Le ministère

IV.
Conclusion

Tels sont la source, la puissance et l’ordre du ministère, tel qu’il nous est présenté dans la Parole de Dieu.

Essentiel au Christianisme, parce que le Christianisme, selon l’activité de l’amour de Dieu, cherche ce qui était perdu ; rendant témoignage à l’œuvre et à la victoire de Jésus, par lesquelles les perdus peuvent être sauvés, ce ministère de Jésus seul digne d’être ainsi glorifié, reçoit sa seule force, trouve sa seule source dans le Saint-Esprit envoyé du ciel. C’est le ministère du Saint-Esprit dans le choix et l’emploi de ses serviteurs. À cet égard, Dieu est souverain. L’exercice des dons qu’il donne est réglé par le Saint-Esprit souverain au milieu de l’Église. La Parole nous en fournit les preuves et les exemples. Comme source ou autorisation du ministère, l’homme n’entre pour rien que pour le péché.

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On verra que je n’ai pas touché la question des charges locales, comme n’étant pas exactement de mon sujet. Il est évident que l’apôtre Paul et ses délégués établirent, par sa direction, plusieurs anciens dans les assemblées qu’il avait réunies, et que des serviteurs des assemblées, et même des servantes, avaient été, moins en quelque cas, établis pour les affaires temporelles et pour les besoins auxquels la charité de ces assemblées pourvoyait. Saint-Pierre parle des anciens d’une manière beaucoup plus vague. Il n’y a point d’évidence que des anciens aient été nommés dans les assemblées Juives ; il paraît plutôt que les hommes graves et considérés y agissaient sous leur propre responsabilité, responsabilité que la charité fait sentir à cet égard. Dans l’Épître aux Corinthiens, où les détails de la discipline sont donnés, il n’est pas question d’anciens. Le Saint-Esprit a peut-être permis cela pour que nous ayons ces choses directement de la main de l’Apôtre. C’est dans la seule Épître aux Philippiens, je crois, que nous avons ce mot : « avec les évêques et les diacres. »

L’état de ruine où se trouve l’Église agit plus sur l’ordre apparent de ce côté-là que sur le ministère même, parce que l’homme peut y entrer plus facilement par des arrangements extérieurs ; mais il ne faut pas confondre les dons et le service qui en découle, avec des charges. Au reste, le Saint-Esprit suffit pour l’Église à cet égard comme à tout autre, pourvu qu’elle se place dans la position où le Saint-Esprit la voit ; alors la charité suffit à tout ce que Dieu demande et exploite tous les moyens de bénédiction que Dieu accorde ; et Il accorde toujours ce qui convient à sa gloire et au vrai bien-être de ses fidèles.

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Je ne vois pas plus de difficulté réelle quant à l’autorité que quant au ministère de la Parole, parce que l’autorité dans l’Église n’est pas une place avec certaines attributions limitées par une loi écrite, ni quelque chose de confié par les hommes jaloux de voir dépasser, par la convoitise du pouvoir par l’ambition du dépositaire, l’autorité qu’ils ont donnée. L’autorité dans l’Église est toujours, comme le ministère de la Parole, la puissance du Saint-Esprit sur la conscience, qui de plus ne se démentira jamais. Si elle existe, Dieu légitimera, même par des châtiments, l’autorité de son Esprit qu’il a placé dans un homme, si cette autorité est méprisée. La discipline de l’assemblée la légitime aussi dans certains cas ; on peut en voir des exemples dans l’Épître aux Corinthiens. Si l’on croyait seulement à la présence de Dieu dans l’Église, on ne douterait pas qu’Il ne pût se faire respecter, et cela dans l’autorité qu’Il a confiée à qui que ce soit.

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Quant à l’Esprit dans lequel on doit exercer ce ministère, je n’en dis rien, parce qu’il ne me convient pas d’en parler. Un renoncement entier à soi-même (et cela va très-loin quand on connaît la subtilité du cœur) est le seul moyen de marcher avec la pleine bénédiction qui appartient à cette douce position de servir Dieu, nos frères et les hommes. Souvenons-nous toujours que si, par la puissance de Dieu, nous sommes libres à l’égard de tous les hommes et responsables à Dieu seul de l’emploi du don qu’Il nous a confié, c’est afin que nous soyons les serviteurs de tous ; souvenons-nous que personne ne s’affranchit lui-même ; et, si l’amour de Dieu nous a rendu la liberté, c’est afin que, par cet amour en nous, nous soyons les serviteurs les uns des autres. Il nous a rendus libres de l’égoïsme, libres de l’indépendance, libres de notre propre volonté, pour agir comme Dieu agit, comme Il a agi en Christ : « ne pas se complaire à soi-même, mais se servir l’un l’autre en charité. »

Il n’y a rien de plus béni sur la terre, que d’être ainsi ministre ; on saura bientôt combien de foi cela demande et combien de cette sainteté qui nous tient près de Dieu pour que nous y puisions de la force. Que Dieu nous enseigne à nous tenir près de Lui à tout moment, afin que, dans les détails, nous n’agissions pas de notre propre volonté quoique, en gros, nous cherchions à faire la sienne !

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Il se présente ici une remarque. Il faut de la grâce dans ces temps-ci pour réaliser en même temps les deux principes de la fraternité et de l’exercice des dons, parce que ceux-ci donnent nécessairement, à l’extérieur, une apparence de supériorité. La chair, il est vrai, peut se servir de ces dons pour chercher une supériorité humaine au lieu de l’amour et du service d’autrui. L’humilité, qui ne cherche que le bien de tous, rend tout facile. Dans le culte, il y a une entière égalité de position ; s’il y a plus de sainteté cela peut donner une proximité de Dieu dans laquelle le culte sera plus vrai. Ce qu’il y a à chercher, c’est la spiritualité ; c’est la principale chose. Le Sacrificateur était plus haut placé que le Lévite et tous les Sacrificateurs étaient un sauf le souverain Sacrificateur. C’est notre position comme adorateurs. Il y avait une autre place très-bénie et où Dieu distribuait souverainement l’occupation : celle du Lévite. La gloire du Lévite était de faire ce que Dieu lui avait donné à faire. Un Mérarite n’avait pas à toucher les vaisseaux du sanctuaire, ni un Kehathite les différentes parties du tabernacle. Les Guersonites et les Mérarites avaient une plus grande charge, plus de bœufs et de chariots ; mais ils n’étaient pas chargés de choses aussi précieuses que les Kéhathites.

C’est ainsi que l’Apôtre raisonne quant aux dons, en les comparant aux membres du corps. Tous les services, tous les dons sont inférieurs au culte. Dans la distribution des dons, Dieu est souverain et met plus d’honneur extérieur sur ce qui est moins honorable. Les dons qui ne sont pas parés de tant de choses extérieures, sont quelquefois plus précieux. Si l’on est dans un état peu spirituel, l’on regardera à l’apparence, et ainsi aux dons plus extérieurs ; les Guersonites et les Mérarites auront plus d’importance à nos yeux, avec leurs bœufs et leurs chariots. Plus près du sanctuaire, nous croirons que les enfans de Kéhath, qui portaient les vaisseaux sur leurs épaules, sont aussi bénis ou même plus que les autres. Dans tous les cas, chacun sera estimé heureux, selon qu’il accomplira la tâche que Dieu lui a donnée à faire. Dans le IVe chapitre aux Éphésiens, nous voyons en première ligne ce qui est commun à tous ; ce qui est spécial à chacun vient ensuite, et ces dernières choses ne sont que pour effectuer les premières. Que la fraternité ne déplace pas les dons ; mais que les dons servent à la fraternité. Le sentiment de la présence de Dieu met toutes choses à sa place.

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Le même Seigneur peut dire : « vous êtes tous frères » ; et : fortifie tes frères. » Pour pouvoir vraiment les fortifier, l’on fera toujours quelque expérience pénible de soi-même, comme Pierre. Ce n’est pas ainsi que l’homme s’y prendrait, mais Dieu s’y prend ainsi.

Renier le Sauveur qu’il avait accompagné pendant trois ou quatre ans ; détruire, s’il l’avait pu, son nom de dessus la terre, voilà, quant à notre importance, la préparation par laquelle Dieu fait passer, quand Il veut mettre quelqu’un en avant dans son service. Peut-être, de plus, une écharde dans la chair, parce que l’autre ne suffit pas. Car que sommes-nous, et qui suffit pour ces choses ?

Que Dieu Lui-même dirige son Église selon ses besoins, selon l’amour et les richesses de grâce qui sont en Jésus, par la puissance du Saint-Esprit qui demeure en elle !

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