Élans de l’âme vers Dieu

85. La paix et l’union

Mon Dieu, « que c’est une chose bonne, une chose agréable que des frères demeurent unis ensemble ! » Que ces épanchements font de bien, qu’il est doux de les recevoir, doux de les rendre, et de confondre ainsi deux cœurs sous un même battement ! Au milieu de ces conversations intimes, je me sens transporté comme dans un autre monde, c’est le ciel sur la terre ; mes frères deviennent tes anges ; nous sentons que tu es là, que Christ est au milieu de nous, et que ton Esprit nous inonde de toutes parts. Pourquoi ces heures sont-elles si courtes, si rares dans ma vie ? Hélas ! je fais peu, je ne fais rien pour les obtenir ; il faut que tu me les donnes ; je ne sais pas les chercher. Tantôt la fausse honte, parfois de vaines occupations, souvent l’orgueil, viennent s’interposer entre moi et mes frères, et jeter le trouble et la guerre où nous aurions pu jouir de la paix et de l’union ; et c’est avec tous les éléments du bonheur sous notre main que nous sommes malheureux. Je veux la paix, mais je ne la cherche pas. J’aime l’union, mais je n’y travaille pas. Il suffit qu’un souffle de passion s’élève dans mon cœur pour que j’y abandonne ma vie et que je devienne à la fois mon bourreau et mon martyr. Mon Dieu, dégage-moi de ces pièges de Satan, donne-moi de la patience, du support, de l’amour pour surmonter les misères de mes frères ; donne-moi de les vaincre, non par la colère, mais par la douceur ; non par mes reproches, mais par ma résignation ; non par des armes charnelles, mais par la prière. Oh ! si je savais tendre la main à tant de mains timides, ouvrir mon cœur à tant de cœurs craintifs, que de joies pures, que d’amitiés chrétiennes, et pour moi et pour d’autres ! Combien il me serait facile ainsi d’attirer à l’Évangile ceux que ma froideur éloigne ! que de bien je ferais aux âmes délaissées, et quel trésor de grâces j’amasserais ainsi pour moi-même ! Oui, Seigneur, quand il s’agit de tes biens, donner, c’est recevoir. Accorde-moi donc de donner beaucoup d’amour à mes frères, de chercher la paix avec tous les hommes, et de réaliser, ici-bas, l’union qui doit un jour faire toute notre joie dans les cieux.

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