Notes sur les Miracles de notre Seigneur

8. La guérison des deux aveugles dans la maison

Matthieu 9.27-31

Voici la première des guérisons d’aveugles qui nous sont racontées dans les évangiles (Matthieu 12.22 ; 20.30 ; 21.14). Il y a, dans notre récit, un ou deux traits qui le distinguent d’autres récits semblables. Ces deux aveugles paraissent avoir suivi Jésus pendant quelque temps, peut-être depuis son départ de la maison de Jaïrus. Nous trouvons ici la même épreuve de foi que pour la femme cananéenne ; les aveugles ne reçurent pas immédiatement la grâce qu’ils désiraient ; mais le Seigneur parut tout d’abord vouloir se détourner d’eux, les laissant crier après lui, sans prendre garde à leurs cris. Ils durent entrer dans la maison et montrer ainsi qu’ils désiraient vivement leur guérison, pour que Jésus la leur accordât. Mais auparavant, il veut que ces aveugles confessent eux-mêmes leur foi : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? Oui, Seigneur, lui répondirent-ils ; » lorsque Jésus vit qu’ils remplissaient les conditions nécessaires pour recevoir une bénédiction, qu’ils avaient la foi pour être guéris, « il leur toucha les yeux. »

Ce fut donc par un simple attouchement qu’il leur rendit la vue ; ailleurs, Jésus se sert de boue ou de salive ; ailleurs encore il guérit un aveugle par sa seule parole. Les paroles qui accompagnent l’acte de guérison sont remarquables : « Qu’il vous soit fait selon votre foi. » — La foi, qui n’est rien en elle-même, est cependant le moyen de tout recevoir ; elle met l’homme en rapport avec la bénédiction divine ; elle est le vase placé sous la fontaine de la grâce divine pour en recevoir l’eau. Presque tous les interprètes catholiques approuvent ces aveugles de n’avoir pas observé la recommandation de Jésus de ne parler à personne de leur guérison ; ils disent que leurs cœurs débordaient de reconnaissance, et leur font un mérite de leur désobéissance. Théophylacte va même jusqu’à dire qu’ils ne désobéirent pas en proclamant le miracle, que Jésus ne pensait pas qu’ils garderaient un silence absolu ; il leur aurait fait cette recommandation par simple humilité. Mais les réformés, dont le premier principe est de considérer la Parole de Dieu comme une règle absolue, estiment que l’obéissance vaut mieux que le sacrifice, alors même que le sacrifice peut sembler être à l’honneur de Dieu (1 Samuel 15.22) ; ils voient donc dans la proclamation de ce miracle, malgré la défense de Jésus, un défaut de foi des aveugles, quoique leurs cœurs fussent pleins de reconnaissance.

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