Appelé à la liberté

4.1-11 : AUTREFOIS ESCLAVES, DÉSORMAIS FILS

Illustrons ce que je veux dire. Aussi longtemps que l'héritier est un enfant, il ne se distingue en rien d'un esclave. Bien qu'il soit le propriétaire de tout le patrimoine, 2 il reste soumis à l'autorité de tuteurs et d'intendants jusqu'au terme fixé par son père. 3 Nous aussi lorsque nous étions des enfants, nous étions de même asservis aux principes élémentaires qui régissent la vie dans ce monde. 4 Mais lorsque le moment fixé par Dieu est arrivé, il a envoyé son Fils, né d'une femme et placé par sa naissance sous le régime de la Loi, 5 pour libérer ceux qui étaient soumis à ce régime. Il nous a ainsi permis d'être adoptés par Dieu comme ses enfants. 6 Puisque vous êtes bien ses fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie : Abba, c'est-à-dire « Père ».

7 Ainsi donc, tu n'es plus esclave, mais fils, et, puisque tu es fils, tu es héritier des biens promis, grâce à Dieu. 8 Mais autrefois, vous ne connaissiez pas Dieu. C'est pourquoi vous serviez comme des esclaves des divinités qui, en réalité, ne sont pas Dieu. 9 A présent, vous connaissez Dieu. Bien plus : Dieu vous a reconnus comme siens. Comment se peut-il alors que vous retourniez à ces principes élémentaires sans pouvoir ni valeur, pour en devenir à nouveau les esclaves ? 10 Vous observez les jours spéciaux, les nouvelles lunes, certaines saisons et certaines années ! 11 Ah ! je crains fort que toute la peine que je me suis donnée pour vous n'ait été inutile.

Nous avons vu dans le chapitre 3 des Galates comment l'apôtre Paul résuma 2 000 ans d'histoire de l'Ancien Testament. En particulier, il mit en évidence la relation entre trois grands personnages de l'histoire biblique – Abraham, Moïse et Jésus-Christ. Il expliqua comment Dieu fit à Abraham la promesse de bénir toutes les familles de la terre par sa descendance ; puis comment il donna à Moïse la Loi qui, loin d'annuler la promesse la rendait en réalité plus nécessaire et plus urgente ; et enfin, comment la promesse s'accomplit en Christ, de sorte que quiconque est conduit au Christ par la Loi hérite de la promesse faite par Dieu à Abraham.

Maintenant, dans Galates 4. 1 à 11, Paul répète une fois de plus la même histoire, opposant la condition de l'homme sous la Loi (vv. 1-3) à celle en Christ (vv. 4-7), et en se fondant sur ce contraste, il lance un appel passionné à vivre la vie chrétienne (vv. 8-11). Son raisonnement pourrait se résumer ainsi : « Autrefois nous étions esclaves. Désormais nous sommes fils. Comment, alors, pouvons-nous retourner à cet esclavage passé ? »

1. LA CONDITION DE L'HOMME SOUS LA LOI (vv. 1-3)

Sous la Loi, affirme Paul, les hommes étaient comme un héritier au cours de son enfance ou de sa minorité. Représentons-nous un garçon, héritier d'un grand domaine. Un jour tout lui appartiendra, car tout lui est déjà promis. Toutefois, en pratique il ne possède encore rien car il est encore un enfant. Ainsi avant sa majorité, bien qu'il soit le propriétaire en titre de tout le domaine, cependant « sa situation ne diffère pas de celle d'un esclave » (FC). Il « reste soumis à l'autorité de tuteurs et d'intendants », qui agissent comme « les contrôleurs de sa personne et de ses biens ».50 Ils lui donnent des ordres, le dirigent et le disciplinent. Constamment surveillé, il ne peut agir librement. Étant l'héritier, il est en fait le seigneur, mais tant qu'il est enfant, il n'est pas supérieur à un esclave. En outre, il demeurera dans cet esclavage « jusqu'au terme fixé par son père » (v. 2).

50 Lightfoot, p. 166.

« Nous aussi.. ». poursuit Paul (v. 3). Même à l'époque de l'Ancien Testament, avant la venue du Christ et quand nous étions sous la Loi, nous étions héritiers – héritiers de la promesse que Dieu avait faite à Abraham. Mais nous n'avions pas encore hérité de la promesse. Par conséquent, nous étions comme des enfants avant leur majorité, et notre enfance était une forme d'esclavage.

