Dialogue avec Tryphon

C

1 Ce qui suit : « Mais vous habitez dans le sanctuaire vous la gloire d’Israël ! » annonçait le prodige le plus digne de louange et d’admiration ; je veux dire le prodige de sa résurrection, trois jours après sa mort sur une croix : merveilleux effet de la puissance qu’il tenait de son père ! Le Christ est appelé Israël et Jacob, ainsi que je l’ai déjà prouvé, n’est pas seulement dans la bénédiction de Joseph et de Judas que tout ce qui le concerne nous a été prédit d’une manière mystérieuse, comme je l’ai également démontré ; c’est encore dans l’Évangile, où nous usons ces paroles prononcées par lui-même : « Toutes choses m’ont été données par le Père. Personne n’a connu le Père si ce n’est le Fils, et personne n’a connu le Fils si ce n’est le Père, et celui à qui le Fils l’a révélé ! »

2 C’est donc lui-même qui nous a révélé tout ce que nous comprenons des divines Écritures ; c’est donc à sa grâce que nous devons de le reconnaître, et pour le premier-né de Dieu, existant avant toutes choses, et pour le fils des patriarches, parce qu’il a voulu naître d’une vierge issue de leur sang, se faire homme, vivre obscur et sans gloire, et passer par toutes les souffrances. 3 Aussi disait-il à ses apôtres, quand il leur parlait de sa passion : « Il faut que le fils de l’homme souffre tous ces maux, qu’il soit rejeté par les pharisiens et par les scribes, et qu’il ressuscite le troisième jour ».

Il se disait donc le fils de l’homme, ou parce qu’il était né d’une vierge qui descendait de David, d’Isaac, de Jacob, d’ Abraham, ou bien parce qu’Abraham était son père et celui des justes, ces glorieux ancêtres de Marie, dont je viens de parler. Qui de nous ignore que ceux qui ont engendré des femmes sont appelés le père des enfants qu’ont eu leurs filles ? 4 Il appela Pierre un de ses disciples nommé Simon, qui, par une révélation de Dieu le père, l’avait reconnu pour le fils de Dieu. Et comme nous lisons dans les écrits de ses apôtres qu’il est vraiment fils de Dieu, nous nous plaisons à l’appeler de ce nom et nous comprenons qu’il l’est en effet, puisqu’il est engendré du Père avant toutes choses, par la vertu et la volonté de ce Père. C’est lui qui, dans les livres des prophètes, est désigné de tant de manières différentes, par les noms de Sagesse, et de Jour, et d’Orient, et de Gloire, et de Pierre, et par ceux de Jacob et d’Israël ; nous comprenons encore que si, d’un côté, il est fils de Dieu, de l’autre, il est homme, fils d’une vierge, afin que le péché, introduit dans le monde par le serpent, fût détruit par les moyens qui l’avaient fait naître. 5 Ève, encore vierge et sans tache, écoute le démon : elle enfante le péché et la mort ; Marie, également vierge, écoute l’ange qui lui parle ; elle croit à sa parole, elle en ressent de la joie lorsqu’il lui annonce l’heureuse nouvelle, c’est-à-dire lorsqu’il lui apprend que l’esprit du Seigneur surviendra en elle, que la vertu du Très-Haut la couvrira de son ombre, que le fils qu’elle doit enfanter est le fils de Dieu ; elle répond : « Qu’il soit fait selon votre parole ! »

6 C’est alors que naquit d’elle le salut du monde, celui qu’avaient annoncé tant d’oracles, celui par qui Dieu terrasse le serpent, ainsi que les anges et les hommes qui lui ressemblent, tandis qu’il arrache à la mort ceux qui font pénitence et croient en son Christ.

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