Précis de prédication chrétienne

5. LE BUT

Ce qui nous aide à bien délimiter un sujet, c'est de réfléchir au but précis que nous visons. On raconte l'histoire d'un auditeur rentrant chez lui après avoir écouté un sermon.

– « De quoi le pasteur a-t-il parlé ? » lui demande-t-on.

– « Du péché. »

– « Et qu'est-ce qu'il en a dit ? »

– « Il avait l'air d'être plutôt contre ! »

Sans un objectif précis, on n'arrive à rien.

Pour être efficace, il ne faut pas courir à l'aventure, ni donner des coups de poing pour battre l'air, (1 Corinthiens 9.26). Tantôt le prédicateur aura pour but d’amener ses auditeurs à la conversion ; il fera de l'évangélisation. Tantôt il les pressera de réaliser tel progrès dans la vie chrétienne ; on parlera d’édification.

Faut-il insérer un appel à l'acceptation du salut dans chaque message ? Spurgeon s'était promis de le faire, et dans son cas, la méthode a été marquée d'une bénédiction évidente. Il est indispensable que le héraut de l'Évangile soit conscient de la différence radicale entre quelqu'un qui est né de nouveau et quelqu'un qui ne l'est pas, et qu'il mette tout en œuvre pour inculquer cette distinction dans le cœur de ses paroissiens, de peur qu'ils ne boitent des deux côtés (1 Rois 18.21).

Pourtant il ne peut se borner, dimanche après dimanche, à multiplier les appels à la conversion. Un homme ne devient pas adulte s'il se contente, la vie durant, de boire du lait. Spurgeon lui-même offrait à son auditoire un menu varié et complet.

L’Évangile est ainsi fait qu'il répond aux besoins des non convertis aussi bien qu'à ceux des rachetés. Prenons par exemple le Psaume 23 : « L’Éternel est mon berger. » Cette promesse est un réconfort pour le croyant qui bénéficie de la protection divine. Elle est aussi un encouragement pour le non-croyant à venir se placer sous cette houlette bienfaisante. L affirmation de Jean : « Dieu est amour » (1 Jean 4.8) est de nature à pousser aussi bien le saint que le pécheur dans les bras du Seigneur qui fait grâce.

On peut donc, tout en maintenant la distinction entre les rachetés et les non convertis, adresser aux uns et aux autres une même exhortation. L’image n'est pas jolie, mais elle est suggestive : une même flèche, bien envoyée, peut en quelque sorte percer deux cibles placées l'une derrière l'autre.

La prédication vise à convaincre la raison, à toucher les sentiments, à remuer la conscience, mais par dessus tout à stimuler la volonté. Elle peut et elle doit user abondamment de l'indicatif, quelquefois du subjonctif. Le plus important, c'est qu'elle aboutisse à un impératif. « Si vous savez cela, vous êtes heureux, pourvu que vous le pratiquiez » (Jean 13.17).

Tantôt la décision demandée sera la volte-face qui fait passer de la mort à la vie, tantôt ce sera un mouvement plus discret que constitue un amendement sur tel point particulier. On ne peut pas être bousculé de fond en comble chaque dimanche. Mais comme un automobiliste ne peut progresser qu'en maniant sans cesse le volant pour ajuster sa direction, le chrétien doit constamment rectifier sa vie, et chaque prédication devrait l'aider dans ce domaine. Elle le fera si elle pleinement orientée vers un but.

Exercice : déterminer les buts des principaux discours du livre des Actes.

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