À L'Œuvre !

3. FOI ET COURAGE

Dans tout ce que nous cherchons à faire pour Dieu, c'est la foi qui doit donner le ton. Je n'ai encore jamais rencontré une seule personne qui n'eût pas été exaucée dans ses prières quand elle était pleine de foi, et que cette foi reposait sur des bases solides. Il va sans dire que notre foi ne peut s'appuyer que sur les promesses et les déclarations de l'Ecriture Sainte. Aussi, quand nous nous réunissons pour appeler la bénédiction de Dieu sur nos amis et sur cette ville, sommes-nous bien certains d'être exaucés.

Si l'incrédulité est un obstacle redoutable pour l'homme inconverti, elle ne l'est pas moins pour le chrétien. Elle le privera de bénédiction, tout autant qu'aux jours de Jésus-Christ. L'un des évangélistes nous dit que, dans une certaine ville, le Seigneur ne fit que peu de miracles, à cause de l'incrédulité de ceux qui l'entouraient. S'il en était ainsi pour Jésus, comment pouvons-nous nous attendre à accomplir de grandes choses, quand les enfants de Dieu manquent de foi ? J'affirme que les enfants de Dieu sont seuls capables d'entraver l'œuvre de Dieu. Les incrédules, les athées, les sceptiques ne peuvent y parvenir. Partout où une étroite union, une forte foi et une ferme espérance se rencontrent chez les chrétiens, il se fait de grandes choses.

Nous lisons dans l'épître aux Hébreux « qu'il est impossible d'être agréable à Dieu sans la foi ; car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu est, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » Ces paroles s'adressent à nous autres chrétiens tout autant qu'à ceux qui cherchent Dieu pour la première fois. Nous sommes réunis aujourd'hui pour demander à Dieu de bénir ceux que nous aimons, et de nous donner une vie nouvelle, afin que nous puissions atteindre les masses qui sont encore en dehors de l'Evangile. Nous venons de l'entendre, Dieu est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. Cherchons-le donc, en cet instant même. Ayons une grande foi, et que notre espérance soit en Dieu.

Quand j'étais enfant, lorsque le soleil du printemps avait fait fondre les neiges sur les collines de la Nouvelle-Angleterre où je demeurais, j'aimais à prendre une lentille de cristal, et à y concentrer les rayons du soleil. Puis je m'amusais à les diriger sur du bois, pour l'allumer. La foi est le cristal qui fait descendre le feu du ciel. C'est la foi d'Elie qui attira ce feu sur l'holocauste que le prophète avait préparé d'après l'ordre de Dieu, sur le mont Carmel. Nous possédons aujourd'hui le même Dieu et la même foi. Il y a des personnes qui prétendent que la foi chrétienne a vieilli, que la Bible est usée. Mais le Seigneur va donner une vigueur nouvelle à ses enfants, et nous remuerons le monde pourvu que notre foi soit simple et inébranlable.

Dans le onzième chapitre de l'épître aux Hébreux, l'auteur cite les uns après les autres tous les héros fameux de l'histoire d'Israël ; tous, ils avaient été des hommes de foi, et avaient laissé le monde meilleur qu'il ne l'avaient trouvé. Ecoutez cette description des grandes choses qu'ils avaient accomplies : « C'est par la foi qu'ils ont conquis des royaumes, ont exercé la justice, ont obtenu l'effet des promesses, ont fermé la gueule des lions, ont éteint la force du feu, ont échappé au tranchant des épées, ont été guéris de leurs maladies, ont été vaillants dans la guerre, ont mis en fuite les armées des étrangers. Des femmes ont recouvré par la résurrection leurs enfants morts ; d'autres ont été cruellement tourmentés, refusant d'être délivrés, afin d'obtenir une meilleure résurrection ; d'autres ont été éprouvés par les moqueries et les fouets; d'autres par les liens et par la prison ; ils ont été lapidés, ils ont été sciés, ils ont été mis à l'épreuve, ils sont morts par le tranchant de l'épée, ils ont été errants çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvre, dénués de tout, affligés, maltraités, — eux dont le monde n'était pas digne, — ils ont erré dans les déserts et dans les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre. Et tous ceux là, ayant obtenu un bon témoignage par leur foi, n'ont point reçu ce qui leur avait été promis ; Dieu ayant pourvu quelque chose de meilleur pour nous, afin qu'ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous. »

Aucun enfant de Dieu, assurément, ne peut lire ces paroles sans émotion. Il est dit que « des femmes ont recouvré par la résurrection leurs enfants morts. » Parmi ceux qui m'écoutent il y a beaucoup de mères dont les enfants se sont égarés, et sont devenus les esclaves du vice et des mauvaises passions. Vous êtes profondément découragées à leur sujet; mais si vous avez foi en Dieu, ils peuvent vous être rendus par une espèce de résurrection. Les enfants prodigues peuvent rentrer à la maison paternelle; les ivrognes et les femmes de mauvaise vie peuvent être sauvés. Dans toute cette grande ville, il n'y a pas un seul être humain, homme ou femme, quelque bas qu'il soit tombé, qu'on ne puisse atteindre.

De nos jours, nous devrions avoir beaucoup plus de foi qu'Abel, Enoch ou Abraham. Ils vivaient si longtemps avant Jésus-Christ. Nous parlons de la foi des patriarches et des prophètes, mais ils ne voyaient qu'une faible lueur, tandis que nous contemplons la lumière resplendissante qui rayonne du Calvaire et du tombeau vide de Jésus-Christ. Quand nous retardons en arrière, et que nous pensons à tout ce qu'a fait Jésus-Christ; quand nous pensons à son sang répandu pour le salut du monde, nous devrions nous mettre à l'œuvre, forts de sa force, et lui conquérir tous les cœurs. Notre Dieu peut faire des choses grandes et merveilleuses.

Vous vous rappelez que le centenier romain fit prier Jésus, de venir guérir son serviteur. Quand le Seigneur s'approcha, le centenier lui fit dire de ne pas prendre la peine d'entrer dans sa maison ; tout ce qu'il lui demandait était de dire une parole, afin que le serviteur fût guéri.

L'évangéliste ajoute que lorsque Jésus reçut le message du soldat romain, il admira sa foi. Chers amis, croyons aujourd'hui que Dieu va faire de grandes choses au milieu de nous.

Caleb et Josué étaient des hommes de foi. Ils furent plus utiles aux enfants d'Israël que le camp tout entier, composé d'incrédules, et que les dix autres espions. Moïse avait envoyé douze espions pour reconnaître le pays. Je dirai ici en passant que la foi n'a jamais besoin d'espions. Vous me répondrez peut-être que c'était Dieu qui avait commandé à Moïse de les envoyer; mais il nous est dit, dans le premier chapitre du Deutéronome, que, malgré les promesses formelles de Dieu, les Israélites eurent peur, et demandèrent à Moïse d'envoyer des espions. S'ils avaient cru en Dieu, ils seraient entrés en possession de la Terre promise dès leur arrivée à Kadès-Barné. Je suppose que ces douze hommes furent choisis en raison du rang qu'ils occupaient ou de l'influence qu'ils exerçaient au milieu des douze tribus.

A leur retour, au bout d'un mois environ, ils firent un double rapport, — ce que nous pourrions appeler le rapport de la majorité et celui de la minorité. Tous les douze s'accordaient à dire que le pays était bon, mais dix d'entre eux ajoutaient : « Nous ne saurions monter contre ce peuple, car il est plus fort que nous. Nous y avons vu aussi des géants, des descendants de Hanak» On croit voir ces dix espions le soir qui suivit leur arrivée : on fait cercle autour d'eux dans le camp, on écoute leurs récits. Il est probable qu'il y avait très peu de personnes autour de Caleb et Josué. Il semble vraiment parfois que les hommes sont plus disposés à croire un mensonge que la vérité. Voyez ces Israélites incrédules  ; ils écoutent avidement ce que raconte un des dix espions : « Croiriez-vous, dit celui-ci, que j'étais obligé de lever la tête pour regarder ces hommes en face ; ils font trembler la terre en marchant. Auprès de ces géants, nous ne paraissions que comme des sauterelles, les villes sont fortifiées de murs qui vont jusqu'au ciel. Nous ne saurions prendre ce pays. »

Mais Caleb et Josué tenaient un tout autre langage. A leurs yeux, c'étaient les géants qui n'étaient que comme des sauterelles. Ces hommes de foi se rappelaient comment Dieu les avait délivrés de la main de Pharaon et leur avait fait traverser la mer Rouge ; comment il les avait nourris dans le désert avec le pain du ciel, leur donnant à boire de l'eau du rocher. Pourvu que Dieu marchât avec eux, ils n'avaient qu'à monter hardiment et à prendre possession de ce pays-là. C'est pourquoi ils disaient au peuple : « Certainement nous serons les plus forts. » Que voyons-nous aujourd'hui dans l'Eglise de Dieu ? Dix personnes environ sur douze, parmi celles qui font profession de croire en Jésus-Christ, s'arrêtent à considérer les géants, les murs, les difficultés de tout genre qui se trouvent sur le chemin. « Nous ne saurions accomplir une œuvre pareille, disent-elles ; peut-être pourrions-nous en venir à bout s'il n'y avait pas tant de cabarets, tant d'ivrognerie, tant de matérialisme, tant d'opposition de toute sorte. »

Ne nous laissons pas décourager par ces hommes de petite foi. Si nous croyons en Dieu, nous saurons bien monter hardiment, et prendre possession du pays au nom de Jésus-Christ. Dieu prend toujours plaisir à honorer la foi de ses enfants.

Cette bénédiction que nous attendons, nous sera peut-être accordée en réponse aux prières de quelque malade, de quelque infirme, incapable de jamais assister à l'une de nos réunions. Au jour où l'œuvre de chacun sera manifestée, nous apprendrons peut-être que nous devons nos plus grandes bénédictions à la foi simple et confiante de quelque chrétien ignoré.

L'histoire de Caleb et de Josué nous apprend aussi que la foi est toujours accompagnée de courage. A toutes les époques, ceux qui ont fait de grandes choses pour Dieu, ont été des hommes de courage. Si nous sommes remplis de foi, il n'y aura plus place dans notre cœur pour des sentiments de crainte. Les chrétiens d'aujourd'hui s'attendent si peu à ce que Dieu se serve d'eux, qu'ils ont peur de tout. Ce qu'il nous faut, c'est le courage qui nous pousse en avant. Il est vrai que nous attirerons peut-être ainsi sur nous le blâme des chrétiens tièdes. Il ne manque pas de gens qui semblent n'avoir rien d'autre à faire qu'à critiquer tout ce que font les autres. — « Vous ne vous y prenez pas comme il faut, disent-ils. » Dès qu'ils entendent parler d'un nouveau projet, ils soulèvent des masses d'objections. S'ils voient qu'on veut marcher en avant, ils s'empressent de jeter un seau d'eau froide sur cet excès de zèle, — ils ne songent qu'aux difficultés qui peuvent surgir sur la route. Ce qu'il nous faut, c'est assez de foi, assez de courage pour aller résolument en avant sans nous laisser attarder par ces timides incrédules.

Quand Asa, roi de Juda, monta sur le trône, il voulut faire, nous dit le livre des Chroniques, « ce qui est bon et droit devant l'Eternel, son Dieu ; » mais ce n'était pas facile, et il lui fallut pour cela un grand courage. Il dut résister à sa mère et lui ôter la régence parce qu'elle avait encouragé l'idolâtrie. Il mit en pièces l'idole qu'elle avait faite et la brûla.

Il y a des jours où nous sommes obligés de résister à ceux qui devraient être nos meilleurs amis. L'heure n'est-elle pas venue pour nous de nous avancer en pleine eau ? Il ne m'est jamais arrivé de voir quelqu'un s'en aller par les rues et par les chemins, et le long des haies, afin de presser d'entrer dans la maison du Père céleste tous ceux qu'il trouverait, sans que le Seigneur ait béni ces efforts. Si vous avez le courage d'aller droit à votre voisin et de lui parler de son âme, Dieu bénira vos paroles. Peut-être la personne à qui vous parlerez commencera-t-elle par se fâcher, mais ce n'est pas toujours un mauvais signe. Qui sait si dès le lendemain elle ne vous écrira pas pour vous faire ses excuses. En tout cas, il vaut mieux la réveiller ainsi que de la laisser sommeiller jusqu'au jour de la mort.

Remarquez la manière dont Dieu s'y prit quand il voulut délivrer Israël de la main des Madianites par l'entremise de Gédéon. Gédéon avait réuni autour de lui une armée de trente-deux mille hommes. Il les avait sans doute comptés, et quand il sut que l'armée des Madianites était forte de cent trente-cinq mille hommes, il dut se dire : « Mon armée est trop petite ; j'ai peur de ne pas réussir. » Tout autre fut la pensée du Seigneur. « Le peuple qui est avec toi, lui dit-il, est en trop grand nombre. » Puis il lui ordonna de permettre à tous ceux qui étaient timides ou qui avaient peur, de retourner chez eux auprès de leurs femmes et de leurs mères. Dès que Gédéon eut fait connaître cet ordre de l'Eternel, vingt-deux mille hommes quittèrent l'armée. Il est probable qu'à cette vue Gédéon dut se dire que l'Eternel s'était trompé. Si tout à coup les deux tiers de cette assemblée se levaient pour sortir, vous seriez portés à croire qu'il ne resterait bientôt plus personne dans la salle.

Mais que dit l'Eternel à Gédéon ? — « Il y a encore trop de peuple; fais-les descendre vers l'eau et je te les choisirai là. Tous ceux qui prendront de l'eau dans leur main pour se désaltérer resteront avec toi ; ceux au contraire qui se courberont pour boire l'eau du torrent, s'en iront chez eux. » Cette fois, neuf mille sept cents hommes retournèrent chez eux, et Gédéon resta seul avec trois cents hommes ; mais cette poignée d'hommes, dont le cœur battait loyalement pour le Dieu des cieux et qui étaient prêts à marcher en avant en son nom, valaient plus que tous les autres qui semaient autour d'eux les germes du mécontentement et prédisaient la défaite. Rien n'est mieux fait pour décourager une armée, rien n'est mieux fait pour décourager une Eglise que d'avoir dans son sein des gens qui s'attendent toujours à des désastres et répètent sans cesse : Vous vous donnez une peine inutile ; nous n'approuvons pas ces efforts.

Il serait heureux pour l'Eglise de Dieu si tous les esprits timorés, si tous ceux qui manquent de foi retournaient chez eux, afin de permettre à ceux qui sont pleins de foi et de courage de marcher en avant contre l'ennemi. Cette petite troupe de trois cents hommes qui resta avec Gédéon mit en déroute les Madianites ; mais ce ne fut pas par sa propre force, ce fut par « l'épée de l'Eternel et de Gédéon. » Si nous marchons en avant, au nom du Seigneur et nous confiant en sa force, nous réussirons certainement.

Avant de quitter la terre, Moïse fit tout ce qu'il put pour encourager Josué, pour le fortifier et pour le réjouir. Il n'y avait pas trace de jalousie dans le cœur de Moïse quoiqu'il ne lui fût pas permis d'entrer dans la Terre promise. Il savait que c'était un bon pays, et il fit tous ses efforts pour encourager Josué à en prendre possession. Après la mort de Moïse, Dieu parla à Josué, et trois fois, dans ce premier entretien, il lui dit : « Fortifie-toi et prends courage. » Dieu voulait encourager son serviteur. « Nul ne pourra subsister devant toi pendant tous les jours de ta vie, lui dit-il ; je serai avec toi comme j'ai été avec Moïse. Je ne te laisserai point, et je ne t'abandonnerai point. »

Or, il arriva quelque temps après que Josué se trouvait près des murs de Jéricho, et il vit un homme qui se tenait debout devant lui, son épée nue à la main. Josué n'eut pas peur, mais il alla vers lui et lui dit : « Es-tu des nôtres, ou de nos ennemis ? » Il fut récompensé de son courage, car l'homme lui répondit : « Je suis le chef de l'armée de l'Eternel. » Il avait été envoyé à Josué pour l'encourager et le mener à la victoire.

C'est ainsi qu'on voit, d'un bout à l'autre des Ecritures, que Dieu aime à se servir des hommes courageux, et non pas de ceux qui s'attendent à la défaite.

Une autre chose encore : jamais, à ma connaissance, rien de grand n'a été fait pour le service de Dieu par un homme découragé. Qu'un pasteur monte en chaire accablé par le découragement, son état d'esprit se communiquera à son auditoire. De même pour un moniteur de l'Ecole du Dimanche. Quelle que soit notre sphère d'activité, il nous sera impossible de réussir si nous nous laissons aller au découragement. Dieu ne se servira pas de nous.

Un pasteur m'a raconté qu'il avait prêché pendant bien des années sans obtenir aucun résultat. Chaque fois qu'il partait pour l'Eglise, il disait à sa femme : « Je suis sûr que personne ne croira ce que je dis ; » et en effet, sa parole restait stérile. Enfin il reconnut son erreur ; il demanda à Dieu de lui aider, il reprit courage, et la bénédiction lui fut accordée. « Il vous sera fait selon votre foi. » Ce pasteur s'était attendu à ne rien recevoir, et il n'avait pas été trompé dans son attente. Chers amis, attendons-nous à ce que Dieu nous emploie à son service. Prenons courage et marchons en avant, comptant sur Dieu pour accomplir de grandes choses.

Elie sur le Mont Carmel était un homme bien différent de ce qu'il fut au désert quand, en proie au découragement, il se laissa tomber sous un genêt. Dans le premier cas, c'était un géant, et rien ne pouvait lui résister. Dans le second, il avait perdu toute force morale, et tremblait en pensant au message da la reine Jésabel. Il désirait que Dieu reprit son âme, et il ne pouvait plus rien faire pour Dieu. Il fallut que le Seigneur eût pitié de lui, et lui parlât : « Que fais-tu ici, Elie ? » lui dit-il. Je voudrais que Dieu parlât ainsi à tant de gens qui ne sont chrétiens que de nom, qui ne vivent jamais en communion avec lui, et qui ne font rien pour sa cause.

Pierre aussi, lorsqu'il renia son maître, était un tout autre homme que le jour de la Pentecôte. Sa communion avec son Maître avait été troublée, et la parole d'une servante fut suffisante pour le remplir de terreur. Il renia son maître, avec des serments et des imprécations. Jusqu'où un homme ne peut-il pas tomber quand il perd sa foi et son courage !

Mais Pierre fut réhabilité. Voyez-le le jour de la Pentecôte. Si la servante dont la question l'avait fait trembler, s'est trouvée dans la foule, et l'a entendu prêcher le merveilleux sermon qui nous a été rapporté dans le livre des Actes, je me figure qu'elle a dû être la personne la plus étonnée de tout Jérusalem. « Comment ! se dit-elle. Je l'ai vu il y a quelques semaines, et il tremblait de peur quand on disait qu'il était un des disciples du Galiléen; maintenant, il prend hardiment le parti de cet homme et dit que c'est le Messie. Il n'a pas honte de lui à présent. »

Dieu se servit puissamment de Pierre le jour de la Pentecôte lorsqu'il parla à cette immense assemblée, parmi laquelle se trouvaient les meurtriers de son Maître et de son Sauveur. Mais Dieu ne se serait pas servi de lui si Pierre ne s'était pas d'abord repenti de sa lâcheté et s'il n'avait pas recouvré sa foi et son courage. Il en est de même aujourd'hui. Si un homme qui a mis son activité au service de Jésus-Christ vient à perdre courage et se met à douter, le Seigneur le met de côté.

Il y a quelques années, j'ai traversé une période de découragement qui dura plusieurs semaines. Un certain Dimanche, entre autres, il me sembla, après avoir prêché, que mes efforts resteraient sans résultat. Le lendemain, j'étais très abattu, et je passai la matinée dans mon cabinet, plongé dans de tristes réflexions et méditant sur mon manque de succès. Une visite vint interrompre le cours de mes pensées. C'était celle d'un jeune homme qui faisait une classe biblique pour une centaine d'adultes, dans l'école du Dimanche que je dirigeais. Dès qu'il entra, je vis sur sa physionomie comme un reflet céleste, tandis que moi, je me traînais dans les bas-fonds de la terre.

— « Eh bien ! me dit-il, avez-vous été content de votre journée d'hier ? »

— « Pas du tout, répondis-je ; je sens que je n'ai pas obtenu le moindre résultat,et je suis tout-à-fait abattu. Et vous, êtes-vous content de votre journée ? » — « Je crois bien ! Je n'ai jamais eu un meilleur Dimanche. » — « Quel sujet aviez-vous pris ? » — « J'avais à étudier la vie et le caractère de Noé. Avez-vous jamais prêché sur Noé ? Avez vous étudié à fond son histoire ? » — « Mais non ; je ne crois pas en avoir jamais fait une étude particulière. » Il me semblait que je savais assez bien tout ce qui est dit de lui dans la Bible. Son histoire n'est pas très longue. — « Eh bien, si vous n'avez jamais étudié cette vie, je vous conseille de le faire à présent. Cela vous fera du bien. Quel homme merveilleux que Noé ! »

Quand le jeune homme fut parti, je pris ma Bible et quelques autres livres, et je me mis à lire tout ce que je pus trouver sur Noé. Il n'y avait pas longtemps que je lisais quand la pensée me vint : Voici un homme qui avait travaillé pendant cent vingt ans, sans obtenir une seule conversion en dehors de sa famille. Et cependant, il ne s'est pas découragé. Je fermai ma Bible ; le nuage s'était dissipé, et je sortis pour me rendre à une réunion de prières qui avait lieu à midi. A peine étais-je entré qu'un pasteur se leva pour nous dire qu'il arrivait d'une petite ville de l'Illinois, et que la veille il avait admis cent nouveaux membres dans l'Eglise. En l'écoutant, je me disais : Noé n'a jamais vu de résultats comparables à ceux-là. Que n'aurait-il pas donné pour entendre une nouvelle semblable ?

Quelques instants après, un homme qui était assis immédiatement derrière moi se leva à son tour. Il s'appuyait sur mon banc et je le sentais trembler. Je devinai son émotion. « Je voudrais, dit-il, qu'on priât pour moi. Je voudrais devenir chrétien. » Cette fois encore, je rentrai en moi-même et je me dis : Que n'eût pas donné Noé pour entendre une parole de repentir comme celle-là ! Jamais il n'entendit un seul pécheur implorer la miséricorde de Dieu, et pourtant il ne perdit pas courage. Depuis ce jour, je ne me suis plus laissé aller au découragement. Demandons à Dieu de dissiper les sombres nuages de l'incrédulité et du doute, et avançons-nous pleins de courage, au nom de notre Dieu, en comptant sur un résultat certain.

Admettant même que vous ne puissiez vous occuper activement d'aucune œuvre, vous pouvez du moins vous rendre très utile en encourageant les autres. Il ne manque pas de gens qui, non contents de ne rien faire eux-mêmes, cherchent à décourager les autres à chaque pas qu'ils font. Si vous les rencontrez, ils vous glacent de part en part. Je crois que j'aimerais autant m'exposer au vent glacial du mois de mars dans les rues d'Édimbourg, que d'entrer en rapport avec ces soi-disant chrétiens. Ecoutez-les parler de quelque nouvel effort qu'on vient de faire : « Oui, sans doute, on a dû faire du bien, mais on n'a pas atteint les masses. » On aurait dû faire telle eu telle chose de telle ou telle manière, et que sais-je encore? Ces sévères critiques ne veulent voir que le mauvais côté des choses.

Ne faisons pas attention à ces sombres pronostics et à ces remarques décourageantes. Au nom de notre grand Commandant, marchons au combat et à la victoire. Il y a des généraux dont le nom seul vaut plus qu'une armée de dix mille hommes. Pendant la grande guerre civile d'Amérique, il y avait des officiers dont la présence, faisait éclater des hourrahs enthousiastes sur toute la ligne. Les soldats savaient bien qui allait les conduire, et ils étaient sûrs de la victoire. Ils aimaient à combattre sous de tels généraux. Fortifions-nous dans le Seigneur, encourageons-nous les uns les autres, et notre travail sera abondamment béni.

Le livre des Chroniques nous raconte que Joab, général de l'armée de David, encourageait beaucoup sen frère qui lui aidait à faire la guerre.

« Sois vaillant, lui disait-il, et combattons vaillamment pour notre peuple et peur les villes de notre Dieu; et que l'Éternel fasse ce qu'il lui semblera bon. » Soyons animés du même esprit, et le Seigneur nous fera triompher de nos ennemis. Si nous ne pouvons pas être dans la mêlée nous-mêmes, du moins ne décourageons pas les autres. Un chef écossais du clan Mac Gregor tomba grièvement blessé à la bataille de Sheriff-Muir. A cette vue, le clan faiblit, et l'ennemi prit de l'avantage sur lui. Le vieux chef s'en aperçut. Se soulevant sur son coude, tandis que le sang coulait à flots de ses blessures, il s'écria : Je ne suis pas encore mort, mes enfants. Je vous regarde faire votre devoir. Cette parole ranima leur courage, et ils se précipitèrent en avant avec une énergie presque surhumaine. De même, quand notre foi faiblit et que notre cœur se sent prêt à défaillir, écoutons la voix du Capitaine de notre salut : « Voici, je suis tous les jours avec vous jusqu'à la fin du monde, nous dit-il ; je ne te laisserai point et ne t'abandonnerai point. Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie. »

Un de mes amis d'Amérique m'a raconté dernièrement qu'un évangéliste était venu le trouver pour lui confier sa peine. Tout allait de travers et il était tout à fait découragé. — « Le résultat final de toutes choses vous cause-t-il aucun doute? lui demanda mon ami. Croyez-vous que Jésus-Christ réussisse à fonder son royaume, et à établir sa puissance d'un bout de la terre à l'autre, ou croyez-vous qu'il échouera dans cette entreprise ? » L'évangéliste répondit naturellement que le triomphe de Christ était certain, mais il n'avait jamais envisagé la question sous cet aspect. Le meilleur remède contre le découragement, c'est de regarder l'avenir en se rappelant les promesses de Dieu. Mes chers amis, Jésus-Christ régnera certainement. Hâtons-nous de faire l'œuvre qu'il nous a confiée. Si nous sommes enveloppés par les nuages, rappelons-nous que le soleil brille ailleurs. Si nous ne réussissons pas aussi bien que nous le voudrions, d'autres, peut-être, sont plus heureux que nous.

Voyez comme notre tâche est plus facile que celle des premiers chrétiens. Songez à tous les obstacles qui se dressaient devant eux. Que de fois ils eurent à sceller de leur sang leur témoignage ! Le jour de la Pentecôte, Pierre avait à lutter contre le mépris de ceux qui l'écoutaient ; on le croyait ivre. Ses premiers disciples n'étaient pas entourés, comme nous le sommes aujourd'hui, d'amis sympathiques qui leur préparaient de vastes salles comme celle-ci, qui priaient pour eux et les encourageaient de toute manière. Voyez pourtant les merveilleux résultats de la prédication de Pierre le jour de la Pentecôte.

Songez aux épaisses ténèbres qui entouraient Luther en Allemagne, — aux difficultés qui assaillaient John Knox en Ecosse. Cependant, ces deux hommes ont travaillé pour Dieu au milieu de leurs contemporains et ils ont accompli une œuvre grande et durable ; aujourd'hui encore nous récoltons les fruits de leur travail fidèle. Songez à l'obscurité qui enveloppait l'Angleterre au temps de Wesley et de Whitefield, et voyez comme Dieu a béni leurs efforts. Pourtant ils avaient à lutter contre des obstacles qui n'existent plus aujourd'hui. Ils ont marché résolument en avant leur grand cœur plein de courage, et Dieu leur a donné le succès.

Je crois que si nos pères, qui vivaient au siècle dernier, pouvaient revenir sur la terre, ils seraient étonnés de voir toutes les facilités qui nous sont accordées aujourd'hui. Nous avons beaucoup de privilèges qu'ils ne possédaient pas, et dont ils n'avaient probablement aucune idée. Nous vivons à une grande et glorieuse époque. John Wesley mit des mois à traverser l'Atlantique ; nous faisons maintenant cette traversée en quelques jours. Pensez aussi à la puissance que donne de nos jours l'imprimerie. Nous pouvons imprimer nos écrits et les répandre jusqu'aux extrémités du monde. Puis nous avons le télégraphe électrique, et les chemins de fer qui nous transportent rapidement dans les endroits où nous désirons prêcher l'Évangile. N'ai-je pas raison de dire que nous vivons à une glorieuse époque ? Ne nous décourageons donc pas, mais mettons à profit tous ces privilèges, et honorons notre Dieu en comptant sur de grands résultats. Si nous y comptons, nous ne serons pas désappointés. Dieu est tout prêt, tout disposé à agir en nous et par nous, si de notre côté, nous sommes disposés à le laisser faire, et à lui servir d'instruments.

Peut-être quelques-uns d'entre nous sont-ils faibles et âgés, et vous vous dites en m'écoutant : « Comme je voudrais redevenir jeune ! J'aimerais à me lancer au plus fort de la mêlée. » Mais il y a des choses que les personnes âgées peuvent faire aussi bien que les jeunes. Vous pouvez aller de maison en maison afin d'inviter à ces réunions toutes les personnes que vous rencontrerez. Il y a beaucoup de place dans cette grande salle. L'Évangile y sera prêché, et bien des hommes, qui ne mettent jamais les pieds dans un lieu de culte, consentiraient à venir ici.

Et si vous ne pouvez même pas faire ces invitations, vous pouvez tout au moins encourager par de bonnes paroles ceux qui travaillent, et demander à Dieu de les bénir. Il m'est arrivé bien des fois, en descendant de chaire, de voir un vieillard, arrivé aux confins mêmes de l'éternité, s'approcher de moi, me serrer la main, et me dire d'une voix émue : « Que le Seigneur vous bénisse ! » — Comme ces paroles m'ont fait du bien et m'ont encouragé. Vous qui êtes trop faibles maintenant pour travailler vous-mêmes, ne négligez pas d'encourager les jeunes.

Une autre chose que vous pouvez faire, c'est de demander à Dieu de bénir toutes les paroles qui seront prononcées, tous les efforts qui seront faits. Il devient facile de prêcher quand on sent qu'il y a des âmes qui prient pour vous et sympathisent avec vous au lieu de critiquer et de trouver à redire.

Vous connaissez, je pense, l'histoire de cet enfant qui fut sauvé d'un incendie. Il était au quatrième étage d'une maison, les flammes l'enveloppaient et il courut à la fenêtre en criant au secours. Un pompier s'élança aussitôt sur l'échelle pour essayer de le sauver. Malheureusement, le vent soufflait et chassait les flammes de son côté, tellement que la chaleur devint intolérable ; il parut hésiter, et l'on put craindre qu'il revint sans l'enfant. Des milliers de spectateurs le regardaient, et leur cœur frémissait à la pensée que l'enfant allait périr dans les flammes si le pompier n'arrivait pas jusqu'à lui. Tout à coup, quelqu'un dans la foule s'écria « Encouragez-le ! » Aussitôt un « hourrah » formidable, suivi de plusieurs autres, s'échappa de toutes les poitrines. « Courage ! En avant ! » Electrisé par ces cris, le brave pompier reprit courage ; il affronta les flammes et la fumée, et il revint avec l'enfant dans ses bras.

Si vous ne pouvez pas aller vous-même à la recherche de ceux qui périssent, priez du moins pour ceux qui y vont, et encouragez-les. Si vous le faites, le Seigneur vous exaucera et bénira vos efforts.

Chacun a aidé à son prochain, et a dit à son frère : « Fortifie-toi. »

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