Histoire de la Réformation du seizième siècle

17.13

Les loups et les brebis – Richard Hun cité et justifié – Guet-apens nocturne – Enquête – Aveux – Condamnation posthume – Hun réhabilité – Une barque entre Londres et Gravesend – Une fête de famille à Ashford – Brown arrêté – Sa torture et sa confession – Brown à Ashford – Son martyre et sa fille – Guerre aux humanistes – Érasme – Sa carrière est finie – L’an 1517 et le seizième siècle – Érasme à Bâle

Il faut parfois adoucir les couleurs un peu vives sous lesquelles les écrivains du temps nous peignent le clergé romain ; mais il est certaines désignations que l’histoire doit accepter. « Les loups, » c’est ainsi qu’on appelait les prêtres, en attaquant les lords et les communes, avaient entrepris une œuvre au-dessus de leurs forces ; ils tournèrent sur d’autres leur colère. Des bergers s’efforçaient de rassembler le long des eaux paisibles les brebis du Seigneur. Il fallait effrayer les bergers et chasser les brebis dans les landes arides. « Les loups résolurent de se jeter sur les lollards. »

Un honnête marchand de Londres, nommé Richard Hun, l’un de ces témoins de la vérité qui, sincères quoique peu éclairés, se sont souvent trouvés dans le catholicisme, assis dans son cabinet, y étudiait chaque jour avec soin la Bible. Un prêtre ayant exigé de lui à la mort d’un de ses enfants un salaire illégitime, Hun le lui avait refusé, et le prêtre l’avait cité devant la cour du légat. Hun, animé de cet esprit public qui distingue les citoyens de l’Angleterre, s’était indigné de ce qu’on osait appeler un Anglais devant une cour étrangère, et avait poursuivi le curé et son conseil en vertu du præmunire. Cette hardiesse, alors fort extraordinaire, mit le clergé hors de lui. « Si on laisse faire ces bourgeois orgueilleux, s’écrièrent les moines, il n’y aura plus un laïque qui ne se permette de résister à un prêtre. »

On s’efforça donc de faire tomber le prétendu rebelle dans le piège d’hérésiea ; on le jeta dans la tour des lollards à Saint-Paul, on lui mit un collier de fer, avec une chaîne si pesante, que ni homme, ni bête, dit Fox, n’eussent pu la porter bien longtemps ; puis on le conduisit ainsi devant ses juges. On ne put le convaincre d’hérésie ; on remarqua même avec étonnement que son chapelet ne le quittait pasb ; et l’on allait le mettre en liberté, en lui infligeant peut-être quelque légère pénitence. Mais quel exemple ! et qui pourra arrêter les réformateurs, s’il est si facile de résister à la papauté ?… Ne pouvant triompher par la justice, quelques fanatiques jurèrent de triompher par le crime.

a – To snare him in the trap of heresy. (Fox, Acts, IV, p. 198.)

b – And also had his beads in prison with him. (Fox, Acts, IV, p. 201.)

Le même jour, 2 décembre, à minuit, trois hommes montaient l’escalier de la tour des Lollards ; le sonneur marchait le premier, tenant à la main un flambeau ; un sergent nommé Charles-Joseph venait après lui ; le chancelier de l’évêque fermait la marche. Ces trois hommes étant entrés dans le cachot, entourèrent Hun alors couché, approchèrent de lui le flambeau et reconnurent qu’il dormait. « Mettez la main sur le voleur, » dit le chancelier, et aussitôt Charles-Joseph et le sonneur se jetèrent sur le prisonnier. Hun, réveillé en sursaut, comprit ce que signifiait cette scène nocturne ; il résista d’abord aux assassins, mais bientôt frappé, étourdi, étranglé, il ne fut plus qu’un cadavre. Alors Charles-Joseph mit la ceinture du mort autour de son cou, le sonneur l’aida à le soulever, le chancelier épiscopal passa cette ceinture dans un anneau de fer fixé dans la muraille ; puis les trois meurtriers ayant mis le bonnet du marchand sur sa tête, quittèrent en hâte le cachotc. Bientôt Charles-Joseph, l’âme bouleversée, les traits hagards, monta précipitamment à cheval et s’éloigna de Londres ; le sonneur quitta aussi la cathédrale et se cacha dans la cité ; le crime dispersait les criminels. Le chancelier seul tint bon, et il était à l’église, quand on vint lui dire qu’un porte-clefs avait trouvé Hun pendu : « Richard, dit l’hypocrite, s’est tué de désespoir. » Mais chacun connaissait les sentiments chrétiens de cet homme. « Ce sont les prêtres qui l’ont assassiné ! » s’écria-t-on dans Londres, et une enquête fut ordonnée.

c – « And so all we murdered Hun… and so Hun was hanged. » (Témoignage de Charles Joseph. Fox., p. 192)

Le mardi 5 décembre, William Barnwell, coroner de Londres, les deux shérifs de la cité et vingt-quatre jurés, tous assermentésd, se rendirent à la tour des Lollards. Ils remarquèrent que la ceinture était tellement courte, que la tête ne pouvait en sortir, et que, par conséquent, elle n’avait pu y entrer, d’où ils conclurent que la suspension avait été opérée après coup, par des mains étrangères. De plus, ils trouvèrent que l’anneau était trop élevé pour que le malheureux eût pu l’atteindre ; enfin que le corps portait des marques de violence, et que des traces de sang se voyaient dans le cachot : « C’est pourquoi, dirent le coroner, les shérifs et les jurés dans leur verdict, nous jugeons devant Dieu et en notre conscience que Richard Hun a été assassiné, et nous l’acquittons de toute inculpation quant à sa mort. »

d – Voir leurs noms dans le document de l’enquête. (Fox, Acts, p. 196.)

Le fait n’était que trop véritable, les coupables eux-mêmes l’avouaient. Le malheureux Charles-Joseph étant rentré chez lui le soir du 6 décembre, dit à Julienne, sa servante : « Si tu me jures d’être discrète, je te dirai tout. — Oui, maître, dit elle, si ce n’est ni félonie ni trahison. » Charles prit un livre, fit jurer cette fille, et lui dit : « J’ai tué Richard Hun ! — Hélas ! maître, pourquoi l’avez-vous fait ? il passait pour un honnête homme. — Je donnerais cent livres pour ne l’avoir pas fait ! répondit Joseph ; mais ce qui est fait est fait. » Puis il s’enfuit.

Le clergé comprit le coup que devait lui porter cette affaire. Pour se justifier, il prit la grosse Bible de Hun, et ayant lu dans le prologue que « beaucoup de pauvres et de simples possèdent la vérité des Écritures mieux que mille moines, docteurs ou prélats ; » de plus, que « le pape doit être appelé un Antechrist, » l’évêque de Londres, assisté des évêques de Durham et de Lincoln, condamna Hun comme hérétique ; et le 20 décembre on brûla son corps sur la place de Smithfield. « Les os de Hun ont été brûlés, donc il était un hérétique, disaient les prêtres ; il était un hérétique, donc il s’est pendu. »

Le triomphe du clergé fut de courte durée. En effet, presque en même temps la justice déclarait coupables de meurtre William Horsey, chancelier épiscopal, Charles-Joseph et le sonneur Jean Spalding ; la chambre des communes rétablissait les enfants de Hun dans leur honneur et dans leurs biens ; la chambre des pairs approuvait ce bill, et le roi lui-même disait aux prêtres : Restituez aux enfants de ce malheureux l’héritage de leur père, que vous avez cruellement assassiné, à notre juste et grande horreure ! — Ah ! disait-on dans Londres, si la théocratie cléricale parvenait à dominer l’État, elle serait non seulement le plus grand mensonge, mais encore la plus affreuse tyrannie ! » Dès lors l’Angleterre n’a pas rétrogradé, et une domination théocratique a toujours inspiré à la partie saine de son peuple une vive et insurmontable antipathie. Voilà ce qui se passait en Angleterre peu avant la Réformation, et ce n’était pas tout. Le clergé n’avait pas été heureux dans cette affaire, ce qui ne l’empêcha pas d’en entreprendre une nouvelle.

e – Verdict de l’enquête. (Fox, Acts, p. 191.)

Au printemps de 1517, dans l’année où Luther affichait ses thèses, un prêtre dont les manières annonçaient un clerc bouffi d’orgueil, et un simple chrétien d’Ashford, homme intelligent et pieux, Jean Brown, se trouvaient dans le bateau qui faisait le service entre Londres et Gravesend. Les passagers, entraînés par le fleuve, arrêtaient leurs yeux sur les rives qui fuyaient derrière eux, quand le prêtre se tournant vers Brown, lui dit d’un ton hautain : « Tu es trop près de moi, retire-toi ! Sais-tu qui je suis ? — Non, Monsieur, répondit Brown. — Eh bien, apprends que je suis prêtre ! — Vraiment, Monsieur ! êtes-vous curé, vicaire, ou chapelain de quelque seigneur ? — Nullement, je suis prêtre d'âme, répondit fièrement l’ecclésiastique ; je chante la messe pour sauver les âmes. — Oui-dà, continua Brown, un peu ironiquement, et pourriez-vous me dire où vous trouvez l’âme quand vous commencez la messe ? –Je ne le puis, dit le prêtre. — Et où vous la déposez quand la messe finit ? — Je ne sais… — Comment ? continua Brown en montrant quelque étonnement, vous ne savez ni où vous trouvez l’âme, ni où vous la mettez… et vous dites que vous la sauvez ! — Va-t’en, dit le prêtre en colère, tu es un hérétique, je saurai bien te trouver ! » Dès lors le prêtre et son voisin n’échangèrent plus une seule parole. Bientôt on arriva près de Gravesend, et la barque s’arrêta. A peine le prêtre fut-il à terre, qu’il courut vers deux gentilshommes de ses amis, Walter et William More, et tous trois étant montés à cheval se rendirent auprès de l’archevêque et dénoncèrent Brown.

Pendant ce temps le bourgeois d’Ashford était arrivé chez lui ; et trois jours après, tandis qu’Elisabeth, sa femme, relevée de couche et vêtue de ses habits de fête, allait à l’église rendre à Dieu ses actions de grâces, Brown assisté de sa fille Alice et de sa servante, avait préparé le repas qu’il est d’usage en telle circonstance d’offrir à ses amis. On venait de se mettre à table, la joie brillait dans tous les yeux, quand la porte, assaillie et brusquement ouverte, laissa voir le baillif Chilton, homme farouche et cruel, qui, accompagné de plusieurs serviteurs de l’archevêque, se précipita sur l’honnête bourgeois. Ses hôtes se lèvent épouvantés ; Elisabeth, Alice, poussent des cris déchirants ; mais les officiers du primat, sans s’émouvoir, traînent Brown hors de la maison et le placent sur son cheval, en attachant ses deux pieds avec des cordes sous le ventre de la bêtef. Il fait mal plaisanter avec un prêtre. — La cavalcade s’éloigna rapidement, et Brown fut jeté dans une prison où on le laissa quarante jours.

f – His feet bound under his own horse.

Ce temps écoulé, l’archevêque de Cantorbéry et l’évêque de Rochester firent comparaître devant eux l’insolent qui regardait la messe d’un prêtre comme incapable de sauver les âmes. On le somma de rétracter ce « blasphème. » Mais Brown, qui, s’il ne croyait pas à la messe, croyait à l’Évangile, répondit : « Christ a été offert une fois pour ôter les péchés de plusieurs. C’est par cette oblation que nous sommes sauvés, et non par les redites des prêtres. » — Alors l’archevêque fit signe aux bourreaux ; l’un d’eux ôta les bas et les souliers de ce pieux chrétien ; un autre apporta des charbons allumés ; et ces misérables, saisissant le martyr, placèrent ses pieds sur le brasier ardentg. La loi anglaise défendait, il est vrai, que la torture fût infligée à un sujet de la couronne ; mais les prêtres se croyaient au-dessus des lois. « Confessez l’efficace de la messe, criaient à Brown les deux évêques. — Si je reniais mon Seigneur sur la terre, répondit-il, il me renierait devant son Père qui est au ciel. » La chair était brûlée jusqu’aux os et Brown restait inébranlable ; les évêques ordonnèrent donc qu’il fût livré au bras séculier pour être brûlé vif.

g – His bare feet were set upon hot burning coals. The Lollards (edit. Tract. Soc. p. 149.)

Le samedi avant la fête de la Pentecôte de l’an, le martyr fut conduit à Ashford par les sergents de Cantorbéry. Le jour était sur son déclin quand il y arriva. Un certain nombre de curieux s’assemblèrent dans la rue, et parmi eux se trouva la jeune servante de Brown, qui, effrayée, courut à la maisonh, et tout en pleurs, dit à sa maîtresse : « Je l’ai vu !… Il était enchaîné, et on le conduisait à la prison. » Elisabeth trouva son mari les pieds dans des ceps, les traits changés par la souffrance, et s’attendant à être brûlé vif le lendemain. Alors la pauvre femme s’assit et versa d’abondantes larmes à côté du prisonnier, qui, retenu par ses chaînes, ne pouvait même s’incliner vers elle. « Je ne puis mettre mes pieds à terre, lui dit-il, car les évêques les ont fait brûler jusqu’aux os ; mais ils n’ont pu brûler ma langue et m’empêcher de confesser le Seigneur… O Élisabeth !… continue à l’aimer, car il est bon, et élève nos enfants dans sa crainte. »

h – A young maid of his house coming by saw her master ; she ran home. (The Lollards, p. 50.)

Le lendemain (c’était le jour de Pentecôte), le féroce baillif Chilton et ses gens conduisirent Brown au lieu du supplice et l’attachèrent au poteau. Élisabeth, Alice, ses autres enfants et ses amis, voulant recevoir son dernier soupir, entouraient ce chrétien en poussant des cris de douleur. Le feu ayant été mis au bûcher, Brown calme, recueilli, plein de confiance dans le sang du Sauveur, joignit les mains et prononça ce cantique, que Fox nous a conservé :

Jésus ! je me livre à ta grâce.
Que ton sang mes fautes efface !
Que Satan, ce loup dévorant,
M’épargne sa cruelle dent.
A tes saints pieds je veux m’étendre ;
Ton bras, Seigneur, me frappera,
Mais de l’enfer, ta main si tendre
Mon âme à jamais sauverai.

i – O Lord I yield me to thy grace. » (Fox, Acts, IV, p. 132.)

Le martyr se tut, et les flammes le consumèrent. Aussitôt les cris redoublèrent ; sa femme et sa fille semblaient près de perdre le sens ; on leur montrait la compassion la plus vive, et l’on se tournait vers les bourreaux avec un mouvement d’indignation. Le féroce Chilton s’en apercevant, s’écria : « Allons, courage, jetons aussi dans les flammes les enfants de l’hérétique, pour empêcher qu’ils ne ressortent un jour des cendres de leur pèrej. » Il se précipita vers Alice, et allait la saisir, quand la jeune fille effrayée, recula en poussant un cri. Elle se rappela toute sa vie cet affreux moment, et c’est elle qui nous en a conservé les détails. On arrêta la fureur de ce monstre. Voilà ce qui se passait en Angleterre peu avant la Réformation. Les prêtres n’étaient pas encore satisfaits, car les lettrés restaient en Angleterre. Si l’on ne pouvait les brûler, il fallait au moins les bannir. On se mit à l’œuvre. Standish, évêque de Saint-Asaph, homme sincère à ce qu’il paraît, mais fanatique, poursuivait Érasme de sa haine. Un sarcasme du savant hollandais l’avait fort irrité. On disait souvent par voie d’abréviation Saint-Assk au lieu de Saint-Asaph. Or, comme Standish était un théologien assez ignorant, Érasme en plaisantant l’appelait quelquefois : Episcopus a Sancto-Asino. N’ayant pu se défaire de Colet, le disciple, Saint-Asaph se promit de triompher du maître.

j – Bade cast in his children also, for they would spring of his ashes. (Foxe, Acts and Mon. 4 p. 132.)

kAss, en anglais âne. (Voir Erasmi Ep., p. 724.)

