Élans de l’âme vers Dieu

55. Humilité

Oui, Seigneur, l’humilité est douce au cœur de tes enfants ; il est doux de se courber sous ta main puissance ; doux d’estimer les autres plus que soi-même, et ainsi, dépris de notre importance, de vivre sans orgueil, sans envie, sans ambition, toujours heureux à la place où tu nous as mis. Oui, je veux y rester paisible jusqu’à ce que tu m’en retires toi-même. Là j’aurai moins de responsabilité qu’au poste où moi-même je me fusse placé. Ici je pourrai te servir aussi fidèlement que sur un trône, et t’y servir avec moins de danger. Eloigne donc de moi, Seigneur, éloigne ces tentations sataniques qui me sollicitent à l’orgueil. Pénètre-moi toujours plus de cette conviction, que la gloire humaine irrite la soif de l’âme, loin de la satisfaire ; que mon cœur est trop vaste pour, se remplir de vanité ; que la gloire seule capable de le combler est celle que tu me donnes en laissant tomber ton approbation sur tes serviteurs. Et qui suis-je, Seigneur, comparé à mes frères, pour leur demander de s’abaisser afin de me grandir ? S’ils connaissaient ma vie comme tu la connais, ne serait-ce pas moi qui, devant eux, inclinerais la tête ? Oui, Seigneur ; oh ! épargne-moi cette honte ; mais tiens-moi dans l’humilité ; fais-moi petit à mes propres yeux, pour me rendre plus intelligent devant ton Évangile, plus patient dans l’épreuve, plus fervent en prières, et plus heureux partout et toujours. Mais, pardessus tout, donne-moi le sentiment profond de ma faiblesse propre, afin qu’après avoir été exaucé par toi, je n’aille pas m’enorgueillir de mon humilité !

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant