À L'Œuvre !

4. LA RÉCOMPENSE DE LA FOI

« Or, un jour que Jésus enseignait, et que des Pharisiens et des docteurs de la loi, qui étaient venus de tous les bourgs de la Galilée, et de la Judée, et de Jérusalem, étaient là assis, la puissance du Seigneur agissait pour guérir les malades. Alors il survint des gens qui portaient sur un lit un homme perclus ; et ils cherchaient à le faire entrer dans la maison, et à le mettre devant Jésus. Et ne sachant par où le faire entrer, à cause de la foule, ils montèrent sur la maison, et le descendirent par une ouverture avec son lit, au milieu de l'assemblée, devant Jésus, qui ayant vu leur foi, lui dit : Ô homme ! tes péchés te sont pardonnés. »

Les trois évangélistes, Mathieu, Marc et Luc, nous racontent cette histoire. J'ai remarqué que quand le même miracle est rapporté par deux ou trois des auteurs évangéliques, c'est toujours pour faire ressortir quelque vérité importante. Il me semble que ce que le Seigneur veut nous enseigner ici, c'est la manière dont il honore la foi des quatre hommes qui lui avaient amené ce paralytique pour qu'il le guérit. On ne nous parle pas de la foi du paralytique lui-même. Ce fut en voyant leur foi que Jésus exerça sa puissance et guérit le malade. (Plusieurs commentateurs sont d'avis qu'en parlant de « leur foi, » l'évangéliste n'a pas entendu exclure celle du paralytique lui-même. Calvin, par exemple s'exprime ainsi « Christ n'a pas tellement regardé ceux qui portoyent le paralytique qu'il n'ait aussi eu esgard à la foy d'iceluy. » Trad.)

Je voudrais dire maintenant à tous ceux qui travaillent pour Christ que si le Seigneur voit que nous comptons sur sa bénédiction, il honorera notre foi, et sauvera ceux que nous lui amènerons. Il n'a encore jamais trompé l'attente de ses enfants. Vous ne trouverez pas dans la Bible un seul exemple d'un homme ou d'une femme dont la foi sincère n'ait pas été honorée par Dieu. Pendant que le Seigneur Jésus était sur cette terre, maudite à cause du péché, rien ne le réjouissait autant que de voir la foi de ses disciples ; rien ne fortifiait autant son cœur.

L'Evangile nous raconte qu'il régnait à ce moment-là une grande agitation dans la ville de Capernaüm. Quelques semaines auparavant, le Sauveur avait été chassé de la ville de Nazareth, où il avait été élevé. Il était descendu à Capernaüm, et tout le peuple avait été étonné de sa doctrine. Son étoile se levait à l'Orient, et sa réputation commençait à se répandre dans tout le pays d'alentour. La belle-mère de Pierre avait été guérie par une simple parole. Le serviteur d'un officier de l'armée romaine avait été relevé d'un lit de maladie, et le Sauveur avait accompli plusieurs autres miracles remarquables. On venait à Capernaüm de toutes les villes de la Galilée, de la Judée, et de Jérusalem. On se rassemblait pour s'enquérir plus exactement des faits merveilleux qui se passaient.

La voix de Jean-Baptiste, proclamant la venue d'un prophète dont il n'était pas digne de délier la courroie des souliers, avait retenti d'une extrémité à l'autre du pays. Jean-Baptiste l'annonçait encore, que déjà le prophète lui-même apparaissait dans le nord de la Galilée, et que de nombreux prodiges signalaient sa venue.

Les Pharisiens et les docteurs de la loi étaient venus à Capernaüm pour examiner de plus près les récits qui circulaient. Ils entouraient le jeune docteur afin d'entendre ses enseignements, et la foule envahissait la maison où ils étaient réunis. Il est probable que la plupart de ces sages croyaient à peine un mot de ce que disait Jésus ; mais il y en avait peut-être aussi quelques-uns dont le cœur s'ouvrait à sa parole. Qui sait si Nicodème et Joseph d'Arimathée n'étaient pas là. En tout cas, ils ne s'étaient pas encore déclarés publiquement disciples de Jésus.

« La puissance du Seigneur, nous dit l'évangéliste, agissait pour guérir les malades ; » il n'ajoute pas, cependant, que tous les malades fussent guéris. Il en est de même très souvent aujourd'hui.

La puissance du Seigneur peut agir dans ces assemblées pour guérir ceux qui souffrent ; cependant, bien des âmes s'en iront, se demandant ce que tout cela veut dire, et sans avoir été guéris de leurs maladies spirituelles. Ce qu'il nous faut, c'est de sentir la puissance du Seigneur au milieu de nous.

Il y a quelque temps, un individu entra dans une de nos réunions à Londres. Il se trouva placé dans une partie de la salle d'où il ne pouvait rien entendre distinctement. Il n'entendit même pas le chapitre de la Bible qui fut lu, ni le texte du sermon. Il resta pourtant à sa place pendant tout le service, renfermé en lui-même pour ainsi dire. Il a raconté plus tard que ce fut alors que Dieu se révéla à lui, et parla de paix à son âme. Je crois à l'action de l'Esprit de Dieu, même sans l'intermédiaire d'aucune voix humaine.

Ces quatre porteurs se rendirent plus utiles que tous ces Pharisiens et tous ces docteurs de la loi, qui étaient venus uniquement pour regarder et pour critiquer. Je ne sais pas qui ils étaient, mais je les ai toujours beaucoup admirés.

Peut-être l'un d'eux avait-il été aveugle, et le Seigneur lui avait-il rendu la vue. Peut-être un autre avait-il été infirme dès sa naissance, et quand Jésus lui eut rendu l'usage de ses membres, il se sentit pressé de les employer à amener au Seigneur quelque autre malade pour qu'il le guérit. Le troisième avait peut-être été lépreux ; il connaissait le pauvre paralytique, et voulait qu'il eût part, lui aussi, aux grâces du Seigneur. Quant au quatrième, il avait peut-être été sourd-muet, et il voulait maintenant mettre ses nouvelles facultés au service des autres. Après avoir été ainsi les objets de la miséricorde du Seigneur, ces quatre hommes s'étaient dit : « Il faut amener à Jésus notre pauvre voisin paralysé. » Le paralytique leur avait peut-être répondu qu'il ne croyait pas que Jésus pût le guérir ; mais ces quatre amis lui avaient raconté comment il les avait délivrés de leurs infirmités. S'il avait pu les guérir, pourquoi ne guérirait-il pas aussi un paralytique ?

Il me semble que rien ne doit être plus propre à réveiller la conscience d'un homme que de voir plusieurs personnes s'intéresser à lui. Les missionnaires ou les évangélistes ont souvent peur d'aller sur les brisées les uns des autres. Pour ma part, je serais très heureux que chaque famille du quartier reçût une quarantaine d'invitations pour chacune de nos réunions.

On m'a parlé dernièrement d'un homme qui ne croit ni à Dieu, ni à la Bible, et qui ne va jamais à l'église. Un des jeunes gens qui distribuent les billets d'invitation lui demanda s'il n'aimerait pas à assister à l'une de nos réunions. Non certes, répondit-il en colère; je ne crois pas à ces sortes de choses ; on ne me verra jamais dans une foule de ce genre. Un peu plus tard, un second jeune homme, ne sachant pas qu'on avait déjà parlé à ce monsieur, vint lui offrir un billet d'invitation. Notre homme était encore irrité ; il lui dit carrément sa façon de penser, et refusa le billet.

La journée n'était pas achevée qu'un troisième billet lui fut offert. Cette fois, il ne se fâcha pas, sa conscience commençait à s'éveiller, il se contenta de refuser le billet. Enfin, il sortit pour faire une emplette. Le marchand glissa un des billets d'invitation dans le paquet, et quand l'acheteur fut rentré chez lui, quelle ne fut pas sa surprise en trouvant le malencontreux papier. C'en était trop. Frappé d'une telle persistance, il alla, non à notre réunion, mais dans une église voisine, et je crois qu'il est maintenant sur la voie du salut.

Si une première tentative ne réussit pas auprès de la personne que vous désirez amener au Sauveur, faites-en une autre, et encore une autre; recommencez, jour après jour. C'est une grande chose que de sauver un homme, de lui aider à sortir de l'abîme où il s'enfonce, et à poser ses pieds sur le roc, de lui apprendre à chanter le cantique de la délivrance. Rien ne contribuera plus à réveiller la conscience d'un homme que de voir l'intérêt sincère que lui portent ses amis. Si vous n'y parvenez pas tout seul, faites-vous aider par d'autres.

Ces quatre hommes rencontrèrent un obstacle sur leur route. L'entrée de la maison était encombrée par la foule, et il était impossible de pénétrer jusqu'au Maître. Peut-être demandèrent-ils à quelques personnes de s'écarter ; mais non, personne ne voulait bouger. On ne se souciait pas de se déranger pour un malade. — Il ne manque pas de gens qui ne veulent pas entrer eux-mêmes dans le royaume de Dieu, et qui jettent des obstacles devant ceux qui voudraient y parvenir. Après avoir fait de vains efforts pour franchir la porte, les quatre porteurs se mirent sans doute à la recherche d'un autre moyen. Si certains d'entre nous avaient été à leur place, il est probable que nous aurions été tout-à-fait découragés, et que nous aurions ramené le paralytique chez lui.

Ces hommes avaient non seulement une grande foi, mais une grande persévérance. Ils sont résolus à amener leur ami à Jésus. S'ils ne peuvent pas passer par la porte, eh bien, ils trouveront moyen de passer par le toit ! « Vous avez du zèle sans connaissance, » dit-on souvent d'un ton de reproche. J'avoue que j'aime bien mieux cela que de la connaissance sans zèle. Voyez les efforts de ces quatre porteurs pour hisser leur fardeau jusque sur le toit. Si vous avez jamais essayé de porter un blessé dans un escalier, vous comprendrez que la besogne n'était pas facile ; mais ces quatre hommes n'étaient pas d'humeur à reculer ; les voilà enfin sur le toit.

Il s'agit maintenant de faire descendre le paralytique dans l'intérieur de la maison. Ils commencent à enlever quelques tuiles. Je crois voir tous ces savants et tous ces docteurs lever la tête, et se dire les uns aux autres : Quelle étrange manière de faire ! Nous n'avons jamais vu entrer dans une maison par le toit. Ce n'est pas dans l'ordre. Ces hommes se laissent emporter par le fanatisme. Voyez quel trou ils ont fait !

Mais la résolution de ces hommes est bien ferme ; rien ne saurait les en détourner. Ils font descendre, au milieu de la chambre, la couverture sur laquelle était étendu le paralytique, et déposent leur ami aux pieds de Jésus. Quelle bonne place ils avaient choisie, n'est-il pas vrai ! Si vous avez un fils incrédule, un mari sceptique, ou tout autre membre de votre famille, qui se moque de la Bible et se raille du christianisme, portez-le aux pieds de Jésus, et le Seigneur honorera votre foi.

« Quand Jésus vit leur foi, » dit le récit de l'Évangile. Je pense que ces hommes se penchaient sur le bord de l'ouverture du toit pour voir ce qui allait se passer ; Jésus-Christ les regarda, et quand il vit leur foi il dit au paralytique : « Prends courage, mon fils, tes péchés te sont pardonnés. » C'était plus qu'ils n'avaient demandé ; ils n'avaient pensé qu'à la guérison de son corps. Amenons aussi nos amis à Jésus, et nous recevrons plus que nous n'aurons demandé. Le Seigneur a commencé par accorder au paralytique le don qui lui était le plus nécessaire. Il est très possible que sa paralysie eût été occasionnée par ses péchés, et que pour ce motif, le Seigneur ait commencé par lui pardonner ses péchés.

Les Pharisiens se mettent à raisonner en eux-mêmes. « Qui est celui-ci qui pardonne les péchés ? » Le Maître pouvait lire leurs pensées aussi facilement que nous pouvons lire un livre. — « Lequel est le plus aisé, leur répond-il, de dire : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre l'autorité de pardonner les  péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, je te le dis, emporte ton lit et t'en va à ta maison. » Aussitôt le paralytique s'élança sur ses pieds, tout à fait guéri. Il roula sa couverture, la jeta par-dessus ses épaules, et s'en alla chez lui. Soyez sûrs que tous les sages et tous les philosophes qui n'avaient pas voulu se déranger pour le laisser entrer, se dépêchèrent de lui faire place pour le laisser sortir. Il n'eut pas besoin de s'en aller par le toit ; il passa par la porte.

Mes chers amis, ayons confiance pour ceux que nous amenons à Christ. Croyons pour eux s'ils ne veulent pas croire pour eux-mêmes. Parmi ceux qui m'écoutent, il y en a peut-être qui ne croient ni à la Bible ni à l'Évangile du Fils de Dieu. Amenons-les à Christ dans les bras de la foi. Il ne change jamais ; « il est le même hier, aujourd'hui et éternellement. » Comptons sur de grandes bénédictions. Attendons-nous à voir les morts ressusciter, les pécheurs se convertir et le diable perdre sa puissance. De nos jours, aussi bien que du temps de Jésus-Christ, il y a des hommes qui sont possédés de l'esprit du mal. Amenons-les aux pieds de Jésus-Christ afin qu'il puisse les guérir et les sauver. Arrachons de notre cœur cette maudite incrédulité, et venons à Dieu tous ensemble, avec la certitude que nous verrons des signes et des merveilles s'accomplir au nom de Jésus. Notre Sauveur a conservé la puissance d'opérer des miracles, et il en fera, si nous lui demandons de tenir sa promesse. « Il peut toujours sauver ceux qui s'approchent de Dieu par lui. »

S'il se trouve parmi nous un homme inconverti, Dieu a la puissance de le sauver de ses péchés aujourd'hui même. Si vous avez le désir d'être converti, venez droit au Maître, comme le lépreux d'autrefois. « Seigneur, lui dit-il, si tu le veux, tu peux me nettoyer. » Jésus honora sa foi, et lui dit : « Je le veux, sois nettoyé. » Remarquez bien, — cet homme avait mis le si où il fallait : « Si tu le veux. » Il ne doutait pas de la puissance du Fils de Dieu. Le père qui avait amené son fils à Jésus, avait dit : « Si tu y peux quelque chose, aie compassion de nous. » Le Seigneur le plaça immédiatement sur le terrain de la vérité, en lui disant : « Si tu le peux croire, toutes choses sont possibles à celui qui croit. » Ô mère ! peux-tu croire que Dieu sauvera ton fils ? Si tu le peux, le Seigneur prononcera la parole de délivrance ; il te sera fait selon ta foi.

Il nous est bon de nous placer aux pieds du Maître, et d'y rester. Quand la pauvre femme, chez qui avait logé le prophète Elisée, vint lui demander de rendre la vie à son fils, le prophète dit à son serviteur de partir aussitôt et d'aller mettre son bâton sur le visage de l'enfant. Mais la mère ne voulait pas quitter le prophète ; ce n'était pas assez qu'il envoyât son serviteur ni qu'il fit mettre son bâton sur le visage de l'enfant ; il lui fallait le maître lui-même. Alors Elisée partit avec elle, et ce fut très heureux, car le serviteur n'avait pas pu ressusciter l'enfant.

A nous aussi, il faut plus que le bâton du prophète, plus que le serviteur. Nous avons besoin d'aller au-delà,jusqu'au cœur du Maître lui-même. Amenons-lui nos amis paralysés. Il est dit de Jésus que, dans une certaine ville, il ne put faire que peu de miracles à cause de leur incrédulité. Demandons-lui de nous délivrer de cette malheureuse incrédulité, qui empêche la bénédiction de Dieu de descendre sur nous et qui empêche aussi d'être sauvés ceux qui souffrent de la paralysie du péché.

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