Élans de l’âme vers Dieu

123. Le néant de nos œuvres

Mon Dieu, quand, au terme de, ma journée, je me demande ce que j’ai fait ; quand, plongeant mes, regards dans ma vie entière, j’y cherche les résultats de mon activité, je reste confondu du néant de toutes mes œuvres ! Que de projets, que d’espérances, que de travaux conçus et avortés, qui n’ont pas même laissé de trace dans mon souvenir ! En sera-t-il donc ainsi jusqu’à la fin, et quitterai-je ce monde, inutile à mes frères et à ta gloire ? Comme de telles pensées sont propres à me faire sentir ma nullité ! Si je ne fusse pas né, qu’y aurait-il de changé dans le monde ? Rien, et toutefois, je me surprends à penser et agir comme si l’univers tournait autour de moi, et non, pas moi, atome perdu, autour de l’univers.

Mon Dieu, rends-moi humble, pour me rendre plus actif et plus dévoué. Que, je m’attache véritablement à toi, à ta gloire, au bien de mes frères, afin que tu bénisses mes travaux, et que mon travail béni laisse quelques traces ici-bas. Que je puisse, dans l’éternité, contempler ma vie terrestre avec la satisfaction de l’ouvrier qui a fini sa tâche ; que je puisse retrouver près de toi les amis que j’aurai aimés ; les frères que j’aurai évangélisés, les pauvres que j’aurai secourus, joignant leur voix à la mienne, pour célébrer ta bonté envers nous tous, et rencontrant dans le ciel la main chrétienne qu’ils auront serrée sur la terre. Que cette douce perspective me soutienne. Que je sente combien la vie est courte, et combien, dès lors, ses instants sont précieux, pour faire ce qui, accompli, me réjouira aux siècles des siècles, et ce qui, négligé, m’attristerait toute une éternité. Que je me hâte d’agir aujourd’hui comme s’il n’y avait pas de demain. Oh ! que je ne parte pas de ce monde sans t’avoir, par ma vie, témoigné mon amour !

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