclament souvent de lui. En réalité, il était très attaché à la Bible, comme étant la Parole de Dieu, et à toutes les doctrines qui s’y trouvent enseignées.

5. Le réveil méthodiste. Charles Cook (1787-1858) propagea en France le réveil méthodiste. Là où son message était accepté, il collaborait avec les Eglises réformées. Là où les pasteurs manifestaient de l’hostilité au réveil, il fonda des Eglises méthodistes dont quelques-unes subsistent encore aujourd’hui.

Le réveil à Genève.

… Le réveil continuait à fermenter. Seulement la théologie de ce réveil était faible ; nous avions de la foi, du zèle, quelque amour pour le Sauveur et pour les Frères ; mais il nous manquait la précision dans les vues, une base nettement scripturaire ; voilà ce que Haldane vint apporter à Genève. Il y arriva en janvier 1817…

Mais, après tout, l’influence de M. Haldane sur Genève fut capitale ; d’abord parce que M. Haldane était un homme de poids, mais sans doute aussi parce que son influence tombait sur un terrain parfaitement préparé, et qu’elle avait l’avantage du contraste avec un état de chose incroyablement déchu. La preuve que ces circonstances entrèrent pour beaucoup dans le succès de M. Haldane à Genève, c’est qu’il n’eut, plus tard, aucun succès comparable à Montauban. Mais quant à Genève, je le répète, l’effet fut capital : c’est par M. Haldane que M. Gaussen fut affermi et conduit plus avant dans la foi évangélique ; c’est par lui que M. Malan y fut amené. Il en fut de même, je crois, de l’excellent Charles Rieu, mort peu après en Danemark. Mes amis Pyt, Gonthier, Guers, puis MM. Frédéric Monod, James de Breda et autres, trouvèrent de même une abondante lumière dans ses enseignements rigoureusement scripturaires.

Une vingtaine d’étudiants ou de jeunes ministres allaient l’entendre deux fois par semaine, puis employaient leurs autres soirées à faire, dans de petites réunions, l’apprentissage de leurs futures fonctions de pasteurs ou de missionnaires. Cela dura du 6 février au 20 juin.

Au bout de peu de semaines tout Genève était en émoi. Pour ou contre, bon gré mal gré, tout le monde s’occupait de questions religieuses ; et les chaires même retentirent bientôt de prédications opposées.

Mémoires d’A. Bost
Tome 1, pp. 81, 82.

L’Evangile éternel.

N’allez pas croire que le christianisme complaisant éliminera quelque idée pour se mettre d’accord avec le siècle ; non, c’est de son inflexibilité qu’il est fort ; il n’a pas besoin de rien céder pour être en harmonie avec tout ce qui est beau, légitime et vrai ; car il en est lui-même le type accompli. Il est le même aujourd’hui qu’au temps des réformateurs, qu’au temps des Pères de l’Eglise, qu’au temps des apôtres et de Jésus-Christ. Ce n’est pourtant pas une religion qui flatte l’homme naturel ; et les mondains, en s’en éloignant, rendent assez témoignage que le christianisme est une doctrine étrange. Ceux qui n’osent le rejeter s’efforcent de l’adoucir. On le dépouille de ses rudesses, de ses mythes, comme on se plaît à les nommer, on le rend presque raisonnable ; mais chose singulière ! quand il est raisonnable, il n’a plus de force ; et, semblable en ceci à l’une des plus merveilleuses créatures du monde animé, s’il perd son aiguillon, il est mort. Le zèle, la ferveur, la sainteté, l’amour, disparaissent avec ces dogmes étranges ; le sel de la terre a perdu sa saveur, et l’on ne sait avec quoi la lui rendre. Au contraire, apprenez-vous d’une manière générale que quelque part il y a un réveil, que le christianisme se ranime, que la foi devient vivante, que le zèle abonde ? Ne demandez pas sur quel terrain, ne demandez pas dans quel système croissent ces précieuses plantes. Vous pouvez répondre d’avance que c’est dans le sol rude et raboteux de l’orthodoxie, à l’ombre de ces mystères qui confondent la raison humaine, et qu’elle aimerait tant à écarter d’elle.

VINET
Discours.
Ed. 1845, p. 53.

2. Evangélisation et prédication dans la suite du XIXe et au XXe siècle

1. Sociétés d’évangélisation. Nous parlerons plus tard de diverses œuvres qui sont le fruit du réveil. Mentionnons ici la Société Centrale évangélique, qui a contribué à la création d’un bon nombre d’Eglises nouvelles, et la Mission populaire fondée par McAll († 1893).

Adolphe Monod

2. Prédicateurs orthodoxes. Adolphe Monod (1802-1856) se convertit à Naples alors qu’il était déjà pasteur. Il fonda une Eglise Libre à Lyon, après avoir été destitué par le Consistoire parce qu’il ne voulait pas donner la communion aux inconvertis. Plus tard, il rentra dans l’Eglise officielle  : comme professeur à Montauban, puis comme pasteur à l’Oratoire de Paris, où des foules immenses venaient l’entendre. Sa prédication fidèle, nourrie de citations bibliques, nous paraît aujourd’hui parfois un peu pompeuse, mais elle se signale par ses appels directs à la conversion. Ses Adieux, composés sur son lit de mort, sont particulièrement touchants.

Ruben Saillens

Ruben Saillens (1855-1942), originaire de Saint-Jean du Gard, a commencé son activité comme agent de la Mission McAll ; il a fondé une Eglise baptiste à Paris ; puis, après le réveil du Pays de Galles, il a entrepris un ministère itinérant dans les pays de langue française. Avec Théodore Monod et Budry, il est le plus populaire des auteurs de cantiques de notre temps. Il a été l’initiateur du mouvement aujourd’hui grandissant des Conventions chrétiennes.

On peut mentionner encore Aug. Decoppet (1836-1906) pasteur à l’Oratoire. Théodore Monod (1836-1921) qui prit une part importante au réveil d’Oxford, et composa plusieurs beaux cantiques. Eugène Bersier (1831-1889) fondateur du temple de l’Etoile. Chs. Babut (1835-1916), pasteur à Nîmes. Le professeur Lecerf (1872-1943) est à l’origine d’un renouveau calviniste.

En Suisse romande, Frank Thomas (1862-1928) a travaillé avec succès à Genève et présidé de multiples séries d’évangélisation en divers lieux.

Le réveil qui prit naissance dans les Eglises Réformées de la Drôme a exercé une influence bienfaisante sur toute une génération de pasteurs. Constitués en Brigade, les principaux instruments de ce réveil ont secoué les Eglises de France par des Missions et des Conventions pendant plusieurs années.

3. Prédicateurs et théologiens libéraux. Samuel Vincent (1787-1837), pasteur à Nîmes, répandit en France les idées de son contemporain allemand Schleiermacher. Il désirait d’autre part qu’on n’entrave pas l’activité des méthodistes.

Le professeur Ménégoz (1838-1921) a été le théoricien du symbolo-fidélisme qui proclame la foi indépendante des croyances.

Albert Schweitzer

Une grande figure du libéralisme contemporain est le Docteur Schweitzer (1875-1965), théologien, médecin, musicien et missionnaire.

Wilfred Monod (1935)

Signalons encore, au XIXe siècle, les pasteurs de l’Oratoire Athanase Coquerel père (1795-1868) et fils (1820-1875) ; les professeurs de Strasbourg Reuss (1804-1891) et Colani (1824-1888), ce dernier fondateur avec Schérer († 1889) de la Revue de Théologie ; le professeur Aug. Sabatier (1839-1901), auteur d’un ouvrage intitulé Les Religions d’autorité et la Religion de l’Esprit ; au XXe siècle, les pasteurs Chs. Wagner (1852-1918) et Wilfred Monod (1867-1943).

Il y a deux manières de prier.

L’une suppose une piété sincère ; l’autre une foi toute puissante.

L’une demande et espère ; l’autre veut et attend jusqu’à ce qu’elle ait obtenu.

L’une est exaucée tant bien que mal ; l’autre reçoit tout et toujours.

L’une cherche Dieu et le trouve ; l’autre lutte avec Dieu et triomphe de Lui.

La première observe scrupuleusement le temps de ses dévotions journalières ; la seconde demeure à genoux des heures, un jour, toute une nuit.

La première s’accommode du cours ordinaire de la vie ; la seconde veille, jeûne, crie, pleure, transpire du sang.

La première est le chemin battu des fidèles, serpentant mollement dans la plaine ; la seconde est la voie rude des parfaits, escaladant le rocher, sondant le précipice, rasant l’abîme.

La première est la méthode irréprochable de tel frère ou de telle sœur ; la seconde est la méthode divine de Jacob près du torrent, de Moïse au Sinaï, de Samuel à Mitspah, d’Elie au Carmel, de Jésus au désert, en Gethsémané, en Golgotha.

La première nous est connue depuis que nous avons connu le Seigneur ; la deuxième… « Seigneur enseigne-nous à prier ! » (Luc 11.1)

Ad. MONOD

Lendemain du réveil.

J’entends dire de tous côtés que le réveil religieux a décliné : j’aime à penser, quant à moi, que ce déclin est plus apparent que réel. Qu’il y ait moins de ferveur qu’autrefois, moins d’exactitude dans les pratiques, moins d’entrain dans les œuvres, moins de fermeté dans la doctrine, je devrais dire peut-être dans la conception de la doctrine : je l’accorde, et vous pouvez croire qu’il m’en coûte de l’accorder. Mais « la faim et la soif de la justice », il n’y en a pas moins, je crois même qu’il y en a davantage ; et c’est là ce qui me rassure, parce que c’est là le point capital ; n’est-il pas écrit : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! ».

Il arrive aujourd’hui au réveil ce qui arrive parfois au croyant. Après les heureuses années du premier amour, où la prière était fréquente, le travail doux, la vie facile, le ciel serein et la terre féconde, il survient chez plusieurs une saison d’obscurité, de langueur, de refroidissement. Déçue dans plus d’une pieuse attente, rengagée dans plus d’un combat où elle pensait avoir vaincu pour toujours, instruite par une expérience amère à se défier d’elle-même, troublée, déconcertée, abattue, l’âme fidèle se prend à demander si l’Evangile lui a bien tenu tout ce qu’il avait promis. Elle se plaint d’elle-même, des autres, que sais-je ? de Dieu et de sa Parole ; mais elle se plaint comme Job, sans renoncer à son espérance ; et comme lui aussi, elle recueillera le fruit de sa foi. Il se fait ainsi en elle un travail intérieur, douloureux, mais salutaire, dont vous la verrez ressortir, si vous avez la patience d’attendre, « bénie de Dieu dans sa fin plus qu’elle ne l’avait été dans son comportement », moins ardente, mais plus sérieuse ; moins assurée, mais plus humble ; moins satisfaite, mais plus sanctifiée.

Ad. MONOD
Saint Paul – 5me discours, pp. 123, 124.

3. Situation officielle et conflits théologiques du protestantisme français

1. Le Concordat. En 1802, par les articles organiques, Bonaparte faisait de l’Eglise réformée une Eglise d’Etat. Elle devait être dirigée par les consistoires, où siégeaient les pasteurs et les laïques choisis parmi les plus imposés. Il n’autorisait pas les synodes. On comprend cependant l’immense reconnaissance des protestants pour une autorité qui leur accordait une protection officielle.

François Guizot

La Restauration, malgré quelques velléités de persécution populaire connue sous le nom de Terreur blanche, maintint cet état de chose. Sous Louis-Philippe (1830-1848), le protestant Guizot fut à la tête du gouvernement.

Frédéric Monod

2. L’Assemblée de 1848 et la fondation des Eglises Libres. Sous la IIe République en 1848, les réformés furent autorisés à convoquer une assemblée générale, destinée à réorganiser leurs Eglises. La question doctrinale fut soulevée par Frédéric Monod (1794-1863), frère aîné d’Adolphe Monod, et disciple de Haldane. Les libéraux obtinrent qu’elle soit renvoyée à une session ultérieure. Là-dessus, Frédéric Monod et le comte de Gasparin fondèrent l’Union des Eglises Libres, sur une base évangélique ; et quelques Eglises indépendantes issues du réveil s’y joignirent.

