Élans de l’âme vers Dieu

26. Luther

16e siècle

Sa prière du soir.

Seigneur Dieu, mon Père céleste, je confesse de tout mon cœur devant toi, et tu sais bien aussi, que je suis un pauvre pécheur et que, d’âme et de corps, de cœur et de vie, je ne mérite que l’enfer et la mort éternelle. Tu sais, ô Père, qu’il n’y a rien de bon en moi, pas même un cheveu sur ma tête, qui n’appartienne à Satan et à l’abîme. Qu’ai-je besoin de le dire en beaucoup de paroles ?

Mais, ô Père adorable, je te prie, quelque indigne que je sois, je te prie et veux t’en prier tous les jours, que tu veuilles ne pas regarder à moi, ne pas arrêter tes pensées à moi, misérable pécheur que je suis. Oh ! je serais condamné et perdu, quand même, lui, le monde, voudrait parler pour moi ! Je te prie, ô mon Dieu, que tu daignes ne regarder et ne penser à moi que pour tourner et fixer, tes yeux sur ton cher Fils, Jésus-Christ, mon médiateur et mon intercesseur, mon Sauveur et mon Rédempteur ; et que, pour l’amour de Lui, je t’en prie, Père céleste, tu veuilles me faire grâce et miséricorde, que pour l’amour de Lui, tu daignes m’accorder une fin bienheureuse et une glorieuse résurrection ; me sauver l’âme et le corps dans la vie et l’éternité.

A cause de ce sang précieux qu’il a répandu dans sa bonté sur la croix pour mes péchés, je te supplie ; Dieu éternel, que selon ta justice tu ne permettes pas qu’un si grand sacrifice soit perdu pour moi, pauvre créature, à cause de mes innombrables péchés ; mais plutôt que, dans ta miséricorde infinie, tu répandes sur moi les fruits et la vertu de ce sang versé pour moi, et que toutes mes iniquités me soient pardonnées ; en sorte, qu’à quelque heure et quelque moment de la nuit que tu viennes et frappes à ma porte, et rappelles l’esprit que tu m’as donné (je t’en supplie, ô Père céleste !), mon corps et mon âme t’appartiennent, et que je puisse les remettre en tes mains. Amen.

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