Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 11 : Les Eglises d’Orient

1. Relations avec l’Islam. Au cours du XIXe siècle, les divers pays balkaniques réussirent à secouer le joug turc, grâce en particulier à l’appui russe. Ainsi des Eglises nationales plus ou moins indépendantes les unes des autres se constituèrent en Grèce, en Roumanie, en Serbie-Yougoslavie, en Bulgarie.

Le passage du Liban sous mandat français, puis son indépendance, aboutit à la création d’un Etat en majorité chrétien au Moyen-Orient. D’ailleurs, la minorité musulmane y est très forte.

Les Arméniens ont subi de la part des Turcs à la fin du XIXe et au XXe siècles les persécutions les plus sanglantes de toute l’histoire. On dit qu’un million d’entre eux furent massacrés ; les autres durent émigrer dans des conditions lamentables.

Actuellement les coptes d’Egypte sont le seul groupement chrétien numériquement important qui se trouve en pays musulman.

2. L’Eglise russe. Pendant tout le XIXe siècle, l’Eglise russe est restée étroitement assujettie à l’Etat qui la dirigeait par le moyen du Saint-Synode et qui persécutait les dissidents. Ce n’est qu’en 1905 qu’il fut permis de quitter officiellement l’Eglise orthodoxe.

Tikhon de Moscou

En 1917, lors de la Révolution, les évêques se hâtèrent de convoquer un concile à Moscou et de nommer un patriarche, Tikhon (1917-1925). Le pouvoir Bolchévik persécuta l’Eglise. Des lieux de culte furent transformés en musées antireligieux, plusieurs ecclésiastiques furent mis à mort. Le patriarche Tikhon et son successeur Serge (1925-1944) furent temporairement emprisonnés. Le gouvernement soviétique finit par reconnaître l’Eglise patriarcale. L’invasion allemande créa des liens plus cordiaux entre les autorités politiques de l’Eglise qui soutint le moral du peuple dans la guerre. Le patriarche Alexis (1945-1970) a joui de la considération officielle. Cette protection est assortie d’une main-mise très nette du pouvoir civil sur l’Eglise. Aussi plusieurs fidèles se sont-ils réfugiés dans la clandestinité.

Alexandre Ier

3. Relations avec d’autres Eglises. Le tsar Alexandre Ier a conclu, au nom de la Trinité, une Sainte Alliance avec l’empereur d’Autriche, catholique, et le roi de Prusse, protestant. Ce geste était d’ailleurs plutôt inspiré par les tendances politiques réactionnaires que par des motifs religieux.

Athénagoras Ier de Constantinople

Paul VI (Giovanni Battista Montini) en 1969

La plupart des Eglises d’Orient se sont affiliées au Conseil œcuménique, sans d’ailleurs renoncer à la prétention d’être les seules Eglises fidèles, et sans cesser de persécuter les protestants dans leurs territoires. Le patriarche œcuménique Athénagoras de Constantinople et le pape Paul VI ont amorcé une réconciliation.

4. Vie intérieure. Pendant longtemps ces Eglises sont restées figées dans un formalisme très mystique, mais dépourvu de vie véritable. L’ignorance et la superstition caractérisaient les masses, et le clergé entretenait l’une et l’autre. Aujourd’hui, il y a un revirement dans certaines Eglises. On revient à la Bible ; on donne une place plus grande à la prédication. Les promoteurs de ces tendances se heurtent à beaucoup d’opposition.

La déclaration commune du pape et du patriarche œcuménique.

Le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras Ier, avec son synode, déclarent d’un commun accord :

  1. Regretter les paroles offensantes, les reproches sans fondement et les gestes condamnables qui, de part et d’autre, ont marqué ou accompagné les tristes événements de cette époque (celle du schisme d’Orient).
  2. Regretter également et enlever de la mémoire et du milieu de l’Eglise les sentences d’excommunication qui les ont suivis et dont le souvenir opère jusqu’à nos jours comme un obstacle au rapprochement dans la charité et les vouer à l’oubli.
  3. Déplorer enfin les fâcheux précédents et les événements ultérieurs qui, sous l’influence de divers facteurs, parmi lesquels l’incompréhension et la méfiance mutuelle, ont finalement conduit à la rupture effective de la communion ecclésiastique.

En accomplissant ce geste de justice et de pardon réciproque, le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras Ier espèrent qu’il sera agréé de Dieu et apprécié par le monde chrétien tout entier, mais surtout par l’ensemble de l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe comme l’expression d’une sincère volonté réciproque de réconciliation et comme une invitation à poursuivre, dans un esprit de confiance, d’estime et de charité mutuelles, le dialogue qui les amènera, Dieu aidant, à vivre de nouveau pour le plus grand bien des âmes et l’avènement du règne de Dieu, dans la pleine communion de foi, de concorde fraternelle et de vie sacramentelle qui exista entre elles au cours du premier millénaire de la vie de l’Eglise.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant