Le Chemin qui mène à Dieu

4. DEUX CLASSES DE PERSONNES

Deux hommes montèrent au temple pour prier; l'un était pharisien, et l'autre, péager. (Luc 18.10)

Je veux maintenant parler de deux catégories de personnes : d'abord celles qui ne sentent pas le besoin d'un Sauveur et n'ont pas été convaincues de péché par le Saint-Esprit, et en second lieu celles qui ont été convaincues de péché et qui s'écrient : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? »

Toutes les personnes qui s'occupent de religion peuvent être rangées dans ces deux catégories : celle du Pharisien et celle du Péager.

Si j'ai affaire à un homme animé de l'esprit du pharisien, je ne saurais lui indiquer de meilleure parole que celle-ci : « Il est écrit : Il n'y en a pas un de juste, non, pas même un seul; il n'y en a pas un seul qui ait de l'intelligence, il n'y en a pas un seul qui ait cherché Dieu. » (Rom 3.10.) Paul parle ici de l'homme naturel. « Ils se sont tous égarés, ils se sont tous corrompus : il n'y en a pas un qui fasse le bien, non pas même un seul. » Et nous lisons aux versets 17 et suivants : Ils n'ont point connu le chemin de la paix. La crainte de Dieu n'est point devant leurs yeux. Or nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que tous aient la bouche fermée et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu.

Observez la dernière clause du verset 22 « Il n'y a point de différence, car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » Ce n'est pas une partie de la famille humaine, ce sont tous les hommes qui « ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ». Un autre passage qui a convaincu de péché bien des gens est celui-ci : « Si nous disons que nous n'avons point de péché, nous nous séduisons  nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous. » (1Jean 1.8.)

Il faut, pour qu'un homme puisse entrer au royaume de Dieu, qu'il y soit préparé. J'aimerais mieux, pour ma part, entrer dans la maison du père avec l'enfant prodigue, que demeurer dehors avec le frère aîné. Pour celui-ci, le ciel serait un enfer. Un fils aîné qui ne se réjouirait pas du retour de son frère montrerait qu'il n'est pas lui-même digne du royaume du Dieu. C'est une chose terrible à constater : le récit évangélique laisse le fils aîné dehors, tandis que le plus jeune frère entre dans la maison. C'est à ceux qui ressemblent au premier que s'adressent les paroles du Sauveur : « Je vous dis en vérité que les péagers et les gens de mauvaise vie vous devancent dans le royaume des cieux. » (Mat 21.31.)

Mais passons à la seconde catégorie, à ceux qui sont convaincus de péché et qui s'écrient, comme le geôlier de Philippes : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » A ceux qui font entendre ce cri de repentir, il n'est pas nécessaire d'appliquer la loi. Dites-leur tout de suite : « Crois au Seigneur Jésus-Christ et tu seras sauvé ! » (Actes 16.31.) Beaucoup vous répondront : « Je ne sais ce que c'est que de croire. » On le leur a pourtant enseigné dès l'enfance, et quoique ce soit la loi du royaume des cieux — croire pour être sauvé — ils ne veulent pas s'y soumettre. La Bible nous enseigne ce que nous devons croire, en qui nous devons croire, et comment nous devons croire.

Aux versets 35 et 36 du chapitre 3 de saint Jean nous lisons ceci : « Le Père aime le Fils et a remis toutes choses entre ses mains. Celui qui croit an Fils a la vie éternelle; et celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie; mais la colère de Dieu demeure sur lui. »

Voilà qui est rationnel. L'homme s'est perdu par son incrédulité  pour avoir refusé de croire à la Parole de Dieu; il retrouve la vie en croyant Dieu sur parole. En d'autres termes, nous nous relevons en faisant le contraire de ce qui fit tomber Adam. Il broncha contre cette pierre d'achoppement : l'incrédulité.; nous sommes relevés et soutenus par la foi.

Comment iraient les choses; dans le cours ordinaire de la vie, si l'on ne croyait au témoignage des gens ? Tout commerce et toute société seraient arrêtés en moins de quarante huit heures ! C'est l'argument que l'apôtre emploie ici : « Si nous recevons le témoignage des hommes, celui de Dieu est plus grand. Dieu a rendu témoignage à Jésus-Christ. Et si l'homme se confie à son semblable qui ment si souvent et dont il découvre chaque jour la fausseté, pourquoi ne croirions-nous pas Dieu sur parole ? »

Croire, c'est admettre la véracité d'un témoignage. Ce n'est pas, comme on le prétend, un saut dans l'inconnu : cela ne serait que de la crédulité. Dieu ne nous demande pas de croire sans donner un objet défini à notre foi, et sans nous donner de garanties.

Beaucoup de personnes regardent davantage à elles-mêmes qu'à Jésus-Christ ; à la foi plutôt qu'à l'objet qu'elle doit saisir. La foi n'est qu'une main tendue pour prendre la bénédiction que Dieu veut donner. Supposez que vous rencontriez dans la rue un homme que vous connaissiez depuis des années en sa qualité de mendiant; vous lui offrez une aumône, mais il vous répond : — « Merci, je n'en ai pas besoin, je ne mendie plus. — Comment donc ? — Hier au soir, un passant m'a donné vingt-cinq mille francs. — Vraiment ; Etes-vous sûr que c'était de bon argent? — J'ai porté son chèque à la banque, et on m'a payé. — Comment cela s'est-il fait? — Je demandais l'aumône, le monsieur a causé quelques instants avec moi, puis il a tiré un chèque de vingt-cinq mille francs et me l'a donné. — Mais êtes-vous sûr que c'est bien dans la main droite qu'il vous a mis cette somme? — La main droite? Que m"importe dans quelle main il l'a mise, pourvu que la somme soit à moi ! »

— Bien des gens sont toujours à se demander si la foi par laquelle ils saisissent Christ est de bon aloi; mais ce qui est plus important, c'est de savoir si le Christ à qui nous croyons est bien véritable.

Un de mes amis avait une petite fille qui était malade de la fièvre scarlatine, ce qui obligeait à la séparer des autres enfants. Chaque matin le grand-père, avant de partir pour son bureau, allait dire adieu à l'enfant reléguée dans une chambre. Un jour, la petite fille prit le vieillard par la main et le conduisit dans un coin de la chambre; sans dire une parole, elle lui montra une inscription qu'elle avait tracée sur le tapis avec des miettes de biscuit : « Grand-papa, donnez-moi une boîte de couleurs. » Le grand-père ne dit rien. A son retour, il entra comme d'habitude auprès de l'enfant; celle-ci, sans même regarder si le grand-père lui apportait la boîte, le conduisit de nouveau dans le même coin où il vit, écrit de la même manière : « Grand-papa, merci pour la boite de couleurs. » Le vieillard, qui heureusement avait apporté la boîte, n'eût voulu pour rien au monde, à ce moment, l'avoir oubliée. Voilà ce que c'est que la foi.

Mais, répète-t-on, la foi est un don de Dieu. L'air aussi, mais il faut l'aspirer. Le pain aussi, mais il faut le manger. L'eau est un don de Dieu, mais encore faut-il la puiser et la boire. On attend je ne sais quelle impression mystérieuse, mais la foi n'est rien de semblable. « La foi vient de l'ouïe, — et ce qu'on entend vient de la Parole de Dieu » (Rom 10.17). Je ne dois pas me tenir tranquille jusqu'à ce que la foi m'envahisse en produisant sur moi une sensation étrange, mais je dois simplement croire ce que Dieu dit, et le faire.

Si un homme qui se noie voit une corde qui lui est tendue, il n'a qu'à la saisir, et pour la saisir il faut qu'il lâche ce à quoi il s'était cramponné. Si un homme veut être guéri, il doit prendre le remède ordonné ; le regarder seulement ne le sauvera pas. La simple connaissance intellectuelle ne sauve personne ; il faut croire en Jésus et faire de lui son unique espérance. Il faut, en un mot, tout quitter pour le suivre.

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