Élans de l’âme vers Dieu

118. Obéir, non choisir

Seigneur, je désire faire le bien ; mais non comme tu le veux. Je désire avancer ton règne, mais plus vite et autrement que toi-même. J’accepte ta volonté en général, mais non plus en détail. Je distingue entre les grands et les petits commandements, pour suivre les uns et me dispenser des autres. J’ai de la probité, mais peu de mesure de langage ; de l’activité, mais dans les œuvres de mon choix ; de l’amour, mais pas de patience ; et ainsi toujours la même infirmité : croyant à mon salut, et doutant d’une promesse spéciale ; comptant sur ta providence pour gouverner le monde, et n’y comptant plus pour gouverner mes propres affaires. Mon Dieu, donne-moi les vertus de chaque jour, celles que je dédaigne, car ce sont celles qui me manquent le plus. Donne-moi d’être fidèle dans les petites choses, d’être confiant pour mon corps, comme pour mon âme ; donne-moi cette patience persévérante, cette douceur envers tous, cette égalité d’humeur si rare, cette obligeance même pour les petits et les inconnus. Que la sanctification soit pour moi une affaire de toutes les heures, une affaire de mon intérieur, qui se mêle à tout, ressorte de partout. Que mon âme y vive, comme mon corps vit dans l’atmosphère, sans effort, constamment et avec plaisir.

Ah ! si je savais toujours voir de cette hauteur les petits événements de ce bas monde, je ne gémirais pas si souvent sur des événements que toi-même permets. J’accepterais les difficultés qui entravent même l’Évangile ; les épreuves qui tombent sur moi-même ; et, au lieu de m’en plaindre et de souhaiter d’en être délivré, je chercherais de quelle utilité elles peuvent être ; accueilli ou repoussé, je ferais briller ta lumière ; malade ou bien portant, je prêcherais d’exemple, chez moi comme au dehors. Partout, je me trouverais à la vraie place pour faire le bien. Seigneur, transforme ce désir en une réalité. Que je t’obéisse, à l’avenir, précisément dans les petites choses que j’ai négligées dans le passé, bien convaincu que les petites choses comme les grandes, l’adversité comme la prospérité, « concourent ensemble au bien de ceux qui t’aiment. » et t’obéissent sans hésiter.

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