Le Ciel

1. LE CIEL NOTRE ESPÉRANCE

Nous rendons grâces à Dieu qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ... à cause de l'espérance qui nous est réservée dans les cieux. 1Co 1.3, 5.

Bien des gens se figurent que tout ce qu'on peut dire du ciel n'est que pure spéculation. Ils en parlent comme s'il s'agissait des plaines éthérées. Cependant, si Dieu avait eu l'intention de laisser la race humaine dans l'ignorance sur ce sujet, il n'en aurait pas parlé aussi souvent dans sa Parole. Il nous est dit que « toute l'Ecriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement propre pour toute bonne œuvre » (2Ti 3.16, 17)

Ce que la Bible nous dit sur le ciel est tout aussi vrai que les autres doctrines qu'elle enseigne ; elle est inspirée, et il est évident que tout ce que nous savons du. paradis ne peut nous être révélé que par le moyen d'une inspiration divine. Dieu seul sait ce qui en est à cet égard, c'est pourquoi nous ne pouvons en rien connaître qu'en consultant sa Parole. Le Dr Hodge de Princeton dit que la meilleure preuve de la divine inspiration des Ecritures se trouve dans les Ecritures mêmes. Elles l'affirment de la même manière que le caractère du Christ y manifeste jusqu'à l'évidence la divinité de sa personne. Christ, par ce qu'il a fait, montre qu'il est plus qu'un homme ; la Bible, par ce qu'elle dit, montre qu'elle est plus qu'un livre humain.

Si nous croyons à sa divine inspiration, ce n'est pourtant pas qu'elle soit écrite avec plus de génie littéraire que les livres des meilleurs auteurs, ni que sa connaissance du cœur et ses paroles éloquentes soient au-dessus de celles des hommes ; nos appréciations diffèrent quant à la limite que l'art peut atteindre. La raison pour laquelle nous croyons à l'inspiration de l'Ecriture est si simple que le plus humble enfant de Dieu peut la comprendre ; si notre motif ne se fondait que sur la sagesse qu'on trouve dans ce livre, les ignorants ne pourraient arriver à la foi. Mais nous croyons à sa divine origine, parce que nous ne trouvons rien en lui qui ne puisse venir de Dieu. Dieu est sage, et il est bon. Tout dans la Bible porte le sceau de la sagesse et de la bonté ; si quelque chose en elle était opposé à la raison ou à notre sens moral, nous pourrions penser peut-être que ce livre est semblable à tous ceux que les hommes ont écrit. Les écrits des hommes contiennent, comme leur vie, bien des absurdités et bien des choses mauvaises. La vie du Christ seule a été parfaitement pure, divine et humaine comme elle était. Aucun des livres qui prétendent à une divine origine, comme le Coran, par exemple, ne porte le cachet du bon sens, tandis que dans la Bible tout est conforme au bon sens. Ce qu'elle nous raconte d'un déluge qui a détruit le monde et de Noé sauvé seul avec sa famille, n'est pas plus étrange que l'enseignement donné dans nos écoles qui affirment que tout est sorti d'un globe de feu. N'est-il pas plus facile de croire que l'homme a été créé à l'image de Dieu, que d'ajouter foi à l'idée qu'on essaie d'inculquer dans l'esprit de notre jeunesse, que nous provenons d'un singe ?

La Bible, comme toutes les œuvres merveilleuses de Dieu, porte l'empreinte visible de son auteur ; elle lui ressemble. L'homme sème, et Dieu fait épanouir des fleurs parfaitement belles comme lui. La main de l'homme a écrit la Bible, mais la Bible est l'œuvre de Dieu. En général, les natures les plus cultivées sont celles qui aiment le plus les fleurs, et les meilleurs d'entre les hommes sont ceux qui aiment le plus la Bible. Le goût des fleurs élève le niveau moral, et l'amour pour la Bible rend meilleur. Tout ce que la Bible dit de Dieu, de l'homme, de la rédemption et de la vie future, s'accorde admirablement avec les idées que nous nous faisons de ce qui est juste, avec nos raisonnables appréhensions et avec notre expérience personnelle. Les événements historiques y sont racontés de manière à nous les montrer tels qu'on avait l'habitude de les considérer au moment où ils furent écrits. Ce que la Bible nous dit du ciel n'est pas la moitié aussi étrange que les descriptions que fait M. Proctor des myriades d'étoiles qui ne peuvent être aperçues par aucun de nos télescopes. Pourtant, l'opinion générale est que la science ne repose que sur des faits, tandis que la religion n'est que le pur effet de notre imagination. Combien de personnes qui admettent sans hésiter que Jupiter et d'autres planètes sont habitées, ne peuvent se résoudre à croire qu'au delà de cette terre, les âmes peuvent avoir une vie immortelle. Le vrai chrétien place la foi avant la raison et pense que celle-ci se trompe toujours quand elle répudie la foi. Si les hommes consentaient seulement à étudier davantage ce que la Bible dit du ciel, ils ne seraient pas aussi attachés au monde ; leur cœur s'affectionnerait aux choses invisibles et aux biens célestes et impérissables.

Le péché existe sur la terre.

Il est très naturel de supposer que Dieu ait voulu nous donner quelque aperçu de l'avenir. Nous perdons successivement nos amis et, quand ils sont morts, la première pensée qui nous vient est celle-ci : Où sont-ils allés ? Nous nous demandons avec anxiété si nous pourrons les revoir, dans quel lieu et à quel moment ? Alors nous prenons notre Bible, car nul autre livre dans le monde ne peut nous donner la moindre consolation à ce sujet, aucun ne peut nous dire où Je rencontrai, il y a peu de temps, un de mes bons vieux amis. Je lui pris la main pour lui demander des nouvelles de sa famille, et je vis aussitôt des larmes couler le long de ses joues.

— Je n'ai maintenant plus de famille ! me dit-il.

— Quoi ! votre femme est morte ?

— Oui, monsieur.

— Et tous vos enfants aussi ?

— Oui, tous partis ! et je suis resté seul avec ma douleur.

Qui voudrait enlever à cette homme l'espoir de rejoindre un jour ceux qu'il a tant aimés ? Qui oserait lui persuader qu'il ne les reverra plus jamais ? Non ! il n'est nullement nécessaire d'oublier les êtres chers qui nous ont devancés ; bien au contraire, nous pouvons saisir fermement l'espérance qu'un jour viendra où nous nous retrouverons, libres de toute chaîne et bienheureux dans les lieux célestes où brille une éternelle lumière et où les âmes s'abreuvent à cette source de l'amour suprême qui sort du trône de Dieu.

Dans le fond de nos âmes, nous nous sommes tous demandé s'il y a une vie à venir :

Parle de lui, de réelle espérance,
Dis à mon cœur, dis s'il existe un lieu
Où le péché, la mort et la souffrance
Ne pourront plus me séparer de Dieu.

Existe-t-il une heureuse patrie,
Où des mortels pourront être reçus,
Où de ses maux l'âme sera guérie,
Où le repos attend les cœurs déçus ?

Oui, c'est la foi, l'amour et l'espérance,
Ces biens si doux que Dieu nous a donnés,
Qui rompent seuls ce douloureux silence,
Pour dire : A toi les cieux sont destinés !

Vous rencontrez des personnes qui prétendent qu'il n'y a point de ciel. Un homme me soutenait un jour que rien ne pouvait nous démontrer qu'il existait un autre paradis que celui que nous pouvons nous créer sur la terre. Si nous n'en avons pas un meilleur, il faut avouer que ce monde, si rempli de souffrances et de péchés, est un étrange ciel ! Je plains du fond de mon cœur celui qui a une pareille idée.

Ce monde, que quelques-uns prennent pour un ciel, est le lieu où le péché habite, où toutes les douleurs ont leur rendez-vous, où rien ne peut satisfaire les besoins de nos âmes. Les hommes le parcourent en tous sens, ils désirent même aller au delà ; mais plus ils connaissent ce qui s'y passe, plus dégoûtés ils en sont. On est bientôt lassé des plaisirs les plus attrayants qu'il offre ; il ressemble à une mer orageuse, a-t-on dit, dont chaque vague porte les restes de ceux qui y ont péri. Toutes les fois que notre poitrine respire, quelqu'un sur la terre a cessé de vivre. Nous savons tous que notre existence ici-bas sera courte ; elle n'est qu'une vapeur qui s'évanouit, une ombre qui passe.

Quelqu'un a dit : « On se rencontre, on se salue, on passe son chemin et l'on disparaît. La vie n'a qu'un pouce de durée ; puis les siècles reprennent leur cours. » Il est donc parfaitement raisonnable d'étudier notre Bible pour savoir où nous allons et où sont nos amis partis avant nous. La vie la plus longue comparée à l'éternité, n'est qu'une goutte dans l'océan des âges.

Les villes de l'antiquité.

Que sont-elles devenues  ? Où est Babylone la grande ? On dit qu'elle fut fondée par la reine Sémiramis qui, durant des années, employa deux millions d'hommes pour la bâtir.

Il y a mille ans environ, un historien écrivait que les ruines du palais de Nébucadnetzar étaient encore debout, mais que nul n'osait s'en approcher à cause de la quantité de scorpions et de serpents qui y faisaient leur gîte. Il ne reste plus d'elle aujourd'hui aucun vestige. Ninive aussi a disparu. Ses tours et ses bastions se sont écroulés. Le voyageur ne trouve que peu de restes de Carthage. Corinthe, où florissaient autrefois les arts et tant de luxe, n'est plus qu'une masse informe. Ephèse, qui fut si longtemps la métropole de l'Asie, le Paris des temps modernes, dont les édifices étaient aussi élevés que le Capitole à Washington, ne ressemble plus guère qu'à un cimetière abandonné. La ville de Grenade, si élégante avec ses douze portes, ses tours et son palais de l'Alhambra, est maintenant toute délabrée. On vend comme des reliques, les petites pièces de monnaie des grandes villes d'Herculanum et de Pompéi. Jérusalem, qui fut la joie de toute la terre ; n'est plus que l'ombre d'elle-même. Thèbes, qui, jusqu'à la venue du Christ, fut la plus grande et la plus riche cité du monde, n'est qu'un tas de décombres. Ce qui reste encore debout de l'ancienne Athènes et de tant d'autres orgueilleuses villes de l'antiquité, suffit à peine pour nous dire l'histoire de leur décadence. Dieu a fait passer sur elles sa charrue et les a bouleversées comme la surface d'un champ. « Voici, dit Esaïe, les nations sont comme une goutte d'un seau ; elles sont comme de la poussière sur une balance ; voici, les îles sont comme une menue poussière qui s'envole... Toutes les nations sont devant lui comme un rien ; elles ne sont pour lui que néant et vanité. » (Esa 49.15-17.)

Voyez jusqu'à quel point est tombée Antioche Quand Paul y prêcha, c'était une superbe métropole traversée par une rue de cinq kilomètres, ornée de colonnades et de galeries couvertes. A chaque coin, on voyait les statues de ses grands hommes dont on ne parle plus ; tandis que le pauvre artisan prédicateur qui a passé sous ses magnifiques portiques, est resté debout comme le plus grand personnage de l'histoire. L'art grec avait fourni aux autels des temples d'Antioche ses plus belles décorations ; aujourd'hui encore, rien ne peut être comparé à ses bains et à ses aqueducs. Les hommes d'alors, comme nos contemporains, recherchaient la fortune, la renommée, et gravaient leurs noms et leur souvenir sur de l'argile périssable. Dans l'enceinte de ses murs, se trouvaient des collines de plus de sept cents pieds, des précipices rocheux et de profonds ravins, ce qui donnait à cette cité un caractère pittoresque et sauvage qui ne se rencontre dans aucune de nos villes modernes. Ces collines étaient admirablement fortifiées, ce qui leur dominait un aspect sévère et redoutable. L'immense population de cette brillante cité était adonnée au plaisir tout autant que le sont celles de nos capitales ; l'art de la savante Grèce se rencontrait là avec la légèreté et l'amour du luxe de la superstitieuse Asie. Les citoyens jouissaient des spectacles, des jeux, des courses et des danses ; ils avaient leurs sorciers, leurs acrobates, leurs bouffons et leurs prestidigitateurs ; ils cherchaient tous ainsi à exciter et à satisfaire les désirs les plus corrompus de la nature humaine. C'est justement ce que font les masses populaires encore aujourd'hui dans nos grandes villes. Antioche était descendue plus bas qu'Athènes, car les passions les plus grossières étaient alimentées même par son culte idolâtre.

C'est là que Paul vint prêcher la bonne nouvelle de l'Evangile, c'est là que les disciples furent pour la première fois appelés chrétiens ; auparavant ils se nommaient saints ou frères. On dit que c'est d'Antioche que la source du christianisme a jailli comme un puissant fleuve qui a arrosé le monde. Astarté, la reine des cieux, adorée dans cette ville, Diane, Apollon, les pharisiens et les saducéens ne sont plus ; mais les chrétiens tant méprisés subsistent encore. Elle est tombée cette cité païenne qui n'a pas voulu s'attacher au christianisme et le retenir dans son sein ! Toutes les villes qui n'ont pas été placées sous son austère et pure influence d'une manière complète, n'ont pas eu de gloire durable ; à la lumière des siècles, on les a vues s'éteindre peu à peu. Un petit nombre de nos villes d'Amérique ont à peine cent années d'existence, tandis qu'Antioche, qui a prospéré près d'un millier d'années est tombée.

Sur le point d'émigrer.

Je ne crois pas que ce soit mal de penser au ciel ni d'en parler. Je suis bien aise de savoir où se trouve ce ciel et tout ce qui peut s'y rapporter, car j'espère l'habiter durant toute l'éternité. Si je devais faire ma résidence dans une ville étrangère, la première chose que je ferais, ce serait de m'informer de l'endroit où elle se trouve, de son climat, des personnes auprès desquelles je devrais vivre, en un mot, de tout ce qui la concerne. Si l'un d'entre nous était sur le point d'émigrer, ce serait justement là ce qu'il ferait.

Or, nous allons tous partir pour un pays fort éloigné, nous devons passer l'éternité dans un autre monde, le monde grand et glorieux où Dieu règne. N'est-il pas dès lors urgent pour nous de faire tous nos efforts pour savoir par qui il est habité, et par quel chemin on y arrive ?

Peu de temps après ma conversion, un incrédule me demanda pourquoi je levais les yeux en haut pendant que le priais ; le ciel, pensait-il, est partout, pas mieux en haut qu'en bas. J'avoue que cette question me troubla profondément et que la première fois que je priai après cet entretien, il me semblait que mes paroles se perdaient dans les airs.

Depuis lors, j'ai beaucoup mieux étudié ma  Bible et je suis arrivé à cette conviction que le ciel est au-dessus de nous et non pas en bas. L'Esprit de Dieu est partout, mais Dieu est dans le ciel ; n'importe quel point du globe nous habitons, le ciel est toujours au-dessus de nos têtes.

Dans Genèse 17, il est dit que Dieu s'éleva en quittant Abraham. Dans Jean 3, nous lisons que le Fils de l'homme est descendu du ciel, et dans les Actes, que Jésus fut élevé au ciel et qu'une nuée le déroba aux yeux des disciples. Le ciel est donc en haut. Le firmament lui-même, qui s'étend au-dessus de nos têtes, montre que le siège de la gloire de Dieu est au-dessus de nous. Job demandait que Dieu ne regardât pas d'en haut ; dans De 30.12, nous lisons : « Qui montera pour nous au ciel ? » (Ps 113.5.) Toute l'Ecriture nous le représente comme se trouvant au-dessus du firmament. Le ciel étoilé est lui-même si vaste que celui où Dieu habite doit être un royaume d'une immense étendue ; et pourquoi nous en étonner ? Ce n'est pas à des êtres comme nous, dont la vue est bornée, à demander pour quel motif Dieu a fait le ciel tellement grand que les astres qui l'éclairent sont visibles de toutes les parties de notre petit globe ! « Il a créé le ciel par sa puissance, dit Jérémie Jer 51.15. Il a fondé le monde par sa sagesse, il a étendu les cieux par son intelligence. » Nous savons pourtant bien peu de chose sur cette puissance, cette sagesse et cette intelligence ! « Ce sont là les bords de ses voies ! s'écrie Job, Job 26.14 ; c'est le bruit léger qui nous en parvient ; mais qui entendra le tonnerre de sa puissance ? » Esaïe 42.5, dit encore : « Ainsi parle Dieu, l'Eternel, qui a créé les cieux et qui les a déployés, qui a étendu la terre et ses productions, qui a donné la respiration à ceux qui la peuplent et le souffle à ceux qui y marchent.

Ce n'est pas toujours par le moyen des grandes choses qu'on discerne la puissance de Dieu et que les messages célestes nous sont envoyés. « Et devant l'Eternel il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : l'Éternel n'était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre : l'Éternel n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : l'Éternel n'était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger. » (1 Ro 19.11, 12.) C'est encore par un son doux et subtil que Dieu parle à ses enfants.

Il y a des gens qui cherchent à connaître à quelle distance exacte se trouve le ciel. Nous savons une chose, c'est qu'il n'est pas tellement éloigné que Dieu ne puisse de là entendre nos prières. Je ne crois pas que depuis la chute, une seule larme ait été versée sur un péché sans que le Seigneur en ait tenu compte. Notre Dieu n'est pas à une si grande distance de notre terre que nous ne puissions nous approcher de lui ; si, à cette heure, un soupir monte d'un cœur troublé, il entend ce soupir ; si un cri sort d'un cœur brisé à cause de son péché, il entend ce cri. Il n'est pas loin de nous ! Son ciel n'est pas tellement élevé, que le plus petit enfant puisse en trouver le chemin inaccessible. Nous lisons dans 2Ch 7.14, « Si mon peuple sur qui est invoqué, mon nom, s'humilie, prie et cherche ma face et s'il se détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays. »

Lorsque j'étais à Dublin, on me parla d'un homme qui venait de perdre son petit garçon. Cet homme ne s'était jamais occupé jusque-là de la vie à venir, absorbé qu'il était dans les affaires de ce monde. Mais quand son unique enfant mourut, son cœur de père fut brisé... Chaque soir, en rentrant, il s'enfermait dans sa chambre pour chercher ardemment dans sa Bible tout ce qu'il pouvait y trouver sur le ciel. Il voulait savoir où son enfant était allé, disait-il. Je trouve que c'était là un homme plein de sens. Je pense qu'il n'existe pas une seule personne qui n'ait vu mourir quelque parent ou de chers amis. Fermerons-nous cette Bible aujourd'hui, ou bien la consulterons-nous pour apprendre où ils sont allés ?

Je lisais dernièrement qu'un pasteur avait perdu l'un de ses enfants. Il avait accompagné bien des convois funèbres, il avait apporté à beaucoup d'affligés les consolations de l'Evangile ; mais cette fois le fer avait pénétré dans sa propre âme... Un de ses collègues était venu officier à sa place au convoi funèbre. Quand il eut fini de parler, le père se leva et se tint debout auprès du cercueil. Il dit que lorsqu'il était arrivé dans cette Eglise quelques années auparavant, il regardait l'autre bord de la rivière sans prendre aucun intérêt aux personnes qui y habitaient, car elles n'appartenaient pas à sa paroisse et n'étaient que des étrangères pour lui. Quelque temps après, sa fille, s'étant mariée, alla demeurer au delà de la rivière. Dès ce moment il s'était intéressé aux habitants de cette contrée et il regardait chaque matin en se levant la maison de sa fille qui était sur l'autre bord.

— Maintenant, ajouta-t-il, une autre enfant m'a été enlevée ; elle a traversé une autre rivière, et le ciel me semble plus précieux et plus près de moi que jamais.

Mes amis ! croyons ce que nous dit ce bon vieux livre ; soyons convaincus que le ciel n'est pas un mythe, et préparons-nous à aller y rejoindre les bien-aimés qui nous ont devancés. C'est ainsi seulement que nous pourrons obtenir la consolation que nous cherchons.

A la recherche d'une meilleure patrie.

Quel a été et quel est encore l'un des plus ardents désirs du cœur de l'homme ? n'est-ce pas de trouver une place meilleure, un lieu plus agréable que celui où il vit ? Ce lieu il peut le rencontrer s'il le veut, en regardant, non en bas pour l'y chercher, mais en haut. A mesure que les hommes acquièrent plus de connaissances, ils rivalisent de luxe pour embellir de plus en plus leurs demeures ; mais la plus élégante de ces demeures terrestres n'est qu'une grange vide en comparaison de celles qui nous sont réservées dans les cieux.

Vers quoi tendent nos désirs quand notre vie arrive à son déclin ? N'est-ce pas vers quelque doux abri bien tranquille, une maison où nous pourrons jouir, sinon d'un constant repos, du moins des avant-goûts du repos éternel ? Qu'est-ce qui poussa Christophe Colomb à traverser les mers occidentales inexplorées sans savoir le sort qui l'attendait, si ce n'est l'espoir de découvrir un beau pays ! Nos pères, chassés de leur terre natale par la persécution, osèrent affronter une côte sauvage hérissée de récifs, dans l'espoir de trouver au delà des terrains fertiles et une patrie libre où ils trouveraient le repos et adoreraient Dieu en paix.

Le chrétien a une espérance à peu près semblable ; seulement le ciel qu'il désire n'est pas pour lui un pays inexploré, ni qui possède rien de ce qui attire vers les choses de la terre. Peut-être la faiblesse seule de notre vue nous empêchent-elle de voir les portes des cieux toutes grandes ouvertes, et celle de nos oreilles, d'entendre les joyeuses volées des cloches célestes ? Que de sons autour de nous que nous ne pouvons saisir ! que de brillants soleils semés dans l'espace que nous n'avons jamais vus ! Nous connaissons peu du ciel radieux, et cependant, de temps à autre, quelque rayon de sa gloire arrive jusqu'à nous.

Je ne vis pas dans ses airs balsamiques,
Je n'ai pas vu de ses fleurs les beautés,
Ni tressailli de ses divins cantiques
Sur ses bords enchantés.

De sa cité, les tours étincelantes
N'ont ébloui jamais mes faibles yeux.
Muet gardien de ses portes brillantes,
La mort ferme les cieux.

Mais des rayons inondent l'étendue
Quand le soleil disparaît vers le soir ;
La main de Dieu semble du ciel tendue
Pour nous le laisser voir.

Parfois aussi, pour notre âme ravie,
Les cieux dorés entr'ouvrent leurs trésors,
Et nous voyons de la douce patrie,
Un court instant les bords.

Les voyageurs qui font des ascensions sur Alpes, disent qu'ils peuvent apercevoir distinctement des villages très éloignés, et même compter les vitres des églises. La distance qui les sépare du lieu où ils se rendent, leur paraît raccourcie ; mais après des heures de marche, ils s'en trouvent encore fort loin. Cela tient à la pureté de l'atmosphère. Pourtant, à force de persévérance, le voyageur fatigué atteint le but et trouve enfin du repos. Parfois aussi, quand nous demeurons sur les sommets élevés de la grâce, le ciel nous semble très près de nous. Mais il est des heures dans notre vie où les brouillards et les nuages qu'amassent autour de nos âmes le péché et la souffrance, le dérobent à notre vue. Cependant, il est tout aussi près alors et nous sommes aussi sûrs d'y arriver, si toutefois nous ne quittons pas le sentier où Christ a marché lui-même.

Sur les rives de l'Adriatique, les femmes qui ont vu partir leurs maris pour aller pêcher au loin sur les eaux profondes, ont l'habitude de se réunir le soir sur le rivage pour chanter de leur voix la plus douce, le premier verset de quelque beau cantique. Puis, elle prêtent l'oreille jusqu'à ce que, porté sur les ailes des vents au-dessus des flots, le second verset chanté par les braves pêcheurs, leur arrive. Tous sont heureux alors... Peut-être qu'en écoutant mieux, nous pourrions saisir, nous aussi, au-dessus de la mer agitée de ce monde, quelques sons, quelque léger murmure lointain, qui nous dirait qu'un ciel existe, qu'une demeure céleste nous attend ? Et quand nous entonnons des hymnes sur les rives de cette terre, peut-être que nous pourrions entendre quelques doux échos venant des cieux dont les accords, en traversant les plages éthérées, viendraient réjouir les cœurs de ceux qui sont encore ici-bas étrangers et voyageurs ? Oui, nous avons besoin de regarder vers le ciel et par delà cette basse terre, afin de vivre plus haut dans nos pensées et dans notre activité.

Vous savez que lorsqu'un homme se prépare à monter dans un ballon, il se munit de sable pour lui servir de lest. Quand il veut s'élever, il jette une partie du sable par-dessus bord ; il en jette encore lorsqu'il désire que son ballon monte plus haut ; plus il jette de sable, plus il monte. Ainsi, plus nous voulons nous approcher de Dieu, plus nous devons rejeter loin de nous les choses de ce monde. Laissons-les tomber ! ne plaçons pas en elles les affections de nos cœurs, mais « amassons-nous des trésors dans les cieux, » comme a dit le Maître.

On me parlait un jour d'une dame qui, depuis des années, était couchée sur un lit de douleur. C'était une de ces âmes sanctifiées que Dieu prépare pour son royaume céleste. Je crois qu'il y a dans ce monde un grand nombre de ces chrétiens dont nous n'entendons jamais parler, leurs noms ne sont point publiés, mais ils vivent très près du Seigneur et très près du ciel. Je suis convaincu qu'il faut une plus grande mesure de grâce pour se soumettre à la volonté de Dieu que pour l'accomplir ; si une personne, couchée sur un lit de maladie, souffre joyeusement, cela est tout aussi agréable à Dieu que si elle allait travailler dans son œuvre.

Eh bien donc, cette dame était une de ces personnes excellentes. Elle racontait qu'elle avait souvent pris plaisir à observer un oiseau qui construisait son nid près de sa fenêtre. Une année, il le plaçait si bas, que la dame craignant que ses petits ne fussent exposés, ne cessait de lui dire — Petit oiseau, bâtis plus haut !

Elle prévoyait pour le pauvre animal des chagrins et des désappointements.... Enfin, le nid terminé, l'oiseau y déposa ses œufs et les couva. Chaque matin la dame regardait le nid pour voir s'il était encore là ; elle prenait grand plaisir à observer la mère quand elle apportait la nourriture à ses petits. Mais un jour, elle ne vit plus que des plumes dispersées et se dit : « Ah ! le chat a dévoré la mère et la couvée ! »

C'eût été un acte de bonté de détruire ce nid de bonne heure. C'est là ce que Dieu fait très souvent pour nous ; il arrache nos biens avant qu'il soit trop tard.... Il faut dire aux chrétiens de profession qu'ils seront désappointés s'ils construisent pour ce monde. Dieu leur dit : « Bâtissez plus haut ! » Il vaut mieux vivre avec Christ en Dieu, que nulle part ailleurs. Je préférerais vivre ainsi avec Christ en Dieu que d'être en Eden comme Adam. Adam aurait pu subsister dans le paradis des milliers d'années et tomber ensuite ; mais si notre vie est cachée avec Christ, quelle parfaite sécurité pour nous !

Je veux savoir.

Depuis le jour où tu quittas la terre,
J'ignore si, par delà du tombeau,
Les anges saints tout brillants de lumière,
T'ont accueilli dans un monde plus beau ?

Je veux savoir de quelles joies sublimes
Tu dois jouir auprès de ton Sauveur,
Car entre nous s'étendent des abîmes ;
Ah ! parle-moi de ton divin bonheur !

As-tu grandi sous les rayons célestes
Jusqu'à nous prendre en profonde pitié ?
Sont-ils si beaux les parvis où tu restes
Que notre amour, tu l'aurais oublié ?

As-tu trouvé nos amis dans ta gloire
Pour leur parler des peines du passé,
Et rappeler, sans doute, à leur mémoire
Mon grand chagrin quand ils m'ont tous laissé ?

As-tu compris l'insondable problème
Que nos esprits voudraient chercher encor ?
Et portes-tu le divin diadème,
La blanche robe et la couronne d'or ?

Ne peux-tu donc, en soulevant les voiles,
Nous révéler les délices des cieux ?
Nous envoyer d'au delà des étoiles,
Un mot d'amour qui nous rendrait joyeux ?

Mais Dieu défend que mon cœur te questionne !
Il me suffit de savoir par la foi
Qu'au ciel Jésus me garde une couronne,
Qu'auprès de lui tu vivras avec moi.

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