Le Ciel

4. LE CIEL ET SA CERTITUDE

Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Je m'en vais vous préparer le lieu. Jean 14.2.

Bien des personnes se confient tellement dans leur raison que, par leur raison même, elles se débarrassent de Dieu. Elles prétendent que Dieu n'est qu'un esprit et non une personne qu'on puisse voir. Il est un esprit, c'est vrai, mais il est aussi une personne ; il s'est fait homme, et a foulé de ses pieds notre terre. L'Ecriture nous déclare positivement que Dieu a une demeure ; pour cela il faut qu'il soit une personne. Nous le verrons dans le ciel qui est le lieu de sa demeure quand nous-mêmes nous y habiterons.

Dans 1Ro 8.30, nous lisons : « Daigne exaucer la supplication de ton serviteur et de ton peuple d'Israël lorsqu'ils prieront en ce lieu. Exauce du lieu de ta demeure, des cieux, exauce et pardonne ! » L'idée que le ciel est partout et qu'il n'est nulle part, n'est pas scripturaire. Il est l'habitation de Dieu, et lorsque le Christ est venu dans ce monde, il nous a appris à dire : « Notre Père qui es aux cieux. » Cette habitation est comparée à une cité. (Job 2.10,16.) Mais c'est une cité sans cimetière, on n'y connaît point la mort. S'il en existait une semblable sur la terre, comme tout le monde y courrait ! quels efforts on ferait pour s'y installer ! Mais il n'y en a pas de telle ici-bas. La cité du ciel ne voit jamais couler de larmes ; Dieu les essuie toutes là-haut. Si les pleurs sont le lot des mortels ici-bas, ceux que Dieu introduira dans son paradis n'auront plus ni chagrins, ni douleurs, ni maladies, ils ne connaîtront ni les deuils, ni la mort. L'obscurité aussi en sera bannie : « La ville n'a besoin ni du soleil, ni de la lune pour l'éclairer ; car la gloire de Dieu l'éclaire et l'Agneau est son flambeau. » (Apo 21.27.) Le jardin d'Eden lui était bien inférieur, car le tentateur put y pénétrer et séduire nos premiers parents ; tandis que rien de souillé n'entre dans la cité céleste. Le tentateur n'y est pas. Représentez vous un lieu d'où la tentation sera exclue, où nous serons délivrés du péché, exempts de toute souillure et où les justes régneront à jamais. Figurez vous une ville que la main des hommes n'a pas bâtie, dont les édifices ne peuvent vieillir avec le temps et dont les habitants sont tous inscrits dans le livre de vie, cet annuaire des cieux. C'est une ville où l'on n'entend point le tumulte des affaires, où les corbillards ne parcourent pas les rues pour apporter leurs tristes fardeaux dans les cimetières, où les chagrins, les péchés et les tombes ; les naissances et les mariages, les départs et les deuils n'existent plus ; une ville qui se glorifie d'avoir Jésus pour son Roi, des anges pour gardiens et dont les citoyens sont des saints.

Nous croyons que le ciel est une ville, un lieu particulier, aussi bien que Londres, Paris et New-York. Nous le croyons avec d'autant plus d'assurance que les cités terrestres doivent disparaître, tandis que la céleste sera éternelle ; c'est la cité qui a de solides fondements, dont Dieu est l'architecte et le constructeur.

Tyr et Sidon.

Plusieurs des plus grandes villes de ce monde n'ont pas été bâties sur des fondements capables de les faire résister aux injures des temps. Prenez pour exemple Tyr et Sidon qu'on pourrait comparer à nos plus importantes capitales. Le patriarche Jacob parla de Sidon en bénissant ses fils, et lorsque le pays de Canaan fut partagé par Josué, Tyr et Sidon furent données à la tribu d'Aser, sans toutefois que les habitants en eussent été expulsés complètement. Il nous est dit dans Marc 3.8, que « ceux des environs de Tyr et de Sidon, ayant appris ce que Jésus faisait, vinrent aussi à lui en nombre. » Le livre des Actes (Act 27.3), dit que le capitaine qui emmenait Paul prisonnier, lui permit, quand le bateau relâcha à Sidon, d'y aller visiter ses amis et de recevoir leurs soins. Il y avait donc alors à Sidon une Eglise chrétienne ; mais les habitants adoraient la reine des cieux qu'on représentait couronnée du croissant de la lune.

Maintenant vous le savez, il en est qui adorent une reine des cieux tenant la lune sous ses pieds. Les Hébreux eux-mêmes tombèrent dans la même idolâtrie, frappés qu'ils étaient par la sereine beauté de cet astre. « Les enfants ramassent du bois ; les pères allument le feu, et les femmes pétrissent la pâte pour préparer des gâteaux à la reine du ciel et pour faire des libations à d'autres dieux afin de m'irriter, » dit Jérémie (Jer 7.18). Le peuple lui répondit : « Nous ne t'obéirons en rien de ce que tu nous as dit au nom de l'Eternel, mais nous voulons agir comme l'a déclaré notre bouche, offrir de l'encens à la reine des cieux et lui faire des libations, comme nous l'avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos chefs, dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem. » (Jer 44.16, 17.)

Nous ne sommes pas étonnés de trouver plus loin ces paroles : « L'Eternel n'a pas pu en supporter davantage à cause de la méchanceté de vos actions, à cause des abominations que vous avez commises, et votre pays est devenu une ruine, un désert, un objet de malédiction comme on le voit aujourd'hui. » On ne se mariera pas et l'on ne donnera pas en mariage après la résurrection, il n'y aura point de reine dans le ciel.

Josué fait mention de Tyr comme d'une ville forte ; Esaïe et Ezéchiel en parlent aussi. Nébucadnetzar, Alexandre et d'autres rois, ont combattu contre elle et bien des vies ont été sacrifiées pour conquérir ce qui n'est aujourd'hui qu'un monceau de décombres : « Ô toi qui es assise au bord de la mer, s'écrie le prophète Ezéchiel en décrivant la splendeur de cette cité, et qui trafiques avec les peuples d'un grand nombre d'îles ! Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Tyr, tu disais : Je suis parfaite en beauté ! Ton territoire est au cœur des mers ; ceux qui t'ont bâtie, t'ont rendue parfaite en beauté. Avec des cyprès de sénir, ils ont fait tous tes lambris ; ils ont pris des cèdres du Liban pour t'élever un mât.... Le fin lin d'Egypte avec des broderies, te servait de voiles et de pavillon ; des étoffes en bleu et en pourpre des îles d'Elischa formaient tes tentures.... Tes richesses, tes marchés et tes marchandises, tes mariniers et tes pilotes, ceux qui réparent tes fissures et ceux qui s'occupent de ton commerce, tous tes hommes de guerre qui sont chez toi et toute ta multitude qui est au milieu de toi, tomberont dans le cœur des mers au jour de ta chute.

Ton cœur s'est élevé à cause de ta beauté, tu as corrompu ta sagesse par ton éclat ; je te jette par terre, je te livre en spectacle aux rois. » Au chapitre XXVI, nous trouvons des prophéties terribles concernant la chute de Tyr : « Voici j'en veux à toi, Tyr ! Je ferai monter contre toi des nations nombreuses comme la mer fait monter ses flots. Elles détruiront les murs de Tyr, elles abattront ses tours, et j'en raclerai la poussière. Je ferai d'elle un rocher nu ; elle sera dans la mer un lieu où l'on étendra des filets, car j'ai parlé, dit le Seigneur, l'Éternel. Elle sera la proie des nations. »

Les voyageurs disent que la place où cette cité s'élevait n'est plus qu'un monceau de ruines, d'arceaux et de voûtes démolis, de tours et de murs chancelants et qu'elle n'a pour habitants, au sein de ses décombres, que quelques affamés fort malheureux. Une grande partie de la ville est sous l'eau ; les pêcheurs étendent leurs filets sur quelques ruines, et le reste est en réalité un rocher nu.

Ainsi passe la gloire de ce monde ! La Bible nous parle de la splendeur de cette grande ville qui, après avoir existé, a été détruite. Elle nous parle aussi d'une autre ville plus belle, que nos yeux n'ont point encore vue, mais qu'ils verront un jour, si seulement nous suivons la route qui y conduit.

Sombre et froide est la nuit.
Sur les plus hautes cimes,
Seul un terne rayon perce l'obscurité,
Et l'ange de ta mort plane sur les abîmes
D'un monde dévasté.

Mais j'aperçois déjà les splendeurs éternelles,
Et les portails d'or pur qui m'ouvrent les saints lieux,
Et l'ange qui descend sur ses brillantes ailes,
Pour me montrer tes cieux.

Nos noms sont écrits dans les cieux.

On raconte que deux hommes se prirent de dispute un matin, en voulant chacun désigner à quel point de l'horizon le soleil se lèverait. Ils finirent par se battre si méchamment, qu'ils ne furent plus en état de voir l'astre du jour au moment où il apparut à l'orient. De même, il est des gens qui discutent à propos du ciel à tel point qu'ils finissent par ne pas pouvoir y entrer, et d'autres, plus nombreux encore, qui se disputent à propos de l'enfer jusqu'à ce qu'ils y soient.

Les livres des Hébreux nous parlent de trois ciels différents. L'atmosphère qui nous entoure est le premier, le firmament où sont les astres est le second, et au-dessus encore, le troisième, où est le trône de Dieu et où résident, dans la lumière et dans la paix, les bienheureux rachetés et leur Rédempteur. C'est le lieu dont il nous est parlé dans Deutéronome (De 10.14) : « Voici, à l'Éternel ton Dieu, appartiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qu'elle renferme. » Paul, en parlant de lui-même, dit : « Je connais un homme en Christ qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu'au troisième ciel ; si ce fut dans son corps, je ne sais ; si ce fut hors de son corps, je ne sais. » (2Co 12)

Le troisième ciel, c'est l'endroit ou Dieu habite et que ne troublent jamais les orages de notre monde ; c'est là que siège un Juge incorruptible. Paul y entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer et vit des choses qu'il ne put même raconter. Plus notre niveau spirituel s'élève, plus notre âme vit près du ciel. Là, tous nos désirs seront enfin satisfaits : « Je demande à l'Éternel une chose que je désire ardemment, s'écriait le psalmiste. Je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Éternel pour contempler la magnificence de l'Éternel et pour admirer son temple. » (Ps 27.4.) Si nous sommes à Christ, nos noms sont écrits dans les cieux. Nous lisons dans Luc 10.20 ces paroles de Jésus à ses disciples : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. »

Peu de temps avant, il les avait envoyés au nombre de soixante-dix, deux à deux, pour prêcher l'Évangile dans la Galilée et la Judée. De nos jours, bien des personnes ne croient pas à la possibilité d'un réveil ; cependant, le plus grand que le monde ait jamais vu eut lieu durant les trois ou quatre années où Jean-Baptiste, le Sauveur et après lui les apôtres, annoncèrent le royaume de Dieu. Tout le pays fut remué. Peut-être alors aussi plusieurs s'y opposaient, l'appelaient spasmodique et refusaient d'y croire ; ils disaient que ce phénomène serait passager et qu'il n'en resterait rien. Les hommes de ce temps parlaient sans doute comme ceux d'aujourd'hui. Depuis lors, il y en a toujours eu qui se sont opposés à l'œuvre de Dieu uniquement parce qu'elle ne s'opérait pas de la manière qu'ils voulaient ; quelques-uns faisaient cependant profession d'appartenir à Christ. Quand l'Esprit agit, il le fait à sa manière ; il ne nous appartient pas de lui tracer son chemin.

Les disciples revinrent auprès du Maître. L'Esprit avait manifesté par eux sa puissance, les démons avaient été chasses, les malades guéris à leur parole, l'ennemi était vaincu, et ils marchaient de succès en succès. Ils étaient ravis et triomphants, quand Jésus arriva et leur dit : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. » C'est l'assurance du salut qui est ici annoncée. Je connais des chrétiens de tout rang qui n'acceptent pas cette doctrine ; ils croient que nous ne pourrons jamais savoir ici-bas si nous sommes sauvés ou non. S'il en était ainsi, que signifieraient donc les paroles du Christ que nous venons de citer? Comment puis-je me réjouir de ce que mon nom est écrit dans les cieux si je l'ignore ? Les disciples devaient se réjouir d'être inscrits sur le livre de vie, car le nom de tout enfant de Dieu y est marqué à l'avance. Quelques Américains allant de Londres à Liverpool, descendirent à l'hôtel du Nord-Ouest ; mais toutes les chambres étaient déjà retenues pour plusieurs jours. Fort désappointés, ils se préparaient à reprendre leurs bagages pour partir, quand ils s'aperçurent que l'une des dames qui voyageaient avec eux se disposait à rester.

— Est-ce que vous ne venez pas avec nous? lui demandèrent-ils.

— Non, dit-elle, j'ai ici des chambres prêtes pour moi.

— Mais comment cela se fait-il

— Simplement parce que j'avais télégraphié à l'avance.

C'est précisément ce que font les enfants de Dieu ; ils envoient leurs noms d'avance pendant qu'ils sont sur la terre et s'assurent ainsi des places dans les demeures célestes. Si nous sommes vraiment des chrétiens, nos noms nous ont devancés et nos places seront réservées au terme du voyage. Ici-bas nous sommes en voyage loin de la maison paternelle. Pendant la guerre d'Amérique, les soldats se contentaient de dormir sous des tentes, mais ils soupiraient après le moment où la paix serait conclue afin de retourner chez eux. Ils ne désiraient pas d'avoir des palais et des châteaux sur le champ de bataille.

Nous sommes maintenant au milieu de terribles combats sur cette terre ; mais quand les conflits auront pris fin, notre Dieu nous rappellera dans la maison céleste auprès de lui. Des tentes nous suffisent pendant que nous traversons le désert de ce monde. Le voyage ne dure qu'une nuit, puis apparaîtra un jour éternel.

Le Livre de vie.

Deux dames se rencontrèrent dans le même train, l'une allant au Caire, l'autre à la Nouvelle-Orléans. Avant de se séparer, elles se lièrent intimement et la première dit à l'autre :

— Je voudrais vous garder avec moi pendant quelques jours au Caire.

— J'y consentirais avec plaisir, répondit son amie, mais j'ai emballé mes effets, je les ai expédiés à l'avance et n'ai gardé que les vêtements que je porte ; ils me suffisent pour mon voyage.

J'ai retiré une leçon de cette parole. Il faut très peu de bagages pour voyager ; il vaut mieux avoir des joies et des consolations en réserve pour nous au ciel, que de tout épuiser durant notre fatigant pèlerinage terrestre.

Dans les cieux, la victoire et le triomphe ; ici-bas, la lutte et la bataille ; là-haut les lauriers et les couronnes ; ici les armes de guerre et les combats. Quel tressaillement de bonheur éprouveront les bienheureux quand la conquête définitive sera remportée, quand la mort elle-même, le dernier ennemi, sera vaincue, et que Satan sera traîné comme un captif derrière le char du Christ ! Les hommes peuvent repousser cette précieuse doctrine de l'assurance du salut, elle n'en est pas moins enseignée fort clairement dans les Écritures.

Les Livres ouverts.

On se moque souvent de l'idée qu'il y a des livres dans le ciel. Nous lisons cependant dans le prophète Daniel (Da 12) : « En ce temps-là, se lèvera Micaël, le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple ; et ce sera une époque de détresse telle qu'il n'y en a point eu depuis que les nations existent jusqu'à cette époque. En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre de vie seront sauvés. » « Et toi aussi, fidèle collègue, dit Paul (Phi 4.3), je te prie de les aider, elles qui ont combattu pour l'Évangile avec moi et avec Clément et nos autres compagnons d'œuvre, dont les noms sont dans le livre de vie. » Et il ajoute, en parlant à ces mêmes chrétiens de Philippe au milieu desquels il avait souffert jusqu'à être emprisonné : « Saluez de ma part les frères et sœurs qui ont travaillé avec moi et dont les noms sont écrits dans le livre de vie. » On enseignait donc déjà la doctrine de l'assurance du salut aux premiers jours de l'Église ; pourquoi ne pas l'accepter et l'enseigner maintenant?

Des voyageurs m'ont raconté que les Chinois ont dans leur palais de justice deux grands livres. Lorsqu'un accusé est trouvé innocent, on inscrit son nom dans le livre de vie ; s'il est reconnu coupable, on l'inscrit dans le livre de mort. Je crois fermement que chaque créature humaine a le sien écrit là-haut, soit dans le livre de vie, soit dans le livre de mort. Le même nom ne peut se trouver à la fois dans les deux livres, car nul ne peut être destiné à la vie et à la mort en même temps. Dans l'Apocalypse (Apo 13.8), il est dit :

« Et tous les habitants de la terre l'adoreront (l'antéchrist), ceux dont le nom n'a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de l'Agneau qui a été immolé. » Et encore au chapitre 20 (Apo 20.12) : « Je vis les morts, grands et petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs œuvres d'après ce qui était écrit dans ces livres. » Plus loin encore, au chapitre 21 (Apo 21.27) : « Il n'y entrera rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge ; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau. »

Il ne saurait y avoir de véritable paix, d'espérance certaine, de vraie consolation dans l'incertitude. Je ne suis pas du tout propre à accomplir un service pour Dieu, je ne puis travailler pour lui si j'ai des doutes à l'égard de mon salut.

Pas moyen de douter !

Une mère dont l'enfant est malade, n'a aucun repos tant qu'elle le voit suspendu entre la vie et la mort. Si l'un de vos amis était parti dans un train, et que vous entendissiez dire que ce train a déraillé et que vingt personnes ont été blessées ou tuées sans que vous puissiez savoir leurs noms, vous seriez dans une grande anxiété ; vous n'auriez aucun repos jusqu'à plus amples informations. Si tant de gens ne se mettent pas à l'œuvre dans nos Eglises, c'est qu'ils ne sont pas sûrs d'être sauvés eux-mêmes ; si j'étais sur le point de mourir, je me trouverais fort peu disposé à soigner les autres. Pour retirer de l'eau quelqu'un qui va se noyer, il faut être sur le rivage et se tenir solidement. Nous pouvons, si nous le voulons, obtenir une complète assurance ; il ne nous suffit pas d'avoir le sentiment que tout va bien, il faut le savoir avec certitude ; il importe que nos droits au royaume des cieux soient évidents à nos yeux : « Nous sommes maintenant enfants de Dieu, » dit l'apôtre Jean ; il ne dit pas que nous allons le devenir.

Les réponses de plusieurs personnes, quand on leur demande si elles sont sauvées, sont souvent des plus étranges : Eh bien ! eh bien, disent-elles, je pense que je le suis ; j'espère que oui. — Supposez qu'un homme vienne me demander si je suis Américain ; répondrai-je : Eh bien ! eh bien, j'espère ; oui, j'espère que je le suis ! Je sais que je suis né dans ce pays-là, et je sais tout aussi bien que je suis né de l'Esprit de Dieu il y a plus de vingt ans. Tous les incrédules du monde ne parviendraient pas à me persuader que je n'ai pas un esprit différent de celui qui m'animait avant de devenir chrétien. « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit. » On peut bientôt reconnaître cette transformation par le renouvellement qu'elle amène dans une vie. L'Esprit de Christ produit l'amour, la paix, la joie, l'humilité, la douceur ; il nous est donc facile de savoir si nous le possédons ou non. Nous ne sommes pas obligés de demeurer dans l'incertitude sur ce point-là. Job, qui vivait il y a si longtemps, avait une parfaite assurance. Quand les sombres vagues de l'adversité fondirent sur lui, sa voix s'éleva au-dessus de cette tempête pour dire : « Je sais que mon Rédempteur est vivant ! » Ce n'était pas chez lui une simple conjecture.

Tel homme a eu son nom écrit dans les fastes de l'histoire la plus ancienne, mais les archives de cette histoire ont été perdues. Les noms gravés sur le marbre peuvent être détruits par les injures du temps ; même, s'ils ont été rattachés à des institutions de charité, on a pu les oublier ; tandis que ceux inscrits sur le livre de vie ne seront jamais effacés. Autant vaudrait écrire le sien sur le sable de la plage que de chercher à le rendre immortel dans la mémoire des hommes ; il faut le graver sur le Rocher des siècles, aux rivages éternels. Vous ne direz pas que Ponce Pilate fût un saint parce que le symbole en fait mention On a dit qu'en considérant l'œuvre de notre sanctification dans nos cœurs, nous pouvions y lire nos noms tels qu'ils sont écrits dans le livre de vie. Il n'est pas nécessaire pour cela que des voix célestes nous aient parlé, ni que nous ayons vu des signes merveilleux ou éprouvé des sensations inaccoutumées ; il suffit de pouvoir constater que notre cœur hait le péché, désire Christ et veut obéir aux lois divines.

Certes ! ce qui nous sauvera, ce ne sera pas d'appartenir à une Eglise, bien que tout chrétien doive se rattacher à une Eglise. Quand Daniel mourut à Babylone, nul ne dut aller feuilleter quelque vieux registre pour voir s'il y était inscrit. Lorsque Paul fut décapité par Néron, on ne consulta pas des archives pour savoir s'il était un témoin de Jésus-Christ. Les apôtres vivaient de manière à être reconnus pour tels par le monde. « Je suis persuadé, disait Paul, qu'il a la puissance de garder mon dépôt jusqu'à ce jour-là. » Et voici comment il affirme son assurance : « Qui nous séparera de l'amour de Christ? Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir. » Il défie toutes ces choses de le séparer de l'amour qu'a pour lui son Sauveur. C'est déshonorer Dieu que de ne faire qu'espérer et espérer encore qu'on sera un jour sauvé.

Les fausses professions.

Mais il est des personnes pour lesquelles l'assurance du salut serait une dangereuse illusion, par exemple les membres inconvertis d'une Eglise et ceux dont la conduite n'est pas d'accord avec leur profession de piété. Ils sont semblables à cet homme qui entra dans la salle du festin sans avoir un habit de noce, ou comme ces lis qui ont une belle apparence mais dont l'odeur est fétide. Ce sont des coques sèches sans amandes. Les croisés portaient une croix peinte sur leur épaule ; de même, bien des personnes se chargent, dé nos jours, de croix tout aussi légères, de purs ornements, des passeports d'immortalité, afin d'obtenir une récompense pour des combats qu'ils n'ont point livrés et pour une couronne qui n'a jamais été gagnée.

Vous avez peut-être vu un poisson mort emporté par le courant, mais jamais nageant contre le courant. Tel est le chrétien qui fait une fausse profession de piété, tel est l'hypocrite. Professer, c'est descendre le courant ; confesser, c'est le remonter quelque rapide qu'il soit. L'homme sanctifié et celui qui ne l'est pas, regardent vers le ciel d'une façon tout à fait différente. Le dernier choisit naturellement le ciel de préférence à l'enfer puisqu'il faut aller dans l'un des deux. Si l'on offrait au propriétaire d'une ferme un terrain dans une contrée éloignée qui pourrait bien contenir une mine d'or, il ne serait pas du tout tenté de quitter ce qu'il possède pour s'en aller courir des risques. Mais s'il vient à être banni de son pays, et si on lui donne le choix entre un désert et une mine de charbon à creuser ou une mine d'or, alors il n'hésite plus. L'homme irrégénéré préfère le ciel à l'enfer, mais il aime encore mieux ce monde que tout le reste. Quand la mort vient le regarder, en face, il pense qu'il voudrait bien aller dans le paradis. Tandis que le vrai croyant affectionne le ciel par-dessus tout ; il est toujours prêt à laisser le monde. Chacun désire aller jouir du ciel après sa mort, mais bien peu comprennent la nécessité de s'affectionner aux choses qui sont en haut pendant cette vie. La patrie céleste est promise au vrai chrétien ; il a une entière certitude à cet égard et ne peut avoir aucun doute.

Pendant qu'il est encore un enfant, l'héritier d'un grand domaine fait plus de cas de l'écu qu'il a dans sa poche que de son héritage futur tout entier. De même aussi, les chrétiens de profession sont parfois plus ravis d'un plaisir qui passe que de leur titre à la gloire éternelle.

Dans peu de temps nous serons là-haut ; que cette pensée est glorieuse ! Tout est préparé ; Christ est monté au ciel pour cela. Nous prendrons bientôt notre vol vers ces demeures d'où les ombres ont disparu.

Immortel.


Il est un mot fatal qu'imprime la lumière
En rayons fugitifs vers la fin d'un beau jour,
Sur les nuages d'or que la brise éphémère
Emporte dans son vol sans espoir de retour....
Ce mot est répété dans toute la nature,
Par le glas qui frémit, par le soupir des vents,
Et par les bruits du soir, dont le triste murmure
Nous redit : Tout finit ! tout passe avec le temps.

Sur les tombes des morts, dans le champ du silence
Où tous nos bien-aimés dorment dans leur cercueil,
On lit encore ce mot, ce mot sans espérance
Pour le vieillard qui pleure affaissé sous son deuil.
Sur des traits amaigris, sur la fleur qui s'effeuille,
Dans le vent qui gémit en balançant le flot,
Dans la graine qui tombe et que nul ne recueille,
Dans la barque qui sombre, on lit encor ce mot.

Mais il n'est point écrit sur mon âme immortelle,
Dont le germe fécond plein de l'esprit d'amour,
Prendra bientôt l'essor, en déployant son aile,
Pour monter vers son Dieu dans l'éternel séjour.
Mais il n'est point gravé sur l'œuvre de mon Maître !
Je sème dans la nuit, et sa grâce en tous lieux
Fait germer et mûrir.... Le jour fera connaître
Quelle riche moisson j'assemble pour les cieux.

Si tout ici finit, tout dans le ciel commence.
Sur les portes d'or pur de la sainte cité,
Il est un mot divin, un mot plein d'espérance
Qui réjouit mon cœur ; c'est : Immortalité !
Ah ! vous le graverez sur ma funèbre pierre !
Comme un rayon du ciel, il vous consolera....
Il brille sur le front des enfants de lumière,
Pour jamais sur le mien il étincellera.

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