Explication du Psaume 51

§ 51. L’évidence des restes du péché en notre chair doit nous pousser à réclamer comme David d’être lavé et purgé.

C’est pour exercer les chrétiens réels dans cette carrière et dans ce combat que Dieu permet non seulement que l’Église soit affligée de diverses calamités temporelles, mais qu’il s’y élève aussi des sectes et des hérésies qui l’exercent, qui la réveillent et lui donnent plus de zèle pour s’attacher, plus fermement à la parole de la foi et à se purifier de plus en plus des restes du péché par la sanctification. Car c’est pour cela que le Saint-Esprit est donné aux croyants afin qu’il combatte en nous contre les forces apparentes de notre sagesse qui veut sans cesse s’élever contre la justice de Dieu. D’ailleurs, cet esprit doit aussi nous exciter à la prière, à nous occuper aux devoirs de charité envers tous et surtout envers les serviteurs de la foi, afin qu’ainsi nos âmes et nos corps soient dans un continuel exercice du bien, et que par là nous avancions sans cesse dans la Sainteté.

Il est donc vrai, et c’est une confession que tous les vrais chrétiens font sincèrement, qu’ils sont encore pécheurs, car où il y a encore besoin de purification, il faut qu’il y ait encore des souillures ; mais ceux qui n’entendent point cette doctrine de l’Esprit ne savent rien ici ; ils regardent tontes ces choses comme des chimères et ne sauraient comprendre comment il peut être vrai que Paul soit saint et pourtant pécheur, à cause du péché habitant encore en sa nature ; voilà pourquoi ils nous désertent comme des hérétiques et nous menacent du fer et du feu.

Mais qu’ils nous répondent sur ce que dit ici cet excellent psaume, si connu, même parmi eux. Pourquoi David après avoir demandé la grâce et la miséricorde de son Dieu, c’est-à-dire, après avoir obtenu la justification, demande encore d’être purgé et lavé ? Car David, qui avait la rémission de ses péchés et qui par conséquent n’était sous l’accusation et sous la condamnation d’aucun péché, pourtant se confesse encore impur, a encore le péché qui a tous les caractères de péché, excepté celui-ci, qu’il ne condamne point et ne peut point le condamner. Ainsi David quoique juste et justifié, a encore le péché, et par conséquent est en partie encore injuste ; c’est pourquoi il demande instamment le don excellent du Saint-Esprit pour nettoyer ses souillures restantes encore en lui. Et certes ce don de l’Esprit fait bien voir que cette délivrance n’est pas une petite chose et une chose facile, mais que nous devons prendre garde de ne pas atténuer ces restes de péché ni en faire peu de cas, car si nous les atténuions, nous ne nous soucierions pas beaucoup de celui qui doit les laver et les effacer en nous, et nous ne demanderions pas ce don que David demande ici avec ardeur, qui est le Saint-Esprit.

Mais le prophète nomme proprement ces restes, péchés, iniquités, quoique ce ne soit pas un péché comme c’était auparavant, puisque la force lui est ôtée et la tête lui est brisée par le pardon et la rémission ; c’est pourquoi le prophète ne dit pas seulement lave-moi, mais il ajoute tant et plus, c’est-à-dire, lave-moi aujourd’hui, demain, et pendant toute ma vie de ces souillures de corps et d’esprit, afin que je devienne tous les jours plus fort et plus assuré contre les terreurs de la loi, jusqu’à ce que je sois, Seigneur, de la loi, par une pleine certitude de ta miséricorde.

Voilà l’excellente doctrine de ce psaume qui doit nous servir d’étude continuelle et dans laquelle nous ne serons jamais des maîtres achevés et consommés, personne même, n’a jamais été parfait en cette science, mais tous ont dû et doivent encore demander sans cesse avec David pendant toute leur vie : Purifie-moi, ô Dieu, tant et plus de mon iniquité.

Il y a donc deux parties dans la justification, la première, c’est la grâce de Dieu en Jésus-Christ ; savoir, que nous ayons en Jésus, un Dieu réconcilié, de sorte que le péché ne puisse plus nous condamner, mais que nos consciences soient fortifiées et consolées dans l’assurance de la miséricorde, et soient tranquillisées. La seconde partie, c’est le don du Saint-Esprit que Dieu envoie dans nos cœurs avec ses dons et ses grâces, qui illumine et qui prémunit nos cœurs contre les souillures de l’esprit et de la chair, afin que nous soyons préservés des pernicieuses opinions que le diable sème dans le monde, et que nous croissions dans la véritable connaissance de Dieu : il apporte aussi et plante en nous les autres dons de chasteté, d’obéissance, de patience, afin que les convoitises et les actions du corps soient mortifiées et qu’elles ne dominent point en nous. Ceux qui n’ont point ainsi le don de l’Esprit et dans lesquels il ne produit point ces choses, mais qui sont engagés dans les souillures ou de la chair ou de l’esprit, de sorte qu’ils approuvent et embrassent indifféremment toute sortes de doctrines, ceux-là sont encore sous l’empire et sous le domination de la chair, et ne savent rien de ce réservoir dans lequel David demande d’être purifié et délivré de ses iniquités.

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