Dialogue avec Tryphon

XCVIII

1 Mais je veux vous citer le psaume tout entier vous y entendrez les accents de l’amour du Christ pour son père, vous verrez comme il s’abandonne entièrement à lui comme il le conjure de l’arracher à cette mort cruelle, comme il sait connaître en même temps les hommes qu’il eut pour ennemis, comme il prouve qu’il s’est véritablement fait chair et qu’il a connu la souffrance. 2 C’est ainsi qu’il s’exprime « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? N’éloignez pas de moi votre salut, ne soyez pas sourd à mes cris, mon Dieu : je vous invoque durant le jour, et vous ne m’écoutez pas ; je crie vers vous au milieu de la nuit, et je n’ignore pas ce qui m’est réservé. Cependant vous êtes le saint qui habitez dans Israël, vous êtes l’objet de ses louanges. Nos pères ont espéré en vous, et vous les avez délivrés ; il vous ont imploré, et ils ont été sauvés ; ils se sont confiés à vous, et ils n’ont pas été trompés dans leur attente. 3 Pour moi, je suis un ver de terre, je suis l’opprobre des mortels, le rebut de la populace ; tous ceux qui me voient m’insultent le mépris sur les lèvres ; ils ont secoué la tête en disant : Il a mis son espoir en Dieu, que Dieu le sauve, puisqu’il se plaît en lui. Et c’est vous qui m’avez tiré du sein de ma mère, j’ai été reçu entre vos bras, vous étiez mon Dieu lorsque je suis sorti de ses entrailles ; ne vous éloignez pas de moi, mon Dieu, parce que la tribulation me presse, et personne n’est là pour me secourir. 4 Une multitude de jeunes taureaux m’ont environné, les taureaux de Basan m’ont assailli ; ils fondent sur moi la gueule béante, comme le lion qui déchire et qui rugit ; je me suis écoulé comme l’eau ; tous mes os ont été ébranlés ; mon cœur a défailli au-dedans de moi, comme la cire qui se fond ; ma force s’est détachée comme l’argile, ma langue s’est attachée à mon palais, et vous m’avez conduit à la poussière de la mort. Des chiens dévorants m’ont environné ; le conseil des méchants m’a assiégé ; ils ont percé mes mains et mes pieds, ils ont compté tous mes os, ils m’ont regardé, ils m’ont considéré attentivement, 5 ils se sont partagé mes vêtements ; ils ont tiré ma robe au sort. Mais vous. Seigneur, ne vous éloignez pas ; vous qui êtes ma force, hâtez-vous de me secourir ; arrachez mon âme au glaive, et délivrez-moi de la rage de mes ennemis, sauvez-moi de la gueule du lion, détournez de moi la corne du taureau. Je raconterai votre nom à mes frères, je publierai vos louanges au milieu de leur assemblée. Louez le Seigneur, vous qui le craignez ; glorifiez-le, race de Jacob ; craignez-le tous, vous qui êtes de la race d’Israël ! »

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