Érasme comprit les intentions de l’évêque. Commencerait-il en Angleterre cette lutte avec la papauté, que Luther allait commencer en Allemagne ? Il n’y avait plus moyen de garder le juste milieu. Il fallait combattre ou s’en aller. Le Hollandais fut fidèle à sa nature, et l’on peut-dire à sa tâche ; il s’en alla.

Érasme fut, de son temps, le chef du grand commerce des lettres. Grâce à ses liaisons et à sa correspondance qui embrassait toute l’Europe, il établit entre tous les pays de la renaissance un échange de pensées et de manuscrits. Explorateur de l’antiquité, critique éminent, satirique plein de sel, propagateur du bon goût, restaurateur de la littérature, une seule gloire lui manqua ; il ne fut pas un esprit créateur, une âme héroïque comme Luther. Il calculait habilement, il épiait le sourire des lèvres, il discernait le froncement des sourcils ; mais il n’avait pas cet abandon de soi-même, cet enthousiasme de la vérité, cette confiance inébranlable en Dieu, sans lesquels on ne peut rien de grand dans le monde et surtout rien dans l’Église. « Érasme avait beaucoup, mais il était peu, » dit un de ses biographesl.

l – Ad. Muller.

En 1517, le monde se transforme ; la période de la Renaissance finit, celle de la Réformation commence. A l’époque du renouvellement des lettres succède celle de la régénération religieuse ; aux jours de la critique et de la neutralité, ceux de l’action et du courage. Érasme alors n’a que quarante-neuf ans, mais il a fini sa course. De premier qu’il était, il va devenir second ; le moine de Wittemberg le détrône. En vain cherche-t-il à s’orienter ; jeté dans un pays nouveau, il a perdu sa route. C’est un héros qu’il faut pour inaugurer le grand mouvement des temps modernes ; Érasme n’est qu’un littérateur.

Attaqué par Saint-Asaph, le roi des lettres prit, en 1516, le parti de quitter la cour d’Angleterre, pour se réfugier dans une imprimerie. Mais avant de déposer le sceptre aux pieds du moine saxon, Érasme illustrera la fin de son règne par la plus éclatante de ses œuvres. Cette époque de 1516 et 1517, célèbre par les thèses de Luther, devrait l’être autant par un travail qui allait donner aux temps nouveaux leur caractère essentiel. Ce qui distingue la Réformation des réveils antérieurs, c’est l’union de la science avec la piété, une foi plus profonde, plus éclairée, établie sur la Parole de Dieu. Le peuple chrétien fut alors émancipé de la tutelle des écoles et des papes, et sa lettre d’affranchissement fut la Bible. Le seizième siècle fit autre chose que les précédents ; il alla droit à la source (la sainte Écriture), la débarrassa des plantes qui l’obstruaient, sonda ses profondeurs, et fit jaillir de tous côtés ses abondantes eaux. L’âge réformateur étudia le Testament grec, que l’âge clérical avait presque ignoré : telle est sa plus grande gloire. Or, le premier explorateur de cette source divine fut Érasme. Attaqué par la hiérarchie, le héros des écoles s’éloigne des palais brillants de Henri VIII. Il lui semble que cette ère nouvelle qu’il avait annoncée au monde est brusquement interrompue ; il ne peut plus rien par ses conversations pour la patrie des Tudors. Mais il emporte avec lui des feuilles précieuses, le fruit de ses labeurs : un livre qui fera plus qu’il ne le désire ! Il court à Bâle ; il s’établit dans les ateliers de Frobéniusm ; il travaille, il fait travailler. L’Angleterre recevra bientôt le germe de la vie nouvelle, et la Réformation va commencer.

m – Frobenio, ut nullius officinæ plus debeant sacrarum studia literarum. (Erasm. Ep. p. 330.)

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