Le Jour du Seigneur, étude sur le Sabbat

Notice ThéoTEX

Louis Thomas est né à Genève en 1826 ; c’est à Cologny, dans le même canton, qu’il a d’abord exercé le ministère pastoral durant une vingtaine d’années, avant de devenir professeur de théologie systématique à l’École de l’Oratoire, comme successeur de César Pronier, de 1874 à 1887. Retiré à Frontenex, en Savoie, il s’est alors consacré à divers travaux littéraires (notamment à la réhabilitation de Jean-Jacques Rousseau dans l’esprit des Genevois), jusqu’au jour de sa mort, le 21 août 1904.

De 1887 à 1890 il avait fait paraître dans la Revue de théologie et de philosophie de Lausanne une série d’articles intitulée le Jour du Seigneur, étude de dogmatique chrétienne et d’histoire. Il entreprit ensuite de les publier sous forme de deux volumes. Le premier, d’environ 350 pages, paru en 1892, s’efforçait d’investiguer les traces les plus anciennes du sabbat primitif chez les peuples de l’antiquité, Égyptiens, Chaldéens, Arabes, Perses, Grecs, Romains… Il y apportait un luxe d’érudition, de curiosités philologiques, de détails archéologiques qui le rendaient presque illisible pour un non-spécialiste de l’histoire ancienne. Augustin Gretillat s’était d’ailleurs gentiment un peu moqué de ce déluge de détails dans un compte-rendu de la Revue de théologie de Montauban. Donnons un échantillon de son humour assez piquant et légèrement saugrenu :

« Une jeune personne de ma connaissance racontait une fois que quelqu’un avait eu une attaque. Heureusement, ajouta-t-elle, le médecin passait à ce moment dans la rue ; mais quand il arriva chez le malade, il était déjà mort.

Je me suis rappelé le heureusement de cette jeune personne en lisant un malheureusement, page 27 :

L’auteur s’est posé, à la suite d’Ébrard, la question de savoir si la sortie d’Égypte n’aurait point eu lieu un jour du sabbat (si vous saviez comme cela m’est égal !), et il escompte les rapprochements intéressants qui naîtraient de cette supposition une fois vérifiée, mais pour aboutir tout à coup, au bout de deux pages, à ce malheureux adverbe :

« Malheureusement le calcul d’Ébrard suppose que le mois ne comptait pour les Israélites que vingt-huit jours. Or, cela n’est point du tout aussi certain qu’il le dit. »

Je vous l’ai dit, notre auteur a payé la rançon de ses qualités, ce qui est à peu près inévitable ici-bas. Le Jour du Seigneur s’est éclipsé de temps en temps dans l’épaisseur du taillis. Si, dans la composition de son second tome, mon collègue a le courage — car il en faut — de se borner, il ajoutera aux qualités solides de l’érudit une des plus délicates de l’écrivain… »

Un siècle après nous ne saurions dire ce qu’il convient de conserver des suppositions de Louis Thomas sur l’origine et la place du sabbat dans les sociétés antiques, d’autant que la science archéologique a sensiblement évolué depuis. C’est pourquoi nous n’avons conservé dans cette édition que les paragraphes du premier tome qui nous paraissaient les plus intéressants, ainsi que les conclusions de l’auteur. Du reste, le fac-similé de l’ouvrage est téléchargeable sur internet, pour ceux qui le voudraient.

Le deuxième tome, d’environ 300 pages, paru en 1893, concernait plus directement l’étudiant de la Bible puisqu’il traitait du Sabbat mosaïque et du Dimanche. Le lecteur y trouvera une conclusion en 58 points des plus stimulantes pour la réflexion théologique.

On pourrait certes s’interroger sur l’intérêt actuel d’un tel sujet, puisque dans nos temps et nos sociétés post-modernes la distinction entre dimanches et jours ouvrables a quasiment disparue. Cependant il est un fait notable que lors des réveils spirituels le peuple de Dieu revient instinctivement à un respect plus marqué du Jour du Seigneur. Bien qu’il soit aujourd’hui de bon ton réformé de nier l’existence d’un millénium à venir, il est indéniable que, dans son essence, l’institution du Sabbat pointe vers un idéal eschatologique, auquel nos âmes feraient bien de se préparer.

Phoenix, le 18 décembre 2021.

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