Précis de prédication chrétienne

4. LE SUJET

Il ne suffit pas d'avoir découvert un texte suggestif. Il faut encore en dégager une idée susceptible de stimuler aujourd'hui nos auditeurs. Soit le récit de la multiplication des pains (Matthieu 14.13-21 ; Marc 6.32-44 ; Luc 9.10-17 ; Jean 6.1-12). Nos contemporains peuvent envier les 5000 hommes qui ont été rassasiés à cette occasion, mais ils ne se sentiront pas concernés par cet événement, à moins qu'on n'en tire une leçon encore valable à l'heure actuelle.

Il n'est pas difficile de résoudre ce problème. Le récit prouve la toute-puissance de Jésus sur les éléments de la nature, son intérêt pour les besoins matériels des hommes, ses talents d'organisateur, son aptitude à suppléer à notre insuffisance, son désir de nous voir mettre à sa disposition le peu que nous avons, son souci d'éviter tout gaspillage. Ces quelques suggestions prises ici et là soulignent chacune un caractère permanent de l'action de notre Sauveur et s'appliquent à nous aussi bien qu'aux bénéficiaires immédiats du miracle accompli. Une bonne prédication sur la multiplication des pains s'organisera donc autour de l'une ou de l'autre des idées que nous avons énumérées, ou encore d'un enseignement supplémentaire que nous n'avons pas mentionné. Cet exemple montre entre parenthèses que, vu la richesse de la Parole divine, il est possible de faire plusieurs sermons différents et pourtant tous légitimes sur un même passage biblique.

Toutefois attention à ne pas trahir la pensée de l'auteur inspiré ! En insistant sur un détail secondaire, il convient toujours de rendre justice à l'intention de l'auteur et de souligner le lien entre le texte choisi et cette intention générale.

Parfois un texte s'impose à nous, et nous devons en déduire une idée. C'est la démarche la plus souhaitable. L’inverse se produit aussi. Quelqu'un nous demande d'aborder tel problème, ou nous avons l'impression qu'il est opportun de le présenter à notre communauté. Nous sommes alors en quête d'un texte approprié. Cela réclame une sérieuse réflexion. Le mieux est de posséder une bonne connaissance biblique. Divers passages nous reviendront en mémoire. Si nous avons une Bible à parallèles, nous bénéficierons d'un renvoi qui nous permettra peut-être de recourir à un passage plus adéquat que celui que nous aurions choisi d'abord. La concordance nous sera très utile aussi. L'essentiel, c'est de ne pas nous contenter d'une relation approximative entre le texte sur lequel nous nous appuyons et le sujet que nous désirons développer. S'il y a désaccord entre les deux, le sermon sera boiteux et peu convaincant. J'ai entendu dans ma jeunesse un message sur la parole : « Mon ami, monte plus haut. » (Luc 14.10). L’orateur, au lieu d'insister sur notre devoir de rechercher la place la plus humble, seule interprétation en harmonie avec le contexte, a passé en revue les diverses étapes de la vie chrétienne en invitant ses auditeurs à faire preuve d'une sainte ambition pour progresser toujours davantage ! J'étais indigné de la malhonnêteté avec laquelle le sens de l'Écriture était tordu. Le procédé était d'autant moins excusable que les exhortations à grandir spirituellement ne manquent pas dans la Bible : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ » (2 Pierre 3 :18). « Oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, je cours vers le but » (Philippiens 3.13-14) Le thème présenté par le prédicateur n'était donc pas en soi hérétique, mais il était fondé sur une base inadmissible.

Prêcher comporte un double devoir : d'abord expliquer le texte, puis l'appliquer. Pour que le message soit solide, veillons à l'harmonie entre l'application et l'explication.

Exercices : choisir deux textes, l'un de l'Ancien Testament, l'autre du Nouveau, et indiquer le(s) sujet(s) de prédication qu'on peut en tirer.

Choisir trois thèmes de prédication (par exemple : le danger des mauvaises compagnies, la nécessité de l'expiation, le bienfait de la communion fraternelle) et chercher des textes appropriés.

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