Élans de l’âme vers Dieu

66. Le voile de Moïse

Oui Seigneur, la lumière de ton Évangile comme celle du soleil, tombe sur nous de toutes parts ; il suffit d’ouvrir les yeux de l’âme pour être convaincu de sa divinité. Quand je la regarde en face, j’en suis ébloui ; tout ici-bas la réfléchit. Je ne puis jeter les yeux sur ces juifs, toujours persécutés et toujours conservés, partout répandus et partout reconnus, sans être frappé de l’accomplissement de tes prophéties. Leur endurcissement même devient une garantie de la pureté des livres saints qu’ils nous ont transmis. Je ne puis porter mes regards sur ce monde couvert d’églises chrétiennes d’institutions évangéliques, sans admirer l’accomplissement de cette parole de l’apôtre, qu’un voile pèse sur les yeux de ce pauvre peuple ! Quelle obstination, quel aveuglement chez des hommes qui vénèrent les prophètes et qui repoussent Celui qu’ils ont prophétisé qui appellent de leurs vœux un Messie déjà venu ! Comme cet exemple est instructif, et, si j’étais plus attentif, comme il devrait me faire trembler ! Sans doute, je n’ai pas rejeté mon Sauveur ; mais combien de fois, Seigneur, je repousse tes grâces, je refuse de me soumettre à ta Parole, je m’endurcis contré tes invitations ! Combien de fois j’agis contre la lumière de ton Esprit ; combien de fois je retombe dans la même faute ! Oui, Seigneur, si j’étais plus humble, je tournerais contre moi-même les reproches que j’adresse aux enfants d’Israël, et je n’aurais, pour ces pauvres frères déshérités, qu’une tendre compassion ! J’irais à leur rencontre, je leur parlerais de toi, de ton Évangile. Au lieu de mon mépris, je leur montrerais mon affection. Mon Dieu, le péché m’enveloppe de toutes parts. Si tu me bénis, je néglige tes bénédictions ! Si mes semblables font comme moi, je m’en indigne, les condamne, et m’exalte moi-même de leur infidélité. Arrache-moi, Seigneur, à ce mauvais esprit. Donne-moi de tourner, contre mon propre cœur, ce glaive que je dirige contre mes frères. Lève le voile épais qui me cache mes fautes ; que j’en rougisse, que je te prie, et qu’enfin je sois guéri. Que ma conduite sainte et pure brille avec plus d’éclat que mes paroles, et attire les pécheurs à ton Évangile, par moi vraiment pratiqué ; que les juifs eux-mêmes puissent se convertir en me voyant vivre en chrétien !

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