Précis de prédication chrétienne

2. LE CONTENU DE LA PRÉDICATION

Un serviteur de la parole doit avoir pour ambition de prêcher tout le conseil de Dieu (Actes 20.27). Bien entendu, il ne peut réaliser ce programme que dans l'ensemble de son ministère. Dans un message isolé, il présentera tel aspect ou tel autre de la vérité. Il ne saurait tout exposer en 25 ou 30 minutes. Le Seigneur lui-même a jugé opportun de nous communiquer sa pensée dans un livre de mille pages et dont la lecture demande au bas mot une soixantaine d'heures. Rien n'est superflu dans ce texte, de la première ligne à la dernière, car « tout est utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer, » (2 Timothée 3.16) même si certains préceptes sont plus importants que d'autres (Matthieu 23.23). Le témoin fidèle de l’Évangile s'efforcera de ne rien laisser de côté qui soit essentiel.

Quelques précisions sont souhaitables à ce sujet.

D'abord il ne faut pas négliger l’Ancien Testament. Bien sûr, nous avons l’avantage de vivre sous la Nouvelle Alliance. Les promesses antiques sont accomplies. Les symboles provisoires sont remplacés par la réalité qu'ils annonçaient. L’Épître aux Hébreux en particulier nous incite à nous rendre compte de nos privilèges et à ne pas nous attacher à des formes aujourd’hui périmées.

Mais nous aurions tort d’oublier que le Fils incarné, non pas au lendemain de la chute, mais après de longs siècles de préparation. La Père l’a envoyé lorsque les temps ont été accomplis (Galates 4.4).

En particulier la connaissance de la loi nous est indispensables pour comprendre la Grâce. Nous rejetons l’erreur qui consiste à croire que nous pouvons être justifiés devant Dieu par l’observation de Ses commandements. Cependant la crainte de l'Éternel reste le commencement de la sagesse (Proverbes 9.10).

Sur le champ missionnaire, l'on a traduit en général premièrement un Évangile. C'était normal, car c'est là le sommet de la révélation. Parfois pourtant, les nouveaux convertis étaient désorientés, parce qu’ils n'étaient pas assez conscients de leur nature pécheresse. Ils étaient heureux de saluer en Jésus leur Sauveur, mais ne voyaient clairement pourquoi ils avaient besoin d'être sauvés. La Loi est le pédagogue qui nous conduit à Christ (Galates 3.24).

La loi sans la grâce nous jetterait dans le désespoir. Mais la grâce sans la Loi semble privée de sa raison d'être. Il est donc nécessaire de mettre les gens en face de leurs obligations envers Dieu. Dans la prédication contemporaine, cet élément du plan divin est trop souvent laissé dans l'ombre. Le résultat, c'est que des jeunes – et des moins jeunes – voient en Jésus un « ami formidable », plutôt que le Sauveur sans lequel ils sont perdus pour l'éternité. La conséquence de cette lacune, ce sont les conversions superficielles ou même illusoires. Ajoutons que bien des prescriptions éthiques de l’Ancien Testament ne sont pas répétées explicitement dans le Nouveau, mais sont présumées connues.
 
Avant de donner son Fils en victime expiatoire, l’Éternel a longuement préparé Son peuple et même les nations païennes en ordonnant des sacrifices. Le culte lévitique constitue une mise en place de cet usage pour le Seigneur Lui-même. La notion d’une réparation sanglante pour une faute commise est, hélas souvent étrangère à notre mentalité dégénérée. Il n’est pas les cérémonies juives qui seraient anachroniques depuis que le sacrifice seul efficace et suffisant a été offert une fois pour toutes (Hébreux 10.1-11). Le prétendu sacrifice est aussi déplacé que n'importe quel autre ! Mais il est très important que les fidèles de la Nouvelle Alliance soient au courant des principes que le Seigneur a établis en instituant le culte du tabernacle puis du temple en Israël. Sans cette information, la mort du Christ à notre place ne sera guère comprise d’une manière satisfaisante. Le livre du Lévitique, si surprenant et parfois si choquant pour le lecteur moderne, passionne les Africains habitués à considérer l'offrande d'une victime sanglante comme nécessaire pour établir des relations normales entre la divinité offensée et  homme coupable.

C’est toujours à la lumière du Nouveau Testament qu'il faut interpréter l'Ancien ; mais sans l'Ancien Testament, le Nouveau se trouve privé d'un fondement qui le met en valeur.
Ce qu'il ne faut jamais oublier, c'est que tous les deux, chacun à sa manière, rendent témoignage à Jésus-Christ (Comme le dit excellemment Pascal : « Jésus-Christ, que les deux Testaments regardent : l’Ancien comme son attente ; le Nouveau comme son modèle ; tous deux comme leur centre »). C’est passer à côté du message de l’Écriture que de négliger cette évidence. Jésus, pendant Son ministère terrestre, était attristé de voir Ses interlocuteurs, malgré leur étude approfondie de la Loi et des prophètes, refuser de reconnaître que ces vieux textes avaient pour but ultime de les conduire à Lui (Jean 5.39).

Notre prédication doit présenter à nos auditeurs Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié, (1 Corinthiens 2.2), qui inclut l'annonce de sa résurrection sans laquelle notre foi serait vaine (1 Corinthiens 15.14).

L’on entend parfois, du haut d'une chaire chrétienne, des exhortations qui auraient pu être exprimées par un Juif zélé ou par un musulman honnête, voie un confucianiste vertueux ou un hindouiste bien intentionné. C'est affligeant. Quelle que soit l'infinie variété des enseignements bibliques, ils pointent toujours vers ce centre christologique. Évitons les écarts centrifuges qui, à la limite, deviendraient une trahison de notre mandat.

Nous ne risquons pas, en attribuant cette place centrale au Christ, de porter atteinte à nos devoirs envers le Père et le Saint-Esprit. Jésus est le chemin qui mène infailliblement au Père, et l'honorer lui, c’est honorer le Père qui l'a envoyé (Jean 14.6 ; 5.23). Certes, il existe  une façon sentimentale de parler au « petit Jésus » ou du « doux rabbin de Galilée » qui constitue une déviation de la piété, car elle ne rend pas justice à la gloire du Fils qui est l'image du Père (2 Corinthiens 4.6).

De même le but que le Saint-Esprit se propose en ce qui nous concerne c'est de glorifier le Fils (Jean 16.13-14). Si nous recherchons la communion avec notre Sauveur, nous ne la trouvons que par l'intervention du Consolateur (Éphésiens 3.16,17). S'attendre à recevoir de l'Esprit des bénédictions supérieures à celles que nous recevons du Fils, c'est faire fausse route. Les Montanistes du IIe siècle, quelques illuminés (en allemand Schwärmer) du temps de la Réforme sont tombés dans ce piège, et certains charismatiques d’aujourd'hui doivent prendre garde à ce danger. D'autre part, être réticent sur la Personne de l'Esprit, par crainte des exagérations, c'est aussi faire un fort mauvais calcul.

C'est toujours dans un cadre trinitaire que se déroule la proclamation du salut. À ceux qui rédigent leurs sermons intégralement, on peut donner ce conseil pratique : c'est de vérifier combien de fois le nom du Seigneur apparaît sous leur plume. C'est un moyen de contrôler si leur prédication est authentiquement chrétienne.

Exercice : chercher trois textes sur le devoir de prêcher Jésus-Christ.

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