Histoire des Dogmes III — La Fin de l’Âge Patristique

12.3 — Controverse christologique. L’adoptianisme espagnol.

La controverse trinitaire dont il vient d’être question n’avait en somme qu’agité assez peu le règne de Charlemagne : il n’en fut pas de même de l’hérésie adoptianiste dont il faut maintenant parler.

Au moment où elle prit naissance, l’Espagne se trouvait divisée entre trois dominations. Au centre et au sud les Maures en possédaient la plus grande partie, avec Cordoue pour capitale. Au nord-ouest se trouvait le petit royaume indigène d’Oviedo ; au nord-est, les deux marches de Navarre et de Gothie faisaient partie du royaume franc de Charlemagne.

C’est sous la domination maure que vivait le premier instigateur de la nouvelle erreur, Elipand, archevêque de Tolède, vieillard hautain, opiniâtre et d’une rare violence de caractère. Il est difficile de dire comment il fut amené à professer l’adoptianisme : les origines de cette hérésie sont pleines d’obscurité : on y reviendra plus loin. Peut-être cependant est-il loisible de dire dès maintenant que la controverse soutenue vers 782 par Élipand contre l’évêque Migetius ne fut pas étrangère aux fausses opinions qu’on lui a à lui-même reprochées dans la suite. Migetius est peu connu. On sait seulement qu’entre autres singularités, il identifiait dans la Trinité le Père (incarné) avec David, le Fils (incarné) avec l’homme Jésus, et le Saint-Esprit (incarné) avec l’apôtre saint Paul. Élipand. qui lui fait ce reproche, a dû, par réaction, insister de son côté sur la distinction en Jésus des éléments divin et humain, et en venir sans doute à compter dans le Verbe incarné deux filiations et virtuellement au moins deux fils de Dieu, l’un fils naturel, le Verbe éternel, l’autre fils adoptif, l’homme. De fait, on trouve dans la lettre qu’il adresse à Migetius des phrases qui contiennent déjà tout l’adoptianisme, et qu’un nestorien aurait signées, celle-ci par exemple : « Personam vero Filii non eam esse (credimus) quam tu asseris Patri et Spiritui sancto aequalem esse, quae facta est ex semine David secundum carnem in novissimo tempore, sed eam quae genita est a Deo Patre sine initio temporis, quae ante assumptionem carnis dixit per prophetam. Ante colles ego parturiebar. » Cette lettre est antérieure à 782.

Il est probable qu’Elipand chercha à répandre son opinion, et rencontra des oppositions. il écrivit alors à Félix, évêque d’Urgel, dont le siège, dans la marche de Gothie, se trouvait soumis à Charlemagne. Félix était savant, et l’on vantait son habileté. Il abonda dans le sens d’Élipand, et approuva la doctrine de Jésus-Christ fils adoptif de Dieu seulement, en tant qu’homme, tandis qu’il est, comme Verbe, fils naturel de Dieu. Non seulement il l’approuva, mais il s’en déclara le champion et la répandit dans la Septimanie et le Languedoc, pendant qu’Elipand la propageait dans la Galice et les Asturies. Bon nombre d’évêques l’acceptèrent ; mais entre ceux qui s’y rangèrent dès la première heure, il faut signaler surtout l’évêque Ascaricus dont le siège est inconnu, et un abbé Fidelis à qui Elipand en écrivit. La secte avait dans Cordoue des adeptes qui fournissaient aux chefs les arguments dont ils avaient besoin ; et c’est à ce centre d’erreur qu’Alcuin rapporte l’origine de tout le mal : « Maxime origo huius perfidiae de Cordua civitate processit. »

J’ai déjà dit en substance quelle était l’erreur d’Elipand et de Félix, et il suffira de quelques lignes pour compléter cet exposé. Les adoptianistes admettaient expressément la divinité et l’éternité du Verbe, son incarnation et son union hypostatique avec la nature humaine. Le Verbe ne forme avec l’humanité qu’il s’est unie dès le premier instant de la conception qu’une personne unique. Le nestorianisme était donc, en principe, nettement repoussé, et les textes paraissent formels.

Seulement les adoptianistes y revenaient, sans s’en apercevoir, par un autre chemin. Faisant en effet de la filiation un attribut de la nature et non de la personne, ils distinguaient dans le Christ, en vertu de ses deux natures, une double filiation vis-à-vis de Dieu. Par sa nature divine et comme Verbe, il est fils naturel de Dieu : il l’est natura, veritate, proprietate, genere, nativitate atque substantia ; mais par sa nature humaine il est fils de Dieu non natura, sed gratia, electione, voluntate, placito, praedestinatione, assumptione et caetera his similia : bref, il est seulement fils adoptif, puisque l’humanité n’a pas été engendrée, mais adoptée par Dieu.

Qu’est-ce à dire, adoptée ? Sous la plume d’Élipand qui paraît l’avoir puisé dans la liturgie mozarabe, le mot adoptio est synonyme d’assumptio. Dire que Dieu a adopté l’humanité, c’est dire avant tout que le Verbe s’est uni hypostatiquement l’humanité ; et aussi l’évêque de Tolède s’indigne-t-il contre ses adversaires qui n’admettent pas cette façon de s’exprimer, et en qui il voit des docètes et des négateurs de l’incarnation. Sous la plume de Félix, qui a singulièrement élargi le système d’Elipand et en a développé les conséquences, le mot adoptio a une autre portée. Outre le sens physique que lui donne Élipand, il prend un sens juridique : il désigne l’acte par lequel Dieu fait de Jésus homme, par la grâce d’union et la grâce sanctifiante, son fils adoptif, le premier et le plus parfait des enfants adoptifs que sont les justes.

En Jésus-Christ donc il y a vis-à-vis de Dieu deux filiations : il n’y a néanmoins, disent les adoptianistes, qu’un seul Fils. C’est une vérité qu’ils veulent conserver, et dont cependant la négation équivalente se retrouve fréquemment dans leurs écrits. C’est qu’ils n’ont pu distinguer en Jésus-Christ deux filiations opposées qu’en isolant l’une de l’autre ses deux natures, et de ces deux natures ainsi isolées ils ne peuvent s’empêcher de parler comme de deux personnes, comme de deux fils. Malgré eux, le dualisme de leur pensée reparaît : « Quia non per illum qui natus est de virgine visibilia condidit (Deus), sed per illum qui non est adoptione sed genere, neque gratia sed natura ». « Qui suceptus est cum eo qui suscepit connuncupatur Deus — impassibilis in suo, passibilis in alieno. »

Mais une fois l’homme en Jésus-Christ ainsi considéré d’une façon abstraite, à part du Verbe en qui il subsiste, il est naturel qu’on le traite comme un homme ordinaire et qu’on lui attribue la condition native et les impuissances de la pure humanité. Félix surtout a poussé à l’extrême ces conséquences, et s’est parfois exprimé comme l’aurait pu faire un Théodote ou un Paul de Samosate. Ainsi, Jésus homme est par sa condition serviteur, servus, servus conditionalis, et le Verbe est le Seigneur de ce serviteur, de cet esclave, Dominus servi. Jésus ignorait vraiment et le jour du jugement et les choses sur lesquelles il questionnait : il n’était en soi ni impeccable ni bon naturaliter : il l’était seulement ex dono gratiae. Son adoption par la grâce n’a pas été essentiellement différente de la nôtre : elle n’a été que plus parfaite. Comme nous, il a dû, après être né de la Vierge, renaître par le baptême, et il semble, dans un texte assez obscur, que Félix fasse même de Jésus un mort spirituel qui n’a reçu que dans son baptême sa filiation adoptive. Bien plus, par son union avec le Verbe, l’homme Jésus n’est pas devenu réellement Dieu : il l’est seulement devenu nominalement, nuncupative Deus. La grande loi de la communication des idiomes est oubliée, et le nestorianisme apparaît à nu dans des textes comme celui-ci : « Certe catholica fides credit quod non proprius Dei Filius qui de substantia Patris genitus est et per omnia Patri similis pro nobis traditus sit, sed homo assumptus ab eo. »

Les arguments dont les adoptianistes appuyaient leur opinion nous sont connus par leurs écrits et ceux de leurs adversaires. C’étaient d’abord les textes de l’Écriture qui désignent plus spécialement en Jésus-Christ l’homme ou le Dieu, et qu’ils opposaient les uns aux autres comme marquant ou sa filiation naturelle ou sa filiation adoptive. C’étaient ensuite des témoignages des Pères : saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, saint Léon, saint Isidore, etc. Il s’est fait, dans toute cette controverse, un étalage prodigieux d’érudition patristique. Mais, entre les autorités alléguées, Elipand faisait une place spéciale aux textes tirés de la liturgie mozarabique en usage à Tolède et dont il citait huit passages. Et enfin les adoptianistes en appelaient au raisonnement. Le Christ, en tant qu’homme, disait Félix, a deux pères, Dieu et David ; or, on ne peut être le fils naturel de deux pères : le Christ homme est donc fils naturel de David, de qui il tient son humanité, et fils adoptif de Dieu. Et encore : Marie était ancilla ; or « quid potuit de ancilla nasci nisi servus ? ». Et encore : « Nullo modo credendum est ut omnipotens Deus Pater qui spiritus est de semetipso carnem generet. » Puis Félix insistait sur l’intérêt sotériologique de sa doctrine. Notre salut, observait-il, se fait par la grâce de notre adoption comme enfants de Dieu. Or notre grâce est la grâce même de Jésus-Christ, et nous ne recevons rien, et l’Église ne reçoit rien que ce qui est dans son chef et le nôtre. Si donc notre filiation est adoptive, c’est donc qu’il y a en Jésus-Christ aussi une filiation adoptive : nous avons été adoptés en lui. Mais du reste les adoptianistes qui voyaient dans la filiation — nous l’avons déjà dit, et c’est la cause fondamentale de leur erreur — un attribut non de la personne mais de la nature, étaient persuadés que leur opinion était une conséquence de la dualité des natures en Jésus-Christ, et n’hésitaient pas à traiter leurs adversaires d’eutychiens et de docètes : Elipand les traitait même d’ariens et de bonosiens.

Reste, avant de reprendre l’histoire de l’adoptianisme, à se demander d’où venait cette erreur et pourquoi l’Espagne l’accueillit avec tant de facilité : car l’affaire de Migetius peut bien expliquer l’attitude d’Elipand, mais non celle de Félix et de ses amis. Or, on a voulu rattacher l’adoptianisme soit au monothéisme musulman, soit à l’arianisme visigothique, soit au photinianisme.

[Je ne dirai qu’un mot de l’opinion de M. Harnack, qui voit dans l’adoptianisme la continuation légitime de la christologie chalcédonienne et augustinienne, parce que les deux natures du concile de Chalcédoine n’étaient, au fond, que le nestorianisme, et que saint Augustin a présenté Jésus-homme comme l’objet par excellence de la grâce gratis data et de la prédestination gratuite. Mais les adversaires de l’adoptianisme étaient assurément chalcédoniens et augustiniens : saint Cyrille n’était pas précisément leur docteur, et ils ont cependant repoussé les conclusions de Félix et d’Elipand. L’attitude des théologiens catholiques actuels est la même. Et sans doute, Jésus-homme, prévenu de la grâce, serait fils adoptif de Dieu, s’il n’était d’ailleurs son fils naturel par l’union hypostatique : mais étant donné cette union, il n’y a plus de place pour une filiation adoptive. Un fils naturel et un fils adoptif vis-à-vis du même père sont nécessairement deux fils, c’est-à-dire deux personnes. C’est ce qu’Alcuin a très bien vu.]

Mais il est trop évident qu’il est en dépendance du système nestorien, qui tend à faire de l’humanité du Christ une personne en soi : les écrits de Félix et d’Elipand contiennent des formules absolument nestoriennes. D’où vient ce nestorianisme ? On peut répondre que les adoptianistes, qui admettaient expressément l’unité de personne en Jésus-Christ, n’ont pas vu toutes les conséquences qu’entraînait cette affirmation, et ont raisonné sur le point en litige comme s’ils admettaient le contraire : la difficulté de la question expliquerait qu’ils se soient trompés. Mais on peut soupçonner aussi que des livres nestoriens avaient pénétré en Espagne avec les Arabes. On sait en effet que c’est par des traductions syriaques faites par les nestoriens orientaux que les Arabes ont été initiés à la philosophie grecque. Il est aisé dès lors de conjecturer qu’entre les feuillets de ces traductions, apportées par les Arabes en Espagne, se sont glissés quelques traités de Théodore de Mopsueste ou autres nestoriens en vue, dont la lecture aura impressionné les chrétiens de la péninsule. N’avons-nous pas vu plus haut qu’à Cordoue l’adoptianisme comptait des partisans instruits et décidés ?

Revenons maintenant à l’histoire. Les efforts d’Elipand et de Félix pour répandre leur erreur devaient naturellement trouver des résistances. Entre les premiers opposants qu’ils rencontrèrent furent l’abbé Beatus de Libana dans les Asturies, et l’évêque Heterius d’Osma. L’un et l’autre, naturellement, nous sont dépeints par les adoptianistes sous les plus noires couleurs. Nous ignorons de quelle façon ils attaquèrent d’abord la doctrine d’Élipand : ce fut probablement sous forme d’une lettre qu’ils lui adressèrent. L’irascible vieillard en fut exaspéré ; il répandit sa bile dans une lettre à Fidelis, qui est du mois d’octobre 785. L’évêque et l’abbé qui en eurent connaissance ripostèrent par un long mémoire en deux livres adressé à Élipand, et où ils s’appliquaient à réfuter ses idées. C’est l’Heterii et sancti Beati ad Elipandum epistula dont la fin manque.

Cependant, la controverse commençant à faire du bruit, le pape intervint. On a d’Hadrien une lettre énergique aux évêques d’Espagne signalant, entre autres erreurs à éviter, celle d’Elipand et d’Ascaricus, et qui doit être de 785. Elle ne semble pas avoir obtenu grand résultat. L’intervention de Charlemagne fut plus efficace. Urgel était dans ses états, et ses états étaient troublés par la nouvelle doctrine. En 792, il réunit à Ratisbonne un concile d’évêques de la Germanie, de l’Italie et de la Gaule, dont les actes sont perdus, mais dont on sait, en substance, par divers auteurs, ce qui s’y passa. Félix d’Urgel dut comparaître : il put exposer et défendre sa doctrine. Elle fut condamnée, et lui-même, convaincu et repentant, se rétracta soit devant le concile, soit devant le pape à qui on l’envoya. Il lui fut alors loisible de rentrer en Gothie, et peut-être d’occuper de nouveau son siège d’Urgel.

C’est le premier acte de ce drame. Le second commence par une rechute doctrinale de Félix, qui, pour éviter les rigueurs de Charlemagne, s’enfuit chez les sarrasins, sans doute auprès d’Elipand. C’est là que vint le trouver une lettre d’Alcuin, toute pleine de termes d’estime et de charité, et qui le conjurait de ne pas résister davantage à l’autorité de l’Église et des Pères. Elle fut inutile. Félix s’était concerté avec ses amis, et deux lettres étaient adressées en 793 ou au début de 794 par Élipand et les évêques dissidents d’Espagne, la première à Charlemagne, la seconde aux évêques de Gaule, d’Aquitaine et d’Austrasie, pour demander le rétablissement de Félix à Urgel et plaider la cause de l’adoptianisme. La décision de Ratisbonne était considérée comme inexistante.

La réponse à ces deux missives fut le concile de Francfort-sur-le-Mein (794). On y vit, avec les légats du pape, Paulin d’Aquilée, Pierre de Milan et un grand nombre d’évêques, clercs et savants moines. Félix n’y parut pas. Invités à donner, sur la question de l’adoptianisme, leur avis par écrit, les évêques se partagèrent en deux groupes : ceux d’Italie avec, à leur tête, Paulin d’Aquilée, et ceux de Gaule et de Germanie. Les premiers rédigèrent le Libellus episcoporum Italiae contra Elipandum, qui rejetait l’adoptianisme et anathématisait Félix et Elipand s’ils ne se rétractaient pas. On réservait seulement le jugement du pape. Le mémoire en forme de lettre des évêques francs et germains porte le titre de Synodica concilii ab episcopis Galliae et Germaniae ad praesules Hispaniae missa. Il discutait également l’adoptianisme et les preuves produites en sa faveur, et rapprochait la nouvelle hérésie du nestorianisme. Les docteurs espagnols, saint Ildefonse, saint Eugène et saint Julien de Tolède, allégués par Elipand et ses amis, y sont traités fort lestement : ce sont des inconnus qui le seraient restés si l’hérésie ne les avait mis en lumière. De saint Isidore cependant on ne disait rien. Le tout se terminait par une exhortation à revenir à la vraie foi. Dans ces conditions, le jugement du concile ne pouvait être douteux : ce fut une nouvelle condamnation de l’adoptianisme (capitul. i), condamnation qui fut confirmée par le pape Hadrien dans une lettre aux évêques d’Espagne, deux ou trois ans plus tard, en 796 ou 797, par le concile de Frioul, et en 799 par le pape Léon III dans un concile de Rome.

C’est à ce moment que Leidrade entra en scène. Envoyé par Charlemagne pour examiner sur place l’affaire des adoptianistes et citer Félix à comparaître à un nouveau concile que l’on projetait, il rencontra Félix à Urgel, et lui persuada de venir trouver le roi. Le concile — c’était le cinquième sur cette question — se tint à Aix-la-Chapelle, dans l’automne de 799. Pendant plusieurs jours consécutifs, Alcuin, en présence du roi et du concile, discuta contre Félix et contre un prêtre qu’il avait amené avec lui, et « qui était pire que son maître ». A la fin, Félix écrasé par l’érudition de son adversaire et touché de la grâce se déclara convaincu. Par ordre de Charles, il rédigea, sous forme de lettre adressée au clergé et aux fidèles d’Urgel, une rétractation qui est restée, et fut remis entre les mains de Leidrade pour être gardé et surveillé à Lyon. Il parut extérieurement être sincère dans son retour, et rien n’aurait fait douter de sa persévérance dans la bonne voie, si le successeur de Leidrade, Agobard, n’avait trouvé, après la mort de Félix (813), un mémoire laissé par lui, et où il rétractait ses rétractations mêmes. Agobard ne crut pas que cet écrit dût rester sans réponse, et composa, pour le réfuter, son Liber adversum dogma Felicis Urgellensis, qui demeure encore une source importante pour la connaissance de l’adoptianisme.

La disparition de Félix d’Urgel enlevait à l’erreur son meilleur soutien. Elipand sans doute résistait toujours, et ni les avances charitables ni les bonnes raisons d’Alcuin ne purent vaincre son obstination. Mais il se vit bientôt comme un général sans soldats. Une mission de Leidrade, de Nefridius et de saint Benoît d’Aniane en Espagne, en 799, réussit au delà de toute espérance, et dès l’année suivante (800), Alcuin pouvait annoncer à l’évêque de Salzbourg, Arno, la conversion de vingt mille dissidents du clergé et du peuple. Ce fut pratiquement la fin de l’adoptianisme.

Il ne disparut cependant pas immédiatement de l’Espagne, et il conservait encore, au milieu du ixe siècle, quelques défenseurs. Mais la vigueur et la décision que Charles et ses théologiens avaient mises à le combattre lui avaient porté le coup mortelb. Il ne put dès lors que végéter et peu à peu s’éteindre.

b – Charlemagne avait montré du reste dans toute cette affaire qu’il se regardait comme responsable du maintien de l’orthodoxie et de la paix dans l’Église. Il est « filius et defensor sanctae Dei Ecclesiae » ; en conséquence : « Hanc igitur fidem orthodoxam… nos pro virium nostrarum portione ubique in omnibus servare et praedicare profitemur ».

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