Précis de prédication chrétienne

PRÉFACE

C'est avec joie que je rédige ce bref « envoi » destiné à un ouvrage qui n'en aurait, en fait, nul besoin, puisqu'il est dû à la plume de l'éminent bibliste et pasteur qu'est le professeur Jules-Marcel Nicole.

Il existe, certes, entre nous, des différences théologiques et ecclésiologiques qu'il serait déloyal de cacher et dont le lecteur averti percevra sans doute quelque écho dans l'une ou l'autre page de ce manuel.

Mais ces différences ne portent atteinte ni à notre profonde union dans le Christ, ni à notre commun et respectueux amour de l'Écriture sainte, cette « reine qui doit gouverner et à laquelle tous doivent obéir et se soumettre » (Martin Luther). Comment, dans ces conditions, ne nous sentirions-nous pas frères dans le combat de la prédication ?

Car, plus je vais, plus la prédication – qui est, bien sûr aussi édification, exhortation et enseignement – m'apparaît comme un véritable combat.

Elle est un combat déjà au moment de sa préparation, quand, à l'instar de Jacob, le prédicateur lutte avec Dieu dans la prière afin de recevoir sa bénédiction pour accéder, par l'exégèse et la méditation, à la compréhension du texte et pour trouver ensuite les mots et les images capables de communiquer ses découvertes à ses auditeurs.

La prédication est aussi un combat dans l'acte même de la proclamation, puisque le Seigneur nous appelle à prêcher en un temps où la parole, dévaluée, est victime d'un scepticisme général et où nombre d'auditeurs, de surcroît déshabitués de l'écoute, ignorent de plus les réalités les plus élémentaires de la Bible et de la foi.
C'est donc, me semble-t-il, à bon droit qu'un étudiant de la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux a pu un jour comparer la prédication à un « raid spirituel » qui s'inscrit dans le cadre du grand combat, déjà victorieux, que Dieu poursuit à travers l’histoire pour le salut des hommes. Au nom du christ vainqueur, le prédicateur affronte « les principautés, les pouvoirs, les dominations des ténèbres d'ici-bas, (ainsi que) les esprits du mal dans les lieux célestes, » dont parle l'apôtre (Éphésiens 6.12), et il aide ses frères et ses sœurs à les affronter. « Chaque sermon est une épreuve de force entre l'Esprit et les esprits », écrit fort justement Rudolf Bohren.

Pour mener ce combat nous ne disposons certes que de mots humains. Mais par la grâce de Dieu et par la puissance du Saint-Esprit, ces mots servent de support et d’expression à cette « épée à double tranchant » qu'est la parole divine (Hébreux 4.12).

Il est bon que Jules-Marcel Nicole transmette ici à tous ceux qui ont vocation de « tailler le pain de l'Écriture », (Jean Calvin) le fruit de son expérience et de sa foi, et qu'il leur donne les conseils pratiques dont ils ont besoin pour manier cette épée.

Je prie le Seigneur que ce manuel contribue à entretenir, à intensifier et à étendre le feu que Jésus est venu jeter sur notre terre (Luc 12.49).

Albert Greiner

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