Synonymes du Nouveau Testament

73.
Πνοή, πνεῦμα, ἄνεμος
Souffle, vent

Les mots avec lesquels nous groupons ici πνεῦμα, font assez voir que nous ne voulons nous occuper de ce vocable que dans un sens naturel et terrestre, laissant entièrement de côté le sens surnaturel et céleste. Qu’on nous permette pourtant de dire en passant, qu’on trouve dans Augustin (De Civ. Dei. 13.22 ; cf. De Anim. et huj. Orig. 1.14, 19), une discussion sur les relations de πνοή et de πνεῦμα dans le sens le plus élevé de ce dernier mot. Les trois vocables, comme désignant non des choses célestes, mais terrestres, diffèrent exactement l’un de l’autre, de la même manière que, d’après Sénèque, diffèrent en latin : « aër », « spiritus », « ventus » (Nat. Qu. 5.13) : « Spiritum a vento motusb, separat ; vehementior enim spiritus ventus est ; invicem spiritus leviter fluens aër. »

b – Döderlein cite ainsi, mais l’édition de Sénèque que j’ai sous les yeux donne « modus ».

Πνοή laisse l’impression d’un mouvement de l’air plus léger, plus doux, que πνεῦμα, comme le fait « aura » à l’égard de « ventus ». Pline, Ep. v, 6 : « Semper aër spiritu aliquo movetur ; frequentius tamen auras quam ventos habet » ; ainsi Philon (Leg. Alleg. 1.14) : πνοὴν δέ ἀλλ᾽ οὐ πνεῦμα εἴρηκεν ὡς διαφορᾶς οὔσης. τὸ μὲν γὰρ πνεῦμα νενόηται κατὰ τὴν ἰσχὺν καὶ εὐτονίαν καὶ δύναμιν. ἡ δὲ πνοὴ ὡς ἂν αὐρά τις ἐστι καὶ ἀναθυμίασις ἠρεμαία καὶ πραεῖα. A ceci on peut objecter que dans l’un des deux, endroits où πνοή se trouve dans le N. T., à savoir dans Actes 2.2, l’épithète βιαία y est attachée et que le mot est tout simplement employé pour signifier un vent fort et véhément (cf. Job 37.9). Mais, comme De Wette l’a fait observer, on peut suffisamment se rendre compte de la chose par le fait que, dans cette occasion, il était nécessaire de réserver πνεῦμα pour le don plus élevé dont πνοή était le signe et le symbole, et employer ici πνεῦμα eût été troubler l’esprit par cette répétition.

Le N. T. ne se sert que rarement de πνεῦμα de fait on ne le rencontre que dans Jean 3.5, et Hébreux 1.7 qu’il ne faudrait peut-être pas citer ; mais dans les Septante on le trouve souvent, Genèse 8.1 ; Ézéchiel 37.9 ; Ecclésiaste 11.5. La traduction de רוּחַ, dans ce dernier passage, par « esprit », et non comme c’est souvent le cas, par vent (Job 1.19 ; Psaumes 148.8), obscurcirait le rapport si remarquable qui existe entre celle parole de l’Ecclésiaste et les paroles de notre Seigneur, Jean 3.8. Jésus, qui aime toujours à se mouvoir dans la sphère et la région du V. T., ajoute à ses paroles à lui : « Le vent souffle où il veut », celles de l’Ecclésiaste : « Tu ne sais pas quel est le chemin du vent ; » ces derniers mots avaient déjà indiqué à Israël de quels mystères plus élevés le cours du vent, que l’homme ne peut suivre, est le symbole. Πνεῦμα est souvent, dans les Septante, mis en rapport avec πνοή, mais le plus souvent, dans un sens figuré (Job 32.4 ; Ésaïe 42.5 ; 57.16 ; 2 Samuel 22.16 : πνοή πνεύματος).

Ἄνεμος, étymologiquement identique à « ventus », exprime le vent fort et souvent orageux (1 Rois 19.11 ; Job 1.19 ; Matthieu 7.25 ; Jean 6.18 ; Actes 17.14 ; Jacques 3.4 ; Plutarch., Prœc. Conj. 12). Il est intéressant et instructif d’observer que notre Seigneur, ou plutôt l’auteur inspiré qui rapporte la conversation que son Maître eut avec Nicodème — conversation qui, sans doute, se fit en langue araméenne — se sert, non d’ἄνεμος, mais de πνεῦμα, comme on l’a déjà remarqué, quand il cherche des analogies dans le monde naturel pour exprimer ces mystérieux mouvements du Saint-Esprit que l’œil humain ne saurait suivre ; tandis que, d’un autre côté, quand Saint Paul veut montrer des hommes violemment jetés çà et là et agités sur un océan d’erreurs, c’est ἄνεμος qu’il emploie : κλυδωνιζόμενοι καὶ περιφερόμενοι παντὶ ἀνέμῳ τῆς διδασκαλίας (Éphésiens 4.14 ; cf. Jude 1.12 avec 2 Pierre 2.17).

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