Notes sur les Miracles de notre Seigneur

5. Les démoniaques dans la contrée des Gadaréniens

Matthieu 8.28-34 ; Marc 5.1-20 ; Luc 8.26-39

Avant d’aborder l’étude de cette guérison, la plus importante des guérisons de démoniaques, et, à plusieurs égards, celle qui offre le plus de difficultés, il est nécessaire de présenter quelques remarques générales sur ce sujet ; les difficultés sont ici d’autant plus grandes, qu’il s’agit d’une maladie spéciale ; si elle existe aujourd’hui encore, ce n’est plus avec la même intensité ni avec la même fréquence. Nous pouvons dire, dès le début, que ces démoniaques étaient des personnes atteintes de folie, épileptiques, maniaques et mélancoliques ; on est dans la vérité, quand on affirme que ces possessions étaient, en partie du moins, des maladies corporelles ; les évangélistes les rangent parmi les maladies, tout en les caractérisant d’une manière spéciale (Matthieu 4.24 ; 8.16 ; Marc 1.33). Le Seigneur parle toujours des démoniaques comme n’ayant pas seulement l’esprit malade, mais comme étant aussi sous l’influence d’une puissance spirituelle malfaisante ; il s’adresse au malin esprit, en le distinguant du malade (Marc 1.25 ; Matthieu 10.8 ; 17.21). Il est évident que la folie n’était pas l’élément le plus important chez le démoniaque ; les Juifs ne considéraient pas tous les maniaques comme étant sous l’influence d’un esprit malin ; la maladie et la possession n’étaient pas identiques à leurs yeux : deux fois, ils amènent au Seigneur ceux qui étaient muets (Matthieu 9.32 ; 12.22 ; la seconde fois, c’était un homme aveugle et muet) ; ce mutisme est toujours attribué à l’influence du malin esprit. Cependant, ils ne rattachaient pas toute infirmité de ce genre à une semblable influence ; dans le fait rapporté par saint Marc 7.32, la guérison d’un sourd-muet, il est évident que l’évangéliste veut parler d’une infirmité naturelle, sans aucune influence diabolique. Dans le cas des démoniaques, c’était le pouvoir de la parole qui manquait ; la source de la maladie se trouvait dans le domaine moral.

Quel était l’état envisagé par Jésus et ses apôtres comme une possession ? En quoi cet état différait-il d’une part, de la folie, de l’autre, de la méchanceté ? Il n’est pas possible de répondre à cette question d’une manière satisfaisante, sans dire quelque chose auparavant de la doctrine scripturaire du royaume du mal, de son chef et de ses rapports avec le mal moral de notre monde actuel. L’Écriture enseigne la subordination absolue du mal au bien, elle dit que le mal a succédé au bien dans la créature, qui était primitivement pure ; elle enseigne l’opposition réelle du mal à la volonté de Dieu ; il s’agit d’une volonté contraire à celle de Dieu ; elle affirme que le but de Dieu, dans le gouvernement du monde, c’est la défaite entière du mal, sa défaite par le moyen de la justice et de la vérité. Cette volonté opposée à la volonté de Dieu, c’est une personne : le diable, qui a son royaume, comme Dieu à le sien. Le diable n’est jamais appelé δαίμων ou δαιμόνιον, dans l’Écriture. Le mot δα’μων vient de δάω : je sais, qui signifie : connaissance parfaite, ou de δαίω : je distribue ; les δαίμωνες sont alors les distributeurs du bien et du mal parmi les hommes ; un δαιμόνιος ; est un homme dépendant de puissances supérieures. Dans la langue classique, ce mot a un sens beaucoup plus étendu, embrassant tous les êtres intermédiaires entre l’homme et les divinités suprêmes ; notre monde n’est pas isolé, mais il est en relation avec le monde supérieur, duquel procède tout bien, et l’inférieur, la source de tout mal ; aussi, le péché de l’homme est continuellement attribué à Satan (Actes 5.3 ; Jean 13.3 ; 1 Jean 3.8 ; Jean 8.44). Le péché de l’homme est bien son fait, car il dépend de sa volonté propre, il doit être en garde contre l’ennemi, mais il faut reconnaître aussi l’influence d’un royaume du mal.

Qu’est-ce que l’Écriture entend par les possessions dont elle nous parle ? Il ne s’agit pas de souffrances ordinaires ; les démoniaques ne sont pas simplement des victimes du péché qui règne dans le monde ; ce ne sont pas seulement des esclaves de Satan, des pécheurs exceptionnels. Il y a, chez eux, une rupture complète d’équilibre, une désorganisation absolue ; comment se peut-il que certains hommes soient tombés dans cet état déplorable ? Le démoniaque est l’un des plus malheureux, mais non l’un des plus coupables, de notre race ; on ne parle jamais des faux prophètes et des antichrists comme ayant été des démoniaques ; ils sont pourtant les organes par excellence de Satanb. La possession de Judas, lorsque Satan entra en lui, était spécifiquement différente de celle des malheureux guéris par Jésus ; le démoniaque a le sentiment d’une misère à laquelle il ne consent pas, la conscience d’un désordre intérieur, de la domination d’une puissance étrangère malfaisante, qui l’entraîne toujours plus loin de Dieu. Son état est bien, dans le sens le plus littéral de ce mot, « une possession : » c’est un autre qui règne dans les places fortes de son âme, et qui l’a détrôné ; il le sait, il le sent, aussi implore-t-il la délivrance ; c’est pourquoi les démoniaques ont été guéris par Jésus-Christ. Il y avait en eux une étincelle de vie supérieure qui suffisait à leur montrer leurs ténèbres, et que le Seigneur seul pouvait transformer en flamme ; Celui qui est venu pour détruire les œuvres du diable, le Médecin suprême du corps et de l’âme, s’est montré puissant pour guérir les démoniaques. Nous pouvons donc constater chez eux la présence d’une volonté supérieure dominant la volonté du malade ; il ne s’agit pas de simples influences, mais d’une puissance contraire à notre vraie nature, qui prend possession du malade, le faisant parler et agir autrement qu’il ne le voudrait ; de temps en temps, il a cependant de nouveau conscience de lui-même. Nous pouvons remarquer, dans la manière d’agir du démoniaque, un tissu d’incohérences et de contradictions ; il s’élance aux pieds de Jésus pour implorer son secours, puis il repousse son interventionc.

b – L’Église primitive distinguait nettement les pécheurs des démoniaques. Il y avait des excommunications pour les premiers, des exorcistes pour les autres.

c – Dans les accès de delirium tremens, nous retrouvons quelque chose de semblable.

On dira peut-être : Si la possession est une forme particulière de la folie, comment se fait-il qu’il n’y ait plus aujourd’hui de démoniaques ? — Mais il n’est pas prouvé qu’il n’y en ait plus ; il n’est pas difficile de comprendre pourquoi ils sont, en tout cas, beaucoup moins nombreux. Au moment de la venue du Fils de Dieu, la vie morale de l’homme était dans un état de grande confusion ; on cherchait un refuge contre le désespoir dans les plaisirs sensuels ; toute cette période était l’heure des ténèbres les plus épaisses. Le monde était, comme autrefois, un chaos, et le mot : « Que la lumière soit ! n’était pas encore prononcé ; c’était une époque de crise ; chaque période de l’histoire est caractérisée par certaines maladies morales particulières.

La puissance de l’enfer a subi un grand assaut par la venue en chair du Fils de Dieu (Luc 10.18 ; Apocalypse 20.2) ; la rage et la violence de Satan sont continuellement entravées par la prédication de la Parole. Dans les contrées païennes où l’Évangile est annoncé pour la première fois, où, par conséquent, la lutte entre la lumière et les ténèbres est particulièrement vive, nous retrouvons des manifestations semblables à celles qui eurent lieu pendant la vie de Jésus sur la terre. On peut d’ailleurs se demander si un apôtre ou quelqu’un possédant le discernement des esprits ne reconnaîtrait pas des démoniaques parmi les aliénés de nos jours. Plusieurs cas de manie et d’épilepsie offrent des analogies avec l’état des démoniaques, quoique les médecins en jugent autrement ; sans doute, les Juifs voyaient souvent des possédés où il n’y en avait pas ; il en était de même dans l’Église primitive.

Il existe un rapport digne de remarque entre le miracle que nous étudions et celui qui le précède immédiatement. Le Seigneur s’est montré puissant pour apaiser les orages du monde extérieur ; il a pacifié les vents et les flots par une seule parole ; mais ce qui est plus terrible que les vents et les flots déchaînés, c’est l’esprit de l’homme, quand il n’est plus contenu dans ses limites naturelles. Ici encore Christ peut accomplir son œuvre puissante, et se montrer Prince de la paix, Celui qui rétablit l’harmonie troublée ; il parlera, et les orages du cœur seront apaisés, et il se produira un grand calme. Saint Matthieu parle de deux démoniaques, saint Marc et saint Luc d’un seul. On a fait plusieurs essais pour concilier ces différences ; on a dit que l’un de ces malades était plus connu que l’autre, que l’un était plus violent que l’autre ; en tout cas, l’un des deux est relégué à l’arrière-plan ; je suivrai donc le récit plus détaillé de saint Marc et de saint Luc, je parlerai du démoniaque qui rencontra le Seigneur au moment où il quittait la barque.

La description de ce misérable est effrayante ; chaque évangéliste relève à son sujet quelque trait spécial ; saint Marc nous donne le récit le plus dramatique, faisant paraître ainsi la guérison d’autant plus merveilleuse. Le démoniaque avait sa demeure parmi les sépulcres, dans des lieux impurs à cause des ossements de morts qui s’y trouvaient. (Nombres 19.11,16 ; Matthieu 23.27 ; Luc 11.44) ; ces sépulcres étant des cavernes formées naturellement dans le roc, ou taillées artificiellement, offraient un abri suffisantd. Les cavernes se trouvaient en dehors des villes, et souvent dans des endroits solitaires ; elles devaient attirer ceux qui fuyaient la société de leurs semblables. Cet homme possédait une force musculaire extraordinaire, qui se retrouve généralement chez les maniaques (Actes 19.16) ; tous les efforts tentés pour le lier avaient été vains ; Matthieu seul raconte que les voyageurs n’osaient pas passer par les lieux qu’il habitait ; Luc dit que ce démoniaque ne portait point de vêtement. Il avait le sentiment de sa misère et de son terrible esclavage, quoiqu’il ne pût l’exprimer que par des cris et par une rage aveugle contre lui-même, tellement qu’il se meurtrissait avec des pierres ; c’est par un tel homme que le Seigneur fut accueilli sur le rivage qu’il voyait probablement pour la première fois. Ce malheureux et son compagnon s’élançaient hors des sépulcres pour attaquer ceux qui se hasardaient sur leur domaine ; il se peut qu’ils eussent été attirés vers Christ par le secret pressentiment qu’il pouvait leur venir en aide, mais ils restaient éloignés de lui par le sentiment de l’abîme qui le séparait d’eux.

d – Il existe de pareilles cavernes aujourd’hui encore dans le voisinage de l’ancienne Garada.

En tout cas, le malade fut délivré avant de s’être approché de Jésus ; « car il avait commandé à l’esprit impur de sortir de cet homme (Luc 8.29), » et l’esprit avait reconnu son maître ; il cherche à éviter le sort qui l’attend ; « il s’écria d’une voix forte : Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? » c’est-à-dire : Nous n’avons rien de commun, pourquoi t’occupes-tu de nous, pourquoi ne veux-tu pas nous laisser tranquilles ? « Je t’en conjure, au nom de Dieu, ne me tourmente pas. » C’est bien le langage de l’esprit diabolique, qui envisage comme un tourment de ne pas pouvoir faire souffrir les autres. Dans saint Matthieu, il dit : « Es-tu venu pour nous tourmenter avant le temps ? » reconnaissant ainsi que le temps approche d’une victoire complète du royaume de la lumière sur celui des ténèbres ; l’Écriture dit que le jugement des mauvais anges est encore à venir (1 Corinthiens 6.3) ; ils sont « réservés pour les chaînes éternelles et l’obscurité. »

