Élans de l’âme vers Dieu

79. Pas de progrès dans la sanctification

Seigneur, je désespère de ma sanctification ! Combien de fois je l’ai crue plus ou moins avancée, et combien de fois je l’ai retrouvée ensuite ce qu’elle était jadis ! Combien de fois une ruse nouvelle de Satan est venue me faire tomber dans un abîme que j’avais cru fermé pour moi. Mon Dieu, faut-il donc recommencer chaque jour les efforts de la veille, sans que la victoire devienne jamais plus facile ? Oh ! que ces luttes sont pénibles, que ces chutes sont honteuses, que ces fautes sont multipliées ! Je me demande si j’ai fait un seul pas dans le bien, et je n’ose pas l’affirmer ! Je crains parfois d’être le jouet d’une vaine illusion, d’avoir pris mes désirs pour des réalités, et alors je me dis : Ai-je bien reçu le Saint-Esprit ? Christ est-il bien le Fils de Dieu ? ce Dieu lui-même écoute-t-il ma prière ? N’est-ce pas une folie que de prétendre changer ma nature pécheresse en nature sanctifiée ?

Hélas Seigneur, je serais tenté de le croire, quand je regarde à la nullité de mes progrès dans cette sanctification. Mais alors quelque chose de plus fort que moi m’arrête et me dit que le bien et le mal ne sont pas une seule et même chose ; que si j’aime l’un et si je hais l’autre, beaucoup plus, tu dois, toi-même, aimer ce bien, haïr ce mal. Non, c’est moi, toujours moi, moi seul qu’il faut accuser. Le bien existe, mais je ne le fais pas. Les progrès y sont possibles, d’autres avancent et moi je n’avance pas. Il me semble que je sois différent de tous les hommes, seul si misérable, seul si profondément pécheur. Mais c’est encore ici, sans doute, un piège de Satan : je voudrais en quelque sorte me décharger de toute responsabilité, en me persuadant que ma nature est exceptionnelle, tandis que ton Esprit me dit de ta part : regarde à moi-même et non à tes frères ; ton Dieu ne t’a pas créé pour faire de toi un vain jouet de ton imagination. Non, il est impossible que ce qu’il y a de plus beau dans le monde, la sainteté, soit une pure vanité ; elle est réelle, elle est belle, divine, possible ; seulement elle n’est pas dans ta vie. Prie, veille ; prie et veille toujours, et Dieu fera pour toi ce qu’il a fait pour d’autres. Oh ! mon Dieu, fortifie ces pensées ; transforme-les en vie, et donne-moi de faire chaque jour un progrès réel, sans pas rétrograde, dans cette douce et précieuse sanctification.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant