Dialogue avec Tryphon

XXXVI

1 – Eh bien ! dit Tryphon, supposons les choses comme vous le dites : j’admets que le Christ soit la pierre angulaire ; je vous accorde que les oracles aient annoncé qu’il devait souffrir, mais qu’après son premier avènement il reparaîtrait environné de gloire, qu’il jugerait tous les hommes, qu’il serait le roi, le père éternel ; mais prouvez-moi que votre Jésus est bien le Christ que les prophètes ont ainsi annoncé.

2 – Volontiers, lui dis-je ; j’arriverai en temps et lieu aux preuves que vous me demandez. Mais, dans ce moment, permettez-moi de nouvelles réflexions sur les prophéties qui nous apprennent que le Christ a été appelé Seigneur et Dieu des vertus, Dieu de Jacob ; et que vos docteurs sont des insensés, pour me servir de l’expression de l’Écriture, lorsqu’ils prétendent que toutes ces paroles doivent s’entendre, non du Christ, mais de Salomon, parce que celui-ci fit transporter l’arche d’alliance dans le temple qu’il avait élevé. 3 Le psaume que je vais citer est de David : « La terre et tout ce qu’elle renferme est au Seigneur, l’univers et tout ce qui l’habite est à lui ; c’est lui qui l’a affermi au milieu des mers et qui l’a élevé au-dessus des fleuves. Qui montera sur les montagnes du Seigneur ? qui s’arrêtera dans son sanctuaire ?

Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur, qui n’a pas reçu son âme en vain, qui n’a jamais été parjure, celui-là recevra la bénédiction du Seigneur, 4 et obtiendra la miséricorde de Dieu son Sauveur. Telle est la race de ceux qui cherchent le Seigneur, qui cherchent votre présence, Dieu de Jacob. Ouvrez-vous, ô portes éternelles, et le roi de gloire entrera. Quel est-il ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, le fort, le puissant dans les combats. Ouvrez-vous, portes, ouvrez-vous, portes éternelles, et le roi de gloire entrera. Quel est-il ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, le Dieu des vertus : c’est lui qui est le roi de gloire. »

5 Je vous ai déjà montré que Salomon n’était pas le Seigneur des vertus. Ce psaume ne peut s’entendre que de notre Christ, qui remonta vers les cieux après sa résurrection. Alors Dieu commanda aux princes « de la milice céleste rangés par ordre d’ouvrir les portes du ciel, afin que le roi de gloire y fît son entrée, et que s’élevant jusqu’au trône de son père, il vint s’asseoir à sa droite, jusqu’à ce qu’il ait réduit ses ennemis à lui servir de marchepied, ainsi que nous l’avons dit ailleurs. 6 Mais les puissances du ciel, ne le reconnaissant pas dans l’état pauvre, humble, abject où elles le voient, demandent et s’écrient : « Quel est donc ce roi de gloire ? »

Alors l’Esprit saint leur répond au nom de Dieu le père et en son propre nom : « Le Seigneur, le Dieu des vertus, c’est loi qui est le roi de gloire. »

De tous ceux qui se trouvaient à la porte du temple qui osa faire l’application de ces paroles, quel est ce roi de gloire, soit à l’arche d’alliance, soit à Salomon, dont le règne fut d’ailleurs si glorieux ? Personne, vous en conviendrez avec moi.

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