Il faut remarquer que la première sommation de Christ ne rencontre pas une prompte obéissance, que les malins esprits protestent et ne lâchent pas aussitôt leur proie ; le Seigneur aurait pu les forcer à se retirer immédiatement, mais l’homme aurait pu mourir. La première sommation avait produit un paroxysme terrible ; c’est pourquoi Jésus, médecin aussi sage et compatissant que puissant a voulu procéder par degrés. Il demande à l’esprit quel est son nom ; on a dit qu’il le demanda pour faire ressortir d’autant plus la grandeur de la délivrance ; il est plus probable, toutefois, que la question fut adressée au malade afin de le calmer, en l’amenant au sentiment de son individualité. La question aurait donc eu pour but de faciliter la guérison. L’esprit malin répond lui-même, ou bien le malade ne donne pas son vrai nom : « Légion est mon nom, car nous sommes plusieurs ; la confusion est complète chez ce malheureux, il est en proie à toutes les attaques du malin ; il ne peut exprimer l’état où il se trouve qu’en employant une image tirée des souvenirs de sa vie précédente. Il avait vu les rangs serrés d’une légion romaine, ce terrible instrument d’oppression qui a fait souffrir le peuple juif ; tels étaient les pouvoirs qui tyrannisaient le démoniaque ; Marie-Madeleine avait eu sept démons ; sa vie spirituelle était ruinée. L’esprit impur demande de ne pas être envoyé dans l’abîmee (Luc 8.31), ou, parlant par la bouche du malade, de ne pas être chassé du pays.

e – La géhenne, l’enfer.

Ici se présente l’une des plus grandes pierres d’achoppement qu’on rencontre dans l’histoire évangélique. Les démons, obligés d’abandonner le cœur du malade, demandent à entrer dans les pourceaux qui paissaient en grand nombre, « environ deux mille, » vers la montagne ; leur prière fut exaucée, mais, cet exaucement fut leur ruine ; ils entrent dans les pourceaux, et tout le troupeau périt. Quant à la destruction de ce troupeau, il ne vaut pas la peine de s’y arrêter ; un homme a plus de valeur que plusieurs pourceaux. L’exaucement du désir des esprits malins favorisant la guérison du malade, il n’est pas nécessaire de recourir à une autre explication que celle-ci : il fallait à cet homme une preuve positive que les esprits malins l’avaient quitté ; il fallait que sa délivrance lui fût attestée par la destruction de ses ennemis, autrement, il aurait eu de la peine à y croire. Quant à la perte subie par les propriétaires des pourceaux, il en est comme de toute épidémie qui fait mourir le bétail, ou de l’inondation qui détruit les récoltes, ou de tel autre fléau naturel par lequel Dieu châtie ses enfants, ou veut soumettre les cœurs de ses ennemis. Souvent, Dieu reprend des biens pour en donner de plus excellents. Il peut s’être proposé ce but à l’égard des Gadaréniens, alors même que le péché de ces gens était un obstacle à sa réalisation ; si ces troupeaux appartenaient à des Juifs, et nous savons par Josèphe qu’il y avait beaucoup de Juifs helléniques dans ces contrées, il y avait dans la perte de ce troupeau un châtiment mérité par l’avarice de ces gens qui méprisaient la loi de Moïse : Toutefois, une grande partie de la population de la Décapole était païenne ; Josèphe appelle Gadara une cité grecque. Il semble étrange que les esprits impurs demandent à entrer dans les pourceaux, puis, qu’ils aillent à l’encontre de leur but en détruisant la vie de ces animaux ; mais il n’est dit nulle part qu’ils précipitèrent les pourceaux dans la mer. Il vaut mieux admettre que le troupeau se précipita de lui-même dans la mer, dès qu’il se sentit possédé par cette puissance nouvelle et étrange dans leur haine aveugle contre le Seigneur, les esprits malins peuvent bien s’être contentés d’amener la destruction du troupeau ; espérant qu’ils exciteraient ainsi contre Jésus les habitants de cette contrée, et entraveraient par là son œuvre chez eux. Ils réussirent, car ces gens supplièrent Jésus de quitter leur territoire.

Ce qui peut paraître étrange, c’est l’entrée des esprits dans les pourceaux, l’action de la vie spirituelle sur la vie animale, qui semble ne pas devoir lui donner accès ni lui fournir les organes nécessaires. J’écarte d’emblée comme ridicules les solutions proposées par Paulus et son école, à savoir que le démoniaque, dans un dernier paroxysme de folie, chassa les pourceaux dans le lac. Ce n’est pas par de tels procédés que la difficulté peut être résolue ; il faut avoir des égards pour ceux qui sont dans la perplexité sur ce point, et ne peuvent concilier cet incident avec ce qu’ils savent de la différence spécifique qui existe entre l’homme et la vie spirituelle, d’une part, et la création animale de l’autre. Cette difficulté ne peut-elle pas provenir du fait que l’on considère le monde inférieur comme absolument fermé, incapable de recevoir les impressions d’un monde supérieur, tandis que de profondes recherches ont prouvé le contraire (Genèse 3.17 ; Romains 8.19).

Les trois évangélistes rapportent la prière des Gadaréniens à Jésus, de quitter leur territoire ; cette demande n’avait pas l’humilité pour motif, mais elle était provoquée par la perte qu’ils avaient faite et par la crainte de pertes plus considérables encore. La destruction des pourceaux avait un but moral : faire voir si le royaume des cieux avait la première place dans leurs pensées. Ils succombèrent devant cette épreuve ; le fait qu’un démoniaque était guéri ne signifiait rien pour eux ; ils ne pensèrent qu’à leur perte matérielle, et n’eurent aucun souci des bienfaits spirituels mis à leur portée ; ils sentaient que la présence du saint Fils de Dieu leur était intolérable et ne pouvait que leur nuire, tandis qu’ils demeuraient dans leurs péchés. N’ayant aucun désir d’être délivrés, « ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire, car ils avaient une grande crainte ; » leur demande fut exaucée ; Jésus partit, et ils demeurèrent seuls (Matthieu 8.28-29). Mais l’homme qui avait été guéri voulut accompagner son médecin ; comme Jésus montait dans la barque, pour retourner de l’autre côté du lac, il lui demanda la permission de rester avec lui. Craignait-il peut-être, comme le suppose Théophylacte, que les puissances de l’enfer ne s’emparassent de nouveau de lui, s’il s’éloignait de son Libérateur, ou la simple reconnaissance l’engageait-elle à le suivre ? Quel que fût son motif, le Seigneur avait d’autres vues à son égard ; il voulut laisser un témoin de sa puissance chez les Gadaréniens. Cet homme devait être, pour eux, un monument de sa grâce, attestant qu’il pouvait guérir toutes les maladies de leurs âmes : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a eu pitié de toi ; — il s’en alla et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui ; et tous furent dans l’étonnement. »

L’ordre donné à cet homme pouvait s’expliquer par sa situation morale particulière ; ainsi seulement nous pouvons comprendre que le Seigneur ait dit à d’autres malades guéris par lui de ne rien divulguer à personne (Matthieu 8.4 ; Luc 8.56). Quand les impressions reçues pouvaient facilement se dissiper par le récit des circonstances extérieures d’une guérison, Jésus ordonnait le silence, afin qu’on pût réfléchir à la grâce qui avait été accordée ; lorsque, au contraire, il s’agissait d’un tempérament mélancolique, peu expansif, ayant besoin d’être dirigé vers les choses extérieures, vers la société, alors Jésus ordonnait de raconter les grandes choses que Dieu avait faites par son moyen.

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