De quoi étions-nous esclaves ? Nous savons certes que c'était l'esclavage de la Loi, car la Loi était « notre gardien » (3.24) et nous avions besoin d'en être « rachetés » (4.5). Mais ici la Loi paraît être assimilée aux « principes élémentaires qui régissent la vie dans ce monde » (v. 3). Et au v. 9 ces « principes élémentaires » sont dits être « sans pouvoir ni valeur » – « sans pouvoir » parce que la Loi était incapable de nous racheter, et « sans valeur » parce qu'elle ne peut nous conférer aucune richesse spirituelle.

Quels sont ces « principes élémentaires » ? Le mot grec stoicheia signifie « éléments ». De façon générale, en grec comme en anglais, l'adjectif « élémentaire » a deux sens. D'abord, il peut s'employer dans le sens de choses « élémentaires », les lettres de l'alphabet, l'ABC que nous apprenons à l'école. Il apparaît dans ce sens dans Hébreux 5.12. Si c'est là ce que veut dire Paul ici, alors il compare l'époque de l'Ancien Testament à l'éducation rudimentaire du peuple de Dieu, qui fut complétée par un enseignement postscolaire lors de la venue du Christ. Parole Vivante traduit « règles d'éducation élémentaire » et Phillips « principes moraux élémentaires ». Cette traduction convient certainement à la métaphore sur l'enfance développée par Paul. En revanche, une éducation élémentaire n'est pas exactement un « esclavage ».

L'autre manière de comprendre l'adjectif « élémentaire » est d’y voir les « principes élémentaires qui régissent la vie dans ce monde » (cf. aussi TOB, FC, BJ etc.). Ces derniers étaient souvent associés dans le monde ancien, soit aux éléments physiques (terre, feu, air et eau) soit aux corps célestes (le soleil, la lune et les étoiles), qui contrôlent les saisons et donc les fêtes célébrées sur terre. Cette interprétation cadre bien avec le v. 8, où Paul dit que nous servions « comme des esclaves des divinités qui, en réalité, ne sont pas Dieu », à savoir des démons ou des mauvais esprits.

Cependant comment l'esclavage vis-à-vis de la Loi peut-il s'apparenter à l'esclavage envers des mauvais esprits ? Paul suggère-t-il que la Loi était une invention maléfique de Satan ? Certainement pas. Il nous a dit que la Loi avait été donnée à Moïse non par Satan mais par Dieu par l'intermédiaire d'anges (3.19), par conséquent non par de mauvais esprits mais par des esprits bienveillants. Ce que Paul veut dire est que le diable s'empara de cette bonne chose (la Loi) et la tordit pour faire progresser son mauvais dessein, pour rendre esclaves des multitudes d'hommes et de femmes.

Tout comme avant la majorité d'un enfant, son tuteur peut, à l'insu de son père, le maltraiter et même le tyranniser de mille et une manière, le diable a exploité la bonne Loi de Dieu afin de tyranniser les hommes d'une façon contraire à l'intention de Dieu. Dieu voulait que la Loi révélât aux hommes leur péché afin de les conduire au Christ ; Satan s'en sert pour révéler aux hommes leur péché et les réduire au désespoir. Dieu voulait que la Loi fût un stade intermédiaire en vue de la justification ; Satan l'utilise comme le stade final en vue de sa condamnation. Dieu voulait que la Loi fût un passage vers la liberté ; Satan l'emploie comme un cul-de-sac, et trompe ses victimes en leur faisant croire que l'on ne peut échapper à son esclavage.

2. L'ACTION DE DIEU PAR LE CHRIST (vv. 4-7)

Au v. 4, Paul écrit : Mais, lorsque le moment fixé par Dieu est arrivé... L'esclavage de l'homme sous la Loi dura pendant environ 1 300 ans. Ce fut une enfance longue et pénible. Mais enfin le temps fixé par Dieu arriva (cf. Mc 1.15) – la date décidée par le Père où les enfants parviendraient à leur majorité, seraient libérés de leurs tuteurs et hériteraient de la promesse.

Pourquoi l'époque de la venue du Christ s'appelle-t-il parfois « l'accomplissement du temps » (Darby, TOB) ? Divers facteurs y contribuent. Ainsi, ce fut l'époque où Rome avait conquis et s'était assujetti les habitants de toute la terre d'alors, où les routes romaines avaient été construites pour faciliter les voyages, et où les légions romaines avaient été postées pour les garder. Ce fut aussi l'époque où la langue et la culture grecques avaient conféré une certaine cohésion à la société. En même temps, les dieux de la mythologie grecque et romaine perdaient de leur emprise sur le commun des mortels, si bien que les coeurs et les esprits des hommes partout avaient soif d'une religion réelle et satisfaisante. En outre, ce fut l'époque où la Loi de Moïse avait accompli son rôle qui consistait à préparer les hommes à la venue du Christ, en les retenant prisonniers, si bien qu'ils aspiraient ardemment à la liberté que seul le Christ pouvait leur offrir.

Quand les temps furent ainsi accomplis, Dieu agit de deux manières.

D'abord, Dieu envoya son Fils. Aux vv. 4 et 5, Paul écrit : Mais, lorsque le moment fixé par Dieu est arrivé, il a envoyé son Fils, né d'une femme et placé par sa naissance sous le régime de la Loi, pour libérer ceux qui étaient soumis à ce régime. Il nous a ainsi permis d'être adoptés par Dieu comme ses enfants. Remarquons que le but de Dieu consistait à la fois à nous « racheter » et à nous « adopter », autrement dit, non seulement à nous libérer de l'esclavage, mais à faire de nous non plus des esclaves mais des fils.51

51 « La métaphore reflète une démarche légale gréco-romaine (mais non juive) selon laquelle un homme riche et sans enfant pouvait adopter un jeune esclave qui connut ainsi d’un seul coup le bonheur de cesser d'être esclave et de devenir un fils et un héritier. » (Hunter, p. 33).

Paul ne nous dit pas ici comment la rédemption fut réalisée, mais nous savons d'après Galates 1.4 que ce fut par la mort du Christ, et d'après Galates 3.13 que lors de sa mort, il porta la malédiction divine. Il ressort de ces versets que Celui que Dieu envoya pour accomplir notre rédemption était parfaitement qualifié pour agir ainsi. D'une part, il était le Fils de Dieu. D'autre part, il était né d'une femme. Ainsi il était à la fois humain et divin, le seul et unique Dieu fait homme. En outre, il était né « sous le régime de la Loi », c'est-à-dire, d'une mère juive, dans la nation juive, et sujet à la Loi juive. Pendant toute sa vie, il se soumit à toutes les exigences de la Loi. De plus, il réussit là où tous les autres avant lui et depuis lors échouèrent : il accomplit parfaitement la justice de la Loi. Ainsi la divinité, l'humanité et la justice du Christ le qualifièrent de façon unique pour être le rédempteur de l'humanité. S'il n'avait pas été un homme, il n'aurait pas pu racheter des hommes. S'il n'avait pas été juste, il n'aurait pas pu racheter des hommes injustes. Et s'il n'avait pas été le Fils de Dieu, il n'aurait pas pu racheter des hommes pour Dieu ni en faire des fils de Dieu.

Ensuite, Dieu envoya son Esprit. Au v. 6, Paul déclare : Puisque vous êtes bien ses fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie : Abba, c'est-à-dire « Père ». Les verbes grecs traduits par « envoyé » (v. 4) et « a envoyé » (v. 6) sont le même mot et au même temps (exapesteilen). Il y eut donc un double envoi de la part de Dieu le Père.

Observons la référence trinitaire. D'abord, Dieu envoya son Fils dans le monde ; ensuite, il envoya son Esprit dans nos coeurs. En pénétrant dans notre coeur, l'Esprit s'écria aussitôt : « Abba, Père », ou, comme l'affirme le passage parallèle de Romains 8.15, 16 : lorsque « nous crions : Abba, c'est-à-dire, Père », « l'Esprit Saint lui-même et notre esprit témoignent ensemble que nous sommes enfants de Dieu ».

« Abba » est un diminutif araméen pour « Père ». Ce fut le mot que Jésus lui-même utilisa dans sa prière à Dieu. Phillips (suivi par Parole Vivante) l'exprime ainsi : « Père, cher Père ». Ainsi, le dessein de Dieu ne consistait pas seulement à faire de nous des fils au moyen de son Fils, mais de nous en assurer par son Esprit. Il envoya son Fils afin que nous puissions recevoir le statut de fils, et il envoya son Esprit afin que nous puissions en faire l'expérience. Cette dernière résulte de l'affectueuse complicité que nous avons auprès de Dieu dans la prière, où spontanément notre attitude et notre langage ne sont pas ceux d'esclaves mais de fils.

Ainsi la présence intérieure du Saint-Esprit, nous assurant de notre statut de fils et nous aidant dans nos prières, est le privilège précieux de tous les enfants de Dieu. C'est : « puisque nous sommes bien ses fils » (v. 6) que Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos coeurs. Aucune autre qualification n'est exigée. Il n'est nul besoin de réciter certaines formules, de rechercher certaine expérience, ni de remplir d'autres conditions. Paul nous affirme clairement que si nous sommes enfants de Dieu, et parce que nous sommes enfants de Dieu, Dieu a envoyé Son Esprit dans nos coeurs. Et la manière dont il nous assure de notre statut de fils n'est pas par un don ni par un signe particulier, mais par le témoignage intérieur et silencieux du Saint-Esprit quand nous prions.

Ainsi donc, conclut Paul à ce stade de son raisonnement, tu n'es plus esclave, mais fils, et, puisque tu es fils, tu es héritier des biens promis (v. 7). Ce changement de statut s’est opéré « grâce à Dieu ». Ce que nous sommes comme chrétiens, comme fils et héritiers de Dieu, ce n'est grâce ni à nos mérites, ni à nos efforts, mais « grâce à Dieu », c'est-à-dire par l'initiative de sa grâce, lorsque d'abord il envoya son Fils pour mourir pour nous, et ensuite il envoya son Esprit pour vivre en nous.

3. L'APPEL DE L'APÔTRE (vv. 8-11)

A nouveau, Paul oppose ce que nous étions autrefois et ce que nous sommes devenus. Mais cette fois le contraste est peint en d'autres couleurs vives, en termes de notre connaissance de Dieu. Au v. 8, il déclare : Mais autrefois, vous ne connaissiez pas Dieu. Au v. 9, il poursuit : A présent vous connaissez Dieu. Bien plus : (puisque l'initiative vient de Dieu) Dieu vous a reconnus comme siens. Nous étions esclaves des mauvais esprits en raison de notre ignorance de Dieu ; notre statut de fils consiste en la connaissance de Dieu, en le connaissant et étant connus par lui, dans une communion intime et personnelle avec Dieu que Jésus appelait « la vie éternelle » (Jn 17.3).

Maintenant l'apôtre lance un appel. Son argument est le suivant : « Si maintenant vous n'êtes plus des esclaves mais des fils, si maintenant vous n'êtes plus ignorants de Dieu mais le connaissez et êtes connus par lui, comment pouvez-vous retourner à votre ancien esclavage ? Comment pouvez-vous vous laisser asservir par les esprits régissant la vie de ce monde desquels Jésus-Christ vous a libérés ? Au v. 10, Paul déclare : Vous observez les jours spéciaux, les nouvelles lunes, certaines saisons et certaines années ! En d'autres termes, votre religion a dégénéré en un formalisme extérieur : au lieu d'être la communion libre et joyeuse d'enfants avec leur Père, elle est devenue uniquement une pénible routine de règles et de réglementations. Paul ajoute avec tristesse : Ah ! je crains fort que toute la peine que je me suis donnée pour vous n'ait été inutile (v. 11). Il craint que tout le temps et tous les efforts qu'il leur avait consacrés n'étaient que peine perdue. Au lieu de jouir toujours davantage de la liberté pour laquelle le Christ les a libérés, ils sont retombés dans l'esclavage du passé.

Comme ces Galates se sont montrés insensés ! Nous pouvons certes comprendre le langage du fils prodigue qui déclara à son père : « Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes serviteurs (ou de tes esclaves) ». Mais comment être assez insensé pour dire : « Tu as fait de moi ton fils, mais je préférerais être un esclave » ? C'est une chose de dire : « Je ne mérite pas d'être ton fils » ; c'en est une autre de dire : « Je ne veux pas être ton fils ; je préfère être ton esclave ». Néanmoins, c'était la folie des Galates en raison de l'influence de leurs faux docteurs !

CONCLUSION

De ce passage nous pouvons apprendre à la fois la nature de la vie chrétienne et la manière de la vivre.

a. La nature de la vie chrétienne

La vie chrétienne est la vie non d'esclaves mais de fils et de filles. C'est la liberté et non l'esclavage. Certes, nous sommes esclaves de Dieu, du Christ et les uns des autres.52 Nous appartenons à Dieu et au Christ, et les uns aux autres, et nous aimons servir ceux auxquels nous appartenons. Mais ce genre de service est une vraie liberté. En revanche, la vie chrétienne n'est en aucun cas un esclavage vis-à-vis de la Loi, comme si notre salut se tenait dans une balance et dépendait de notre obéissance méticuleuse et servile à la lettre de la Loi. En réalité, notre salut repose sur l'oeuvre achevée du Christ reçue par la foi, à savoir sur sa mort sur la croix où il expia nos péchés et porta notre malédiction.

52 Voir par ex. Rom 6.22 ; 1 Cor 7.22, 23 ; 2 Cor 4.5.

Et pourtant tant de personnes sont esclaves de leur religion ! Elles ressemblent à John Wesley à l'époque suivant ses études à Oxford. Fils de pasteur et déjà pasteur lui-même, ses convictions étaient orthodoxes, sa religion était stricte, sa conduite intègre et ses bonnes oeuvres nombreuses. Wesley et ses amis rendaient visite aux ouvriers dans les usines et aux détenus dans les prisons. Avec compassion, ils apportaient de la nourriture et des vêtements aux enfants qui habitaient dans des taudis et cherchaient à les instruire. Ils observaient le sabbat à la fois le samedi et le dimanche. Ils se rendaient à l'Église et participaient à la Cène. Ils donnaient l'aumône, sondaient les Écritures, jeûnaient et priaient. Cependant, ils étaient retenus prisonniers dans les chaînes de leur propre religion, car ils se persuadaient être justes, au lieu de mettre leur confiance en Jésus-Christ crucifié. Quelques années plus tard, John Wesley (d'après ses propres termes) plaça « sa confiance en Christ, et en Christ seul pour le salut » et reçut l'assurance intérieure que ses péchés étaient ôtés. Après cette expérience, il écrivit concernant son expérience avant sa conversion : « J'avais alors la foi d'un esclave et non celle d'un fils ».53 Le christianisme est une religion de fils, non d'esclaves.

53 Note ajoutée plus tard au journal du 29 février 1738.

b. La manière de vivre la vie chrétienne

La manière de vivre la vie chrétienne consiste à se rappeler qui nous sommes et ce que nous sommes. L'essence du message de Paul ici est la suivante : « Autrefois vous étiez esclaves ; à présent vous êtes des fils. Aussi comment pouvez-vous retourner à votre ancien esclavage ? » Sa question constitue une remontrance empreinte à la fois de stupéfaction et d'indignation. Retourner à l'ancienne vie n'est certes pas impossible, car les Galates l'avaient fait. En revanche, agir ainsi est absurde, car cela revient à nier fondamentalement ce que nous sommes devenus, ce que Dieu a fait de nous si nous sommes en Christ.

Afin d'éviter la folie des Galates, nous devons prêter attention aux paroles de Paul. Laissons la Parole de Dieu nous déclarer sans cesse qui nous sommes et ce que nous sommes si nous sommes chrétiens. Nous devons nous rappeler toujours ce que nous avons et ce que nous sommes en Christ. L'un des buts d'une lecture biblique, d'une méditation et d'une prière quotidiennes, consiste à nous orienter correctement et à nous rappeler qui nous sommes et ce que nous sommes. Nous avons besoin de nous dire : « Autrefois j'étais un esclave, mais Dieu a fait de moi son fils et a mis l'Esprit de son Fils dans mon coeur ; comment alors puis-je retourner à mon ancien esclavage ? Autrefois je ne connaissais pas Dieu, mais maintenant je le connais et il me connaît : comment alors puis-je retourner à mon ignorance passée ? »

Par la grâce de Dieu, il nous faut nous rappeler à la fois ce que nous étions autrefois afin de ne jamais y retourner, et aussi ce que Dieu a fait de nous afin d'y conformer notre vie.

John Newton constitue une excellente illustration de ce principe. Fils unique, il perdit sa mère à l'âge de sept ans. Il partit en mer à l'âge tendre de onze ans. Plus tard il s'engagea, selon les propres termes de l'un de ses biographes, « dans les atrocités inouïes du trafic des esclaves noirs ». Il sombra dans les abîmes du péché et de la dégradation.

A l'âge de vingt-trois ans, le 10 mars 1748, son bateau, en proie à une tempête épouvantable, était sur le point de couler. Il cria alors à Dieu pour obtenir miséricorde. Il la trouva. Il passa par une véritable conversion, et n'oublia jamais comment Dieu lui accorda sa miséricorde, à lui, un blasphémateur. Par la suite, il s'efforça toujours de se rappeler ce qu'il avait été auparavant, et ce que Dieu avait accompli pour lui. Dans le but de l'imprimer dans sa mémoire, il avait écrit en lettres d'imprimerie et fixé au mur au-dessus de son bureau les paroles de Deutéronome 15.15 : « Souvenez-vous que vous avez vous-mêmes été esclaves en Égypte et que l’Éternel votre Dieu vous en a libérés ».

Si seulement nous nous rappelons ces vérités, ce que nous étions autrefois et ce que nous sommes maintenant, nous aurons un désir croissant de vivre en rapport, d'être ce que nous sommes, à savoir des fils de Dieu libérés par Christ.

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