3. Le Synode de 1872. Sous la IIIe République, les réformés purent convoquer un synode. Celui-ci adopta une confession de foi orthodoxe, rédigée par Charles Bois (1826-1891). Les libéraux, qui ne pouvaient y souscrire, furent autorisés par le gouvernement à rester dans l’Eglise. Le gouvernement interdit de nouveaux synodes ; les orthodoxes ne purent donc avoir pendant 30 ans que des synodes officieux, tandis que les libéraux avaient des assemblées générales.

4. La séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les deux groupes restèrent donc dans la même organisation, jusqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en 1905. A ce moment, trois unions se constituèrent, celle des Eglises Réformées Evangéliques, la plus nombreuse, celle des Eglises Réformées Libérales, et celle des Eglises Réformées, désireuses de travailler au rapprochement de tous. Cette dernière union ne tarda pas à fusionner avec l’union libérale.

Quand l’Alsace-Lorraine redevint française, l’union entre l’Eglise et l’Etat y fut maintenue.

5. Négociations pour l’unité. Une nouvelle déclaration de foi, plus détaillée, mais moins rigide que celle de 1872, fut élaborée par une commission composée de délégués des deux unions, et proposée comme base d’entente, et, en 1938, la plupart des Eglises Réformées Evangéliques, toutes les Eglises Réformées, quelques Eglises Libres et quelques Eglises Méthodistes opéraient leur fusion. Plusieurs Eglises Réformées Evangéliques, Libres et Méthodistes ont refusé de se joindre à ce mouvement, en gardant leurs anciennes confessions de foi et leurs anciens statuts.

6. Autres groupements protestants. Les Luthériens sont particulièrement nombreux en Alsace, où ils sont unis à l’Etat. Il y en a aussi dans le pays de Montbéliard et dans la région parisienne.

Les Eglises Baptistes résultent surtout d’un travail d’évangélisation poursuivi depuis le début du XIXe siècle. Elles appartiennent à diverses fédérations ou associations.

Les Eglises Evangéliques se sont développées en Alsace et en Lorraine. Elles se sont ralliées aux Méthodistes Episcopaux.

Les Assemblées Mennonites sont dues à l’immigration de fidèles venus de Suisse. Elles se trouvent dans l’est du pays.

Les Assemblées de Frères, principalement de Frères Darbystes, ont connu un développement assez considérable depuis le milieu du XIXe siècle.

L’Armée du Salut a connu des succès dans les villes.

Au XXe siècle, les Pentecôtistes ont réussi à fonder un bon nombre d’Eglises florissantes, composées d’anciens catholiques surtout.

Déclaration de 1872.

Au moment où elle reprend la suite de ses synodes interrompus depuis tant d’années, l’Eglise Réformée de France éprouve, avant toutes choses, le besoin de rendre grâces à Dieu et de témoigner son amour à Jésus-Christ, son divin Chef, qui l’a soutenue et consolée durant le cours de ses épreuves.

Elle déclare, par l’organe de ses représentants, quelle reste fidèle aux principes de foi et de liberté sur lesquels elle a été fondée.

Avec ses pères et ses martyrs, dans la Confession de foi de La Rochelle, avec toutes les Eglises de la Réformation dans leurs divers symboles, elle proclame l’autorité souveraine des Saintes Ecritures en matière de foi, et le salut par la foi en Jésus-Christ Fils unique de Dieu, mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification.

Elle conserve donc et elle maintient, à la base de son enseignement, de son culte et de sa discipline, les grands faits chrétiens représentés dans ses sacrements, célébrés dans ses solennités religieuses et exprimés dans ses liturgies, notamment dans la Confession des péchés, dans le symbole des Apôtres et dans la liturgie de la Sainte Cène.

Déclaration de 1936.

Au moment où elle confesse sa foi au Dieu Souverain et au Christ Sauveur, l’Eglise Réformée de France éprouve avant toutes choses le besoin de faire monter vers le Père des miséricordes, le cri de sa reconnaissance et de son adoration.

Fidèle aux principes de foi et de liberté sur lesquels elle est fondée, dans la communion de l’Eglise universelle, elle affirme la perpétuité de la foi chrétienne à travers ses expressions successives, dans le symbole des Apôtres, les symboles œcuméniques et les confessions de foi de la Réforme, notamment la Confession de La Rochelle ; elle en trouve sa source dans la révélation centrale de l’Evangile : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

Avec ses pères et ses martyrs, avec toutes les Eglises issues de la Réforme, elle affirme l’autorité souveraine des Saintes Ecritures, telle que la fonde le témoignage intérieur du Saint-Esprit, et reconnaît en elles la règle de la foi et de la vie. Elle proclame, devant la déchéance de l’homme, le salut par grâce, par le moyen de la foi en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, qui a été livré pour nos offenses et qui est ressuscité pour notre justification.

Elle met à la base de son enseignement les grands faits chrétiens affirmés dans l’Evangile, représentés dans ses sacrements, célébrés dans ses solennités religieuses et exprimés dans sa liturgie.

Pour obéir à sa divine vocation, elle annonce au monde pécheur l’Evangile de la repentance et du pardon, de la nouvelle naissance, de la sainteté et de la vie éternelle.

Sous l’action du Saint-Esprit, elle montre sa foi par ses œuvres : elle travaille dans la prière au réveil des âmes, à la manifestation de l’unité du corps de Christ et à la paix entre les hommes. Par l’évangélisation, par l’œuvre missionnaire, par la lutte contre les fléaux sociaux, elle prépare les chemins du Seigneur, jusqu’à ce que viennent, par le triomphe de son chef, le Royaume de Dieu et sa justice.

A Celui qui peut, par la puissance qui agit en nous, faire infiniment au-delà de ce que nous demandons et pensons, à Lui soit la gloire, dans l’Eglise et en Jésus-Christ, de génération en génération, aux siècles des siècles ! Amen !

4. Conflits ecclésiastiques en Suisse Romande

1. Genève. A côté de l’Eglise nationale, séparée de l’Etat, il y a divers groupements dissidents, issus du réveil pour la plupart.

Les Eglises Libres remontent à Gaussen et Merle d’Aubigné, en 1830. L’Assemblée du Bourg-de-Four constituée dès 1817 n’existe plus. Mais la Pélisserie subsiste toujours. L’Eglise du Pré-l’Evêque, fondée par César Malan, a disparu après la mort de ce dernier. L’Association chrétienne évangélique fut fondée en 1898 par Frank Thomas à la suite d’un conflit entre l’Etat et la fraction orthodoxe de l’Eglise Nationale.

2. Vaud. Divers groupements dissidents ont vu le jour dès le premier tiers du XIXe siècle. Ils se sont maintenus malgré les mesures hostiles prises contre eux par le gouvernement. La plupart se sont joints dans la suite aux Assemblées de Frères.

Parmi les dissidents de la première heure, mentionnons le pasteur Olivier, destitué parce qu’il avait dans une lettre mis en question certains usages de l’Eglise établie, et le professeur Rochat de Vevey. La loi du 20 mai 1824 interdisait les réunions en dehors des cultes officiels. Elle ne fut abrogée qu’en 1834.

Une foi ultérieure abolissait la confession de foi de l’Eglise nationale et proclamait la pleine autorité de l’Etat. Lorsqu’un peu plus tard une majorité radicale, hostile à la piété, vint au pouvoir, le gouvernement voulu obliger les pasteurs à recommander du haut de la chaire la nouvelle constitution. Ceux qui refusèrent furent condamnés à des suspensions de traitement. Là-dessus, un grand nombre donnèrent leur démission et fondèrent l’Eglise libre, avec l’appui d’Alexandre Vinet. Pendant quelques années, les libristes furent persécutés, puis ils purent se réunir en paix. Ils ont opéré récemment leur fusion avec l’Eglise nationale.

3. Neuchâtel. Dès le début du siècle, les Eglises libres se constituèrent. Elles sont de type congrégationaliste et rejettent le baptême des enfants.

Frédéric Godet

Lorsqu’au milieu du XIXe siècle le libéralisme s’introduisit dans l’Eglise nationale, et que l’Etat promulgua une loi selon laquelle les pasteurs ne pouvaient être liés par aucun crédo, une Union des Eglises Indépendantes se constitua. Son principal représentant était le professeur Frédéric Godet (1812-1900). Lorsque les oppositions doctrinales se furent estompées, ces Eglises s’unirent à nouveau à l’Eglise nationale.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant