Le Culte du Dimanche : 52 simples discours

47.
Deux caractères du véritable Évangile

Mais si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile contraire à celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! Comme nous l’avons déjà dit, je le dis encore maintenant : Si quelqu’un vous évangélise contrairement à ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! Car maintenant est-ce que je désire la faveur des hommes ou celle de Dieu ? ou cherché-je à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ.

(Galates 1.8-10)

Lecteur, l’Évangile que nous vous annonçons satisfait-il à ces deux conditions ? Telle est la question que nous venons examiner avec vous aujourd’hui. Mais, avant de commencer cet examen, résumons en peu de mots l’exposé de l’Évangile que nous vous prêchons chaque dimanche, afin que, l’ayant mieux présent à l’esprit, vous puissiez mieux aussi lui appliquer les deux caractères qui doivent vous en faire reconnaître la vérité ou la fausseté. – Trois idées principales résument l’Évangile que nous vous annonçons : premièrement, tous les hommes ayant péché, et le salaire du péché étant la mort, tous les hommes sont condamnés devant Dieu ; deuxièmement, les hommes peuvent obtenir leur pardon en croyant en Jésus-Christ mort pour les racheter de cette condamnation ; troisièmement, dès lors ces hommes deviennent chrétiens, étant régénérés et sanctifiés par le Saint-Esprit. – Péché de l’homme, rachat par Jésus-Christ, don du Saint-Esprit : voilà, en aussi peu de paroles que possible, l’Évangile que nous vous prêchons. Est-ce une nouveauté ? Ouvrons la liturgie dont, depuis vingt, trente, quarante années, vous suivez chaque dimanche, du fond du cœur, les paroles : « Nous sommes de pauvres pécheurs, nés dans la corruption, enclins au mal, incapables, par nous-mêmes, de faire le bien, et qui transgressons tous les jours, et en plusieurs manières, tes saints commandements ; en sorte que nous attirons sur nous, par ton juste jugement, la condamnation et la mort… Veuille donc avoir pitié de nous, Dieu très bon, Père de miséricorde, et nous pardonner nos péchés, à cause de ton fils Jésus-christ, Notre Seigneur ; accorde-nous aussi, et nous augmente chaque jour, les grâces de ton Saint-Esprit … » – La confession des péchés que vous répétez chaque dimanche, écrite et lue dans votre propre liturgie, proclame donc la corruption absolue de l’homme, le pardon par Christ, et les dons du Saint-Esprit ; et cela dans votre Église, depuis et avant votre enfance ; ce n’est donc pas une nouveauté.

Mais, direz-vous, la doctrine de notre liturgie et de notre Église même ne fait pas règle ; elle-peut dater d’une époque antérieure à notre enfance, et cependant être encore une nouveauté. Nous ne sommes pas les membres de notre Église en particulier, nous sommes, avant tout, membres de l’Église réformée de France, – Soit, examinons. Il est une pièce faite d’un commun accord par les Églises réformées du royaume de France, sanctionnée par les lois de l’État qui nous régissent ; ouvrons cette confession de foi faite pour toute l’Église et par toute l’Église, et lisons : « Nous croyons que l’homme est aveuglé dans son esprit, dépravé dans son cœur, et qu’il a perdu toute son intégrité. Nous croyons que ce vice suffit à condamner tout le genre humain. Nous croyons que toute notre justice est fondée dans la rémission de nos péchés, et que nous sommes faits participants de cette justice par la seule foi. Nous croyons que nous sommes illuminés en la foi par la grâce secrète du Saint-Esprit. » La corruption totale de l’homme, le salut par la foi, les grâces du Saint-Esprit, se retrouvent donc dans la confession de foi des Églises de France, et écrites il y a des siècles ; ce ne sont donc pas des nouveautés.

Mais, me direz-vous encore, ce n’est pas de ces Églises que nous sommes disciples ; nous ne portons pas le nom de chrétiens de France ; nous sommes protestants, enfants de la réforme, disciples de Luther et de Calvin. – Soit, examinons et Luther et Calvin, et remontons à la réforme d’où vous datez votre origine.

Calvin, nous dit son historien, « Calvin embrasse la Trinité, le péché originel, l’impuissance morale de l’homme, la réconciliation, la pénitence, la justification. Il adopte l’incapacité totale de l’homme, qui l’empêche de commencer sa conversion à Christ, et il fait dépendre cette conversion entièrement de l’Esprit divin. » – Luther, son contemporain, et, comme lui, père de la réformation, Luther nous dit lui-même : « Aussi longtemps que la grâce de Dieu est éloignée de nous, toutes nos actions sont mêlées de quelque mal, et elles sont, par conséquent, inutiles à notre salut. L’homme, avant d’être régénéré par l’Esprit, ne peut rien faire, ne peut rien tenter pour préparer sa régénération. Pour produire tous les passages de l’Écriture qui prouvent l’incapacité originelle de l’homme pour le bien, il faudrait la transcrire en entier. Dans ceux qui, loin d’être régénérés, sont encore les esclaves de Satan, il n’existe pas la moindre tendance à des efforts ou à des actions vertueuses. » – Ainsi, descendants de Luther et de Calvin, vous l’entendez : vos réformateurs vous croient naturellement incapables de tout bien, vous renvoient au salut par la foi en Christ et aux dons du Saint-Esprit. Ces doctrines étaient connues au seizième siècle, elles ne sont donc pas des nouveautés.

Mais, me répondrez-vous encore, Luther et Calvin n’étaient que des hommes sujets, comme nous, à l’erreur ; nous sommes les disciples des apôtres, et notre foi doit remonter à l’origine du Christianisme ; la foi d’un saint Pierre, d’un saint Jean, d’un saint Paul, peut seule faire règle pour nous, chrétiens apostoliques. – Soit, lecteur ; examinons donc les paroles d’un saint Paul, d’un saint Jean, d’un saint Pierre.

Paul a dit : « Tous, tant Juifs que Gentils, sont assujettis au péché ; il n’y en a point de juste, pas même un seul ; il n’y en a aucun qui fasse le bien, non pas même un seul ; ils se sont tous égarés, ils se sont tous corrompus ; tous sont entièrement privés de la gloire de Dieu. » D’après saint Paul, tous les hommes sont donc mauvais et condamnés.

Saint Jean a dit : « C’est Jésus-Christ qui est la propitiation pour nos péchés. Vous savez que Jésus-Christ a paru pour ôter les péchés du monde. Dieu nous a envoyé son Fils pour faire l’expiation de nos péchés. » D’après saint Jean, c’est donc par Jésus-Christ que nous obtenons le pardon de nos péchés.

Saint Pierre a dit : « Vous recevrez le don du Saint-Esprit ; car la promesse en a été faite à vous, à vos enfants, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera. » D’après saint Pierre, nous pouvons donc attendre les dons du Saint-Esprit. – Esprit Saint, pardon par Jésus, corruption de l’homme, remontent donc aux premiers apôtres du Christianisme ; ils datent de dix-huit siècles, ce ne sont donc pas des nouveautés.

Mais enfin, direz-vous encore, Paul, Pierre, Jean, n’étaient que des hommes ; hommes choisis par Jésus, il est vrai, mais enfin des hommes ; nous ne sommes pas leurs disciples, nous sommes les disciples de Jésus-Christ. – Eh bien, lecteur, citons donc les paroles de Jésus-Christ : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Celui qui ne croit pas est déjà condamné. Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup et qu’il soit mis à mort. Il est venu donner sa vie pour la rançon de plusieurs. Mon corps est donné pour vous ; mon sang est répandu pour plusieurs en rémission des péchés. Si vous, tout méchants que vous êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ! En vérité, je te dis que si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » – Ces témoignages sont-ils nombreux ? Ces paroles sont-elles claires ? Ainsi donc, ce que vous regardez comme une nouveauté datant de quelques jours n’est autre chose que la doctrine de votre liturgie et de votre Église, la doctrine des Églises de France et des réformateurs ; ce que vous appelez une nouveauté est l’Évangile de Pierre, de Jean, de Paul, l’Évangile de Jésus-Christ, l’Évangile de la Bible, l’Évangile de Dieu !

Mais, s’il en est ainsi, nous direz-vous peut-être, comment se fait-il que nous n’en ayons pas entendu parler dans notre enfance, que nos anciens pasteurs, toujours prêts à nous prêcher la morale, se soient tus là-dessus ? – Pourquoi ? dites-vous. Je vais vous le faire comprendre par une comparaison.

Les fils d’un roi malheureux, renversé de son trône et massacré par ses ennemis, quittèrent dès leur plus tendre enfance leur patrie pour aller chercher un asile en terre étrangère, sous la conduite de quelques serviteurs. Ces enfants, oubliant leur origine, grandissant dans ces contrées nouvelles, au milieu de peuples étrangers, en prirent insensiblement les goûts, les mœurs, les habitudes, et vécurent au milieu d’eux comme au milieu de leurs concitoyens. Les serviteurs qui, par faiblesse, leur avaient laissé ignorer l’histoire de leur origine, et qui les avaient eux-mêmes façonnés aux mœurs de leur nouvelle patrie, moururent enfin, et cédèrent leur place à d’autres qui, au péril de leur vie, reconquirent le royaume de leur père, reconduisirent ces fils de roi dans leur véritable patrie, les firent monter sur le trône de leurs ancêtres et leur dirent : « Voici votre patrie, vos sujets, votre trône ; vous rentrez dans vos droits. – Non, répondirent les fils du roi ; ce n’est pas là notre patrie ; ces lieux sont tout nouveaux pour nous : ce n’est plus là le palais où s’écoula notre enfance ; ces vallées, ces fleuves, ces ombrages que nous avons toujours eus sous les yeux ; ces hommes ne sont pas nos concitoyens ; ces mœurs ne sont pas les nôtres ; vous nous trompez, ce n’est pas là notre patrie ! Reconduisez-nous, reconduisez-nous aux lieux de notre enfance ! » – Lecteur, cette histoire est la vôtre ; ces fils de roi c’est vous-même ; le trône dont vous avez été déshérité, c’est le véritable Évangile. Lorsque les philosophes du siècle dernier, ennemis de la foi de vos pères, s’efforçaient de renverser le règne du Christianisme par leurs écrits pleins de sophismes, de mensonges, de fausse science et de mauvaise foi ; lorsque les incrédules, par de honteuses flatteries, criaient au peuple qu’il était trop éclairé pour ajouter foi plus longtemps aux fables de l’Évangile ; lorsque la fureur révolutionnaire ferma la dernière église chrétienne pour ouvrir des temples aux idoles du paganisme, sous le nom de Liberté et de Sagesse ; lorsque de toutes parts les hommes, ennemis naturels d’une Bible qui les déclare mauvais, s’efforçaient de renverser l’œuvre de la révélation pour élever sur ses ruines la soi-disant religion naturelle ; lorsqu’enfin la foi du chrétien fut méprisée et tournée en ridicule, alors les indignes ministres de cette foi, les serviteurs qui auraient dû combattre pour vous maintenir sur le trône de la vérité évangélique, ces hommes, effrayés et confus, fermèrent la Bible, rapetissèrent le Christianisme à la taille de la religion naturelle, vous prêchèrent une morale appuyée sur des motifs humains, s’efforcèrent, en un mot, pour détourner de leur tête la persécution ou le ridicule, de faire croire que leur religion, le Christianisme, n’était autre chose que les idoles du siècle, la sagesse humaine, la liberté politique et la morale mondaine, ayant pour but unique le bien-être matériel de ce monde. – Mais enfin, touché de compassion pour sa pauvre Église de France, Dieu lui suscita, au commencement de ce siècle, des serviteurs dévoués, des pasteurs fidèles, des prédicateurs courageux qui vinrent vous dire : Fils de roi, on vous trompe ! Vous êtes en terre étrangère ; retournez, retournez dans votre patrie ; quittez Babylone pour Jérusalem ; remontez sur le trône de vos pères. Ce trône, c’est la Bible ; cette Bible est votre trésor, ne vous en laissez pas déposséder ; lisez et relisez ses pages, vous y trouverez le pardon de vos fautes, les dons du Saint-Esprit et le salut éternel et gratuit de vos âmes ! – Et alors, vous, cher lecteur, vous depuis longtemps déshabitué de ce langage, vous répondez : « Ce n’est pas là notre patrie ; cette religion n’est pas la religion de nos pères, ce n’est pas celle de notre enfance ; » et vous oubliez que la foi de vos pères a péri avec eux, et que votre enfance s’est écoulée dans l’exil de l’incrédulité.

Ainsi donc, ne nous accusez plus d’étrangeté lorsque nous venons vous présenter les doctrines de votre propre Église, de vos réformateurs, des premiers prédicateurs du Christianisme ; ne nous accusez plus de nouveauté, lorsque nous vous annonçons une Parole déjà annoncée aux Galates il y a dix-huit siècles. Ce n’est pas nous qui vous le disons, c’est Calvin et Luther, les apôtres et Jésus-Christ, la Bible et Dieu lui-même qui vous crient : « Vous êtes des pécheurs perdus et condamnés à une éternité de souffrances, il n’y a de salut pour vous que par la foi en Jésus-Christ, de pardon que dans son sang ; et si vous avez une pensée contraire, c’est l’orgueil qui vous l’inspire. Tout en vous est chair, et ce n’est que lorsque vous serez régénérés par le Saint-Esprit que quelque bien pourra s’opérer en vous… » Eh bien, direz-vous que cette doctrine soit celle de nos Églises, de nos réformateurs, celle des apôtres, celle de Christ, c’est possible ; mais ce n’est pas la nôtre, nous n’en voulons pas ; elle nous déplaît, nous fatigue, nous est insupportable. – Oui, elle vous déplaît, voilà la véritable cause qui vous la fait repousser ; elle vous déplaît, et c’est précisément une preuve de plus qu’elle est la vérité ; c’est le second caractère du véritable Évangile de déplaire aux hommes, et saint Paul vous l’a dit : « Si nous cherchions à plaire aux hommes, nous ne serions pas ministres du Christ » Vous êtes donc vous-même un témoignage vivant de la vérité de l’Évangile que nous annonçons : c’est la pensée qu’il nous reste à développer.

De sa nature, le véritable Évangile doit déplaire aux hommes. En effet, dès que vous admettez que la Bible est une révélation qui vient apporter la lumière et la sainteté, vous reconnaissez par cela même que les hommes, avant de s’y soumettre, sont naturellement dans l’erreur et le péché. Mais si les hommes sont naturellement dans l’erreur et le péché, s’ils y vivent comme dans leur élément, s’ils s’y plaisent, parce qu’ils ne connaissent pas d’autres biens, ne doit-on pas s’attendre à les voir repousser la vérité et la sainteté, opposées à leur nature, contraires aux habitudes de leur vie, désagréables à leurs goûts et à leurs penchants ? Oui, sans doute ; et cette révélation elle-même vient à l’appui de ce raisonnement. Elle demande à l’homme une nouvelle naissance, une régénération ; il est chair, elle veut qu’il devienne esprit, et déclare qu’il y a inimitié entre ces deux principes. Ainsi, il faudra donc que l’Esprit de Dieu, l’esprit qui a dicté cette révélation, vienne dessiller les yeux de l’homme, pour lui faire recevoir la vérité. Alors ces hommes nés de Dieu ne trouveront plus ses commandements pénibles, et le véritable Évangile deviendra doux à leur cœur, agréable à leurs yeux. Mais aussi longtemps que ces hommes resteront dans leur nature première, ennemis de la lumière et de la sainteté que leur apporte la révélation, cette révélation leur sera pénible, insupportable, et l’Évangile ne pourra que leur déplaire ; et si ceux qui doivent l’annoncer cherchent à plaire aux hommes, c’est qu’ils ne prêchent pas le véritable Évangile. Saint Paul l’a dit, et voici ses paroles : Qu’ils soient anathème !

Un prédicateur vient-il vous dire des choses agréables à votre cœur, en accord avec vos goûts, conformes à vos propres idées, vous renvoie-t-il content de vous-même : – il cherche à vous plaire ; ne le croyez pas ; il n’est pas le disciple de Christ ; il prêche le mensonge. Saint Paul l’a dit : Qu’il soit anathème !

Un prédicateur vient-il vous faire entendre de belles paroles, disposées avec art ; se plaît-il à fixer votre attention par sa voix et son geste ; sous sa robe de pasteur chrétien, ne vous montre-t-il que l’orateur éloquent : – il se prêche lui-même ; ne le croyez pas ; il n’est pas disciple de Christ ; il prêche le mensonge. Saint Paul l’a dit : Qu’il soit anathème !

Un prédicateur a-t-il peur de vous blesser en vous montrant toute l’iniquité de votre vie, vous cache-t-il la condamnation que vous avez méritée, vous laisse-t-il croire que d’autres sont plus mauvais que vous, et qu’il vous est possible d’accomplir quelque bien : – oh ! ne le croyez pas, il a peur de vous déplaire et de perdre vos suffrages ; il n’est pas ministre de Christ, il prêche le mensonge. Saint Paul l’a dit : Qu’il soit anathème !

Mais un prédicateur met-il sans cesse vos péchés sous vos yeux, alors même que cette vue vous fatigue : – vous pouvez le croire ; car, lui aussi, poussé par son orgueil, aimerait à se persuader qu’il est lui-même capable de quelque bien ; il lui a fallu de longs combats, pour avouer ce qu’il est ; et s’il l’avoue aujourd’hui, c’est qu’il est sincère avec lui-même. Croyez cet homme-là, car il ne cherche pas à se tromper, ni à vous tromper vous-même ; il est ministre de Christ, il dit la vérité ; vous pouvez croire à ses paroles.

Un prédicateur résiste-t-il aux clameurs qui s’élèvent contre lui ; voit-il avec calme le monde incrédule fuir sa maison et sa personne ; apprend-il avec résignation que ses intentions sont méconnues ; voit-il sans trouble ses intérêts lésés, son avenir menacé par les hommes : et malgré tout cela, reste-t-il à son poste, ferme, inébranlable : – oh ! croyez cet homme-là ; car lui aussi aurait aimé, selon les penchants de son cœur, une vie paisible, la considération du monde ; pour lui aussi, il est pénible de se voir méconnu ; mais son cœur a été renouvelé par l’Esprit de Christ, et il méprise le monde et ses joies, il plaint l’incrédule dans son endurcissement, et il sait que le Christ a dit : « Vous serez bien heureux lorsqu’on vous aura injuriés et persécutés à cause de moi, et qu’on aura dit faussement contre vous toute sorte de mal. » Croyez ce prédicateur, il ne craint pas les hommes, il dit la vérité : il est disciple de Christ ; confiez-vous à ses paroles.

Un prédicateur vous parle-t-il avec simplicité, sans art, sans recherche, s’oubliant lui-même, et tout à son sujet, à vous, à Christ ; laisse-t-il là l’éloquence pour ne chercher que la vérité, méprise-t-il vos éloges, pour ne travailler qu’au salut de vos âmes : – oh ! croyez, croyez un tel prédicateur ; car lui aussi est pétri d’orgueil, et la vanité lui fait encore la guerre ; lui aussi serait sensible à vos louanges, et s’enivrerait avec plaisir de vos applaudissements ; mais s’il y ferme l’oreille, prend son cœur à deux mains, résiste à la tentation, et repousse la gloire qui vient des hommes, croyez cet homme-là ; à coup sûr il est sincère, il vous dit la vérité ; il est disciple de Christ ; confiez-vous à ses paroles.

Lecteur, vous pouvez maintenant accepter ou rejeter ces doctrines de l’Évangile ; mais, quel que soit le parti que vous preniez, votre conduite confirmera leur divinité. – Si vous leur ouvrez votre cœur, vous serez un témoignage vivant que la Parole de la Croix est véritablement la vertu de Dieu. – Si, au contraire, vous persistez à rejeter les doctrines de corruption de l’homme, le salut gratuit par la foi et les dons du Saint-Esprit, parce qu’elles vous blessent, alors encore vous donnerez une preuve évidente de la vérité de ce même Évangile, en vérifiant l’exactitude de l’observation de saint Paul, qu’il n’est pas de nature à plaire aux hommes. Ainsi, acceptez ou rejetez la vérité, il en résultera toujours le triomphe de la vérité. Mais songez que si dans un cas c’est votre salut qui suit ce triomphe, dans l’autre c’est votre condamnation ! et que si la gloire de Dieu résulte également de la perte ou du salut de votre âme, il n’est pas indifférent pour vous d’être éternellement perdu ou éternellement sauvé !

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant