Élans de l’âme vers Dieu

37. Temps perdu

Qu’ai-je fait aujourd’hui, hier, cette semaine, qui puisse laisser une trace utile sur ma vie, sur celle de mes frères, sur l’avancement de ton règne, Seigneur ? Duquel de ces actes pourrais-je me réjouir pendant l’éternité ? Hélas, d’aucun ; mes veilles sont si vides que l’image s’en efface le soir, comme celle de mes rêves le matin ; le lendemain, impossible de m’en ressouvenir ! Si je voulais noter mes paroles et mes actes, heure par heure, arrivé à un mois de distance, cette liste de futilités ne m’apparaîtrait plus bonne qu’à être déchirée ! Avant que j’aie donné le temps que réclame mon pauvre corps, mes petites affaires, mille riens qui trouvent leur place dans le jour où le devoir ne trouve pas la sienne, le soir est arrivé. J’ai toujours un arriéré à régler avec le monde avant de commencer ton œuvre que, finalement, je ne commence pas et que, durant des mois et des années, je renvoie au lendemain. Seigneur, qu’ai-je fait jusqu’à ce jour ? Rien. Que ferai-je à l’avenir ? Je n’ose pas répondre ; la vérité probable m’épouvante ! et cependant s’approche l’éternité ! Mon Dieu, qu’il n’en soit plus ainsi ! Chasse de mes journées ces occupations parasites qui dévorent mon temps ; simplifie ma vie ; apprends-moi à m’attacher au nécessaire, à retrancher le superflu. Que mon esprit soit constamment fixé sur l’aiguille qui marche et emporte mes heures ; qu’aucun vide ne soit laissé dans ces journées si courtes ; si je ne puis accomplir de grandes choses, que, du moins, j’accomplisse les petites dans un, esprit de fidélité, parlant avec calme, attendant avec patience, donnant l’exemple dans les détails. Seigneur, je le sais, je puis ne rien faire en m’agitant beaucoup, et faire beaucoup sans agitation ; donne-moi donc avant tout une sainte et patiente activité.

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